boréalisme https://www.ouvroir.fr/deshima/index.php?id=452 Entrées d’index fr 0 Le chant Sámi dans le « folk metal » nordique https://www.ouvroir.fr/deshima/index.php?id=448 Cet article aborde l’appropriation d’une technique de chant pratiquée par les Sámis, peuple indigène du nord de l’Europe, par divers artistes issus de la scène metal européenne. Le « yoik » des Sámis consiste à chanter des mélodies circulaires, sans accompagnement et souvent sans paroles, destinées à décrire et invoquer la présence d’une personne, d’une espèce animale ou d’un lieu. En dehors du pays sámi, le genre hybride du « folk metal » semble être le milieu musical où le yoik a été le plus largement approprié par des artistes non-indigènes. Dissocié de son cadre culturel originel, il s’y trouve associé à des représentations exotiques du Nord marquées par des références fréquentes au paganisme, à la guerre, à l’alcool et aux créatures mythiques, tandis que les références explicites à la culture sámie y sont à peu près absentes. L’appropriation du yoik dans le metal exprime ainsi un « boréalisme » ayant notamment lieu au sein même des pays nordiques : le Nord fantasmant son propre Nord. En outre, les imaginaires invoqués dans ces œuvres font écho aux représentations historiques du pays et du peuple sámis, véhiculées par les sagas médiévales et les missionnaires, érudits et voyageurs des siècles suivants, mettant ainsi en évidence la permanence de ces imaginaires. Cette rencontre entre yoik et metal représente par ailleurs une appropriation unilatérale d’un genre indigène, envisagé comme un bien universel n’appartenant à aucune culture particulière. This paper addresses the appropriation of a singing technique practiced by the Sámi, an Indigenous people from the North of Europe, by various artists from the European metal scene. The Sámi “yoik” consists of circular melodies sung without accompaniment and, in many cases, without lyrics, and aimed at describing and invoking the presence of a person, an animal species, or a place. Outside the Sámi land, the hybrid genre called “folk metal” seems to be the musical environment where the yoik has been most widely appropriated by non-Indigenous artists. Separated from its original cultural context, it has been associated with exotic representations of the North, marked by recurring references to paganism, war, alcohol, and mythical creatures, while explicit references to Sámi culture are nearly absent. The appropriation of the yoik in metal thus expresses a form of “borealism” also occurring within the Nordic countries : the North fantasizing its own North. Besides, the imagination invoked in this musical production happens to echo historical representations of the Sámi land and people, namely those conveyed by medieval sagas and missionaries, scholars, and travellers from the following centuries, thus bringing to light the permanence of these representations. The encounter between the yoik and European metal also suggests a unilateral appropriation of an Indigenous genre, understood as a universal good belonging to no one in particular. mer., 24 sept. 2025 14:13:53 +0200 mer., 03 déc. 2025 11:36:50 +0100 https://www.ouvroir.fr/deshima/index.php?id=448