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DOI : 10.57086/sources.371

p. 7-14

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À l’instar des politiciens et des artistes, les historiens du xxe-xxie siècle aiment comme on le sait à se donner des étiquettes – et à en changer périodiquement. Ceci, par goût des modes ou désir de médiatisation, pour une part sans doute, mais aussi et plus légitimement, dans le souci de réajuster sans cesse les objectifs et méthodes de la discipline, chaque étape venant apprendre de la précédente, se targuant ou se proposant de la corriger, pour s’efforcer de la compléter1. Les décennies 1970 et 1980 auront ainsi connu la gloire de « l’histoire des mentalités ». Or, critiquée ensuite pour avoir peut-être trop placé sa confiance dans les méthodes quantitatives et statistiques désormais soupçonnées de reconduire, soit naïvement soit à dessein, les grandes dichotomies sociales schématiques2, cette approche devait être supplantée, à partir des années 1990, par une histoire de l’individu, de la vie privée, « des sensibilités ». Ce projet-ci n’a nullement été abandonné entretemps, et bien sûr il est loin d’avoir été achevé, une telle quête étant par définition presque sans fin, ses matériaux potentiellement innombrables, leur saisie infiniment délicate3. Mais c’est à présent plus spécifiquement l’histoire « des émotions » ou des affects qui fait l’actualité de la recherche.

Des groupes de travail se sont créés ces dernières années4 ; des bilans-perspectives sont proposés aujourd’hui qui tracent avec finesse les enjeux de ce courant herméneutique aussi bien que ses écueils potentiels5 ; et signalons encore qu’une Histoire des émotions, sous la direction d’Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello, entreprise éditoriale reprenant le principe de leurs stimulants volumes Histoire du corps puis Histoire de la virilité, est à paraître en 2015-20166. À vrai dire, l’approche n’est pas tout à fait nouvelle. C’est dès 1941 que Lucien Febvre (dans un texte systématiquement cité, comme pionnier, par l’ensemble de ces chercheurs) lançait son appel à une histoire de la vie affective7. Reste que les réponses à l’appel de Febvre auront tardé à venir, et que la focalisation volontaire, affirmée, des historiens sur la question des émotions est un phénomène bel et bien propre au premier xxie siècle. Pourquoi ?

Une première explication est bien sûr à chercher dans notre contexte géopolitique8. Le 11 septembre 2001 aura marqué, dans les faits, dans les esprits encore davantage, le début d’une série d’événements bouleversants pour le moins. La montée des extrémismes, les cataclysmes plus ou moins naturels, les soulèvements qui de la liesse initiale tournent au cauchemar affectent le public, plus que jamais. Réaction d’enthousiasme ou compassion spontanés, mais aussi, on le sait bien, réaction que les médias d’un bord et d’autre encouragent, démultiplient, avec laquelle ils jouent et de plus en plus savamment, aux fins d’accroître les taux d’écoute (ébahie), d’imposer le silence ou le bruissement (terrifié, frémissant), d’infléchir les comportements (individuels/collectifs). Et c’est ainsi qu’il devient urgent, pour l’historien, de gagner lui aussi en expertise, quant à l’analyse des émotions, afin de se rendre capable d’en porter au jour, d’en déconstruire l’économie. Ceci, au siècle actuel donc, et également dans les précédents, qui pourraient éclairer le nôtre si l’on parvient à en reconstruire les mécanismes émotionnels propres ; certes avec moins d’archives audibles et visibles à notre disposition, mais avec un peu plus de distance, ce qui pourrait s’avérer salutaire.

Une seconde raison, pour laquelle l’histoire des émotions apparaît maintenant comme projet fédérateur, se trouve sans doute dans l’actualité des sciences dites exactes, cognitives en l’occurrence, qui semblent en effet être parvenues en ce point où les affects, réputés longtemps insaisissables, se révéleraient au contraire mesurables et modélisables. Pour l’historien, la promesse est enthousiasmante. Mais bien entendu, une certaine prudence s’impose9. D’abord, les sciences exactes nous ont accoutumés à s’auto-déclarer régulièrement obsolètes, et foncer dans le sillage d’une méthodologie qu’elles-mêmes savent sans doute provisoire ne serait guère sage. Ensuite, il convient de se demander ce que les sciences cognitives se proposent de mesurer, et ce que l’historien des émotions envisage quant à lui d’évaluer : dans l’un et l’autre cas, dans quelle mesure sont-ce des données naturelles, et universelles à tous les hommes ? ou des données culturelles, relevant des schèmes propres à un contexte donné10 ?

La question du dessein, enfin, est fondamentale. Que veut le neurologue par exemple : l’ayant suffisamment étudiée, se rendre capable de reprogrammer la nature (affective) afin qu’elle soit mieux adéquate à tel ou tel projet social, économique ? Et que veut l’historien : sans doute, apprendre à démêler, dans des « régimes d’émotions » chacun spécifique, comment se tressent le naturel et le construit, le ressenti personnel et la norme publique, l’exprimé et le non-dit, le réprimé et l’encouragé, et aussi, les affects ostensibles – car permis, ou vifs voire violents en soi –, et les plus ténus – parce qu’interdits, ou encore, parce que participant d’une histoire fine, plus « intime » de la vie des êtres…

Vaste projet de la recherche actuelle, dans lequel le présent dossier thématique ne s’insère bien sûr que tout modestement. Les auteurs des articles qui vont suivre ne sauraient se dire experts, à proprement parler, des affects et des émotions. Pour autant, il nous a paru pouvoir réagir à cette question avec profit, et d’autant mieux, dans notre cas, si nous lui ajoutions encore un terme : convictions. Ces signes d’émotions qu’il nous arrive de croiser dans nos archives, peuvent-ils nous permettre de dresser un tableau plus précis des convictions, religieuses, politiques ou encore morales, des divers acteurs étudiés : la profondeur, la vigueur, la sincérité, l’authenticité de ces convictions, leurs nuances et hésitations, aussi ? Par ailleurs, lorsque dans nos sources les affects n’apparaissent que par bribes, par traces, voire carrément en creux, de quelles convictions enfouies – refoulées au profit des convictions d’autres acteurs, ou agissantes peut-être, dans la ténuité même de leurs manifestations – cela vient-il témoigner ? Il s’agit bien en effet, en ce sens, de se mettre en chasse des convictions intimes, pour tâcher d’en retrouver la piste11.

Ainsi notre dossier s’ouvre-t-il sur l’article de Benoît-Michel Tock, spécialiste des chartes médiévales12, autrement dit, de documents produisant par définition des discours très contrôlés, dont la fonction première était bien de gommer les affects, les émotions, les convictions personnelles, de les subsumer sous la norme, la règle, l’ordre. Ce faisant, ces documents mêmes attestent l’existence de pulsions intimes, toutes indésirables fussent-elles. Or, dans une série de textes de nature diverse, du xiie siècle principalement, Benoît-Michel Tock se propose ici d’interroger les émotions, éprouvées, réprimées, réémergeant, parfois jouées, dans le cadre spécifique des couvents réguliers. Où sera évoqué, notamment, le rapport individuel à la mort. À côté des textes qui fustigent et visent à éradiquer l’acedia, qu’en est-il lorsque ce sentiment ressurgit, personnellement éprouvé par le moine ?

Sur un autre terrain, la sculpture du xiiie siècle pose aussi la question : de la relative occultation des affects dans les documents anciens, et des conditions – à l’époque, aujourd’hui – de leur mise au jour. Les travaux de Denise Borlée ont ainsi montré comment telles étonnantes figures de dos, tels raccourcis extrêmes du visage pathétique encore voilé par l’ombre portée, motifs situés très en hauteur en outre, pouvaient par là même inciter le fidèle à approcher pour tâcher de mieux saisir ces affects dissimulés, puis, ce faisant, à « entrer » – cas exemplaire des portails – dans l’église/Église13. Pour l’historien du Moyen Âge, mesurer l’intentionnalité de tels dispositifs, et leur réception effective, reste une gageure assurément. Il faut pourtant, il nous semble, suivre la voie indiquée par Jérôme Baschet14 : non décidément, les images médiévales n’étaient pas « faites pour n’être pas vues », comme d’autres ont voulu l’affirmer ; ici la ténuité même des expressions, l’inconfort de leurs conditions de visibilité ou de déchiffrement, en conduisant à une sorte d’attention intriguée, agissaient sans doute bel et bien sur les émotions des contemporains et, partant, sur la force de leur conviction religieuse. Et bien entendu, parallèlement, le Moyen Âge aura produit des pathosformeln plus ouvertement déployées, que Denise Borlée aborde aussi, en regard.

On a beaucoup dit que l’art de la Renaissance signait, quant à lui, la libération des mouvements, profanes, « individuels », de l’âme en même temps que des corps. Mais l’étude des portraits familiaux, par exemple, oblige à plus de nuance. Ceux-ci restent essentiellement déterminés par les codes sociaux et juridiques, qu’ils ont d’abord mission d’énoncer. Or, même lorsqu’ils se font plus « sensibles », on aurait tort d’y voir une préfiguration de la scène de genre, avec ses sentiments, maternels, filiaux, conjugaux, exaltés pour eux-mêmes. L’enjeu est un peu différent. Qu’on pense à un Lorenzo Lotto par exemple15. Celui-ci part bien plutôt des prototypes sacrés, qu’il cite avec une subtilité non dénuée d’humour, afin de donner à penser, à la famille destinataire, les événements intimes qui peuvent l’affecter : fertilité chaste requise d’une toute fraîche épousée, tendresse mesurée à l’égard d’un fils au destin encore précaire, délicate répartition des rôles, moraux, psychiques, entre les conjoints, deuil nécessaire d’un proche. De l’autre côté des Alpes, l’analyse d’un cas offert par Lucas Cranach, son énigmatique Jeune femme au nourrisson, donnera des résultats comparables, qu’Anne Corneloup s’efforce ici de déplier : l’intimité conjugale s’y déchiffre à l’état de traces, d’autant plus denses (pour les époux) que discrètes (pour nous, comme pour leurs visiteurs d’alors).

C’est dire qu’il faut prolonger aujourd’hui la réflexion, initiée par

Daniel Arasse, sur le « détail intime16 ». Se bornait-il à alimenter la jouissance secrète de l’artiste ou celle de l’historien d’art à venir ? Plutôt, il semble qu’il ait endossé, le plus souvent, une vocation maïeutique, pédagogique, sociale en ce sens, et particulièrement dans les genres où sa présence était le plus inattendue, art sacré ainsi que portrait. Quoi qu’il en soit, aux mêmes époques l’intimité, des sentiments et des chairs, se déployait largement comme on le sait dans le genre mythologique. On pense évidemment à Titien, et atelier, qui feront école ô combien, dans des foisons de gros plans parfois très resserrés, sur des protagonistes au paroxysme de l’émotion… ambivalente en fait, et fort stratifiée, à y bien regarder. Or ce sera là engager le spectateur dans un véritable interrogatoire des intentions des personnages et de ses propres sentiments : qui est victime ? qui coupable, et en quoi ? de la violence ou de l’amour, lequel est au fond le moteur des bienfaits et méfaits des dieux, et des hommes ? peuvent-ils, peut-on, sinon se convaincre d’innocence, du moins s’amender17 ?

Soit des procès imaginaires, où les hommes des xvie-xviie siècles paraissent s’être impliqués tout de bon, affectivement. Mais les travaux, au sein de l’équipe ARCHE, d’Antoine Follain par exemple, nous ramènent, eux, à des procès bien concrets18. L’approche, pour le coup, est pleinement dans la continuité des propositions ginzburgiennes, lorsqu’il se penche sur les procès en sorcellerie et/ou en milieux ruraux : l’attention extrême aux réactions des acteurs, gens de loi comme accusés comme victimes comme témoins, aboutit à une véritable exhumation-résurrection des affects humains, ceux-ci se révélant d’ailleurs évolutifs au fil des procédures. Aussi bien, l’intimité individuelle, l’image de soi et de l’autre, l’intime conviction résultent de rapports de force(s) entre les intimités. Autant de « chocs émotionnels » si l’on ose dire, et multidirectionnels, d’où résultera finalement la décision de justice. Bien entendu l’historien des procès sait qu’il lui revient de faire la part des choses : entre les émotions réellement éprouvées, dont les documents portent plus ou moins volontairement trace, et les émotions construites, puis intentionnellement consignées dans les actes, aux fins d’appuyer l’argumentation.

Les deux essais suivants se penchent plus spécialement sur la représentation des affects, entre temps des académies et Révolution, sur leur mise en scène, leur réception, leur portée via les médias visuels – thème que les travaux de Martial Guédron, ici même à Strasbourg, ont permis d’éclairer en profondeur19. Formées à son école, les deux chercheuses qui interviennent ici apportent à cela des éléments nouveaux. Dimova Temenuzhka étudie les gestes expressifs et symboliques de la main aux xviie et xviiie siècles, et plus précisément dans cet article, la jonction des deux mains. Soit un motif qui, depuis l’Antiquité, signale et affirme, entre les deux protagonistes, « l’amour ». Mais de quelle nature exactement sera ce lien, comment faut-il l’entendre ? Alliance contractuelle, dans un contexte tant politique que conjugal ? et/ou lien charnel, voire érotique ? L’auteur analyse attentivement les variations et variantes de ce motif des deux mains réunies, la part qu’y prennent les prescriptions des théoriciens, de bienséance notamment, et les initiatives des artistes, dans leur capacité, en particulier, à dialectiser, voire à brouiller finalement les deux termes de la polarité, contractuel/charnel.

Quant à Barbara Stentz, auteur d’une riche thèse sur Les représentations de la douleur dans les arts graphiques en France au xviiie siècle, elle nous permettra d’aborder le sujet des affects les plus extrêmes, et des finalités de leur transcription/construction. Son article met entre autres en valeur le thème du voile de Timanthe et les discussions presque sans fin, oscillatoires qu’il aura suscitées au siècle des Lumières : s’il faut montrer ou bien masquer les émotions fortes, trop fortes, si les cacher ne serait pas, au fond, le meilleur moyen de les donner à voir (derrière le voile), moyen le plus ambitieux d’un point de vue artistique, ou le plus intriguant, et dès lors le plus apte à susciter les passions, peut-être la compassion.

Pour clore ce dossier, Audrey Kichelewski analyse la production de témoignages juifs – entretiens avec les rescapés, publications de journaux et autres écrits, livres du souvenir rédigés par les survivants – dans la Pologne de l’après-guerre, au lendemain même de la Shoah. Cela n’échappera pas au lecteur, cet article fait le choix, scientifique, d’une certaine pudeur. Que les émotions éprouvées, endurées aient lourdement pesé, dans la volonté de recueillir et transmettre témoignages, que ces historiens-témoins aient été affectés, c’est là une évidence. Plutôt que de multiplier les extraits bouleversés/bouleversants des divers documents qu’ils avaient collectés, Audrey Kichelewski s’efforce de retracer avec précision les actions et intentions de ses protagonistes. Par ailleurs, plutôt que d’instruire en procès l’absence totale de considération, en tant qu’entreprise historiographique, dont ces productions ont très longtemps souffert, elle pose cela comme un questionnement dans la fin de l’article, ouvrant ainsi le débat ; un débat qui dans ce contexte était évidemment crucial, mais peut valoir plus largement.

Autrement dit : le projet de mener à bien une histoire de l’intime est certainement justifié20 ; cela étant, parmi les nombreuses questions herméneutiques qu’il requiert de se poser, il y a bel et bien celle, qu’on ne saurait simplement éluder, de l’intimité de l’historien. Où celui qui, ayant pris pour objets d’étude les émotions, affects et autres mouvements de l’âme, se trouve être le sujet des émotions, pire peut-être, sujet aux émotions. D’aucuns estimeront que cela invalide alors sa production, en tant que scientifique, pour la ramener dans la catégorie du « journal intime ». On lui pardonnera peut-être d’avoir été mu par l’intérêt personnel lors du choix initial de son sujet de travail, et même d’avoir été à maintes reprises ému, emballé, désespéré dans le temps de l’enquête, mais quant au moment de la restitution des résultats, là, non. D’autres, tout au contraire, estimeront que la présence visible et lisible de l’historien comme « enfant de Vénus21 », ou encore de Saturne, est éminemment souhaitable, exaltant contre-exemple, à suivre. Qu’en est-il ? Il faut bien reconnaître que l’historien, français en particulier, est passablement tiraillé, éthiquement : où le « je », sinon haïssable, lui est encore présenté comme indésirable, dans la production écrite en tout cas, d’un côté ; et de l’autre, où injonction lui est faite, pour avancer dans la carrière universitaire, de rédiger une copieuse égo-histoire…

Il y a un peu plus de vingt ans Daniel Arasse jetait les bases d’une « histoire rapprochée » des archives, archives visuelles en l’occurrence, et tout récemment Antoine de Baecque nous offrait un essai d’ « histoire marchée », histoire du GR5 alpin, dans son cas22. Peut-être y a-t-il là une voie à suivre ? Où l’historien, non seulement est allé à la rencontre de ses objets avec toute l’émotion tant intellectuelle que physique dont il était capable ; mais aussi, tient à offrir, dans la restitution finale des résultats, traçabilité du processus véritablement expérimental qui aura été le sien, ceci, par souci de transparence et afin que la chose soit reproductible, ce faisant rectifiable au besoin, par d’autres ; où l’historien enfin, loin d’estimer cette proximité profonde à ses objets comme fin en soi, y voit en fait un moment, dialogique, qui ne saurait aller sans celui de l’arrachement, de la prise de distance, de l’auto-évaluation et correction toujours nécessaires et régulièrement réitérées de ses propres perceptions et sentiments.

D’où pourrait in fine résulter quelque chose comme une intime conviction, testée et étayée autant que faire se pouvait, sur la « vérité historique » de nos différents objets d’enquête, au cas par cas.

1 Parmi les relectures panoramiques des grands courants historiographiques, mentionnons le très original ouvrage de Christophe Granger (dir.), À quoi

2 Geoffrey E. R. Lloyd, Pour en finir avec les mentalités, trad. fr., Paris, La Découverte, 1993 (éd. angl. Demystifying Mentalities, Cambridge

3 En quelques pages seulement Hervé Mazurel, « Histoire des sensibilités », dans ibid., p. 255261, donnait un excellent vademecum pour cette approche.

4 Saluons en particulier le programme EMMA-Les Émotions au Moyen Âge dirigé par Damien Boquet et Piroska Nagy depuis 2007 (voir le site emma.

5 Particulièrement : Quentin Deluermoz, Emmanuel Fureix, Hervé Mazurel et M’Hamed Oualdi, « Écrire l’histoire des émotions : de l’objet d’analyse à la

6 Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (dir.), Histoire des émotions, de l’Antiquité au xxie siècle, Paris, Seuil, 3 vol., à

7 Lucien Febvre, « Comment reconstituer la vie affective d’autrefois ? La sensibilité et l’histoire », Annales d’histoire sociale, vol. 3, n° 1-2

8 Ce contexte d’ « effroi mondial » par lequel Christophe Granger ouvre son essai introductif, « Le monde comme perception », au numéro thématique

9 Voir Jan Plamper, « L’histoire des émotions », dans Ch. Granger (dir.), À quoi pensent…, op. cit., p. 225-240, aux p. 239-240 ; et, plus ample, tout

10 Question qui a précocement intéressé les anthropologues bien sûr. Voir Gérard Ermisse (dir.), Les émotions, numéro thématique de la revue Terrain.

11 Signes, traces, pistes… : les apports potentiels de la microstoria à l’histoire des émotions sont assez évidents, qui ne sont pas toujours

12 Voir notamment le projet CHARCIS (cn-telma.fr/chartae-galliae.fr/), concernant la diplomatique cistercienne.

13 Voir ses travaux de longue haleine sur les portails (entre autres dans le cadre de sa thèse publiée, Denise Borlée, La sculpture figurée du xiiie

14 Jérôme Baschet, L’iconographie médiévale, Paris, Folio-Gallimard, 2008, passim.

15 Artiste qu’une série d’expositions depuis la fin des années 1990 a rendu familier au public. Voir p. ex. Elsa Dezuanni, « Lorenzo Lotto ritrattista

16 Notion arassienne sur laquelle revient Gérard Wajcman dans son « Portrait de Daniel Arasse en enfant de Vénus », Regards croisés, n° 1, 2013, p. 32

17 Je me permets de renvoyer à deux articles illustrant cette problématique : Anne Corneloup, « Une histoire en détail dans le détail manquant de la

18 Voir par exemple : Antoine Follain, Blaison Barisel. Le pire officier du duc de Lorraine, Paris, L’Harmattan, 2014.

19 Notamment : Martial Guédron, Peaux d’âmes. L’interprétation physiognomonique des œuvres d’art, Paris, Kimé, 2001 ; Id., L’art de la grimace. Cinq

20 « Intime » étant à entendre ici dans sa polysémie fertile, et surtout pas comme proposition de nouvelle étiquette historiographique. Juliette

21 Voir supra, note 16.

22 Daniel Arasse, Le détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture, Paris, Flammarion, 1992 ; Antoine de Baecque, La traversée des Alpes. Essai

Je remercie Sébastien Maz d’avoir attiré mon attention sur ce second ouvrage.

Notes

1 Parmi les relectures panoramiques des grands courants historiographiques, mentionnons le très original ouvrage de Christophe Granger (dir.), À quoi pensent les historiens ? Faire de l’histoire au xxie siècle, Paris, Autrement, 2013.

2 Geoffrey E. R. Lloyd, Pour en finir avec les mentalités, trad. fr., Paris, La Découverte, 1993 (éd. angl. Demystifying Mentalities, Cambridge University Press, 1990) ; rétrospective globalement très critique aussi par François Dosse, « L’histoire des mentalités », dans Id., Christian Delacroix et Patrick Garcia (dir.), Historiographies, I. Concepts et débats, Paris, Folio-Gallimard, 2010, p. 220231.

3 En quelques pages seulement Hervé Mazurel, « Histoire des sensibilités », dans ibid., p. 255261, donnait un excellent vademecum pour cette approche. Parmi les grands jalons bibliographiques, rappelons : les 5 vol. codirigés par Philippe Ariès et Georges Duby, Histoire de la vie privée, Paris, Seuil, 1987 ; Robert Muchembled, L’invention de l’homme moderne. Sensibilités, mœurs et comportements collectifs sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 1988 ; jusquà son plus récent L’orgasme et l’Occident. Une histoire du plaisir du xvie siècle à nos jours, Paris, Seuil, 2005.

4 Saluons en particulier le programme EMMA-Les Émotions au Moyen Âge dirigé par Damien Boquet et Piroska Nagy depuis 2007 (voir le site emma.hypotheses.org). En histoire de l’art, on peut mentionner les réflexions menées à l’instigation de Giovanni Careri : voir son Gestes d’amour et de guerre. “La Jérusalem délivrée”. Images et affects, xvie-xviiie siècle, Paris, éd. de l’EHESS, 2005 ; judicieusement traduit ensuite La fabbrica degli affetti, Milan, Il Saggiatore, 2010.

5 Particulièrement : Quentin Deluermoz, Emmanuel Fureix, Hervé Mazurel et M’Hamed Oualdi, « Écrire l’histoire des émotions : de l’objet d’analyse à la catégorie d’analyse », Revue d’histoire du xixe siècle, n° 47, 2013-2, p. 155-189 ; et Christophe Granger (dir.), Histoire des sensibilités au 20e siècle, numéro thématique de la revue Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 123, septembre 2014.

6 Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (dir.), Histoire des émotions, de l’Antiquité au xxie siècle, Paris, Seuil, 3 vol., à paraître en 2015-2016 (J.-J. Courtine y contribuera, comme auteur, par « Une histoire culturelle de l’anxiété »).

7 Lucien Febvre, « Comment reconstituer la vie affective d’autrefois ? La sensibilité et l’histoire », Annales d’histoire sociale, vol. 3, n° 1-2, 1941, p. 5-20.

8 Ce contexte d’ « effroi mondial » par lequel Christophe Granger ouvre son essai introductif, « Le monde comme perception », au numéro thématique Histoire des sensibilités au 20e siècle, op. cit., p. 3-20.

9 Voir Jan Plamper, « L’histoire des émotions », dans Ch. Granger (dir.), À quoi pensent…, op. cit., p. 225-240, aux p. 239-240 ; et, plus ample, tout le chap. « “Scientifique” », de Ramsay MacMullen, Les émotions dans l’histoire, ancienne et moderne, trad. fr., Paris, Les Belles Lettres, 2004, p. 73-104 (éd. angl. orig. Feelings in History, Claremont, Regina Books, 2003).

10 Question qui a précocement intéressé les anthropologues bien sûr. Voir Gérard Ermisse (dir.), Les émotions, numéro thématique de la revue Terrain. Revue d’ethnologie de l’Europe, n° 22, 1994.

11 Signes, traces, pistes… : les apports potentiels de la microstoria à l’histoire des émotions sont assez évidents, qui ne sont pas toujours soulignés.

12 Voir notamment le projet CHARCIS (cn-telma.fr/chartae-galliae.fr/), concernant la diplomatique cistercienne.

13 Voir ses travaux de longue haleine sur les portails (entre autres dans le cadre de sa thèse publiée, Denise Borlée, La sculpture figurée du xiiie siècle en Bourgogne, Strasbourg, PUS, 2011), et notamment son travail sur le portail de la cathédrale de Strasbourg (Id., « Transferts stylistiques et iconographiques au tympan du portail central de la cathédrale de Strasbourg », dans Jacques Dubois, Jean-Marie Guillouët et Benoît Van den Bossche (dir.), Les transferts artistiques dans l’Europe gothique, Paris, Picard, 2014, p. 275-287).

14 Jérôme Baschet, L’iconographie médiévale, Paris, Folio-Gallimard, 2008, passim.

15 Artiste qu’une série d’expositions depuis la fin des années 1990 a rendu familier au public. Voir p. ex. Elsa Dezuanni, « Lorenzo Lotto ritrattista. Sentimento e modernità », dans Lorenzo Lotto (cat. exp., Rome, Scuderie, mars-juin 2011), Milan, Silvana, 2011, p. 195 sq. Le « cas Lotto », sur le plan scientifique, n’a pour autant pas fini de nous occuper.

16 Notion arassienne sur laquelle revient Gérard Wajcman dans son « Portrait de Daniel Arasse en enfant de Vénus », Regards croisés, n° 1, 2013, p. 32-40.

17 Je me permets de renvoyer à deux articles illustrant cette problématique : Anne Corneloup, « Une histoire en détail dans le détail manquant de la fable : les “Vénus et Adonis” de Titien au regard de la poétique ovidienne », Ktèma, n° 37, 2012, p. 385-400 ; Id., « Études de genre et iconologie : sur une histoire de sexes chez Pietro Vecchia », Cités. Philosophie, politique, histoire, n° 44, 2010, p. 61-75.

18 Voir par exemple : Antoine Follain, Blaison Barisel. Le pire officier du duc de Lorraine, Paris, L’Harmattan, 2014.

19 Notamment : Martial Guédron, Peaux d’âmes. L’interprétation physiognomonique des œuvres d’art, Paris, Kimé, 2001 ; Id., L’art de la grimace. Cinq siècles d’excès de visage, Paris, Hazan, 2011.

20 « Intime » étant à entendre ici dans sa polysémie fertile, et surtout pas comme proposition de nouvelle étiquette historiographique. Juliette Deloye prendra d’ailleurs soin de ré-interroger le terme, dans la deuxième rubrique du présent numéro (p. 129 sq.) consacrée à l’édition d’une correspondance familiale au temps de Napoléon, celle de Louis de Beer.

21 Voir supra, note 16.

22 Daniel Arasse, Le détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture, Paris, Flammarion, 1992 ; Antoine de Baecque, La traversée des Alpes. Essai d’histoire marchée, Paris, NRF-Gallimard, 2014.

Je remercie Sébastien Maz d’avoir attiré mon attention sur ce second ouvrage.

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Référence papier

Anne Corneloup, « Présentation », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe, 5 | 2014, 7-14.

Référence électronique

Anne Corneloup, « Présentation », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe [En ligne], 5 | 2014, mis en ligne le 22 septembre 2023, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/sources/index.php?id=371

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Anne Corneloup

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