Culture, nation et politique. Penser l’Espagne dans l’Europe de 1868

DOI : 10.57086/sources.198

p. 129-157

Gliederung

Text

Dès sa première livraison, au mois de mars 1868, La Revista de España affirme les principes qui président à sa publication :

la croyance de ceux qui y écrivent dans la marche progressive de l’humanité, raison pour laquelle […] nous défendrons l’avantage relatif de notre âge sur les précédents, et la plus grande excellence et l’influence bénéfique des idées qui gouvernent aujourd’hui ou sont appelées à gouverner les sociétés humaines1.

C’est donc dans un esprit éclairé et réformateur que les auteurs de la revue se proposent, par-delà les différences politiques, de s’adresser à leurs contemporains au moyen d’une revue qui prétend aborder les sujets les plus divers, de la politique à la littérature en passant par l’histoire. Cette revue, qui allait devenir l’une des principales publications de l’Espagne du Sexennat Démocratique (1868-1874) et de la Restauration (1874-1931) jusqu’à sa disparition en 1894 est fondée par José Luis Albareda (1828-1897), un journaliste ex-député libéral qui connaîtrait une carrière ministérielle dans les années 18802.

L’orientation libérale-conservatrice de la revue est aussi celle de l’un de ses principaux promoteurs, Juan Valera, qui ne ménage pas ses efforts pour convaincre ses correspondants d’y écrire. Né en Andalousie en 1824, fils d’un officier de marine et d’une marquise, Juan Valera fait des études de droit avant d’entamer, à partir de 1847, une carrière diplomatique qui le conduit à résider au cours des années 1840 et 1850 dans de nombreux pays en Europe et en Amérique. Il rentre en Espagne à la fin des années 1850 et se lance dans une carrière politique et intellectuelle ; député à plusieurs reprises, il exerce aussi une activité littéraire à travers laquelle il fréquente les penseurs espagnols de son temps3. La fondation de La Revista de España, à laquelle il participe dès ses débuts, s’inscrit dans cette trajectoire, que les événements des mois suivant la publication de son article Sobre el concepto que hoy se hace de España viennent renforcer.

Au moment où Valera publie cet article, le régime libéral-conservateur en vigueur en Espagne connaît une crise de plus en plus aiguë. Depuis la majorité de la reine Isabelle II, en 1843, les modérés, faction conservatrice du libéralisme espagnol, ont tenu les rênes du pouvoir de façon quasi-ininterrompue, si l’on excepte les deux ans du Biennat Progressiste (1854-1856), au cours desquels les progressistes ont tenté d’imprimer un virage plus libéral et démocratique au pays, et les cinq ans de gouvernement de l’Union libérale (1858-1863), le mouvement dirigé par le général Leopoldo O’Donnell (1809-1867), au cours desquels le pouvoir tente de maintenir le système existant tout en l’amendant dans ses aspects les plus contestables, en particulier s’agissant de l’exercice des libertés publiques. Face à cette situation, les différentes tendances de la gauche espagnole, socialistes et républicains en premier lieu, puis démocrates, et enfin les progressistes eux-mêmes à partir de 1864, avaient décidé de ne plus participer à un jeu politique dans lequel les modérés s’assuraient la domination par le système électoral et le fonctionnement des institutions. Unie dans une stratégie révolutionnaire, la gauche espagnole aspire au renversement du système isabellin, option qu’une partie des unionistes rejoint à partir de 1866, alors que la conflictualité socio-politique s’aiguise en Espagne et que le pouvoir se raidit dans une répression tous azimuts4.

Dans ce contexte tendu, l’article de Valera se veut donc une tentative de prendre du recul et de la hauteur, en particulier par son ancrage international. Le but est d’offrir un certain nombre de perspectives politiques à son pays. Si l’ambition de l’article n’est pas court-termiste – ou alors pas seulement –, elle souligne le fait que la crise que connaît le pays n’est pas que politique et qu’elle touche à l’identité même de la nation espagnole. Il est donc peu étonnant que Valera, malgré son opposition à l’option révolutionnaire, voie d’un bon œil le renversement de la reine Isabelle II en septembre 1868, par une révolution qui offre la possibilité d’une expérience libérale et démocratique de six ans : le Sexennat Démocratique. Dès 1869, Valera est d’ailleurs député aux Cortès Constituantes qui établissent le suffrage universel masculin et la liberté des cultes pour la première fois en Espagne. Il devient aussi l’un des principaux partisans de la candidature au trône du duc d’Aoste, fils de Victor-Emmanuel II, et fait partie de la délégation qui se rend en Italie en 1870 pour le convaincre de devenir roi d’Espagne5. Le duc d’Aoste est élu quelques mois plus tard par les Cortès pour régner sous le nom d’Amédée Ier.

Dans cet article toutefois, c’est plus au titre de savant connaisseur de l’Europe et du monde que d’homme politique que Valera s’exprime. L’article Sobre el concepto que hoy se forma de España constitue en effet une réflexion sur l’image de l’Espagne dans l’Europe de l’époque et sur les répercussions de ce regard extérieur sur le peuple espagnol et sur l’avenir du pays. Bien qu’il le qualifie lui-même dans une lettre du 13 mars de « très léger »6, l’article de Valera constitue, par son ambition d’aborder un grand nombre de sujets, un remarquable observatoire des processus complexes qui régissent au xixe siècle les relations de l’Espagne au reste de l’Europe. En cela, il met au jour les dimensions internationales de la construction de l’État-nation espagnol avec ses difficultés, tout en les historicisant et en rappelant leur caractère politique. Ce sont ces différents aspects que l’on tentera de brièvement souligner dans ce propos introductif.

Savoirs et représentations sur l’Espagne au xixe siècle

Les voyages, source de connaissances ?

L’article de Valera fait référence à de nombreux récits de voyage de contemporains, qui ont publié leurs impressions et souvenirs après avoir effectué un séjour en péninsule. Ces voyages en Espagne, qui se multiplient au cours du siècle, en particulier grâce au développement du chemin de fer, s’inscrivent à la croisée de plusieurs phénomènes7. D’abord, et bien qu’elle n’inclût pas l’Espagne, la tradition du « Grand Tour » héritée du xviiie siècle se transforme tout au long du xixe siècle, et finit par se fondre dans un tourisme qui commence à prendre son essor – les premiers guides touristiques à proprement parler datent du milieu du siècle8. Le cas de Byron et de son voyage initiatique en Méditerranée au tournant des années 1810 est sans doute le plus chimiquement pur à cet égard. Ensuite, l’essor de la génération romantique et les évolutions artistiques qui traversent le continent européen font du voyage à l’étranger une source d’inspiration pour les artistes, en particulier s’agissant des peintres. Plus précisément, c’est la recherche de l’ailleurs qui préside à ces voyages artistiques, et l’Espagne devient l’un des théâtres privilégiés de l’exotisme en Europe9, un espace où les artistes projettent leurs représentations de l’altérité10. Enfin, les voyages en Espagne sont aussi des voyages « professionnels », motivés par des objectifs concrets, comme dans le cas de George Borrow parti convertir les Espagnols à la foi réformée. L’essor des transports permet des connexions toujours plus rapides et intenses entre l’Espagne et le reste de l’Europe.

Toutefois, Valera relève à juste titre que ces voyages ne débouchent pas, la plupart du temps, sur une meilleure connaissance du pays : les stéréotypes projetés par les voyageurs sur l’Espagne masquent la réalité de la société espagnole. Cette dénonciation, sur laquelle on reviendra plus loin, reflète le regard déformé que l’Europe porte sur l’Espagne tout au long du xixe siècle. Valera s’arrête particulièrement sur le récit de voyage de George Sand, mais c’est sans doute celui de Théophile Gauthier, réédité à de multiples reprises dans les décennies centrales du siècle, qui influence le plus le regard français sur l’Espagne11. Souvent, le voyage sert ainsi à retremper ses préjugés dans l’observation déformée de ce qui s’offre aux yeux du voyageur, même si, dans certains cas, il a pu permettre d’acquérir un véritable savoir sur le pays visité, dans un siècle où le goût pour la connaissance scientifique s’affermit12. Valera lui-même, par son article, souligne que les circulations de savants, d’écrivains, d’artistes et d’hommes politiques ont favorisé les échanges et les transferts culturels : sa connaissance du paysage intellectuel de l’Europe et de l’état des connaissances et des représentations sur l’Espagne révèle une construction transnationale de son savoir13.

Orientalisation et stéréotypes

À travers les récits de voyage, principale source de savoirs sur l’Espagne pour les opinions publiques européennes, on transmet une image fausse de l’Espagne, dénonce Valera. En effet, la perception de l’Espagne à l’étranger au xixe siècle est saisie au prisme déformant de plusieurs faisceaux de représentations. Ce champ de recherches a donné lieu à de très importantes études, en particulier s’agissant de la relation entre la France et l’Espagne et entre le Royaume-Uni et l’Espagne, et leurs conclusions soulignent la dépréciation et l’exotisation du pays dans l’imaginaire européen de l’époque pour plusieurs raisons14.

L’Espagne devient dès les premières décennies du siècle l’un des espaces où s’exprime le romantisme naissant. Poètes et écrivains y voient un espace de l’ailleurs, une terre sauvage séparée du reste de l’Europe par ses mœurs, ses coutumes, ses paysages et son histoire. Le passé musulman de l’Espagne est particulièrement mis en avant dans cette perspective : les sept siècles de la présence musulmane auraient façonné une altérité radicale du pays, et l’aurait davantage rapproché de l’Afrique que de l’Europe, comme l’illustre le célèbre proverbe rapporté par Valera, selon lequel l’Europe s’arrêterait aux Pyrénées. On verra plus loin que ce recours à l’histoire pour exclure l’Espagne du continent européen ne se limite pas à la période médiévale et a une portée politique très nette. Quoi qu’il en soit, l’Espagne est l’objet de représentations orientalistes de la part des artistes de ce courant qui connaît un grand succès au cours du xixe siècle15. Si le concept d’orientalisme forgé par Edward Saïd, pour désigner un discours européen qui essentialise et fantasme les spécificités des sociétés arabo-musulmanes pour mieux justifier la supériorité et la domination des Européens16, ne s’applique pas à la situation espagnole, l’Espagne n’en est pas moins assimilée, dans les représentations de l’époque, à l’Orient et ainsi rejetée hors des frontières de l’Europe17.

En effet, le texte de Valera l’évoque à plusieurs reprises, le xixe siècle voit naître peu à peu l’idée d’une Europe divisée, entre un Nord qui aurait pris le train de la modernité, de l’industrialisation et du capitalisme, et un Sud, l’Europe méditerranéenne, qui se maintiendrait dans l’arriération et le refus de la modernité18. Ce discours, bien qu’il ne soit pas univoque, repose en partie sur des considérations socio-économiques, mais aussi voire surtout sur des éléments culturels : les pays de l’Europe méridionale seraient en retard par rapport à ceux du Nord en raison de leurs héritages culturels, du poids de la religion catholique – par opposition au Nord protestant ou sécularisé – voire, dans certains discours, de l’appartenance raciale, l’Europe étant de plus en plus divisée entre Latins, Germains et Slaves, surtout à partir de 187019. Si la dimension stéréotypée des discours romantiques sur l’Espagne est aujourd’hui visible, il convient donc de garder à l’esprit que ces représentations exotiques allaient de pair avec un discours pseudo-scientifique qui prétendait lui aussi essentialiser l’Espagne dans un passé figé, et qu’un tel discours a eu une efficacité politique réelle, dont Valera tente de conjurer les effets à travers cet article.

Défense et illustration de la culture espagnole

Si l’on se place du point de vue de la culture, l’article de Valera s’apparente à une défense et illustration de la culture espagnole, contre une double dépréciation : d’une part, l’Espagne n’aurait pas produit de véritable culture et serait restée dans l’arriération, une idée qui remonte au moins au siècle des Lumières et dont on verra qu’elle constitue un pan essentiel de la fameuse légende noire de l’Espagne ; d’autre part, l’Espagne serait une nation de seconde zone dans le champ de la culture européenne, ses artistes ayant produit des œuvres intéressantes mais d’un niveau inférieur à celles de ses voisins20. C’est donc à la fois contre un discours de mise à distance et contre un discours de subordination de la culture espagnole que se dresse Valera. De longs passages de l’article sont ainsi consacrés à la promotion des grandes figures intellectuelles et artistiques du pays.

La mise en valeur de la période dite du Siècle d’Or – soit le xvie et la première moitié du xviie siècles – est à cet égard intéressante : on constate que le discours selon lequel l’Espagne aurait atteint la plénitude de son rayonnement culturel à cette époque est déjà bien en place, tant chez les Européens que chez les Espagnols eux-mêmes. Valera, héritier de la génération romantique, met également en avant les figures espagnoles de ce courant littéraire, et particulièrement Manuel José Quintana. Néanmoins, c’est bien dans le panthéon traditionnel des écrivains du Siècle d’Or qu’il va chercher la plupart de ses exemples21. La polémique qu’il entame contre le livre de Paul Rousselot sur les mystiques espagnols souligne la complexité des transferts culturels et de la commensurabilité des courants intellectuels dans cette Europe du xixe siècle22 : Rousselot a jugé bon de comparer les mystiques espagnols aux prédicateurs français de la deuxième moitié du xviie siècle, alors que ces deux courants n’ont rien à voir, sans doute pour rendre accessible son étude au public français ; de son côté, Valera répond en reprenant les termes de la comparaison pour affirmer la supériorité des mystiques sur les prédicateurs français.

Derrière ces disputes intellectuelles se croisent en effet des enjeux extrêmement complexes, qui ont trait tout autant à la construction nationale à l’œuvre sur le continent à la même époque, qu’à la structuration progressive d’un champ transnational du savoir, à l’échelle du continent européen, voire du monde atlantique, qui s’intéresse à l’espace hispanique des deux côtés de l’océan dès le xviiie siècle.

Que Valera fasse preuve dans cet article d’une connaissance poussée de la production scientifique sur son pays et des débats qu’il suscite à l’étranger peut éventuellement être attribué à son expérience de diplomate dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique. Elle a pu le mettre en contact avec des savants étrangers – historiens, linguistes ou spécialistes de la littérature23 – dont il salue la qualité du travail et l’apport à la connaissance du passé et de la culture de l’Espagne24. Ce n’est pas encore le temps des hispanistes étudiés par Antonio Niño, mais ces recherches sur l’Espagne se multiplient25. Dès lors, cet article permet de nuancer une historiographie qui insiste encore sur les discours caricaturaux sur l’Espagne jusqu’à la fin du xixe siècle, au détriment de la progression et de la circulation des savoirs26. Une telle prééminence s’explique toutefois par la meilleure fortune qu’ont connue ces discours stéréotypés, et par les répercussions qu’ils ont eues sur la construction nationale espagnole et sur la perception de l’Espagne dans l’Europe du xixe siècle.

Construction nationale, enjeux transnationaux

L’Espagne dans l’Europe du xixe siècle

La défense de la culture espagnole produite par Valera, sa volonté de réhabiliter les grands artistes et les grands savants de l’époque moderne et de son temps et de les montrer à l’égal de ceux des autres nations européennes ne se limitent pas à un contre-discours destiné à faire face aux stéréotypes sur la culture espagnole. Derrière les enjeux culturels se cache en effet la question de l’appartenance de l’Espagne à l’Europe. Valera mobilise dès le début de l’article une série d’arguments pour affirmer une telle appartenance. Deux sont abordés successivement : les nations ne meurent pas, même si elles connaissent des périodes fastes et néfastes, et même si le primat peut passer de l’une à l’autre ; a fortiori, les nations de race indo-européenne disposent d’une résilience remarquable27.

Ces deux arguments fonctionnent ensemble et visent tous deux à défendre une même idée : l’Espagne connaît peut-être un affaiblissement momentané en ce xixe siècle, mais on ne saurait en conclure qu’elle est pour cette raison hors de l’Europe, à laquelle elle appartient par ailleurs sur le plan racial. Si le mot race n’a pas encore le sens qui lui sera attribué à partir de la fin du siècle, Valera voit dans la nation l’expression civilisée de la race et la marque d’une autonomie politique qui prouve la vitalité de celle-ci. Dès lors, l’existence d’une nation espagnole s’inscrit de plain-pied dans l’Europe des États-nations, même si le rôle moteur du continent revient à l’Angleterre ou à la France. Valera rappelle d’ailleurs que ce primat est éphémère et pourrait un jour passer à un autre pays.

L’argument le plus intéressant, toutefois, est le rapprochement qu’effectue Valera entre la situation de son pays et la situation de la Grèce et de l’Italie. Il rappelle ainsi que l’Espagne est une nation méditerranéenne, à l’instar des deux autres péninsules de l’Europe, et que la Grèce comme l’Italie ont connu une spectaculaire renaissance nationale au cours du xixe siècle, à la suite de la guerre d’indépendance des années 1820 pour la première et du Risorgimento, en voie d’achèvement en 1868, pour la seconde28. Il y a donc la volonté d’attacher l’évolution de l’Espagne à celle de ces deux nations au riche passé et aux perspectives d’avenir attrayantes, en particulier l’Italie29. La Grèce et l’Italie servent par ailleurs d’illustration à Valera pour sa théorie sur la résilience des nations.

Cependant, un autre argument est présent sans être explicité : la Grèce et l’Italie ont bénéficié, dans leur processus d’indépendance et d’unification, de l’appui d’une part importante des sociétés européennes de l’époque30. Les guerres d’indépendance grecque et italiennes ont notamment suscité un important volontariat venu de toute l’Europe qui souligne la place du transnational dans les processus de construction nationale31. Il y a là, chez Valera, une façon de mettre en parallèle la sympathie internationale pour la Grèce et l’Italie et la dépréciation dont fait l’objet l’Espagne dans les opinions publiques européennes. S’il considère qu’un tel regard négatif peut se révéler à terme positif pour le pays, forcé de réagir, il lui attribue aussi une valeur performative qui explique l’abaissement de l’Espagne. La dialectique complexe qu’il dessine à travers ce double paradoxe mérite d’être explicitée, en premier lieu par l’examen des racines de ce discours.

La légende noire de l’Espagne

Par-delà les représentations de l’Espagne comme un ailleurs exotique, par-delà le mépris du Nord pour le Sud, le pays de Valera fait l’objet d’un discours spécialement dépréciatif, dont ne souffrent pas au même titre la Grèce et l’Italie, même si le Mezzogiorno est lui aussi l’objet de représentations négatives précoces32. Il y a là un élément qui s’explique par l’émergence, dès le xviie siècle, d’une légende noire de l’Espagne qui est présente tout au long de l’article de Valera et qui irrigue son analyse. Cette légende noire est essentielle à la compréhension de la position de l’Espagne au sein de l’Europe du xixe siècle33.

La légende noire constitue une question très débattue dans l’historiographie, les historiens différant notamment entre eux sur la réalité objective de cette légende. Traditionnellement, on considère qu’elle est le produit de plusieurs discours critiques sur l’Espagne ayant émergé au cours du xvie siècle et ayant convergé au cours de la Guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648) dans les milieux protestants proches de Guillaume d’Orange. Elle aurait ensuite été reprise par l’Angleterre au cours du xviie siècle, avant d’être propagée par les Lumières au cours du xviiie siècle. Les éléments avancés par Valera pour le xixe siècle s’inscrivent donc dans une histoire longue.

La légende noire consiste dans un discours de dénonciation de la monarchie espagnole, en particulier du règne de Philippe II (1556-1598), qui marque à la fois l’apogée de cette monarchie et le début de la guerre aux Pays-Bas espagnols. Trois lignes d’attaque sont généralement avancées : le despotisme sanguinaire de Philippe II et sa persécution du protestantisme ; le massacre des Amérindiens par les conquistadores pendant la conquête des Amériques ; l’omniprésence de l’Inquisition et l’obscurantisme qui caractérise cette institution. C’est principalement cette dernière ligne qui est mobilisée au xixe siècle, même si les États-Unis n’hésitent pas à réactiver la deuxième, pendant la guerre hispano-américaine de 1898 par exemple, et même si la première est encore assez populaire pour que Verdi consacre un opéra à Don Carlo (1867), le fils de Philippe II qui aurait, selon la légende, été assassiné sur ordre de son père.

Cette légende noire, dont Valera évoque plusieurs éléments dans son texte, construit une représentation de l’Espagne comme un pays arriéré, soumis à l’influence de l’Église et du tribunal de l’Inquisition, qui n’est définitivement supprimé qu’en 1820, incapable de se moderniser et d’embrasser le libéralisme. S’entremêlent donc des considérations culturelles, nationales et politiques pour former un tableau de l’Espagne calamiteux, dans lequel la société espagnole se trouverait encalminée dans le passé. Cela a deux conséquences : d’une part, les étrangers ne parviennent à penser l’Espagne que d’après des représentations tirées du siècle précédent, notamment les figures du majo et de la manola34 ; d’autre part, la guerre d’indépendance espagnole de 1808-1814 contre les troupes napoléoniennes, événement d’une portée similaire pour l’Espagne au Risorgimento pour l’Italie ou à la guerre d’indépendance grecque, n’a pas suscité un appui international de long terme à l’Espagne, à la différence des deux autres péninsules35.

Le sentiment national

Ainsi, près d’un demi-siècle avant que Julián Juderías ne théorise le concept de légende noire de l’Espagne pour désigner ces discours critiques contre son pays, dans un ouvrage à grand tirage36, Juan Valera pointe la mauvaise image dont pâtit son pays à l’étranger, pour des raisons qui tiennent à la fois à la situation de l’Espagne dans l’Europe du xixe siècle et à l’accumulation de stéréotypes et de représentations qui en font un espace extra-européen au sein de l’Europe. Pour autant, son article ne vise pas seulement à dénoncer de tels poncifs : derrière la polémique intellectuelle avec les savants de son temps – polémique ambiguë en ce qu’elle reconnaît les apports de ces recherches à la connaissance du pays tout en déplorant les stéréotypes qu’elles continuent de véhiculer –, Valera propose une réflexion sur la construction nationale de l’Espagne au cours du xixe siècle37.

À plusieurs reprises, il explique que l’effet le plus délétère des discours dépréciatifs des Européens sur l’Espagne est à chercher chez les Espagnols eux-mêmes, qui en viennent à les incorporer et à considérer leur construction stato-nationale comme un échec, et leur trajectoire dans le xixe siècle comme une anomalie dans la marche vers la modernité. En cela, il identifie une dimension importante de la construction de l’Espagne comme nation, étudiée par la suite par les historiens : le sentiment des Espagnols d’être en retard par rapport à un modèle idéal de modernité, le regard négatif qu’ils portent sur leur propre pays38.

Dans la réflexion de Valera, cela conduit à deux réactions opposées : soit une réaction d’orgueil qui conduit à rejeter l’étranger au nom du génie espagnol, soit la volonté d’imiter servilement les modèles étrangers considérés comme supérieurs. Là encore, il s’agit d’un débat qui agite les classes supérieures de l’Espagne depuis le xviiie siècle. Alors que le casticisme défend les spécificités nationales de l’Espagne, une tendance que l’on retrouve encore dans le slogan « Spain is different », développé pour attirer les touristes étrangers en Espagne pendant la dictature franquiste39, la tendance afrancesada consiste, au xviiie siècle, à défendre le modèle français et l’imitation de ce modèle par l’Espagne40. C’est d’ailleurs ce qui détermine le ralliement en 1808 d’une partie des élites espagnoles à la monarchie de Joseph Ier, le terme d’afrancesado prenant, à la suite de la guerre d’indépendance, le sens de traître à la nation espagnole41. Cela n’empêche pas que la France demeure aussi un modèle d’État-nation abouti dans l’Espagne du xixe siècle, un modèle à la fois admiré et craint avec lequel des relations étroites se maintiennent42, malgré l’attraction du modèle britannique – en particulier chez les modérés partisans d’un régime libéral conservateur – puis de la culture allemande – en particulier dans le domaine de l’éducation43.

Dès lors, il apparaît que la construction des nations au xixe siècle ne constitue pas un processus endogène. Ce n’est pas un mince apport de l’article de Valera que de montrer, à travers l’exemple de l’Espagne, que l’émergence de la nation est le produit d’une dialectique complexe entre le national et le transnational44. L’article tisse alors des réseaux de réflexion entremêlés, qui touchent à la culture et à la nation, et met en valeur la dimension proprement politique de ces enjeux.

Une politique espagnole de la modernité

Nation et politique : une dénonciation de la contre-révolution

Valera ne se contente pas de décrire les dimensions transnationales de la construction nationale espagnole : il en distingue les effets politiques et les met en discussion. S’il critique ceux qui estiment que l’Espagne doit suivre servilement les modèles de modernité proposés par d’autres pays, il adresse ses plus sévères reproches aux tenants du courant casticiste. En effet, la singularisation de l’Espagne au sein de l’Europe dans les représentations a pour conséquence politique le renforcement d’une position politique de rejet de la modernité libérale, dont Juan Valera pointe bien la puissance dans l’Espagne du xixe siècle.

L’allusion est ici claire : le libéral Valera s’en prend au courant absolutiste espagnol, le carlisme, qui défend depuis 1833 les droits à la couronne de la branche aînée des Bourbons d’Espagne et un programme politique fondé sur le triptyque : Dieu, patrie, roi, soit une vision du monde contre-révolutionnaire qui aspire à construire un système politique et social inspiré de l’Ancien Régime. Tout au long du xixe siècle, cette culture politique reste particulièrement influente en Espagne, et conteste le modèle libéral en construction. Cela passe entre autres choses par le recours à la guerre civile, puisque le pays connaît deux guerres carlistes entre 1833 et 1840 puis entre 1872 et 1876. Toutefois, les années 1860 sont marquées par une grave crise au sein du carlisme et par son effacement quasi-total de la scène politique, avant que la révolution de septembre 1868 ne lui permette de retrouver sa place sur l’échiquier politique espagnol45.

Dès lors, si les accusations de Valera visent la puissance sociale et culturelle que conserve le carlisme, elles sont sans doute aussi le produit des débats internes au camp libéral qui se tendent au cours des années 1860. Dès les années 1850, la frange la plus conservatrice du camp libéral se rallie aux thèses du philosophe Juan Donoso Cortés, libéral passé à la contre-révolution lors du Printemps des Peuples. Ces néo-catholiques, influents au parlement, prônent une évolution du système isabellin vers un catholicisme intransigeant qui refuserait tout compromis avec la modernité libérale46. De façon plus générale, les modérés, l’aile conservatrice du libéralisme espagnol, connaissent un processus de radicalisation grandissant dans ces mêmes années, en réponse aux contestations de plus en plus vives du système dont ils sont les tenants. Les troubles de 1865-1866 conduisent ainsi aux gouvernements ultra-conservateurs de Ramón Narváez puis de Luis González Bravo47.

Il y a donc dans l’article de Juan Valera une charge politique contre les tendances contre-révolutionnaires à l’œuvre dans la société et dans la politique espagnole, et qui s’appuient sur la force d’un courant culturel casticiste, qui répond aux discours dépréciatifs contre l’Espagne par une exaltation de la différence espagnole et un rejet de la modernité libérale48. Valera identifie le risque que présente la puissance d’une telle culture politique et rappelle à quel point le catholicisme contre-révolutionnaire constitue au xixe siècle une force sociale et culturelle majeure qui marque les processus de construction du libéralisme49. C’est donc à l’élaboration d’un modèle alternatif qu’il tâche de se livrer dans cet article.

Le chemin espagnol vers la modernité

De fait, Valera ne préconise pas le décalque des systèmes existants dans d’autres pays. Outre une critique des admirateurs de la France, qui reprend la grande tradition de la satire des petimetres au xviiie siècle et des afrancesados au début du xixe siècle50, Valera procède à une attaque contre le discours essentialisant porté par ces mêmes acteurs sur l’Espagne. Ce discours a notamment cours dans le domaine économique : l’Espagne n’aurait ni les ressources naturelles, ni les capacités économiques, ni les moyens humains de connaître le processus d’industrialisation et de développement de l’agriculture qui touche les pays du nord de l’Europe. On retrouve là les discours dépréciatifs contre l’Europe méditerranéenne qui ont toujours cours à la fin du xixe siècle : la chaleur et le soleil appauvriraient les sols et alanguiraient les populations, dans une réminiscence de la théorie des climats envisagée au prisme de l’économie politique51.

À cette argumentation, Valera oppose un discours volontariste qui voit dans les Espagnols une nation qui ne saurait se résigner à devenir un pays de second rang, au vu de son passé et de sa culture. Le registre de cette réponse est révélateur : il ne s’agit pas de réfuter les arguments des détracteurs de l’Espagne par d’autres arguments, mais d’y opposer la volonté populaire. On se trouve ici face aux prodromes de la naissance des intellectuels à la fin du xixe siècle : déjà, dans l’esprit des promoteurs de la Revista de España, la revue doit être un lieu de production intellectuelle, mais aussi un lieu d’engagement politique dans les débats de la cité52. Une brève prosopographie des premiers contributeurs à la revue souligne d’ailleurs cet étroit mélange entre science et politique, puisqu’on y trouve des hommes comme Antonio Cánovas del Castillo, Antonio Aguilar y Correa ou Manuel Alonso Martínez, qui devaient tous connaître une carrière ministérielle brillante dans l’Espagne de la Restauration. Tous ont d’ailleurs un parcours assez voisin : pour la plupart proches des modérés sous Isabelle II, ils s’en éloignent peu à peu lorsqu’ils constatent l’impasse politique dans laquelle se trouve le régime et voient d’un œil favorable la Révolution de septembre, avant que la radicalisation politique du début des années 1870, avec l’avènement de la République en 1873, n’en fasse des partisans de la Restauration, dans laquelle le système du turno, l’alternance pacifique et programmée au pouvoir des conservateurs et des libéraux, leur permet de s’épanouir53.

C’est à la lumière de ces éléments qu’il faut comprendre le projet politique que dessine Valera dans son article : alors que le régime d’Isabelle II est de plus en plus menacé, Valera fait le pari d’une régénération de l’Espagne, de la mise en place d’une nouvelle politique qui saurait adapter l’Espagne à la modernité et vice versa. L’idée d’une voie nationale vers la modernité libérale n’est ni neuve ni exceptionnelle dans les années 186054 ; qu’on pense à l’influence d’un Friedrich List qui défendait l’existence de telles particularités nationales dans le domaine économique et considérait que chaque nation suivait une voie qui lui était propre vers l’industrialisation55.

Il prend toutefois une résonance particulière en Espagne, où le concept de régénération est au cœur de la pensée politique d’un certain nombre de responsables qui considèrent que le futur de l’Espagne dépend de la capacité de ses élites à réformer le pays en profondeur56. Le régénérationnisme de Joaquín Costa et d’Antonio Maura au début du xxe siècle est ainsi la conséquence directe des impasses du système de la Restauration, rendues visibles par le Désastre de 189857, qui imposent une transformation radicale et par le haut du pays pour régénérer la nation espagnole, quitte à avoir recours à un « chirurgien de fer58 » pour ce faire. Dès le xixe siècle, un tel discours est perceptible et Valera s’inscrit dans cette veine, quoique d’une façon optimiste. Il y a là sans doute une particularité de l’Espagne et des penseurs politiques de ce pays, qui consiste à remettre en cause en permanence la capacité de leur pays à trouver sa voie vers la modernité, particularité qui est directement liée aux effets sur les mentalités espagnoles des représentations extérieures de leur propre pays, notamment la légende noire. C’est néanmoins en libéral du xixe siècle que Valera conclut son article, par une affirmation de sa foi dans le progrès et dans la civilisation, et la certitude du fait que son pays est capable de suivre sa propre voie vers la modernité.

Sobre el concepto que hoy se forma de España est donc un texte complexe, qui ne se limite pas à une simple déploration du regard injuste porté par l’étranger sur l’Espagne. Tout à la fois démonstration d’érudition et de culture, réflexion sur la nation espagnole et proposition politique pour le futur de l’Espagne, cet article illustre les rapports complexes des hommes du xixe siècle à la question de la modernité, telle qu’elle se dessine de plus en plus clairement dans la deuxième moitié du siècle sous la forme de l’État-nation libéral.

Si Valera se révèle un observateur disert et original sur la place de l’Espagne dans l’Europe de son temps, il faut aussi souligner les qualités intellectuelles d’une réflexion qui propose de nombreux éléments originaux. Trois caractéristiques méritent d’être relevées. Tout d’abord, la pensée des phénomènes à plusieurs échelles, nationale et internationale, s’avère particulièrement convaincante. Ensuite, la pensée de Valera est une pensée de la contingence historique et de l’évolution perpétuelle des sociétés, qui tente de laisser de côté la vieille théorie de la translatio imperii. Enfin, l’analyse des représentations de l’Espagne comme construction historique tranche avec l’essentialisation qui préside à la plupart de ces représentations, tout comme le refus de Valera de s’inscrire dans la controverse entre casticisme et imitation des modèles étrangers, au profit de la défense d’une voie espagnole vers la modernité.

Car c’est aussi la question des modèles nationaux au temps de l’émergence de l’État-nation qui est question ici. Entre une tradition élitaire et libérale issue des Lumières qui considère qu’il n’est point de salut pour l’Espagne hors de la mise en conformité du pays avec les canons de la modernité définis par les nations vues comme avancées – au premier chef l’Angleterre et la France – et une tradition conservatrice qui exalte l’exceptionnalité espagnole et le rejet des modèles venus de l’extérieur, et qui s’incarne au xixe siècle dans un puissant courant contre-révolutionnaire, Valera refuse de trancher. Ce refus procède d’une part de sa défense d’une voie modérée qui verrait l’Espagne trouver à l’extérieur ses sources d’inspiration et adapter celles-ci aux particularités nationales ; mais il procède d’autre part de la mise en évidence des postures qui sous-tendent les deux traditions concurrentes.

En effet, les libéraux espagnols produisent dès les années 1810 un bagage théorique et constitutionnel qui s’incarne dans la Constitution de Cadix de 1812, laquelle s’efforce d’inscrire le libéralisme dans une filiation proprement nationale. Ce constitutionnalisme gaditan devient lui-même un modèle dans la Méditerranée des années 1820, lorsque les révolutionnaires du Portugal à la Russie, en passant par la Grèce et les États italiens, revendiquent l’importation de cette constitution dans leur propre pays. Quant aux carlistes et aux catholiques, si prompts depuis 1789 à dénoncer l’influence corruptrice et pernicieuse des idées venues d’outre-Pyrénées, ils s’insèrent dans des réseaux de solidarité transnationale qui autorisent à parler d’une véritable Internationale blanche, et qui reposent sur une vision du monde partagée par-delà les frontières et sur des mobilisations européennes en faveur de telle ou telle cause, en particulier au cours des deux guerres carlistes (1833-1840 et 1872-1876).

N’y a-t-il pas, pour autant, un retour par la fenêtre des modèles étrangers que Valera congédie explicitement dans son texte ? L’exaltation d’une modernité sui generis, d’une voie particulière vers l’État-nation propre à chaque nation et à ses particularités, est une figure classique des discours des responsables politiques des décennies centrales du siècle, alors même que les circulations de savoirs, de pratiques et de modèles se multiplient au même moment entre les États – des circulations dont le diplomate Valera se sera sans doute fait l’acteur, et que ce texte aspire à prolonger, tout en s’en défendant.

En somme, cette introduction aspirait à mettre au jour quelques aspects d’un texte riche et complexe, en montrant comment culture, nation et politique s’entremêlaient dans un article sur les regards de l’étranger sur l’Espagne et leurs conséquences dans ce pays, comment inspirations étrangères et particularismes nationaux entretenaient une dialectique complexe dans le discours des élites européennes du milieu du xixe siècle. Reste toutefois aussi un texte plaisant à lire pour lui-même, et parce qu’il illustre parfaitement une vision de l’Espagne depuis l’extérieur qui s’est forgée au cours du xixe siècle et dont nous sommes encore en partie les héritiers.

* * *

Notes sur la traduction du texte

Le texte qui suit est la traduction quasi-intégrale, à l’exception de quelques passages érudits qui ont été coupés, de Juan Valera, « Sobre el concepto que hoy se forma de España », La Revista de España, 1868, n° 1, p. 46-70.

Les notes de bas de page – avec appel de note en chiffres romains – sont celles de Juan Valera lui-même, qui ont été traduites. Lorsqu’il est fait référence à un ouvrage, on a indiqué entre crochet la référence en entier.

La traduction est accompagnée d’un appareil critique rassemblé dans les notes de fin de document – avec appel de note en chiffres arabes. Dans de rares cas, on trouvera ensemble un appel de note de bas de page et un appel de note de fin de document.

On trouvera également ci-dessous un index onomastique recensant et présentant brièvement tous les personnages – nombreux – auquel il est fait allusion dans le texte.

Le texte peut se lire sans difficulté majeure sans les notes, qui visent à éclairer certaines allusions, ainsi que les éléments importants présents dans le texte et utiles à la compréhension de ses enjeux, qui sont abordés dans le texte d’introduction.

Anhang

Guide onomastique

Laura Junot, duchesse d’Abrantès (1784-1838) : mariée à un général d’Empire devenu fou et qui se suicide en 1813, la duchesse d’Abrantès se lance dans une carrière de mémorialiste avec l’aide d’Honoré de Balzac et laisse des Mémoires historiques sur Napoléon (1831-1835).

Antonio Álcala Galiano (1789-1865) : homme politique et théoricien espagnol, proche à ses débuts du libéralisme exalté et conspirateur contre le régime de Ferdinand VII, il évolue ensuite vers le modérantisme et le libéralisme doctrinaire dont il devient un des principaux piliers intellectuels.

Dante Alighieri (1265-1321) : poète italien particulièrement connu pour la Divine Comédie, œuvre considérée comme l’un des chefs d’œuvre de la littérature mondiale et comme l’acte de naissance de la langue italienne.

Alphonse Ier (693-757) : roi des Asturies de 739 à sa mort, il est le gendre de Pélage. C’est à lui qu’on attribue le véritable commencement de la Reconquista, avec la conquête du Léon et du nord du Portugal.

Jean d’Avila (1499-1569) : théologien espagnol, docteur de l’Église, il remporte un grand succès dans son activité missionnaire et participe à la diffusion de la Compagnie de Jésus dans toute l’Espagne ; il laisse des œuvres de dévotion très populaires dans l’Europe moderne.

Thérèse d’Avila (1515-1582) : religieuse espagnole ayant réformé l’Ordre du Carmel, elle est surtout connue pour son mysticisme et les ouvrages qu’elle laisse sur la spiritualité, qui lui valent au xixe siècle de devenir la première femme docteure de l’Église.

Jaime Balmes (1810-1848) : prêtre, philosophe et théologien espagnol, il propose une philosophie originale fondée sur le catholicisme, et influence fortement le conservatisme espagnol par ses efforts pour en réconcilier les différentes familles autour des valeurs de l’ordre et du catholicisme.

Camillo Benso, comte de Cavour (1810-1861) : homme politique piémontais, premier ministre du Piémont-Sardaigne dans les années 1850, il est considéré comme l’un des principaux artisans de l’unification italienne et l’un des « pères de la patrie italienne ».

Johannes Nikolas Böhl de Faber (1770-1836) : consul et marchand allemand installé à Cadix, il est aussi hispaniste et principalement connu pour son rôle dans la redécouverte du théâtre du Siècle d’Or, notamment celui de Calderón. Il est le père de l’écrivaine espagnole Cecilia Böhl de Faber y Larrea, plus connue sous le pseudonyme de Fernán Caballero.

Napoléon Bonaparte (1769-1821) : général français d’origine corse, Premier consul puis empereur des Français de 1804 à 1815.

George Borrow (1803-1881) : écrivain, voyageur et philologue anglais, qui voyage dans la péninsule Ibérique de 1835 à 1840 et publie ses souvenirs de voyage dans The Bible in Spain (1843), qui rencontre un vif succès.

Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1709) : évêque de Meaux, écrivain et prédicateur français, il est très réputé pour ses sermons et ses oraisons funèbres qui révèlent ses talents d’orateur.

Vassili Pétrovitch Botkine (1813-1869) : écrivain, critique, traducteur et hispaniste russe, frère de Sergueï Botkine. Il fit de nombreux séjours en Europe occidentale, en particulier en Espagne en 1845.

Markos Botzaris (vers 1790-1823) : un des principaux chefs militaires des Grecs insurgés, il meurt pendant le second siège de Missolonghi en 1823.

Louis Bourdaloue (1632-1704) : jésuite français, réputé pour ses talents de prédicateur, il est l’auteur de sermons et de réflexions théologiques remarqués.

Manuel Bretón de los Herreros (1796-1873) : dramaturge espagnol, par ailleurs engagé dans le camp libéral, il appartient au courant néoclassique et est considéré comme l’héritier de Moratín.

George Gordon Byron (1788-1824) : poète britannique et grande figure du romantisme du début du xixe siècle, il s’engage dans différents combats de l’Europe des Restaurations et meurt au cours de son séjour en Grèce pendant la Guerre d’indépendance.

Fernán Caballero (1796-1877) : pseudonyme littéraire de Cecilia Böhl de Faber y Larrea, écrivaine dont l’œuvre se caractérise par son goût pour le pittoresque et son intérêt pour les coutumes populaires, et par son orientation conservatrice et catholique.

Antonio José de Cabanilles (1745-1804) : ecclésiastique, savant et homme des Lumières, réputé pour ses travaux en sciences naturelles, il réside à Paris de 1772 à 1789 et y publie en 1784 Observations de M. l’abbé Cavanilles sur l’article « Espagne » de la Nouvelle Encyclopédie, qui critique l’image de son pays proposée par cet article.

Pedro Calderón de la Barca (1600-1681) : dramaturge et poète espagnol, auteur de plus de deux cents pièces de théâtre, dont la plus connue est La Vida es sueño (La vie est un songe, 1636).

Tomaso Campanella (1568-1639) : religieux et philosophe italien, il est principalement connu pour son ouvrage La Cité du soleil (1604), dans lequel il propose un système politique utopique inspiré de Platon.

Bérengère de Castille (vers 1180-1246) : fille d’Alphonse VIII, reine consort de Léon par son mariage avec Alphonse IX de 1197 à 1204, puis régente de Castille entre 1214 et 1217, elle garde un rôle influent jusqu’à sa mort auprès de son fils Ferdinand III de Castille, futur saint de l’Église catholique.

Blanche de Castille (1188-1252) : fille d’Alphonse VIII et sœur de la précédente, elle est mariée en 1200 à Louis VIII de France au terme de négociations diplomatiques ; régente de 1226 à 1235 au nom de son fils Louis IX, futur saint de l’Église catholique, elle affronte avec succès plusieurs crises politiques.

Pierre Ier de Castille, dit Pierre le Cruel (1334-1369) : roi de Castille et Léon à partir de 1350, son règne est marqué par sa répression contre la noblesse, ce qui lui vaut son surnom, puis par la guerre qui l’oppose à son cousin Henri de Trastamare qui lui dispute le trône, malgré une bien meilleure image auprès du peuple, qui le surnomme le Justicier.

Isabelle la Catholique (1451-1504) : reine de Castille et Léon à partir de 1474, elle épouse Ferdinand d’Aragon, formant une double monarchie qui ouvre la voie à l’unité politique du pays ; les Rois catholiques œuvrent à la reconquête du royaume de Grenade, financent l’expédition de Christophe Colomb et expulsent les Juifs du royaume en 1492.

Miguel de Cervantes (1547-1616) : romancier, poète et dramaturge espagnol du Siècle d’Or, considéré comme l’un des principaux représentants de la littérature espagnole et notamment connu pour L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (1605-1615).

François-René de Chateaubriand (1768-1848) : écrivain et homme politique français, il est considéré comme l’un des principaux représentants du romantisme français, en parallèle d’une carrière politique fournie sous la Restauration. Ses Mémoires d’Outre-tombe sont publiées à titre posthume et restent son grand œuvre.

Rodrigo Díaz de Vivar, dit le Cid (vers 1043-1099) : mercenaire chrétien à l’époque de la Reconquista, ayant acquis au fil du temps une renommée légendaire, il combat successivement avec les rois chrétiens et avec les rois musulmans ; en 1095, il conquiert Valence pour son propre compte et y règne jusqu’à sa mort.

Hernán Cortés (1485-1547) : conquistador espagnol, il conquiert l’Empire aztèque entre 1519 et 1521, ouvrant la voie à la création du vice-royaume de Nouvelle-Espagne et à la colonisation des Amériques.

Astolphe de Custine (1790-1857) : écrivain français qui fréquente les milieux littéraires de la France de la Restauration et de la monarchie de Juillet, il réalise de nombreux voyages qu’il met ensuite en récit, le plus connu étant son Voyage en Russie (1839), parfois considéré comme le pendant de La Démocratie en Amérique de Tocqueville.

Reinhardt Dozy (1820-1883) : orientaliste néerlandais qui se spécialise dans l’étude des musulmans d’Espagne. Il publie un ouvrage de référence sur la question : Histoire des musulmans d’Espagne : jusqu’à la conquête de l’Andalousie par les Almoravides (711-1110) (1861).

Alexandre Dumas (1802-1870) : écrivain français particulièrement réputé pour ses nombreux romans historiques, comme Les Trois Mousquetaires ou Le Comte de Monte-Cristo, il est aussi l’auteur d’Impressions de voyage. De Paris à Cadix, publié en 1850 et plusieurs fois réédité.

José de Espronceda (1808-1842) : un des principaux poètes romantiques espagnols, il est aussi engagé contre Ferdinand VII dans les années 1820 et participe aux Trois Glorieuses en 1830.

François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon (1651-1715) : homme d’Église, théologien et écrivain français, adversaire de Bossuet, il publie en 1799 Les Aventures de Télémaque, roman didactique dont l’influence est considérable en France par la suite.

Octave Feuillet (1821-1890) : romancier et dramaturge français, académicien, auteur de nombreuses pièces et vaudevilles qui décrivent le monde de la noblesse sous le Second Empire.

Adolphe Franck (1810-1893) : philosophe français spécialiste de judaïsme et du droit, et entre autres du judaïsme espagnol au Moyen-Âge.

Juan Nicasio Gallego (1777-1853) : poète espagnol, membre éminent des préromantiques avec Quintana, et très engagé dans le camp libéral dès l’épisode des Cortès de Cadix (1812).

Garcilaso de la Vega (vers 1500-1536) : militaire et poète espagnol du Siècle d’Or, sa poésie s’inspire des modèles italiens de la Renaissance et se distingue par son lyrisme.

Fernando Garrido (1821-1883) : homme politique et écrivain espagnol, il est un des principaux chefs du courant démocrate-socialiste en Espagne et entretient des liens avec plusieurs responsables européens de la même couleur politique.

Théophile Gautier (1811-1872) : romancier et critique d’art français, éminent représentant du romantisme puis du Parnasse, il réalise de nombreux voyages en Espagne au cours de sa vie, dont il tire son fameux Voyage en Espagne (1843), réédité à de multiples reprises tout au long du siècle.

Delphine de Girardin (1804-1855) : femme de lettres et journaliste française, elle publie plusieurs romans et poèmes et est à la tête d’un salon fréquenté par les principaux écrivains de son temps.

Luis de Góngora (1561-1627) : poète espagnol du Siècle d’Or, adversaire de Quevedo, et principal représentant du cultéranisme, qu’il pousse à son paroxysme, notamment dans les Solitudes (1613).

Grégoire de Nysse (vers 330-vers 395) : saint de l’Église catholique et Père de l’Église, il laisse une œuvre théologique et mystique très importante.

Louis de Grenade (1504-1588) : religieux, prédicateur et écrivain espagnol, ses œuvres se penchent sur la foi et sur la prédication, avec un penchant prononcé pour le mysticisme et la spiritualité, et lui assurent une grande influence dans l’Europe de la Renaissance.

François Guizot (1787-1874) : historien et homme politique français, plusieurs fois ministre sous la monarchie de Juillet et de facto dirigeant du pays dans les années 1840 ; dans les années 1820, il publie ses principales études historiques, notamment Histoire de la civilisation en Europe (1828).

Heinrich Heine (1797-1856) : journaliste, essayiste et poète allemand, il est considéré comme le dernier représentant de la génération romantique ; il mène une vie d’exilé, en particulier dans la France de la monarchie de Juillet.

Jean-Joseph-Stanislas-Albert Damas-Hinard (1805-1891) : historien français et spécialiste de l’Espagne, il publie en France de nombreuses traductions d’œuvres classiques du Moyen-Âge et du Siècle d’Or espagnols, avec un appareil critique.

Homère : aède grec dont l’existence est douteuse, il aurait vécu au viiie siècle avant Jésus-Christ et est considéré comme l’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée, ce qui fait de lui le père de la littérature grecque.

Victor Hugo (1802-1885) : écrivain, poète et dramaturge français, il est considéré comme le plus important écrivain du xixe siècle français et l’une des figures majeures de la littérature mondiale ; sa vie est également marquée par son engagement politique républicain sous le Second Empire.

Washington Irving (1783-1859) : écrivain américain, auteur de nombreuses nouvelles et d’essais, notamment sur l’Espagne du xve siècle ; ambassadeur des États-Unis en Espagne de 1842 à 1846.

Francisco Javier de Istúriz (1790-1871) : homme politique libéral, proche dans sa jeunesse des exaltés, il incarne à partir des années 1830 l’option modérée du libéralisme espagnol et occupe des positions importantes au sein de l’appareil gouvernemental.

Jamblique (vers 250-vers 330) : un des principaux représentants de l’école néo-platonicienne, courant de pensée majeur de l’Antiquité tardive.

Jules Janin (1804-1874) : écrivain et critique français, il est surtout connu pour cette dernière activité, qu’il exerce pendant quatre décennies au Journal des Débats.

Gaspar Melchor de Jovellanos (1744-1811) : écrivain et homme d’État espagnol, homme des Lumières, il devient l’un des principaux représentants du courant libéral modéré, partisan du modèle britannique, et influence durablement les libéraux espagnols.

Konstantínos Kanarís (1793-1877) : après s’être illustré dans la marine pendant la guerre d’indépendance grecque, Kanarís est amiral de la marine grecque et plusieurs fois premier ministre.

Meyer Kayserling (1829-1905) : rabbin et historien allemand, spécialiste de l’histoire et de la littérature des Juifs de la péninsule Ibérique.

Adamántios Koraïs (1748-1833) : philosophe, écrivain et humaniste se rattachant au courant des Lumières, Koraïs est considéré comme le père de la littérature grecque moderne et ses œuvres participent au réveil du sentiment national grec ; il est à ce titre considéré comme l’un des pères de l’indépendance grecque.

Alexandre de Laborde (1773-1842) : comte d’Empire, homme politique et archéologue français, sa carrière s’étend du Consulat à la monarchie de Juillet. On lui doit un Voyage pittoresque et historique en Espagne (1807-1818).

Alphonse de Lamartine (1790-1869) : poète et homme politique français de la première moitié du xixe siècle, il est l’un des principaux représentants de la génération romantique sur le plan littéraire comme sur le plan politique et se distingue par son rôle dans les premiers mois de la Deuxième République.

Francisco Javier Lampillas (1731-1810) : jésuite et érudit espagnol, auteur d’un Saggio storico-apologetico della Letteratura Spagnola (1778-1781) dans lequel il prend la défense de la littérature espagnole contre les accusations que lui portent les jésuites italiens.

Antoine de Latour (1808-1881) : précepteur puis secrétaire du duc de Montpensier, homme de lettres et poète, il diffuse en France de nombreux auteurs espagnols par ses traductions et ses essais, comme Études sur l’Espagne. Séville et l’Andalousie (1855).

Fray Luis de León (1528-1591) : poète, humaniste et religieux espagnol du Siècle d’Or, réputé pour ses réflexions théologiques et scolastiques, pour son travail sur la mystique et pour ses poèmes d’inspiration ascétique.

Léonidas (vers 540-480 av. J.-C.) : roi de Sparte, principalement connu par sa résistance héroïque aux Perses lors de la bataille des Thermopyles (-480). Il est à ce titre un des emblèmes de la lutte pour l’indépendance de la Grèce.

Giacomo Leopardi (1798-1837) : poète romantique italien, ayant influencé par ses écrits la génération du Risorgimento, il est considéré comme l’un des plus grands écrivains du xixe siècle.

Lope de Vega (1562-1635) : dramaturge et écrivain du Siècle d’Or, il est l’un des auteurs de théâtre les plus prolifiques de la littérature espagnole, et contribue à transformer durablement ce genre littéraire ; son œuvre reste très influente aujourd’hui.

Alessandro Manzoni (1785-1873) : écrivain, poète et dramaturge italien, il est surtout célèbre pour son roman Les Fiancés, dont la dernière version est publiée entre 1840 et 1842, emblématique du romantisme et du Risorgimento italien et considéré comme l’acte de naissance de la langue italienne moderne.

Juan de Mariana (1536-1624) : jésuite, théologien et historien espagnol, il fait partie des plus importants penseurs du Siècle d’Or, justifiant notamment le tyrannicide dans certaines circonstances, et est l’auteur d’une monumentale Historiae de rebus Hispaniae (1592-1605).

Aléxandros Mavrokordátos (1791-1865) : Phanariote et acteur majeur de l’indépendance grecque, homme politique libéral influent du jeune État grec, il est notamment premier ministre à plusieurs reprises.

Juan Álvarez Mendizábal (1790-1853) : homme d’affaires et homme politique libéral proche des exaltés et des milieux britanniques, il est l’un des principaux protagonistes de la Révolution libérale des années 1830, et mène à bien le processus de désamortissement des biens de l’Église, qui met fin à la propriété d’Ancien Régime en Espagne.

Prosper Mérimée (1803-1870) : écrivain, historien et archéologue français, auteur entre autres de Carmen, une nouvelle orientalisante qui se déroule en Andalousie et qui fixe pour longtemps une image fantasmée de l’Espagne.

François-Auguste Mignet (1796-1884) : conseiller d’État, écrivain et historien français, il est connu pour ses travaux sur la Révolution française, mais consacre aussi des recherches à l’Espagne de Charles Quint et Philippe II.

Miltiade (540-489 av. J.-C.) : stratège athénien, il est particulièrement connu pour avoir permis la victoire des Athéniens contre les Perses à la bataille de Marathon en -490.

María de Molina (1265-1321) : reine consort de Castille entre 1284 et 1295 par son mariage avec le roi Sanche IV, elle assume ensuite par deux fois la régence du royaume, pour son fils Ferdinand IV (1295-1301) puis pour son petit-fils Alphonse XI (1312-1321).

Salomon Munk (1803-1867) : érudit et orientaliste franco-allemand, spécialiste du judaïsme et auteur d’une édition et traduction de référence du Guide des égarés (1856-1866) de Moïse Maïmonide, rabbin et philosophe juif d’Espagne.

Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau (1749-1791) : écrivain et homme politique français, il est l’un des principaux orateurs du Tiers-État lors des États généraux de 1789 et un acteur majeur des premières années de la Révolution française.

Néron (37-68) : empereur romain, dernier des Julio-Claudiens, dont le règne est marqué par l’incendie de Rome en 64 et qui passe à la postérité comme un despote cruel, tyrannique et imprévisible, sans que la vérité historique soit entièrement établie sur ce point.

Barthold Georg Niebuhr (1776-1831) : diplomate et historien germano-danois, auteur d’une célèbre Histoire romaine publiée entre 1811 et 1832.

Charles Nodier (1780-1844) : romancier, écrivain et académicien français, il joue un rôle important dans l’émergence du mouvement romantique en France et publie plusieurs contes à tonalité fantastique.

Konstantínos Oikónomos (1780-1857) : prédicateur, écrivain et traducteur grec, il s’intéresse en particulier à la philologie grecque et à l’orthodoxie.

Alejandro Oliván (1796-1878) : homme politique espagnol et théoricien du libéralisme modéré, il est principalement connu pour son rôle dans la construction de l’administration espagnole dans les années 1830, et dans celle du droit administratif.

Frédéric Ozanam (1813-1853) : historien et essayiste catholique français, principalement connu pour avoir fondé la Société de Saint-Vincent-de-Paul en 1833. Il publie en 1853 le récit d’un voyage en Espagne, sous le titre : Un pèlerinage au pays du Cid.

Ali Pacha de Tébelen (1744-1822) : plus connu sous le nom d’Ali Pacha de Jannina, ce gouverneur ottoman de l’Épire, en Grèce, s’illustre d’abord dans la guerre qu’il mène contre les souliotes. Devenu plus tard pacha de Jannina, il s’allie aux chefs de la rébellion grecque face au discrédit dont il est victime à Istanbul, entrant alors en rébellion ouverte contre l’Empire ottoman. Des auteurs comme Byron ou Dumas en font une figure presque légendaire dès le xixe siècle.

Giuseppe Parini (1729-1799) : poète italien, il est considéré comme l’une des figures les plus importantes de la littérature italienne.

Pélage ( ?-737) : premier souverain des Asturies, dont il serait le fondateur, à partir de 718, il entame la première étape de la Reconquista contre les musulmans, marquée par la victoire des chrétiens à la bataille de Covadonga (722).

Philippe II (1527-1598) : fils de Charles Quint, roi d’Espagne, de Naples, de Sicile, archiduc d’Autriche, duc de Milan et souverain des Pays-Bas, il est l’un des souverains les plus puissants du xvie siècle et un ardent défenseur du catholicisme, ce qui pousse ses adversaires à construire de son règne une légende noire qui se déploie au fil des siècles.

Francisco Pizarro (1475-1541) : conquistador espagnol, il conquiert l’Empire inca dans les années 1530, favorisant l’expansion espagnole en Amérique du Sud avant d’être assassiné par les partisans de son adversaire Diego de Almagro.

Platon (vers 428-vers 347 av. J.-C.) : philosophe athénien, considéré comme l’un des précurseurs et des principaux représentants de la philosophie occidentale.

Antonio Ponz (1725-1792) : ecclésiastique, historien et homme des Lumières, l’abbé Ponz se consacre à l’inventaire et à la réflexion sur le patrimoine national espagnol dans l’Espagne des Bourbons, et est également l’auteur d’un Viaje fuera de España (1785) dans lequel il prend la défense de son pays contre les préjugés dont il est victime à l’étranger.

William H. Prescott (1796-1859) : historien et hispaniste américain, dont les travaux se centrent sur l’Espagne et l’Amérique centrale du xvie siècle ; auteur de plusieurs ouvrages devenus classiques sur l’histoire de l’Espagne et de son empire à cette époque.

Adolphe de Puibusque (1801-1863) : écrivain et hispaniste français, traducteur de plusieurs œuvres de l’espagnol au français et auteur d’une Histoire comparée des littératures espagnole et française (1843).

Pythagore (vers 580-vers 500 av. J.-C.) : philosophe présocratique et mathématicien n’ayant laissé aucun écrit, il est considéré comme le premier mathématicien en tant que tel.

José María Quadrado (1819-1886) : journaliste, écrivain et historien néo-catholique espagnol, proche de Balmes, il est l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire et de la littérature des Baléares au xixe siècle.

Vicente Genaro de Quesada (1782-1836) : militaire espagnol dont la carrière commence pendant la Guerre d’Indépendance, il est un soutien fidèle de l’absolutisme de Ferdinand VII puis se rallie à la régence de Marie-Christine de Bourbon et combat les carlistes, avant d’être tué par la foule en 1836 après le soulèvement progressiste de La Granja.

Francisco de Quevedo (1580-1645) : poète et écrivain espagnol, il est l’un des auteurs les plus importants de la littérature espagnole du Siècle d’Or ; on lui doit notamment le roman picaresque El Buscón (1626).

Manuel José Quintana (1772-1857) : poète espagnol qui commence sa carrière au temps des Lumières et joue un rôle majeur dans l’essor du romantisme en Espagne, il s’engage aussi en politique auprès des libéraux dès la Guerre d’Indépendance espagnole.

Juliette Récamier (1777-1849) : femme de lettres française dont le salon réunit, pendant toute la première moitié du xixe siècle, les principaux représentants de la culture française et européenne.

Ernest Renan (1823-1892) : philosophe, écrivain et historien français, un des principaux intellectuels de la deuxième moitié du xixe siècle en France, il publie en 1852 un essai philosophique consacré au philosophe arabo-andalou Averroès et à sa pensée.

Rigas dit Rigas Vélestinlis (1757-1798) : écrivain au service des Phanariotes, en particulier d’Alexandre Ypsilántis, il est influencé par les idéaux de la Révolution française et multiplie les écrits favorables à la démocratie et à l’indépendance des populations balkaniques, ce qui lui vaut d’être arrêté et exécuté par les Ottomans ; il est considéré comme l’un des pères de l’indépendance grecque.

Ángel de Saavedra, duc de Rivas (1791-1865) : homme d’État et écrivain espagnol, il occupe des fonctions importantes dans la diplomatie et le gouvernement de son pays tout en étant un des représentants importants du romantisme en Espagne.

Paul Rousselot (1833-1914) : agrégé de lettres et professeur de lycée, il est l’auteur de nombreux ouvrages de pédagogie et s’intéresse en particulier à l’éducation des femmes.

Eugène Rosseeuw Saint-Hilaire (1805-1889) : historien français principalement connu pour son Histoire de l’Espagne en quatorze volumes.

Adolf Ruge (1802-1880) : homme politique et philosophe allemand, il est un des membres éminents du groupe des hégéliens de gauche, avec lesquels Marx et Engels finissent par rompre.

George Sand (1804-1876) : pseudonyme littéraire d’Aurore Dupin, baronne Dudevant, romancière et représentante majeure du romantisme français, elle est notamment connue pour ses romans décrivant les campagnes de son Berry natal.

Adolf Friedrich von Schack (1815-1894) : poète et historien de l’art allemand, collectionneur renommé, il s’intéresse à l’Espagne, notamment à l’Espagne musulmane et de la Reconquista, et publie Poesie und Kunst der Araber in Spanien und Sizilien (1865), traduit en espagnol en 1881 par Juan Valera.

William Shakespeare (1564-1616) : dramaturge et poète anglais. Considéré comme l’un des auteurs majeurs de la littérature britannique et mondiale, il exerce une influence notable sur la culture occidentale.

August Wilhelm von Schlegel (1767-1845) : critique littéraire, traducteur et philologue, divulgateur des idées du romantisme allemand, il est l’auteur d’un Spanisches Theater (1803-1809) dans lequel il propose notamment des traductions d’œuvres de Calderón de la Barca.

Friedrich von Schlegel (1772-1829) : frère du précédent, poète, linguiste, critique et philosophe, il est l’un des fondateurs du romantisme allemand et propose différentes études sur la littérature et la poésie européenne.

Robert Southey (1776-1843) : écrivain romantique britannique, hispaniste et lusiste, il est l’auteur de nombreuses traductions de l’espagnol et du portugais, ainsi que de récits de voyage et d’ouvrages sur la Guerre d’Indépendance espagnole.

Thémistocle (524-459 av. J.-C.) : homme d’État et stratège athénien, il est un acteur de la victoire grecque lors de la deuxième guerre médique, notamment en menant les armées grecques lors de la bataille de Salamine en -480.

George Ticknor (1791-1871) : académicien et hispaniste, principalement réputé pour ses travaux sur la littérature espagnole d’où il tire une History of Spanish literature (1849).

Fotos Tzavelas (1770-1809) : un des principaux acteurs des guerres menées par les souliotes contre les Ottomans.

Kitsos Tzavelas (1801-1855) : fils du précédent, il joue un rôle important pendant la guerre d’indépendance grecque puis dans la vie politique du royaume de Grèce, dont il est le premier ministre en 1847-1848.

Louis Viardot (1800-1883) : écrivain, journaliste et hispaniste français, auteur d’une traduction remarquée du Quichotte (1836) et de nombreux travaux sur la peinture espagnole du Siècle d’Or, qu’il contribue à faire connaître en France.

Abel-François Villemain (1790-1870) : écrivain, universitaire et homme politique français, il est ministre de l’Instruction de 1839 à 1845 et est l’auteur de nombreuses études de littérature.

Viriathe (vers 180-vers 139 av. J.-C.) : peut-être berger, il prend la tête du mouvement d’opposition des Lusitaniens à la conquête romaine dans les années 140 et remporte de nombreux succès, en parvenant entre autres à unir entre elles les différentes tribus lusitaniennes. Il est finalement trahi et assassiné dans son sommeil par des hommes payés par Rome.

Ferdinand Wolf (1796-1866) : romaniste, hispaniste et lusiste autrichien, spécialiste des littératures espagnole et portugaise, en particulier de la poésie ; auteur d’une Studien zur Geschichte der spanischen und portugiesischen Nationalliteratur (1859).

José Zorrilla (1817-1893) : poète et dramaturge espagnol, il est l’un des principaux représentants du romantisme dans ce pays, auteur notamment de Don Juan Tenorio (1844).

Anmerkungen

1 La Revista de España, n° 1, 1868, p. 6. Zurück zum Text

2 Une présentation en ligne de la revue sur le site de la Biblioteca Nacional de España : http://hemerotecadigital.bne.es/details.vm?q=id:0002715600&lang=fr. L’ensemble des numéros de la revue est numérisé sur cette hémérothèque digitale. Zurück zum Text

3 Carmen Bravo-Villasante, Vida de Juan Valera, Madrid, Ed. de cultura hispánica, 1989. Zurück zum Text

4 Isabel Burdiel (coord.), España. La construcción nacional (1830-1880), Madrid, Taurus, 2012. Pour une introduction à l’histoire de l’Espagne en français : Jordi Canal (dir.), Histoire de l’Espagne contemporaine de 1808 à nos jours : politique et société, Paris, Armand Colin (coll. « U : Histoire »), 2009. Zurück zum Text

5 Matilde Galera Sánchez, Juan Valera, político : espitolario inédito a don Francisco Moreno Ruiz e intervenciones parlamentarias desconocidas, Córdoba, Diputación provincial de Córdoba, Ayuntamiento de Cabra, 1983. Sur le Sexennat Démocratique : Rafael Serrano García (coord.), España (1868-1874). Nuevos enfoques sobre el Sexenio Democrático, Valladolid, Consejería de Educación y Cultura de la Junta de Castilla y León, 2002. Zurück zum Text

6 J. Valera, Correspondencia…, op. cit., p. 342. Zurück zum Text

7 Sur le voyage en Espagne, l’ouvrage publié par Lucie et Bartolomé Bennassar reste incontournable : Bartolomé et Lucile Bennassar. Le voyage en Espagne. Anthologie des voyageurs français et francophones du xvie au xixe siècle, Paris, Robert Laffont, 1998. Zurück zum Text

8 Le cas italien a été particulièrement étudié : Gilles Bertrand, Pour une archéologie du tourisme : le voyage des Français en Italie, milieu xviiie-début xixe siècle, Rome, Publications de l’École française de Rome, 2008 ; Nicolas Bourguinat, « Traces et sens de l’Histoire chez les voyageuses françaises et britanniques dans l’Italie préunitaire (1815-1861) », Genre & Histoire, n° 9, automne 2011 [en ligne : http://journals.openedition.org/genrehistoire/1460, consulté le 18 septembre 2018]. Zurück zum Text

9 María Elena Baynat Monreal. Visión de España y los españoles en la literatura francesa de viajes del siglo xix : Théophile Gautier y Alexandre Dumas, Valencia, Universitat de València, 2003. Zurück zum Text

10 José Varela Ortega, « El hechizo de España. La imagen romántica y emocional o la construcción del español apasionado (1790-1860) » dans Idem, Fernando Rodríguez Lafuente et Andrea Donofrio (éd.), La mirada del otro : la imagen de España, ayer y hoy, Madrid, Fórcola, Fundación José Ortega y Gasset-Gregorio Marañón, 2016, p. 67-94. Zurück zum Text

11 Théophile Gauthier, Voyage en Espagne, Paris, Charpentier, 1859 (1ère éd. 1843). Sur les voyages en Espagne, voir aussi Nikol Dziub, Voyages en Andalousie au xixe siècle. La fabrique de la modernité romantique, Genève, Droz, 2018. Zurück zum Text

12 Pierre Singaravélou (dir.), L’empire des géographes : géographie, exploration et colonisation, xixe-XXe siècles, Paris, Belin, 2008. Zurück zum Text

13 Anne Rasmussen, « L’internationale scientifique (1890-1914) », thèse de doctorat sous la direction de Jaacques Julliard, EHESS, 1995. Voir aussi Pascale Rabault-Feuerhahn et Wolf Feuerhahn (dir.), « La fabrique internationale de la science. Les congrès scientifiques de 1865 à 1945 », Revue germanique internationale, n° 12, 2010. Zurück zum Text

14 Voir en particulier, en France, les nombreux travaux de Jean-René Aymes. Ce champ de recherches a été profondément renouvelé en Espagne par Xavier Andreu Miralles, El descubrimiento de España. Mito romántico e identidad nacional, Barcelona, Taurus, 2016. Zurück zum Text

15 Voir notamment les travaux de Christine Peltre, Les Orientalistes, Paris, Hazan, 2018 (1ère éd. 1997). Zurück zum Text

16 Edward Wadie Said, L’Orientalisme, Paris, Seuil, 2005 (1ère éd. 1978). Zurück zum Text

17 Xavier Andreu Miralles propose ainsi le terme de « semi-orientalisation » de l’Espagne : Xavier Andreu Miralles. « El triunfo de Al-Andalus : las fronteras de Europa y la “(semi)orientalización” de España en el siglo xix », Saitabi, n° 55, p. 2005, p. 195-210. Zurück zum Text

18 Jean-Yves Moisseron et Manar Bayoumi. « La Méditerranée comme concept et représentation », Revue Tiers Monde, vol. 209, n° 1, 2012, p. 179-196 ; Gilles Bertrand, « Le voyage et les usages de l’espace méditerranéen à l’époque du Grand Tour », ILCEA, n° 28, 2017, [en ligne : http://journals.openedition.org/ilcea/4087, consulté le 18 septembre 2018]. Zurück zum Text

19 Sarah Al-Matary, « Idéalisme latin et quête de “race”. Un imaginaire politique entre nationalisme et internationalisme (France-Amérique hispanique, 1860-1933) », thèse de doctorat sous la direction de René-Pierre Colin, Université Lumière-Lyon 2, 2008. Zurück zum Text

20 Léon-François Hoffmann, Romantique Espagne. L’image de l’Espagne de France entre 1800 et 1850, Paris, Presses universitaires de France, 1961. Zurück zum Text

21 Sur l’émergence du concept de Siècle d’Or : Juan Manuel Rozas López, « Siglo de Oro. Historia de un concepto, la acuñación del término » dans Estudios sobre el Siglo de Oro : homenaje al profesor Francisco Yndurain, Madrid, Editora Nacional, 1984, p. 411-428. Zurück zum Text

22 Michel Espagne et Michael Werner, Transferts, les relations interculturelles dans l’espace franco-allemand : xviiie et xixe siècle, Paris, Éd. Recherche sur les civilisations, 1988. Zurück zum Text

23 Jean-René Aymes, Voir, comparer, comprendre. Regards sur l’Espagne des xviiie et xixe siècles, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2003. Zurück zum Text

24 Cf. les premières pages de l’article. Zurück zum Text

25 Antonio Niño, Cultura y Diplomacia : Los hispanistas franceses y España, 1875-1931, Madrid, CSIC, Casa de Velázquez y Société des Hispanistes Français, 1988. L’hispanisme désigne, en France, un courant intellectuel et universitaire bien délimité qui se constitue à la fin du xixe siècle. Voir aussi Jean-Marc Delaunay, Des palais en Espagne. L’École des hautes études hispaniques et la Casa de Velázquez au cœur des relations franco-espagnoles du XXe siècle (1898-1979), Madrid, Casa de Velázquez, 1994. Zurück zum Text

26 Pour un bilan sur cette question : Jorge Uria. « Éditorial. Modèles politiques et mouvements sociaux en Espagne : influences françaises et échanges internationaux dans le long xixe siècle », Le Mouvement Social, n° 234, janvier-mars 2011, p. 3-15. Zurück zum Text

27 Eric Hobsbawm, Nations et nationalisme depuis 1780, Paris, Gallimard, 1992. Zurück zum Text

28 Patrick Cabanel, La question nationale au xixe siècle, Paris, La Découverte, 1997. Le rapprochement entre Grèce et Italie est assez artificiel étant donné les destins différents de ces deux États-nations nouveaux dans l’Europe du xixe siècle ; que soient revendiqués ces deux modèles non-ibériques montre assez l’importance, dans l’esprit de Valera, de la mobilisation des opinions publiques européennes en faveur des nationalités italienne et grecque. Zurück zum Text

29 Isabel María Pascual Sastre, La Italia del Risorgimento y la España del sexenio democrático, Madrid, Marcial Pons, 2002. Zurück zum Text

30 Voir respectivement : Hervé Mazurel, Vertiges de la guerre. Byron, les philhellènes et le mirage grec, Paris, Les Belles Lettres, 2013 ; Gilles Pécout, « Pour une lecture méditerranéenne et transnationale du Risorgimento », Revue d’histoire du xixe siècle, 44, 2012, n° 1, p. 29-47. Zurück zum Text

31 Idem, « Philhellenism in Italy : political friendship and the Italian volunteers in the Mediterranean in the nineteenth century », Journal of Modern Italian Studies, vol. 9, n° 4, 2004, p. 305-327. Zurück zum Text

32 Voir Nicolas Bourguinat, « Voyager dans le royaume de Naples à l’époque française », dans Pierre-Marie Delpu, Igor Moullier et Mélanie Traversier (dir.), Le royaume de Naples à l’heure française. Revisiter l’histoire du decennio francese (1806-1815), Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2018 ; Silvana Patriarca, Italian Vices : Nation and Character from the Risorgimento to the Republic, Cambridge, Cambridge University Press, 2010 ; Anne Marie Jaton, Le Vésuve et la Sirène. Le mythe de Naples chez Madame de Staël et Nerval, Venise, Pacini, 1988. Zurück zum Text

33 Deux références, parmi de nombreuses autres : Ricardo García Cárcel, La leyenda negra. Historia y opinión, Madrid, Alianza, 1998 ; Joseph Pérez, La légende noire de l’Espagne. xve-xxe siècles, Paris, Fayard, 2009. Zurück zum Text

34 Sur ces figures, voir article suivant, note 16 et note 30. Zurück zum Text

35 Richard Hocquellet, Résistance et révolution durant l’occupation napoléonienne en Espagne (1808‑1812), Paris, La Boutique de l’Histoire, 2001. Zurück zum Text

36 Julián Juderías, La leyenda negra y la verdad histórica : contribución al estudio del concepto de España en Europa, de las causas de este concepto y de la tolerancia política y religiosa en los países civilizados, Madrid, Tip. de la Revista de Archivos, 1914. Zurück zum Text

37 Javier Moreno Luzón (dir.), Construir España. Nacionalismo español y procesos de nacionalización, Madrid, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales, 2007. L’ouvrage se penche sur l’émergence d’un sentiment national espagnol et sur les processus qui le rendent possible et le favorisent au cours du xixe siècle. Zurück zum Text

38 España. Reflexiones sobre el ser de España, Madrid, Real Academia de la Historia, 1997. Zurück zum Text

39 Voir à ce sujet les travaux de Sasha David Pack, « Turisme, modernització i idiosincràsia nacional a l’Espanya del segle xx », Segle xx. Revista catalana d’història, n° 2, 2009, p. 41-62. Zurück zum Text

40 Jean-René Aymes et Javier Fernández Sebastián (dir.), L’image de la France en Espagne (1808-1850), Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1996. Zurück zum Text

41 Miguel Ártola, Los afrancesados, Madrid, Alianza Editorial, 2008. Néanmoins, nombre de joséphins sauront faire oublier cette étape de leur parcours pour se couler dans le courant libéral modéré des années 1820. Cf María Cruz Romeo Mateo, « “Nuestra antigua legislación constitucional”¿modelo para los liberales de 1808-1814 ? », dans Jordi Canal et Pedro Rújula (dir.), Guerra de ideas. Política y cultura en la España de la Guerra de la Independencia, Madrid, Marcial Pons, 2011, p. 75-103. Zurück zum Text

42 Jean-Philippe Luis, « L’influence du modèle napoléonien en Espagne (1814-1845) », Annales historiques de la Révolution française, n° 336, 2004, p. 199-219. Zurück zum Text

43 Juan Francisco García Bascuñana. « Les grandes langues européennes en Espagne au xixe siècle ou comment les Espagnols “découvrirent” l’allemand et la culture allemande entre 1840 et 1880 », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, n° 53, 2004 [en ligne : http://journals.openedition.org/dhfles/4054, consulté le 18 septembre 2018]. Zurück zum Text

44 Benedict Anderson, Imagined communities : reflections on the origin and spread of nationalism, New York, Verso, 1993. Zurück zum Text

45 Sur le carlisme, la référence est : Jordi Canal, El carlismo, Madrid, Alianza Editorial, 2000. Zurück zum Text

46 Begoña Urigüen, Orígenes y evolución de la derecha española : el neo-catolicismo, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 1986. Zurück zum Text

47 Juan Francisco Fuentes, El fin del Antiguo Régimen (1808-1868). Política y sociedad, Madrid, Síntesis, 2007. Zurück zum Text

48 Cette exaltation de la différence est d’ailleurs tout à fait paradoxale de la part d’un courant politique qui s’inscrit plus largement dans un vaste courant contre-révolutionnaire transnational, dont les relations par-delà les frontières sont nombreuses : Jordi Canal, « Guerres civiles en Europe au xixe siècle, guerre civile européenne et Internationale blanche » dans Jean-Paul Zúñiga (dir.), Pratiques du transnational. Terrains, preuves, limites, Paris, Centre de Recherches Historiques, 2011, p. 57-77. Cela montre la complexité de l’articulation, dans la contre-révolution européenne du xixe siècle, entre une pensée de la nation, encore trop méconnue, et une pensée de la solidarité transnationale s’appuyant entre autres sur le catholicisme et les liens dynastiques entre familles régnantes. Sur ces questions, je me permets de renvoyer à : Alexandre Dupont, « “Las causas justas son hermanas”. El internacionalismo contrarrevolucionario entre tradición e innovación política » dans Francisco Javier Ramón Solans et Pedro Rújula (dir.), El desafío de la Revolución. Reaccionarios, antiliberales y contrarrevolucionarios (siglo xviii y xix), Grenade, Comares, 2017, p. 137-153. Zurück zum Text

49 Jean-Clément Martin (dir), La contre-Révolution en Europe. xviiie-xixe siècles. Réalités politiques et sociales, résonances culturelles et idéologiques, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001. Zurück zum Text

50 On voit dans cette généalogie combien la réflexion de Valera s’inscrit dans un débat pluriséculaire au sein de l’opinion publique espagnole sur les influences étrangères, et notamment française. Zurück zum Text

51 Xavier Huetz de Lemps et Jean-Philippe Luis (dir.), Sortir du labyrinthe. Études d’histoire contemporaine de l’Espagne, Madrid, Casa de Velázquez, 2012. Voir la première partie, qui s’attache à déconstruire ces stéréotypes. De récentes études ont montré combien l’Espagne était partie prenante du processus de mondialisation et d’industrialisation de la deuxième moitié du xixe siècle, certes à un degré moindre que l’Angleterre, l’Allemagne ou la France et avec une chronologie décalée et des spécificités propres. Voir Gérard Chastagnaret, L’Espagne, puissance minière dans l’Europe du xixe siècle, Madrid, Éditions de la Casa de Velázquez, 2000 ; Jordi Nadal (dir.), Atlas de la industrialización de España, 1750-2000, Barcelona, Crítica, 2003. Zurück zum Text

52 Christophe Charle, Les Intellectuels en Europe au xixe siècle, Paris, Seuil, 1996. Zurück zum Text

53 Ángel Duarte, La España de la Restauración (1875-1923), Barcelona, Hipòtesi, 1997. Zurück zum Text

54 Pierre-Marie Delpu, « Fraternités libérales et insurrections nationales : Naples et l’Espagne, 1820-1821 », Revue d’histoire du xixe siècle, n° 49/2, 2014, p. 195-213. Zurück zum Text

55 David Levi-Faur, « Friedrich List and the Political Economy of the Nation-State », Review of International Political Economy, vol. 4, n° 1, 1997, p. 154-178 Zurück zum Text

56 Pablo Sánchez León, « Decadencia y regeneración : la temporalidad en los conceptos fundamentales de la modernidad española » dans Javier Fernández Sebastián et Gonzalo Capellán de Miguel (éd.), Conceptos políticos, tiempo e historia : nuevos enfoques en historia conceptual, Santander, Editorial de la Universidad de Cantabria, Madrid, McGraw-Hill Interamericana de España, 2013, p. 271-302. Zurück zum Text

57 Il s’agit de la crise générale que connaît le pays à la fin du xixe siècle et dont l’apogée est la perte des dernières colonies – en particulier Cuba – après la guerre hispano-américaine de 1898. Cette crise conduit à l’émergence du courant régénérationniste. Voir Juan Pan Montojo (coord.), Más se perdió en Cuba : España, 1898 y la crisis de fin de siglo, Madrid, Alianza Editorial, 1998. Zurück zum Text

58 L’expression est de Joaquín Costa qui désigne ainsi un chef de l’État qui saurait, par son caractère hors du commun, son autorité et sa bienveillance, mettre vigoureusement l’Espagne sur la voie de la modernisation et du progrès. Cette image sera reprise par le dictateur Miguel Primo de Rivera entre 1923 et 1930. Zurück zum Text

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gedruckte Quellen

Alexandre Dupont, « Culture, nation et politique. Penser l’Espagne dans l’Europe de 1868 », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe, 13 | 2018, 129-157.

Elektronische Referenz

Alexandre Dupont, « Culture, nation et politique. Penser l’Espagne dans l’Europe de 1868 », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe [Online], 13 | 2018, online gestellt am 25 septembre 2023, aufgerufen am 04 décembre 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/sources/index.php?id=198

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Alexandre Dupont

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