Le texte original du journal et sa traduction
Ralf Dörsam a scanné et transcrit le contenu du journal de voyage avant de le mettre en ligne1. C’est ce texte que j’ai repris2 pour le traduire. Afin de distinguer le texte élaboré par Neubrand de celui recopié soit du guide de Langner3, soit d’autres sources indéterminées, nous mettrons tous les emprunts en italique. Je me suis efforcée de garder le mieux possible le style du diariste, à la fois élaboré et familier. Son journal s’arrête fin juin 1845, alors qu’il n’est rentré à Wald qu’en mai 1846. Le Wanderbuch apporte donc un précieux complément permettant de mieux cerner cette Wanderschaft hautement caractéristique4.
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Die Stationen des Lebens | Les étapes de la vie5 |
Es haben viel Dichter, die lange verblichen, das Leben mit einer Reise verglichen ; Doch hat uns bis heute, soviel uns bekannt, die Poststationen noch keiner genannt. |
Beaucoup de poètes, disparus depuis longtemps, ont comparé la vie avec un voyage ; mais jusqu’à présent, autant que je sache, personne encore n’avait mentionné les relais de poste. |
Die erste läuft fröhlich durchs Ländchen der Kindheit, da seh’n wir geschlagen mit glücklicher Blindheit, die lauernden Sorgen am Wege nicht stehn, Und rufen bei Blümchen : Ei eia, wie schön ! |
La première étape nous mène joyeusement à travers le pays de l’enfance. Frappés d’une cécité bienheureuse, nous ne voyons pas les soucis qui nous guettent au bord du chemin, et devant une petite fleur nous nous écrions : « Oh la la ! Qu’elle est belle ! » |
Wir kommen mit klopfenden Herzen zur zweiten ! Als Jüngling und Mädchen, die schon was bedeuten, hier setzt sich die Liebe mit uns auf die Post, Und reicht uns bald süße, bald bittere Kost. |
Le cœur battant, nous arrivons à la seconde étape ! Nous sommes devenus des jeunes hommes et des jeunes filles déjà mûrs. Alors, l’amour s’assoit avec nous dans la voiture et nous offre des mets tantôt sucrés, tantôt amers. |
Die Fahrt auf der Dritten giebt tüchtige Schläge, der heilige Eh’stand verschlimmert die Wege ; Oft mehren auch Jungen und Mädchen die Noth, Sie laufen am Wagen und schreien nach Brod. |
Le voyage vers le troisième relais soumet la voiture à de forts cahots ; l’union conjugale gâte encore plus les chemins. Souvent, filles et garçons aggravent encore la situation en courant à côté de la voiture, réclamant du pain à grands cris. |
Noch ängstlicher ist auf der Vierten die Reise, für steinalte Mütter und wankende Greise ; Der Tod auf dem Kutschbok als Postillion Jagt wild über Hügel und Thäler davon. |
La quatrième étape est encore plus angoissante pour les aïeules et les vieillards chancelants : sur le siège du cocher est assise la Mort. Elle brûle le pavé à travers collines et vallées. |
Auch Reisende, jünger an Kräften und Jahren, Beliebt oft der flüchtige Postknecht zu fahren, Doch Alle Kutschiert er zum Gasthof der Ruh’ ; |
Ce postillon fugace ne rechigne jamais à prendre à bord des voyageurs plus jeunes et plus valides. Mais il conduit tout le monde au Relais du Repos. |
Nun ehrlicher Schwager, wenn das ist, fahr zu. |
Eh bien, brave cocher, s’il en est ainsi, en route ! |
Einleitung | Introduction |
zu meiner nun vollendeten Reise, zu welcher ich nun ein Tagebüchlein schreibe. | à mon Tour, maintenant accompli, sur lequel je rédige maintenant un petit journal6. |
Der Gruß | Le salut7 |
Der schönste Gruß, den man mir bot, Ist unser deutsches :“Grüß Dich Gott !“ „Ich danke Dir aus teurer Brust !“ Klingt’s drauf mit wahrer Herzenslust Und jeder geht vergnügt den Pfad, den sein Beruf ersehen hat. |
Le plus beau salut que l’on m’ait adressé est notre « Que Dieu te salue8 ! » allemand ; « Je te remercie de tout cœur ! » est la réponse gaie et spontanée, et chacun de suivre avec joie la voie que son métier lui a préparée. |
Mit Gott geht man den schönsten Gang, Da wird das Herz nicht trüb und bang ; Die Brust hebt sich froh und leicht. Weil alles Böse von uns weicht ; Der Sinn ist immer hell und klar, Und gut ist, was der Geist gebar. |
C’est en compagnie de Dieu que l’on fait le plus beau chemin : le cœur ne s’attriste pas et ne connaît pas la peur ; nous respirons avec légèreté et allégresse, parce que le Mal s’éloigne de nous ; la pensée est toujours gaie et claire, et ce que l’esprit produit est louable. |
Mit Gott besiegt man jede Noth, Erfüllt mit Gott sein Pflichtgeboth, Stößt nirgends auf des Lebens Bahn Für seine Ruh gefährlich an ; |
Avec Dieu, on surmonte toutes les épreuves, avec Dieu, on remplit ses devoirs, et, au cours de sa vie9, on évite tout danger mettant en péril la paix de l’âme. |
Mann wandelt auf beblümter Flur In Gottes freundlicher Natur. |
On parcourt des champs fleuris au sein de l’aimable nature divine. |
Drum Wandrer, geh ! und grüß Dich Gott ! Und walle froh bis in den Tod. Bewahrt den Gruß dein treues Herz, Dann flieht Dich jeder Tücke Schmerz ; Du denkst einfältiglich und hold, Der Gruß gilt mehr denn Ehr’ und Gold. |
C’est pourquoi, Wanderer10, va ton chemin ! Et que Dieu te bénisse ! Et suis avec joie jusqu’à ta mort le chemin de ta vie. Si ton cœur fidèle garde en lui ce salut, tu ne connaîtras jamais la douleur des embûches ; tes pensées seront innocentes et douces ; ce salut vaut plus que l’honneur11 et l’or. |
Da ich mich von der unumgänglichen Nothwendigkeit und Nützlichkeit der Wanderschaft für junge Handwerker überzeugt, und vorgenommen hatte, mit treuer Lust und Liebe zur Sache zu schreiten so freute ich mich inniglich auf den Tag meiner Abreise. Obwohl ich ein Meisters Sohn bin und meinen Lieben Vatter schon in meinem 14ten Jahre verlohren hatte, so habe ich das Glück bis zum Austrit aus der Schule und zum Antrit der Wanderschaft so viel zu erlernen, das ich im Stande war, mein Brod in der Fremde zu verdienen. Am 20 März 1838 trat ich meine Wanderschaft an und kam nach Buchloe zum Hafner-Meister Johann Laur in Arbeit und war dort bis zum 21. Sept. nemmlichen Jahres. Dann glaubte ich in einer anderen Werkstadt bessere Fortschritte meiner Profeßion machen zu könen und reiste nach München, aber in der Residenzstadt meines Vatterlandes war es für mich eben nicht so, wie ich es hofte und reiste am 8 Okt. 1838 weiter. | Comme je m’étais persuadé de la nécessité et de l’utilité du Tour pour les jeunes artisans, et que j’avais pris la résolution de réaliser cette entreprise avec enthousiasme et engagement, j’attendais avec une joie intense le jour de mon départ. Bien que je sois le fils d’un maître artisan12 et aie perdu mon cher père à l’âge de 14 ans, j’avais eu la chance d’apprendre tellement de choses entre le moment où je quittai l’école et celui où je commençai mon Tour que j’étais capable de gagner mon pain en territoire étranger13. Le 20 mars 1838, je me mis en route pour faire mon Tour, et arrivai à Buchloe pour être embauché chez Johann Laur, maître-poêlier, où je restai jusqu’au 21 septembre de la même année. Il me sembla alors nécessaire d’aller dans un autre atelier pour faire de plus grands progrès dans mon métier, et me dirigeai vers Munich. Mais dans la ville où résidait le souverain de mon pays14, mes espoirs furent déçus et le 8 octobre 1838, je continuai mon voyage. |
Ich machte meine Reise über Freising, Mosburg, Landshut und Ergolsbach nach Regensburg. Am 12. Oktober Machte ich von Regensburg nach Neuburg an der Donau und von da nach Donauwörth und bekam Arbeit beim Hafner-Meister Stauhmayr, allwo ich bis an 3. Dezemb. blieb. | Je passai par Freising, Mosburg, Landshut et Ergolsbach pour atteindre Ratisbonne. Le 12 octobre, je me rendis de Ratisbonne à Neubourg-sur-le-Danube et, de là, à Donauwörth, où je trouvai du travail chez le maître-poêlier Stauhmayr ; j’y restai jusqu’au 3 décembre. |
Dann Reiste ich wieder weiter und zwar über Monheim, Pappenheim, Eichstädt nach Neuburg und Ingolstadt und kam am 6 Dez. beym Schulmeir in Vohburg in Konditzion. Ich arbeitete in Vohburg bis am 25 März 1839, da reiste ich nach Hause, weil mein Bruder heiratete. | Puis, je repris la route, passai par Monheim, Pappenheim, Eichstätt et Ingolstadt pour arriver le 6 décembre à Vohburg, où M. Schulmeir m’embaucha.Je travaillai à Vohburg jusqu’au 25 mars 1839, date où je dus rentrer chez moi pour le mariage de mon frère15. |
Ich blieb zu Hause vom 28 März bis zum elften Juli 1839 und kam dann nach Memmingen in Conditzion und blieb bis zum 2. Sept. n[ämlichen] J[ahres]. | Je restai dans ma famille du 28 mars au 11 juillet 1839, puis trouvai une place à Memmingen, où je restai jusqu’au 2 septembre de la même année. |
Aber durch Rekomptation des Michael Gaimann von Günz kam [ich] nach Ottobeuren, da arbeitete vom 2. Sep. 1839 bis zum 27 Juny 1841 beim Hafner-Meister Jos. Kümmerle, ging aber wieder nach Hause und arbeitete bey meinem Bruder. | Mais grâce à la recommandation16 de Michael Gaiman, de Günz17, je pus trouver du travail à Ottobeuren chez le maître-poêlier Jos[eph] Kümmerle, où je restai du 2 septembre 1839 au 27 juin 1841. Puis je rentrai chez moi pour travailler avec mon frère. |
Nun aber war ich in den Jahren, wo ich zur Constitutzion einberufen wurde, wir waren in unserm Landgericht Türkheim 153 Bursche und ich hatte das Glück, die No. 144 zu ziehen und war allso für immer vom Militär Stande frey. – | Mais j’étais arrivé à l’âge d’être appelé sous les drapeaux18. Dans notre tribunal de district19 de Türkheim20, nous étions 153 garçons, et j’eus la chance de tirer le n° 144, ce qui me délivra à jamais du service militaire21. |
Ich schätzte mich glücklich und besann mich wie ich mir dieses Glück am besten zu Nutzen machen könnte. | Je pensai que j’avais eu de la chance et réfléchis au meilleur moyen d’utiliser cette heureuse circonstance. |
Dies sind die kurz gefaßten Reisen in meinem Vatterland. | Voici, en bref, les trajets que j’ai suivis au sein de mon pays natal. |
Die Menschen sind nicht nur zusammen, wenn sie beisammen sind ; auch der Entfernte, der Abgeschieden lebt uns. | Les gens ne sont pas seulement ensemble quand ils sont réunis ; ceux qui sont loin, ceux dont on a pris congé, ils vivent aussi [dans] nos cœurs. |
Die Reisen außer dem Vatterland ! | Mes voyages hors de mon pays natal ! |
Nachdem ich nun von der Constitutzion frey geworden, und die Bewilligung erhalten hatte, auch im Ausland reisen zu dürfen, so schickte ich mich auch zur reise an und zwar mit freiem und unbescholtenen Willen diesmahl gleich hinaus zu wandern, um mein Glük in Fremden Ländern zu suchen. Wer Arbeitsam ehrlich und Fleißig ist ; dachte ich, wird auch in Ausländern ein gutes fortkommen haben. | Après avoir été libéré de mes obligations militaires et avoir reçu l’autorisation de pouvoir également voyager à l’étranger22, je me préparai à repartir, cette fois-ci avec la franche volonté, en toute liberté, d’aller au loin tenter ma chance dans des pays étrangers. J’étais d’avis que celui qui est travailleur, honnête et diligent était aussi à même de bien réussir dans des pays étrangers. |
Wenn wir auch alles haben, der Erde reichste Gaben, Gesundheit, Ehre, Glück, Und sind doch nicht zufrieden Mit dem, was uns beschieden, So bleibt umwölkt des Menschen Blick. Drum teurer Jüngling ! strebe Nach Tugend und erhebe Auf jenseitz Deinen Blick. Hast Du die Pflicht erfüllet der Thaten Durst gestillet, Dann winkt dir dort ein reines Glück. |
Quand bien même nous aurions tout : les plus riches présents de la terre, la santé, l’honneur, le bonheur, si nous ne sommes toujours pas satisfaits de ce qui nous est accordé, le regard de l’homme restera obscurci. C’est pourquoi, cher jeune homme, recherche la vertu et élève ton regard vers l’au-delà. Après avoir fait ton devoir et étanché ta soif d’actions, tu verras alors le pur bonheur qui t’y attend23. |
Am 30 September 1843 Morgens 7 Uhr war ich reisefertig und nahm Abschied von meinem Vätterlichen Hause und von den Meinigen aber die Liebe und Freundschaft meiner drei Kammeraden des S. Stadler, J. Neher und A. Gambühler, welche mich begleiteten hielten mich noch auf bis 11 Uhr – und alsdann nahmen wir erst Abschied von einander bey Anhofen, ich gieng forwärts in Gottes Nahmen seinen Schutz und Segen anrufend sagete ich auf dem Berge bey Steinkirch meinen Vatterorte Wald ein Lebewohl. |
Le 30 septembre 1843, à 7h du matin, j’étais prêt à partir et pris congé de ma maison paternelle et des miens ; mais par amour et amitié, mes trois compagnons24 S. Stadler, J. Neher et A. Gambühler me firent une conduite en règle, ce qui nous mena jusqu’à 11h, où, à Anhofen, nous nous fîmes alors vraiment nos adieux. Je continuai mon chemin, sollicitant de Dieu sa protection et sa bénédiction, et [arrivé] sur la colline près de Steinkirchen, je dis adieu à ma ville natale Wald. |
Den ersten Tag kam ich bis Göggingen übernachte bey Ochsenwirth und ging zum 1 Okt. fünf Morgens nach Augsburg und fuhr alsdan auf der Eisenbahn nach München. Um 12 Uhr Mittags war ich bereits auf der Herberge angelangt bey Giulianerbräu. Gab mein Felleisen aufzubewaren und begab mich als dann auf die Theresiawise um die Merkwürdigkeiten des Oktoberfestes meiner Vatterlands-Hauptstadt nochmals zu beschauen. Abends gieng ich wieder auf die Herberge. Ich hätte zwar Arbeit bekommen können in München und in der Au, aber ich blieb bey meinem Entschluß ins Ausland zu reisen. | Le premier jour, j’atteignis Göggingen25 et passai la nuit à l’auberge « Zum Ochsen26 ». Le 1er octobre, à 5h du matin, je partis pour Augsbourg, où je pris le train pour Munich27. À midi, je me trouvais déjà dans mon auberge [compagnonnique]28 près de la Giulianerbräu29. J’y déposai mon Felleisen30 en consigne et me rendis alors sur la Theresienwiese31, pour observer une fois de plus les curiosités de l’Oktober-Fest32 dans la capitale de mon pays. Le soir, je revins à l’auberge. J’aurais certes pu trouver du travail à Munich et à Au33, mais je préférai m’en tenir à ma décision d’aller à l’étranger. |
Wir waren an jenem Abend 4 Fremde auf der Herberg. Auch Arbeits-Gesellen kamen mehrere und wir wurden von ihnen ausgeschenkt oder vielmehr Zech frey gehalten. Besonders ein Alter der schmeichelte sich ganz auserordentlich. Als es Zeit zum schlafengehen war, wurden wir zu Bette geführt. Ich und ein Bamberger und der Alte Arbeitsgesell kammen in ein Zimmer zu schlafen, und ich wunderte mich sehr, das auch dieser Alte Arbeitsgesell, der doch nur eine kurze Streke wegs nach Hause hätte, auf der Herberg blieb, doch ich schrieb die Uhrsache seiner Betrunkenheit zu und hatte also keine böse Gedanken darüber. | Ce soir-là, dans cette auberge, nous étions quatre compagnons venus de l’extérieur. Plusieurs compagnons, eux employés, vinrent également nous rejoindre et nous offrirent à boire à discrétion. Un vieux bonhomme essayait tout particulièrement d’attirer nos faveurs. Lorsqu’il fut l’heure d’aller nous coucher, on nous montra nos lits. Je me retrouvai dans la même chambre à coucher que l’Ancien34 et un compagnon originaire de Bamberg. J’étais très étonné que cet Ancien, qui habitait tout près, reste dormir dans cette auberge, mais je mis cela sur le compte de son ivresse et n’eus donc aucun soupçon à cet égard. |
Wir schliefen ; es mag ungefähr um Mitternacht gewesen sein, da kam der Alte zu meinem Bette, ich erwachte und fragte Ihn, was er hier wolle, da antwortete Er mir, er könne sein Bett nicht mehr finden und legte sich in das meinige zu mir, was mir sehr verdächtig zu sein schien, aber doch wollte ich ihn nicht mit gewalt in das seinige bringen und ließ Ihn liegen. | Nous dormions. Il devait être à peu près minuit lorsque le vieux s’approcha de mon lit ; je me réveillai et lui demandai ce qu’il faisait là. Il me répondit qu’il n’arrivait plus à retrouver son lit, et il s’allongea dans le mien, à mes côtés. Cela me sembla fort suspect, mais je ne voulais pas le remettre de force dans le sien, et le laissai là où il était. |
Mit Tagesanbruch stand ich auf, gieng herunter und hinten in den Hof, um mich zu waschen, da kam auch der Bamberger aus nämlicher Absicht. Wärend wir beide uns wuschen, hörten wir den Alten von oben herunter schreien, wir verstanden Ihn aber nicht, was er meinte blos sahen wir Ihn den lehren Geldbeutel herunter zeigen. Was meint er denn ? fragte mich der Bamberger. Lachend sagte ich, er wird es jetzt bereuen, das er gestern sein Geld durch gebutzt hat, darum zeigt er jetzt den leren Beutel. |
À l’aube, je me levai, descendis pour aller me laver au fond de la cour ; le Bambergeois aussi s’amena dans la même intention. Nous étions tous deux en train de nous laver, lorsque nous entendîmes le vieux hurler depuis le haut ; nous ne comprenions pas ce qu’il disait, mais nous voyions seulement qu’il nous montrait une bourse vide. « Qu’est-ce qu’il veut dire ? », me demanda le Bambergeois. Je répondis en riant qu’il devait regretter d’avoir bu tout son argent la veille, c’était pourquoi il nous montrait sa bourse vide. |
Indes hatten wir uns gewaschen und giengen in die Gaststube. Da kam der Alte herein, jammernd sagte er : mir wurde heute Nacht mein Geld aus dem Beutel gestohlen, und wer anderer, Herr Vatter, könte es haben, als diese zwey, sie schliefen in meinem Zimmer. Wir erschraken nicht wenig, Der Bamberger betheuerte das [er] gar kein Geld habe als das Geschenk von seinem Meistern. Und ich sagte, ich habe Geld genug, ich brauche von Dir keins zu stehlen und verbitte mir diese Beschuldigung. Es waren 4 Guldenstücke, nun laß dein Geld sehen und wenn du Guldenstücke hast, so bist du der Dieb, sagte der Alte zu mir. Ich ergrimmte so sehr, da ich den Alten ergreif und nach der Länge auf eine Tafel hinstreckte. Zu Hülfe, zu Hülfe sonst erwürgt er mich. Der Herr Vatter bat mich, den alten loßzulassen, den so stirbt er in meinen Händen. | Entre temps, nous nous étions lavés et nous nous rendîmes dans la salle à manger. C’est alors que l’Ancien entra en gémissant : « Cette nuit, on m’a volé mon argent dans ma bourse, et, Père35, qui cela peut-il être d’autre que ces deux-là qui dormaient dans ma chambre ». Nous fûmes fort effrayés. Le Bambergeois assura n’avoir d’autre argent que le viatique36 offert par son ancien patron. Et moi, je lui dis que j’avais assez d’argent et donc aucun besoin de lui voler le sien, et que je lui interdisais de m’accuser. « J’avais 4 florins37 ; fais-moi donc voir ton argent, et si tu as les pièces, tu es le voleur », me dit l’Ancien. Cela me mit dans une telle colère que je l’attrapai et l’étendis de tout son long sur une table. « Au secours, au secours, il va m’étrangler ». Le Père-aubergiste me pria de lâcher le vieux avant qu’il ne rende l’âme entre mes mains. |
Das soll, daß muß er, wenn Er mich nochmahl eines Diebstahls beschuldigt. Ich lies Ihn loß, nun verlangte er mein Geld zu sehen. Du sollst es nicht sehen, aber dem Herrn Vatter will ich zeigen, das ich Geld habe. Ich zog meinen ledernen Beutel heraus und zeigte sechs Kronenthaler und zwölf Guldenstücke vor. Der Haus-Vatter staunte, nicht wahr, ich habe noch mehr Geld, als dem Alten gestohlen wurde ? Da wird das meinige wohl auch in deinen Beutel gerugelt sein, sagte der Alte wieder. Schnell zog ich den ledernen Beutel zu und versetzte ihm eine mit dem gefüllten Beutel auf die Nase, das er zurück taumelte und der rothe Saft hervorquoll. Nachdem er sich wieder erhollt hatte gieng er auf die Polizey um uns beyde einführen zu lassen. Ich schafte indes ein paar Tassen Kafee an und als wir eben frühstükten, kam der Alte mit zwey Genndarm zur Thüre herein, ich lachte über diesen Auftrit. Der Herr Vatter kam mit reden zuvor welche uns aus der Verlegenheit helfen sollten. | « Inévitable ! C’est ce qui arrivera inéluctablement s’il m’accuse encore une fois de vol. » Je le lâchai ; mais il exigea de voir mon argent. « Toi, tu ne le verras pas, mais je vais montrer au Père que j’ai de l’argent. » Je sortis ma bourse en cuir et lui montrai 6 couronnes de Brabant38 et douze florins en pièces. Le Père-aubergiste fut étonné. « N’est-ce pas que j’ai encore plus d’argent que ce qui a été volé au vieux ? » – « C’est sûrement le mien qui aura glissé dans ta bourse », réitéra l’Ancien. Je fermai vite ma bourse en cuir bien remplie et lui en donnai un bon coup sur le nez, qui se mit à saigner ; il recula en titubant. Après s’être remis, il alla trouver la police pour porter plainte contre nous deux. Pendant ce temps, je commandai quelques tasses de café, et nous étions en train de prendre notre petit déjeuner quand l’Ancien entra avec deux gendarmes ; à cette vue, je me mis à rire. Le Père-aubergiste prit en premier la parole pour nous aider à sortir de l’embarras. |
Der Brigad sagte zu dem Alten ob er sein Geld nicht verlohren oder vertrunken hätte, oder ob er nicht etwa gar bey einer schlechten Person gewesen wäre, mir scheint, sie haben gar nie 4 Gulden Geld gehabt, führt ihn auf die Polizey sagte er zu seinem Kammeraden, der ihn sogleich fortführte. Aber was soll mit uns geschehen, Herr Brigad ? fragte ich ; Sie können hingehen wo sie wollen, antwortete er mir. So ward nun der Ankläger selbst in Arest gesetzt. | Le brigadier demanda à l’Ancien s’il n’avait pas perdu ou bu son argent, ou s’il n’avait pas rendu visite à une mauvaise personne39, « car il me semble que vous n’avez jamais possédé 4 florins ». Il ordonna à son collègue de l’emmener au poste, ce qui fut fait immédiatement. « Mais qu’est-ce qu’il va nous arriver, Monsieur le Brigadier ? », demandai-je40. « Vous pouvez aller où vous voulez », me répondit-il. C’est ainsi que l’accusateur fut lui-même arrêté. |
Am 2 Oktober machte ich mich wieder auf und reißte weiter nach Aibling von da nach Rosenheim-Traunstein und kam am 6 Oktober Abends nach Reichenhall. | Le 2 octobre, je repartis et allai d’abord à Aibling, puis à Rosenheim-Traunstein, et arrivai à Bad Reichenhall le 6 octobre au soir. |
Nun war ich an der Gränze meines Vatterlands, ich gieng am 7 Oktober 1843 über die Gränze nach Tirol und sagte meinem Vatterland ein Lebewohl. | J’avais maintenant atteint la frontière de ma patrie. Le 7 octobre 1843, je franchis la frontière du Tyrol41 et dis adieu à mon pays natal. |
Das Vatterland | La Patrie42 |
Die Heimath ist, wo wir das Licht erblickt, Des Kindes Blik, der Eltern Herz entzückt, Den Säugling Liebesarm’umfingen : Der Knabe ward mit sicherer Hand geführt, Der Tugend Lehre hat sein Herz gerührt, drum wird ihm Gutes auch gelingen. |
La Heimat est le lieu où nous avons vu le jour, où le regard de l’enfant a ravi le cœur de ses parents, où des bras pleins d’amour ont enlacé le nourrisson ; là où le jeune garçon a été guidé d’une main sûre, où l’enseignement de la vertu a touché son cœur, et c’est pourquoi il fera ce qui se doit. |
Das Vaterland gab seiner Jugend Schutz, der Jüngling bietet dann dem Feinde Trutz. Er liebt des Vaterlandes Auen. |
La patrie a protégé sa jeunesse ; en retour, le jeune homme la défend contre l’ennemi ; [car] il aime les vallées de sa patrie. |
Zu seiner Ehre bildet er sich aus. Verläßt der Eltern sorgsam schützend Haus, der Fremde Gutes zu erschauen. |
C’est en son honneur qu’il suit une formation, qu’il quitte la demeure si protectrice de ses parents [pour] aller voir dans un pays étranger ce qu’il y a de bien. |
Er wandert muthig in die Fremde hin zu seinem und des Vaterlands Gewinn. Er sucht des Vaterlands Gedeihen. Der ist des Vaterlands ächter Sohn, der für der Bürger Glück, des Herschers Thron, stets eifrig ist sein Blut zu weihn. |
Il entame son Tour avec courage, pour son profit et celui de sa patrie. Il vise à faire prospérer sa patrie. Il est le véritable fils de sa patrie, toujours prêt à verser43 son sang pour le bonheur de ses concitoyens et le trône de son souverain. |
Dem Vaterlande weihe Deine Kraft. Und das dein Geist stets nützliches erschaft, Soll Dich die Kunst zum höheren führen, drum wandre muthig fort ins Fremde Land ; Dort bietet fremdes Wissen Dir die Hand, um einst Dein Vaterland zu zieren. |
Consacre ton énergie à la patrie. Et que ton esprit puisse toujours créer ce qui est utile, et que l’art te permette d’atteindre de grandes choses. C’est pourquoi, pars courageusement faire ton Tour au loin : c’est là que t’attend un savoir autre, pour que tu deviennes un jour un fleuron de ta patrie. |
Die Heimat kann allein Dich nicht erhöh’n, Du mußt auch Neues in der Fremde sehn. Und dies mit offenem Geiste erfassen, Du wanderst fort zu Deinem eigenen Glück. Schau um Dich her mit unumwölkten Blik ; Solst Gutes lieben, Böses hassen. |
Ton terroir natal ne peut, à lui seul, t’offrir de possibilités de progresser ; tu dois aussi aller voir au loin les innovations et les enregistrer avec un esprit ouvert. Tu pars faire ton Tour pour trouver ton propre bonheur44. Regarde autour de toi d’un œil limpide ; aime le Bien et hais le Mal. |
Doch Jüngling ! nie Vergiß Dein Vaterland, das Dich mit Liebesketten eng umwand, Ein frohes Dasein Dir gegeben ; wo Du genossen Deiner Jugend Glück, da wende hin des Mannes-Sehnsuchts-Blik ; dem Vaterlande weih Dein Streben. |
Mais, jeune homme, n’oublie jamais ta patrie ; elle t’a étroitement enlacé des chaînes de l’amour et procuré une existence plaisante ; c’est là où tu as savouré le bonheur de ta jeunesse qu’il faut tourner ton regard nostalgique d’homme mûr. Consacre ton ambition à ta patrie. |
Gott leite Dich auf Deinem ersten Gang ; geh froh und glücklich ! ; sey nicht trüb und bang. Du wirst die Wanderung herrlich enden. Das Vaterland hofft auch von Dir Gewinn, drum walle fröhlich Deine Bahn dahin. |
Que Dieu guide tes pas sur ton premier chemin ; va et sois enjoué et heureux ! Et non morose et anxieux. Tu vas mener ton Tour parfaitement à bien. La patrie espère aussi de toi un profit, c’est pourquoi poursuis ton chemin avec bonne humeur. |
Und Gott wird Alles glücklich wenden. | Et Dieu fera tout tourner en ta faveur. |
Die Reise durch Tirol | Mon voyage à travers le Tyrol |
Es war der 7. Oktober Abends 5 Uhr als ich zum ersten [Mal] den Boden eines fremden Landes betrat, am 8. kam ich nach Lofer und lies mir von da aus nach Kufstein visieren und kam am 10. nach Kufstein. Da besah ich die Stadt mit der Festung, die hoch auf dem Berge ligt, und gieng dann wieder weiter über Wörgl nach Rattenberg. Ich bekam Arbeit bei dem Werkführer Alois Eliskases in Schweinanger, ungefähr eine kleine Viertelstunde auser der Stadt Rattenberg. Alda arbeitete ich 6 Wochen theils auf Scheiben- theils auf Ofenarbeit, und kam auch in das gräfliche Schloß Innbach zum Ofensetzen, und da hatte ich die erwünschte Gelegenheit, die Eisen- schmelzwerke zu besehen die sich dort befinden. Ein kleine Stunde von Rattenburg ligt das Dorf Brixlegg, da waren ehmals die größten und reichsten Gold- Silber und Eisenbergwerke. |
C’est le 7 octobre à 5h du soir que je mis pour la première fois le pied sur un sol étranger ; le 8 j’arrivai à Lofer, où je fis viser mon passeport45 pour Kufstein, que j’atteignis le 10. Je visitai la ville avec sa forteresse, qui se trouve en haut d’une colline46, puis continuai mon chemin vers Rattenberg en passant par Wörgl. À Schweinanger, à environ 1 km de la ville de Rattenberg47, je fus embauché par le contremaître Alois Eliskases. J’y travaillai six semaines, en partie sur le tour [de potier], en partie sur des poêles, et j’eus l’occasion de monter un poêle dans le château comtal d’Innbach48 ; cela me donna l’occasion souhaitée de visiter l’usine sidérurgique, qui se trouve dans cette agglomération49. À environ 3,5 km de Rattenberg50, se situe le village de Brixlegg, où se trouvaient autrefois les plus grandes et les plus riches mines d’or, d’argent et de fer. |
Am 20. November 1843 gieng ich wieder weiter und kam am nemlichen Tag noch nach Schwaz, ein sehr schöner Markt, welcher zur Kriegszeit von den Bayern gänzlich in Asche gelegt wurde. Von da kam ich nach Hall, eine nicht unbedeuttende Stadt am Inn mit zwey Salzsalinen auch der nahe liegende Salzberg, da ist auch ein Taubstumen- Intstidut für Tirol und Voradelberg. | Le 20 novembre 1843, je repris la route et parvins le jour même à Schwaz, un très beau marché51 qui avait été complètement brûlé par les Bavarois au cours de la guerre52. De là, j’allai à Hall, une ville sur l’Inn d’une certaine importance qui possède deux salines. Sur le Salzberg, tout proche, se trouve un institut pour les sourds-muets du Tyrol et du Vorarlberg53. |
Am 22 und 23 hielt mich in Innsbruck auf und besah die Merkwürdigkeiten dieser Stadt. Merkwürdig sind : die Kettenbrücke über den Inn, die Hofkirche mit dem Monument Maximilians von 28 Standbildern aus Erz gegossen, und von 24 weismarmornen Bas-Reliefs umgeben, die Kolegial-Kapelle mit Altar an dem Orte, wo Kaiser Franz der I. seinem Sohn Joseph dem II. im Jahre 1765 todt in die Arme fiel, der Rittersaal und die Gemälde-Galeri, das Schatzgewölbe, das goldene Dach, welches vom Herzog Friedrich I. erbaut ist, das ist auf einer Ecke der Hofkamer. In der Nähe ist Hofers Denkmal. | Le 22 et le 23, je séjournai à Innsbruck et allai visiter les curiosités54 de cette ville : le pont de chaînes au-dessus de l’Inn ; la Hofkirche avec le monument de Maximilien55, entouré de vingt-huit statues coulées dans du bronze et [orné] de vingt-quatre bas-reliefs en marbre blanc ; la chapelle [de la Hofburg] avec son autel, à l’endroit où l’empereur François Ier tomba mort en 1765 dans les bras de son fils Joseph II56 ; la salle de garde et la galerie de tableaux57 ; la salle du trésor [des archives]58 ; le toit d’or, construit par le duc Frédéric 1er59, qui se trouve à un angle de la Hofkammer60. Tout près s’élève le monument de Hofer61. |
Von Innsbruck nach Brixen ist eine ganz neue Straße erbaut, welche zwar etwas weiter zum fahren, um so bequämer zum Fahren ist, es ist sehr gebirgig, es fährt auch über den hohen Brennerberg. Inzwischen liegen die Märkte Mattre, Steinach und Sterzing. | De Innsbruck à Brixen62, une toute nouvelle route a été construite, qui, même si elle représente un détour, est plus agréable pour le voyageur ; la région est très montagneuse ; [et la route] franchit le Brenner. Entre [Innsbruck et le Brenner] se trouvent les marchés de Mattrei63, Steinach64 et Sterzing65. |
Ein paar Stunden von Brixen liegt die ganz neu erbaute Franzens-Feste. Ich hatte große Lust, die Festungswerke auch von innen zu sehen. Aber da ich um die Erlaubnis fragte, so wurde ich gefragt, was ich für ein Landsmann sei, als ich : ein Bayer antwortete, hies es, kein Bayer und kein Franzhos darf nicht herein. Ich gieng mein Weg weiter und kam nach Brixen. Diese Stadt liegt ganz zwischen dem Gebirg die seite der Gebirge, die nach Mittag oder Süden blikt sind voll schöne Weinberge die Nördliche aber theils mit Waldungen, theils aber auch Nackte Felsen. Am 24 November 1843, ich Reißte weiter und zwar : anstadt meine Reißeroute gerade fort zu setzen, wie ichs mir vorgenommen hatte, nach Bozen Triest, Padua, u.s.w. : nach Osten Brauneken, Lienz, Darnburg, Keschach und Villach. Diese Reiße konnte ich eben nichts gar angenehmes zumessen, den es war das Ende des Monats November eine rauhe Jahreszeit, bald war der Weg sehr schmutzig, bald mußte ich tiefen Schnee tretten, übrigens ist es eine ununterbrochene Gebirgskette. Von Brixen bis Brauneken geht eine bereits neue Straße, welche im Jahre 1834 Fahrbar wurde. Auch das Dorf Bleiberg wegen Bleibergwerken und Bleischmelz- werken berühmt ist, über eine Stunde lang. Daselbst wohnen über 500 Berksleute. | À un certain nombre de kilomètres de Brixen s’élève la toute nouvelle Franzensfeste66. J’avais grandement envie de visiter aussi l’intérieur de la forteresse. Mais quand je demandai la permission, on me demanda ma nationalité, et lorsque je répondis : « Bavarois », on me dit : « – Ni les Bavarois ni les Français n’ont le droit d’entrer ». Je continuai donc mon chemin et arrivai à Brixen. Cette ville est totalement encaissée entre les montagnes : celles orientées au sud sont couvertes de belles vignes ; mais celles orientées au nord sont en partie garnies de forêts, le reste se composant de roche nue. Le 24 novembre 1843, je continuai mon voyage, mais au lieu d’aller tout droit, comme prévu, en direction de Bolzano, Trieste et Padoue, etc., je me dirigeai vers l’est67, [c’est-à-dire] vers Bruneck68, Lienz69, Darnburg70 [?], Kötschach71 et Villach. Ce trajet n’a rien eu d’agréable, car nous étions fin novembre, une rude période de l’année : tantôt les chemins étaient très boueux, tantôt je devais me frayer un chemin à travers un épais manteau de neige ; et [j’avais devant moi] une chaîne ininterrompue de montagnes. Entre Brixen et Bruneck il y a une toute nouvelle route, ouverte en 1834. [On trouve] aussi le bourg de [Bad] Bleiberg72, qui est célèbre pour ses mines de plomb et s’étend sur environ 4 km ; plus de 500 mineurs y habitent. |
Am 5 Dezember 1843 kam ich in Klagenfurt an und verweilte daselbst 2 Tag um die Merkwürdigkeiten dieser Stadt zu besehen. Diese sind : Kaiserliche Burg, der Kanal nach dem Werther, der große Lindwurm, die Residenz, in der Nähe der berühmte marmorne Fürstenstuhl, auf welchem im Jahr 1414 dem letzten Herzog von Kärnten gehuldigt wurde ; 2 Stunden davon die Propstei Mariensaal. Diese Kirche gleicht einer Festung welche einmahl von einem ungläubigen feindlichem Militär drei Tage lang mit Steinernen Kugeln beschossen wurde, aber nicht eingenommen werden konnte, zum Andenken kann man eine dieser Kugeln heut zu Tag noch sehen. | Le 5 décembre 1843, j’arrivai à Klagenfurt et y restai deux jours, pour examiner les curiosités de cette ville : le château-fort impérial73, le canal qui mène au Wörthersee74, le grand dragon75, la résidence76 ; tout près, le célèbre trône ducal en marbre, sur lequel le dernier duc de Carinthie reçut les hommages de ses sujets en 141477 ; à environ 7,5 km de là, se dresse le prieuré de Maria-Saal78. Son église ressemble à une forteresse : une fois, une armée d’ennemis incroyants79 l’a bombardée pendant trois jours avec des boulets de pierre, sans pouvoir s’en emparer. En souvenir, on peut encore voir aujourd’hui un de ces boulets. |
Von da reißte ich nach St. Veit und dann nach Friesach. Diese letztere Stadt soll einen der ältesten Städten in Kärnthen sein. Sie wurde von 2 Männern aus Frieß und Sachsen erbaut und wurde seit ihrem Bestehen durch Krieg und Feuer schon 16 mal verheeret. | De là, je me dirigeai vers Sankt-Veit, puis Friesach. Cette dernière ville est considérée comme une des plus anciennes de Carinthie. Elle a été construite par deux hommes venus de Frise et de Saxe80 ; depuis sa fondation, elle a déjà été détruite seize fois par les guerres et les incendies. |
Als dann kam ich über die Städte Neumark, Unzmarkt, Judenburg, Knittelfeld, Leoben, Bruck an der Murr und am 14 Dezember nach Mürzzuschlag, allwo ich in der Werkstädte des Hafner- Meisters Peter Weichhard bis zum 4 März 1844 arbeitete. | Je traversai ensuite les villes de Neumarkt, Unzmarkt, Judenburg, Knittelfeld, Leoben, Bruck sur la Mur, et le 14 décembre, j’arrivai à Mürzzuschlag, où je travaillai dans l’atelier du maître poêlier Peter Weichard jusqu’au 4 mars 1844. |
Mürzzuschlag ligt im tiefen Thale an der Mürz, welche oft bei großen anhaltenden Regenwasser oder, wenn der Schnee schmilzt, aus ihren Ufern trit und Überschwemmungen anrichtet. | Mürzzuschlag se trouve dans la profonde vallée de la Mürz, qui, lors de pluies abondantes et persistantes ou lors de la fonte des neiges, sort de son lit et occasionne des inondations. |
Das Thal ist kaum eine halbe Stunde breit, die Gegend ist zwar fruchtbar aber doch etwas Rauh. Das Gebirg ist theils mit Waldungen bedekt, zum Theil ebenso auch unfruchtbar. | La largeur de la vallée atteint à peine 2 km ; la région est certes fertile, mais assez rude. La montagne est en partie recouverte de forêts, en partie aride. |
Der Winter des Jahres 1844, wohl sehr strenge, besonders hatte es sehr viel Schnee, man berechnete denselben, wenn hier überall gleich lege auf 6 Fuß tief, überdies hat es sehr viel geweht den ganzen Monat Jänner 1845 hindurch, hatten 100 Personen mit Schneeschaufeln Beschäftigung die Schneemaschinen / Schneeschlitten wurden täglich mit 16 Pferden auf den Berg Sömmering geführt, welche nahe an dem Markte ist. Auf dem Berge Sömmering steht ein Gasthaus mit dem Namen « Zum Erzherzog Johann ». | L’hiver de l’année 1844 a été très rigoureux : il a abondamment neigé, et la couche de neige, partout la même, atteignait six pieds81 ; de plus le vent a soufflé fort pendant tout le mois de janvier 1845, et une centaine de personnes s’étaient activées avec des pelles et des chasse-neige. Des traîneaux, auxquels étaient attelés seize chevaux, escaladaient quotidiennement le mont Semmering, situé tout près de la bourgade : sur ce mont se trouve une auberge nommée « Zum Erzherzog Johann » [« Á l’archiduc Jean »]. |
Am 5. März setzte ich meine Reiseruthe weiter über den großen Berg Semmering nach Schottwien, Glöggnitz, von da aus gieng schon die Eisenbahn nach Wien. Ich machte meine Reise zu Fuß und kam auf ein eine halbe Stunde von der Haubt-Straße gelegenes Dorf Namens Bothschach. Daselbst war ein Meister, welcher nothwendig einen Gesellen brauchte, ich war durchaus nicht Willens zu Arbeiten, aber doch auf sein dringendes Ansuchen half ich Ihm 14 Tage aus und gieng dann über Neunkirchen nach Wiener Neustadt. Diese Stadt ist am 8. Sept. 1836 durch Unvorsichtigkeit eines Knechtes, welcher in einer 1/2 Stunde entlegenen Scheune Heu holte, gänzlich in Asche gelegt worden. Bauden mit einem K.K. Schloß, dieses war wohl die schönste Gegend die ich je gesehen habe. Das Thal ist ziemlich breit und die Ostseite des Gebirges ist von den vortreflichsten Weinbergen [umgeben]. In dieser Gegend nahm ich meistens bei den Bauern Einkehr, Hauer genannt. Da trank ich die Maaß Wein um 20 Kreuzer w.w. 10 Kreuzer bayrisches Geld. | Le 5 mars, je continuai ma route par le col du Semmering vers Schottwien et Gloggnitz82, d’où part le chemin de fer pour Vienne83. [Mais] je fis le voyage à pied et arrivai dans un village appelé Göttschach, situé à environ 2 km de la route principale. Il y avait là un maître artisan, qui avait un besoin urgent d’un compagnon ; je n’avais pas envie de travailler, mais sur son insistance, je l’aidai pendant quinze jours, puis repartis pour Wiener Neustadt84, en passant par Neunkirchen. À cause de l’imprudence d’un valet de ferme, qui allait chercher du foin dans une grange située à environ 2 km, cette ville a été entièrement détruite par un incendie le 8 septembre 183685. [On pouvait encore voir] des bâtiments et un château impérial86. C’était la plus belle région que j’aie jamais vue. La vallée est plutôt large, et sur la partie orientale de la montagne s’étendent les plus fameux vignobles. Dans cette région, je descendais la plupart du temps chez les paysans, qu’on appelle Hauer87. J’y buvais une grande chopine88 de vin qui coûtait dans les 20 kreuzer viennois, [c’est-à-dire] 10 kreuzer bavarois. |
So reißte ich immer von Stadt zu Stadt, von Dorf zu Dorf, bis ich endlich den Stephans-Thurm von der lang ersehnten Wiener Stadt erblickte. | C’est ainsi que j’allai de ville en ville, de village en village, jusqu’à ce que j’aperçoive enfin la tour de Saint-Étienne89, [située] dans la ville de Vienne que je rêvais de voir depuis si longtemps. |
Nur noch 6 Stunden und ich bin in Wien. Mit raschen Schritten eilte ich vorwärts und kam Donnerstag, dem 22 März in der Früh auf eine Anhöhe, wo ich die nur noch 1/2 Stunden entlegene Wiener Stadt ganz übersehen konnte. Ich glaubte, ein Meer von Häuser, Paläste und Thürmen zu erblicken, erstaunend setzte ich mich auf einem Hügel, um die Weltberühmte Stadt zu bewundern. Als dann schritt ich vorwärts, war auch so glücklich, einen Menschen zu treffen, welcher mir Auskunft gab, wo die Hafner-Herberge sey und wozu ich da am nächsten gehen müsse. Allein ich hatte wohl 3 Stunden um die Stadt herum zu gehen bis ich endlich zu der besagten Maria Hilfen-Linie kam. Unter dem Thor bekam ich für mein Wanderbuch einen Thorzettel und nun war auch die Herberge leicht zu finden. Sie heißt « zum Blauen Bock » in der Maria Hilfer Straße. | Plus que 22,5 km jusqu’à Vienne. J’avançais d’un pas alerte, et, le 22 mars au petit matin, j’arrivai sur une hauteur d’où j’avais une vue panoramique sur la ville de Vienne, qui n’était plus qu’à environ 2 km. J’avais l’impression de voir une mer de maisons, de palais et de tours. Complètement ébahi, je m’assis sur cette colline pour admirer cette ville mondialement célèbre. Puis je continuai mon chemin, et fus fort heureux de rencontrer quelqu’un qui me renseigne sur l’endroit où se trouvait l’auberge des compagnons poêliers90 et comment faire pour y aller. Il me fallut bien encore contourner la ville sur environ 22,5 km avant de trouver enfin la fameuse ligne de défense de Mariahilf91. Arrivé sous la porte [Mariahilf], je montrai mon Wanderbuch et on me donna un laisser-passer92 ; je pus alors trouver facilement l’auberge : elle se trouve dans la Maria Hilfer Straße93 et se nomme « Zum Blauen Bock94 ». |
Um diese Stadt einigermaßen zu besehen blieb ich 5 Tage arbeitslos auf der Herberg. Die Merkwürdigkeiten, die ich sah sind : Die Kaiserliche Burg, das k. Zeughaus, die Bilderkunst-ausstellung, das Josephs- städter Theater, die Stephanskirche und Thurm, an welchem eben gebaut wurde und daß wieder Zutritt auf den Thurme jedem Fremden verweigert wurde, den Stock am Eisen, auf dem Stephansplatz, welcher so voll von Nägel angeschlagen ist, das man kaum mehr eine Rinde sehen kann, die Karolus Kirche mit dem schönen Thurm. Aber von den vielen Vorstädten kann ich wenig sagen, als blos, das ich in der Maria Hilfe-, Josephs- und Leopolds-Stadt öfter gewesen sey, den von dieser Stadt kann Einer, der blos etliche Tage darin ist, noch nicht viel erzählen. Da nun keine Arbeit vorhanden war, so war ich ganz gesinnt nach Ungarn zu reisen. |
Pour pouvoir visiter un peu la ville, je restai cinq jours à l’auberge sans chercher de travail. Voici les curiosités que j’ai vues : la résidence impériale de la Hofburg ; l’arsenal impérial ; l’exposition de peintures ; le théâtre de la Josefstadt ; la cathédrale Saint-Étienne avec sa tour (où il y avait des travaux en cours, si bien que les étrangers n’avaient pas le droit d’y accéder) ; le Stock-im-Eisen sur la place Saint-Étienne95, dans lequel on a planté tellement de clous qu’on n’en voit presque plus l’écorce ; l’église Saint-Charles-Borromée avec sa belle tour. Mais je ne peux pas dire grand-chose des nombreux faubourgs, sauf que je suis allé plusieurs fois à Mariahilf, dans la Josefstadt et la Leopoldstadt. Quand on n’a passé que quelques jours dans cette ville [de Vienne], on ne peut pas raconter grand-chose. Comme je ne trouvais pas de travail, j’étais résolu à aller en Hongrie. |
Aber am 25. n.M. kam ein Meister von dem 3 Stunden von Wien entlegenen Städtchen Stadt-Großenzersdorf auf dem Marchfelde genannt. Da nun von den 6 Fremden auf der Herberg befindlichen Gesellen keiner zur Scheiben-Arbeit tauglich war, so nahm ich auf sein Ansuchen und auf das Zusprechen der anderen Arbeit und so kam ich am 27 März [nach] Stadt-Großenzersdorf und arbeitete dort bis zum 9 Juni 1844. Dieses Städtchen liegt in einer ganz ebenen sehr fruchtbaren Lage 1/2 Stunde von dem Donau-Arm entfernt, über welchen Napoleon 1809 eine Schifbrüke schlagen lies und das genannte Städtchen fast ganz zum Schutthaufen verwandelte, wo er sprach : Wir schlugen in diesen Tagen eine Schiffbrücke über den Donau-Arm und der Brand von Stadt Großengersdorf leuchtete Majestädtisch zu diesem Zweke. Am 9 Juni war nun wieder der Tag, wo ich von meinen Dienst so sehr solieden Meister Abschied nahm, um meine Reise wieder fortzusetzen und fand nach dem ich mich zuvor nochmahl 4 Tage in Wien aufhielt am 14 Juni auf einem Fußsteige an die Ungarischen Gränze. | Mais dans l’après-midi du 25, un maître artisan arriva96 d’une petite ville située à environ 22,5 km de Vienne, appelée Großenzersdorf sur le Marchfeld97. Comme parmi les six compagnons étrangers de l’auberge aucun ne savait travailler sur un tour [de potier], j’acceptai son offre, avec l’accord des autres [compagnons], et c’est ainsi que j’arrivai le 27 mars à Großenzersdorf et y travaillai jusqu’au 9 juin 1844. Cette bourgade est située sur un terrain plat très fertile, à 1,8 km d’un bras du Danube, au-dessus duquel Napoléon fit construire en 1809 un pont flottant98, de sorte qu’il put presque entièrement réduire cette petite ville en tas de ruines ; à cette occasion, il dit : « Nous avons construit ces jours-ci un pont flottant pour traverser ce bras du Danube, et l’incendie de la ville de Großenzersdorf en a été l’illumination appropriée et majestueuse. » Et le 9 juin arriva, jour où je demandai mon compte à ce maître artisan si sérieux, pour continuer mon chemin ; et après avoir fait halte encore une fois pendant quatre jours à Vienne, je me retrouvai le 14 juin sur un petit chemin à la frontière hongroise. |
Da kam ich an ein 1/4 Stund breites Wasser und ein Gränz-Jäger kam aus dem Gebüsch hervor und forderte mir mein Wanderbuch ab. Da er nun sah, das ich ein Ausländer sei und die Erlaubniß habe, nach Ungarn zu reisen, so unterhielten wir uns recht gut wärend ein Schiffmann aus dem über dem Wasser gelegenen Dorfe Diem kam und mit einem kleinen Kahn die Reisende hinüber schiffte. In diesem Dorfe kehrte ich ein, trank den Schoppen Wein schon um 4 Kreuzer w. w. und nun führte mich der Fußsteig an der Donau lings hinunter nach Preßburg. Es war ein sehr heißer Sommertag und an dem Gebirg, an welchem ich hinunterging, war die Sonnenhitze drükend heis, rechts lief die Donau. Das Gebirg heißt die Niedern Karpaten. | Devant moi se trouvait un fleuve large d’environ 1 km ; un douanier99 sortit d’un fourré et demanda à voir mon Wanderbuch. Comme il vit que j’étais étranger et que j’avais l’autorisation d’aller en Hongrie, nous nous sommes entretenus cordialement pendant qu’un batelier arrivait du village de Diem, situé sur l’autre rive du fleuve, pour faire traverser les voyageurs dans une petite barque. Dans ce village, j’allai boire une chopine de vin pour 4 kreuzer viennois ; ensuite, je suivis le chemin sur la rive gauche du Danube pour arriver à Presbourg100. C’était un jour d’été, il faisait très chaud, et sur le versant de la montagne que je descendais, la chaleur du soleil était accablante ; à droite coulait le Danube. La chaîne de montagnes s’appelle les Petites Carpates. |
Preßburg den 14 Juni 1848 | Presbourg, le 14 juin 1848101 |
Krönungsstadt des Königreiches Ungarn, die Ruinen des ehemaligen prachtvollen Schloßes zeigen sich noch weit in die Entfernung. | Ville où les rois de Hongrie étaient couronnés ; les ruines de l’ancien et superbe château sont encore visibles au loin102. |
Und wer noch nie am Schloßberg g’weßt, der weiß nichts von der Welt, juhe : der weis nichts von der Welt. Und wer nach Ungarn reisen will, der brauch ein kleines Geld, juhe ; der braucht wohl auch ein Geld. |
Et qui n’est jamais encore allé sur la colline du château, ne connaît rien du monde, youpi ; il ne connaît rien du monde. Et celui qui veut aller en Hongrie, il a besoin d’argent, youpi, il a besoin d’argent103. |
Die Reise durch Ungarn | Le voyage à travers la Hongrie |
Am 15 Juli Abend 5 Uhr waren wir 20 Handwerk Bursche an dem Donauufer versammelt, alle reisten nach Pesth. Auf dem Dampfschiff zu fahren war uns zu kospilig und keine unumgeltliche Fahrgelegenheit konnten wir nicht treffen. Es both sich aber ein Schiffmann an, uns nach Pesth zu führen, jeder mußte ihm 2 Zwanziger bezahlen. | Le 15 juillet à 5h du soir, nous étions vingt compagnons rassemblés sur les bords du Danube ; nous voulions tous aller à Pest. Prendre le bateau à vapeur était trop cher pour nous, et nous n’avions trouvé aucune possibilité de voyager gratuitement. Mais un batelier nous offrit de nous emmener à Pest, si nous lui donnions 2 pièces de 20 chacun104. |
Als dann gieng nun die Reise zu Wasser und wir fuhren nemlichen Abend noch bis nach Doborgas, einem Dorfe nahe an der Donau. Dort stiegen wir aus, den es war zu finster zum weiterfahren. Der Wirth dieses Dorfes war ein Jude. Wir tranken Wein und aßen Brod und dann legte mann sich ein paar Stunden zur Ruhe, aber ich trank einen Schoppen mehr als die anderen, weil er mir wohl schmekte und unterhielt mich indes, da ich schon sonst mit niemand mehr sprechen konnte, mit dem Wirthe. Nach dem fragte ich auch, ob er auch für mich ein Bett habe ; a ja sagte er, prächtige Bette habe ich hergerichtet : Die prächtige Bette und das Schlafzimmer war weiters nichts als ein paar Bund Stroh unter einer mit dürren Reisen bedeckten Hütte. Das ist Ungarisch Mode, dachte ich und legte mich nieder. | Alors débuta le voyage sur l’eau, et le soir même, nous arrivâmes jusqu’à Doborgas, un village sur les bords du Danube où nous avons mis pied à terre, car il faisait trop sombre pour continuer la navigation. L’aubergiste de ce village était un juif. Nous bûmes du vin et mangeâmes du pain, et ensuite, tout le monde s’allongea pour se reposer quelques heures. Mais moi, je bus une chopine105 de plus que les autres, parce que le vin me plaisait, tout en m’entretenant avec l’aubergiste, parce que je n’avais sinon personne d’autre à qui parler. Puis je lui demandai aussi s’il avait aussi un lit pour moi : « Ah oui, je vous ai préparé un lit splendide. » Le lit splendide et la chambre à coucher n’étaient rien d’autre que quelques balles de paille dans une cabane au toit de branchages secs. « C’est la mode en Hongrie », me dis-je avant de m’allonger. |
Morgens früh um 3 Uhr waren wir schon wieder auf dem Schiffe und fuhren wieder weiter, um die Fahrt um so schneller zu Enden zu bringen, so ruderten wir abwechselnd und flog das kleine Fahrzeug schnell durch die Wogen hin. Es befand sich aber auch ein Glasergeselle auf dem Schiffe, dieser war ein Jude und wollte durchaus nicht rudern ; Ich forderte Ihn mit vollem Ernste auf dazu und da er nicht daran wollte, so packte ich ihn ; zum einen Spaß zu machen um die Mitte und hielt ihn über das Schiffchen hinaus. Aber das Schreien des Juden war ohne Gränzen : O Wehe. Gott Erbarme sich, laßt mich doch nicht fallen, ich will gerne arbeiten, alle übrigen aber lachten über diesen Auftrit, weil der faule Jude in der Eile zu einem arbeitsamen Menschen umgewandelt war. |
Le lendemain matin, à 3h, nous étions à nouveau sur le bateau pour continuer notre voyage ; pour arriver plus vite à destination, nous nous relayâmes pour ramer, et le petit esquif s’envola en fendant les vagues. Mais sur ce bateau, il y avait aussi un compagnon vitrier, qui était juif et n’avait pas du tout envie de ramer ; je l’enjoignis fermement de le faire, et comme il ne voulait pas, je voulus lui faire une blague : je l’empoignai par le milieu du corps et le tins au-dessus de l’eau. Mais les cris du juif étaient démesurés : « Misère de moi ! Que Dieu ait pitié ! Ne me laissez pas tomber, je veux bien travailler ! » Tous les autres [passagers] se gaussaient de cette scène, car le juif paresseux avait été vite transformé en quelqu’un d’actif. |
Am 2 ten Tage wollten wir Komarn erreichen, aber die Nacht überfiel uns und wir konnten auch kein Dorf erreichen, denn es wurde sehr finster und fing an zu Regnen, wir waren nun gezwungen, unter Freiem Himmel die Tageshelle zu erwarten und so kamen [wir] am 17 [Juli] Juni fünf Morgens in Komarn an. Wir konnten daher nur einen halben [Tag] in der Stadt verweilen. | Le deuxième jour, nous avions l’intention d’atteindre Komorn106, mais la nuit tomba très vite et nous ne pûmes atteindre aucun village, car l’obscurité s’était épaissie et il commençait à pleuvoir ; nous fûmes obligés de dormir à la belle étoile jusqu’à l’aube. C’est ainsi que nous arrivâmes à Komorn le 17 juin107 à 5h du matin. C’est pourquoi nous ne pûmes rester qu’une demi-journée dans cette ville. |
Die Stadt an sich ist an Größe und Schönheit eben nicht so bedeutend, aber die Festung ist Weltberühmt und unüberwendlich. Gegen Mittag Fuhren wir wieder ab und kamen gegen Abend nach Gran. Allein dort kaum angekommen erhob sich ein Wind und wir mußten ein paar Stunden dort verweilen, in diesem Städchen ist der Wohnsitz des Prinzen und ein prachtvoller Tempel, zwar noch nicht ganz vollendet, steht auf einem Hohen Berg welcher gleichsamm mit Festungswerken umgeben von dessen Höhe mann eine majestädtische Aussicht genießt. | L’étendue et la beauté de celle-ci ne sont pas vraiment remarquables, mais son fort est connu dans le monde entier et imprenable. Vers midi, nous repartîmes et arrivâmes dans la soirée à Gran108. À peine étions-nous arrivés qu’un vent [violent] s’éleva, et nous dûmes rester plusieurs heures dans cette petite ville, qui est la résidence du prince109 ; une splendide église, qui n’est pas encore terminée, se dresse sur une haute colline entourée de fortifications110 ; de son sommet, on jouit d’un panorama majestueux. |
Gegen Abend wurde der Wind ruhig und die Wellen der Donau verschwanden, ich hatte mich indessen auf meinen Spaziergängen verweilt und als ich wieder an die Donau kam, war das Schiffchen schon verschwunden. Ich war nun in großer Verlegenheit, mein Felleisen hatten meine Reißgefährten in dem Wirthshause wo wir einkehrten, zurückgelassen, aber einen Regenschirm, ein Saktuch und ein wenig Broviant hatte ich noch auf dem Kahn. | Dans la soirée, le vent tomba et les vagues du Danube se calmèrent. Entre temps, j’avais pris tout mon temps pour faire des promenades, et lorsque je retournai sur la rive du Danube, mon bateau avait déjà disparu111. Je me retrouvai dans une situation très inconfortable : mes compagnons de voyage avaient laissé mon Felleisen dans l’auberge où nous étions descendus, mais un parapluie, un mouchoir en toile112 et des provisions étaient restés sur le bateau. |
Was nun anfangen unter ganz fremder Nation, der Wege und Straßen unbekannt, ganz mir selbst überlassen, besann ich mich nun was ich anfangen wolle, da ja die Sonne schon bereits untergegangen war. | Que faire dans un pays qui m’était totalement étranger, où je ne connaissais ni les chemins ni les routes, ne pouvant compter que sur moi-même ; je me mis à réfléchir à ce que j’allais faire, car le soleil s’était déjà couché. |
In diesem Augenblicke traf ich ein paar Landsleute, an denen auch das nemliche Schicksal begegnet war. Einer war ein Färber, der andere ein Fleischhakers-Geselle. Wir entschlossen uns nun samentlich nach Pest zu reisen und als wir von Gran fortgiengen, war die Natur mit nächtlichem Dunkel umhüllt und bis um Mitternacht kamen wir in ein Bauerndorf. | À ce moment-là, je rencontrai deux compatriotes qui avaient subi le même sort. L’un était compagnon teinturier, l’autre compagnon boucher. Nous décidâmes d’un commun accord de nous rendre à Pest ; lorsque nous quittâmes Gran, la nature était plongée dans l’obscurité de la nuit. Vers minuit, nous arrivâmes dans un village de paysans, où nous trouvâmes une auberge. |
Da kehrten wir bey dem ein und nach dem wir ein paar halbe Wein und ein Brod genossen hatten, gingen wir wieder weiter. Marschierten die ganze Nacht hindurch und kamen bis Morgens ungefähr 7 Uhr nach Alt-Ofen, dann in die gleich angränzende Hauptstadt Ofen-Buda und endlich in die gleich gegenüber der Donau liegenden Stadt Pesth. | Et après y avoir bu quelques chopines et mangé un pain, nous repartîmes. Nous avons marché toute la nuit et sommes arrivés à Alt-Ofen113 vers 7h, puis [sommes passés] dans la capitale voisine Ofen-Buda, pour enfin atteindre la ville de Pest, de l’autre côté du Danube. |
E bien Du Pesthen ! | Ô toi Pest114 ! |
Mein erstes Geschäft war nun, den Kahn zu sehen, fand ihn gleich und auch den Schiffmann, welcher mir bereitwillig meine auf dem Kahn zurückgelassenen Sachen wieder anheim stellte. Nun begab ich mich auf die Herberge, sie war schon eine lange reihe von Jahren beim Grüne Baum in der Wagner[?]-Gasse, den andern Tag um Arbeit einzuschaun, zuerst gieng ich in die Josephs-Stadt in die Werkstädte des H. Georg Schrempf in der Martins[?]-Gasse. Die in dieser Werkstadt arbeitenten Gesellen sagten mir auch gleich, das es Arbeit gebe in der Werkstätte des Hafner-Meisters J. Nothof in der Theresien-Stadt Haus No 20 in der Joagatzina[?]-Gasse. | Ma première préoccupation fut de chercher le bateau ; je le retrouvai rapidement, ainsi que le batelier, qui me rendit sans problème les affaires que j’y avais laissées. Ensuite, je me rendis à mon auberge. Elle se trouvait depuis bon nombre d’années près de/dans115 l’auberge « Zum grünen Baum » [« À l’arbre vert »], dans la Ungergasse ; le lendemain, je partis à la recherche de travail : tout d’abord, j’allai à la Josephstadt116 dans l’atelier de J. Georg Schrempf, [situé] Stationsgasse. Les compagnons qui travaillaient dans cet atelier me dirent tout de suite que l’atelier du maître poêlier J. Nothof, dans la Theresienstadt, au no 20 de la Joagatzinagasse [?]117, embauchait. |
Als dann gieng ich in die mir gesagte Werkstädte, bekam Arbeit am 20 Juni 1844. Es war nur ein Geselle in der Werkstadt und auch dieser wurde nach 5 Tagen wegen ungebührlichen Betragens fortgeschickt, und nun war ich ganz allein. Aber bald darauf wurden wieder 2 Gesellen eingestellt, von denen der Eine ein Verheurathetter mit Namen Jesseskic Daniel, der andere war ein gebohrener Ungar aus Pesth, da aber seine beiden Ältern schon früh gestorben waren, so wurde er von seinem Vetter in Steiermark erzogen, er hieß Franz Pöltl. Nun waren wir nun 3 und nach kurzer Zeit wurde auch noch ein vierter eingestellt. Ich stand als zweiter Scheibengesell ein und auch auf Ofenarbeit, aber es dauerte nicht lange, so kam ich auf den ersten Platz. Dieses gereichte mir zwar zur Ehre und Verbesserung meines Verdienstes, aber auch schwerere Arbeit und mehr Sorgen mußte ich übernehmen. Alle Wochen wurde einmahl gebrannt und auch dies war mein Geschäft. Dafür wurde ich auch besonders bezahlt. Mein wöchentlicher Verdienst belief sich auf 3 Gulden, 3 Schilling 30 Kreuzer. | Je me rendis immédiatement dans ledit atelier et fut embauché le 20 juin 1844. Il n’y avait qu’un autre compagnon dans l’atelier, et encore, il fut remercié au bout de cinq jours pour conduite inconvenante. Je me retrouvai alors tout seul. Mais bientôt deux autres compagnons furent embauchés : l’un était marié118, et s’appelait Daniel Jesseskic ; l’autre était un Hongrois natif de Pest, mais comme il avait perdu très tôt père et mère, il avait été élevé par son cousin en Styrie ; il s’appelait Franz Pöltl. Maintenant, nous étions trois, et un quatrième fut recruté peu après. J’avais été employé en tant que second compagnon [travaillant] sur le tour, et aussi pour faire des poêles ; mais bientôt, je fus nommé premier compagnon. C’était un grand honneur et améliorait mon salaire, mais le travail était plus dur et je devais prendre plus de responsabilités. Chaque semaine, nous faisions la cuisson ; cela aussi était de ma responsabilité. Mon salaire hebdomadaire se montait à 3 florins [austro-hongrois], 3 schillings et 30 kreuzer. |
Ich fühlte mich in Pesth wirklich glücklich, in der Werkstadt wurde schöne Arbeit gemacht und dann an den Sonntagen war ja an Vergnügungsörter aller Art gar kein Mangel. Vorzüglich gab es an dem Donauufer immer etwas zu sehen, den die Schiffahrt ist sehr bedeutend. | À Pest, je me sentais vraiment heureux ; dans l’atelier, nous produisions de belles choses, et le dimanche, ce n’étaient pas les lieux d’amusement de toutes sortes qui manquaient. J’aimais beaucoup me promener sur la rive du Danube : il y avait toujours quelque chose à voir, car le trafic fluvial y est considérable. |
Auch das Stadtwäldchen ist der Platz, wo oft eine ganze Menschenmenge zur Belustigung sich einfindet. Das Sommertheater in Pesth, sowohl wie in Ofen besuchte ich sehr oft, und im Winter gab es sehr viele Gasthäuser wo Sänger waren, besonders machten wir uns viel Vergnügen im Winter zum Hinüber- Schiffen, weil da keine Brüke über die Donau ist, weil die Schiffsbrüke vom Monate Dezember bis März aus dem Wasser heraus kommt, theils wegen Rep[a]r[a]turen der Schiffe, aber vorzüglich wegen dem Eisstoß. – | Le petit bois municipal119 est aussi un endroit où se rend une foule de gens pour s’amuser. J’allais très souvent au théâtre d’été120 de Pest, tout comme à celui d’Ofen. En hiver, [on pouvait aller dans] de nombreuses brasseries, où il y avait des chanteurs. [En cette saison,] notre principal amusement était de prendre le bac pour aller sur l’autre rive, parce que le pont de bateaux121 est sorti de l’eau entre décembre et mars, en partie pour réparer les embarcations, mais principalement à cause de l’embâcle. |
Nun aber wird auch eine Kettenbrüke erbaut im Jahre 1844, wo ich daselbst arbeitete, baute mann schon das fünfte Jahr an diesem Kunstgebäude des jetzigen Zeitalters – und mann zweifelte, ob es in 4 – 5 Jahren fertig sein werde. Der Überschlag zu diesem Riesenwerke wurde auf 16 Milionen geschätzt. Aber – diese sind schon gaar. |
Maintenant, en 1844, on construisait un pont en chaînes de fer là où je travaillais122 ; cela faisait déjà cinq ans que les travaux de cet ouvrage d’art avaient commencé, et on se demandait s’il serait fini dans quatre ou cinq ans. Les frais de cet ouvrage géant furent estimés en gros à 16 millions. Mais – ils sont déjà dépensés. |
Ofen :/Ungar. Buda/ : Hauptstadt im Königreiche Ungarn an der Donau, über welche eine Schiffbrüke nach dem gegenüberliegenden Pesth führt, mit starkem Weinbau bedeutenden Fabriken, und 45 000 Einwohner. Merkwürdig sind das königliche Schloß, das Landhaus mit der königlichen Statthalterei, die Sternwarte, warme Bäder und schöne Umgebung. | Ofen (hongrois : Buda)123 : capitale du royaume de Hongrie, située sur le Danube ; un pont flottant permet de le traverser pour aller à Pest, sur l’autre rive. Elle a un vignoble étendu, ainsi que d’importantes usines. Elle compte 45 000 habitants. Comme curiosités, on trouve : le château royal124 ; la villa avec le bâtiment du palatin royal125 ; l’Observatoire astronomique, des bains chauds126 et de beaux environs. |
Pesth : sehr bedeutende Handelsstadt am linken Donauufer mit lebhaftem Handel, 4 Messen, Weinbau, Fabriken und 100 000 Einwohner. Merkwürdig sind die Universität mit einer Bibliothek, Naturaliensamlung, botanische Gärten, das Natzionalmuseum mit verschiedenen Samlungen, das Handlungshaus ; das Deutsche und Ungarische Theater ; das grose Invalidenhaus, die große Kaserne, das Josephinum, die Schießstadt. | Pest : très importante ville commerçante sur la rive gauche du Danube, avec un commerce dynamique, quatre foires, un vignoble, des usines et 100 000 habitants. Il faut y voir : l’université et sa bibliothèque ; le musée d’histoire naturelle ; les jardins botaniques ; le musée national avec diverses collections127 ; les comptoirs commerciaux128 ; le théâtre [national] hongrois et le théâtre allemand129 ; le grand Hôtel des Invalides ; la vaste caserne130 ; le Josephinum131 ; la Schießstätte132. |
Wer vor etlich 20 Jahren in Pesth gewesen ist, der würde sich jetzt verwundern an diesen mächtigen Veränderungen, die sich während dieser Zeit zugetragen haben, den seit der Überschwemmung der vom 15-18. März im Jahr 1836, wo der größere Theil der Stadt unter Wasser gesetzt war und daher sehr viele Häuser, ja sogar ganze Gassen zum Schutthaufen zusammen stürzten, wird jetz nun wieder neu erbaut und wo ehemahls aus Rothziegelsteinen auf-gelehnte Kneippen standen, stehen jetzt schöne Häuser und Paläste, gerade Gassen gute und ebene Pflaster, kurz alles ist beherscht jetzt der Verschönerungs- Verein. | Quiconque aurait visité Pest il y a une bonne vingtaine d’années, serait étonné aujourd’hui des énormes changements survenus pendant cette période, car depuis les inondations des 15-18 mars 1836, où la plus grande partie de la ville fut submergée, ce qui provoqua l’écroulement de nombreuses maisons et même de rues entières, la reconstruction est en cours ; là où autrefois se tenaient des tavernes en briques rouges se soutenant mutuellement, on trouve maintenant de belles maisons et des palais, des rues droites, un bon pavement bien plat, bref, c’est maintenant le Comité d’embellissement qui décide de tout. |
Kann ich die Feder nicht nicht genug bewegen und will lieber schweigen. | Je ne suis pas capable de mouvoir assez bien la plume et préfère me taire133. |
348 591 726 |
348 591 726 |
Aber das Vergnügen Leben üben Tolle Treiben |
Mais le plaisir / pratiquer la vie / faire les quatre cents coups |
So erlebte ich nun in Pesth volle zehn Monate in Mitte meiner vier Nebensgeselle, unter denen der Jeseski Daniel der beste und aufrichtigste war, welcher, obwohl er verheurathet war, dennoch mit aller Treue, Aufrichtigkeit und Liebe an seinen Nebensgesellen hieng, Er ermahnte mit zum Guten, Er warnte mich vor vielem Bösen, und vor mancher mir drohenden Gefahr schützte Er mich, Er war mein Theuerster Freund, den ich wärend meiner ganzen Wanderschaft angetrofen hatte. | C’est ainsi que je passai dix mois entiers avec mes quatre autres compagnons ; l’un d’entre eux, Daniel Jeseski, était le meilleur et le plus honnête et bien qu’il ait été marié, il était attaché avec toute sa fidélité, son honnêteté et son amour à ses collègues. C’est lui qui m’a gardé sur le droit chemin, prévenu contre bien des malveillances et m’a protégé contre bien des dangers qui me menaçaient. C’est l’ami le plus cher que j’aie jamais rencontré au cours de mon Tour. |
Zu der Stunde, wo wir von einander scheiden mußten, mußte ich Ihm noch versprechen, Ihm zu schreiben, wenn ich einst in meine Heimath zurück gekehrt sein werde, ich hielt auch mein Versprechen und schrieb. Aber leider ; Gott habe Ihm Selig, Andreas Pfreyleditsch, gegenwärtiger Riegel-Schnallen und Ketten- schmied-Meister in Ofen, welcher damahls noch Geselle war, und in unserem Hause logierte, schrieb mir die Nachricht von seinem Tode im Frühjahr 1846. | Au moment de devoir nous séparer, je dus encore lui promettre de lui écrire quand je serais revenu dans ma ville natale. J’ai tenu ma promesse et lui ai écrit, mais malheureusement – que Dieu l’ait en sa sainte garde – Andreas Pfreyleditsch, qui est aujourd’hui maître forgeron de chaînes à Ofen, et était à mon époque encore compagnon et logeait dans notre maison, m’envoya une lettre pour m’annoncer sa mort au printemps 1846. |
O Pestherstadt | Ô ville de Pest |
Ich sah wohl ein, das ich in Pesth, obwohl viel zu besorgen und schwere Arbeit, aber auch guten Lohn und sehr zu Kost habe, was ich sobald nicht wieder so antreffen werde, allein diese Stadt war für mich keine bleibende Städte, ich war gesint, meine Reise wieder weiter zu befördern. Obwohl mich mein Meister sehr ungern fortgehen ließ so machte ich mich auf die Reise und fuhr am 29. April früh 7 Uhr mit dem Dampfschiff « Pest » nach Weitzen ab. Von Pesth nach Weitzen sind 4 Meilen, es kostet auf dem Dampfschiff 10 Kreuzer C.M. Von da gieng der Marsch durch Gebirgige Gegenden nach Schowitz einer kleinen sehr unebenen nicht wohl gebauten aber sehr reichen Bergstadt, von da nach Kremnitz. | Même si à Pest j’avais beaucoup à faire, un dur travail, mais bien rémunéré, et que j’étais bien nourri – ce que je ne retrouverai pas de sitôt – je compris que cette ville ne représentait pas à mes yeux une résidence définitive, et que j’avais envie de continuer mon Tour. Bien que mon patron n’eût pas du tout envie de me laisser partir, je repris la route et montai le 29 avril à 7h du matin sur le « Pest », un bateau à vapeur, pour me rendre à Weitzen134. Pest est à 4 Meilen135 de Weitzen ; par le bateau à vapeur, cela coûte 10 kreuzer C.M.136 De là, je marchai à travers des régions montagneuses pour atteindre Schemnitz137, une petite ville de montagne, fort accidentée et mal construite, mais très riche, et de là je me dirigeai vers Kremnitz138. |
Die Gegend obwohl gebirgig, doch sehr fruchtbar, besonders bis Ibolschlag, dann sehr verschieden, bisweilen sah ich die schönste und fruchtbarsten Berge, aber auch sehr magere, auf denen nur nakte Felsen oder Stauden herausragten, meistens Laubsalz, bis in die Gegend bey Giralissi [?]. Da gieng [es] durch ein 3 Stund langes Thal welches so eng und krum war, das manchmahl kaum die Straße und das mit grosem Getöse von den Felsen herabströmenden Gebirgswasser Raum genug hatte. | Bien que la région soit montagneuse, elle était très fertile, en particulier jusqu’à Eipelschlag139, puis elle devenait très variée : parfois, j’apercevais les montagnes les plus belles et les plus fertiles, mais aussi d’autres très improductives, sur lesquelles on voyait seulement la roche ou des arbustes qui en dépassaient, la plupart du temps des feuillus, ce jusque dans la région de [?]140. Là, le chemin suit une vallée longue de 12 km environ, si étroite et si sinueuse qu’il y avait parfois à peine la place pour une route et pour les chutes d’eau qui tombaient des rochers à grand fracas. |
In der auf den Gebirgsschluchten herum verzipfelten Stadt Schemnitz befindet sich der schönste Kalvarienberg in ganz Ungarn. Unter diesem Berge soll ungeheuer viel Gold und Silber zu gewinnen sein. So ist die Sage. - | Dans la ville de Schemnitz, dispersée sur les rochers le long des gorges, se trouve la plus belle colline du calvaire de toute la Hongrie. La légende dit que de dessous celle-ci, on peut extraire une immense quantité d’or et d’argent. |
Die Stadt Kremnitz ligt auf dem Berge, da hielt ich mich ein paar Tage auf, um die Sehenswürdigkeiten zu besehen. Ich sah die Bergwerke und die Maschienen, die das Erz über 200 Klafter aus der Erde heraustreiben, ich sah, wie das Gold gestossen, dann gewaschen wird, und auch die Schmelzwerke wie Gold, Silber, Eisen, Blei und Silberglätte geschmolzen und bearbeitet wurden, auch das Münzamt, wo das Gold geprägt wird, da sind 5 Maschienen und es können an einem Tag 6 Ztr. Zwanziger fertig werden. | La ville de Kremnitz se trouve sur une hauteur ; j’y restai quelques jours pour visiter ses attractions touristiques. J’ai vu les mines et les machines qui extraient le minerai à 200 klafters141 de profondeur ; j’ai observé la façon dont l’or était concassé, puis lavé ; j’ai visité les fonderies qui traitent l’or, l’argent, le fer, le plomb et l’oxyde de plomb ; de même que la Monnaie qui frappe l’or : il y a cinq machines qui peuvent sortir six quintaux par jour de pièces de 20 [couronnes]. |
Am 2. Mai lies ich mir vom Stadthauptmann in Kremnitz nach Prag visieren. Ich wußte aber auf der Karte auf etliche Stunden keine Straße zu finden und gieng daher, um wieder auf die Straße zu kommen, gerade Wegs über H. Kreuz Scharlowitz und Lanowisch nach Neustädtl. Diese Gegend, mehr eben als Gebirgig und fruchtbar an Getreidebau in der Gegend bei Neustädtl giebts auch Weinberge. |
Le 2 mai, j’allai faire viser mon Wanderbuch par le Stadthauptmann142, pour avoir le droit d’aller de Kremnitz à Prague. Au vu de la carte, je savais que je ne trouverais pas de route pendant des kilomètres ; c’est pourquoi, pour rejoindre une route, j’avançais droit devant moi en passant par Heiligenkreuz, Scharnowitz143 et Banovicz144 pour me rendre à Neustädtl145. C’est un territoire plus plat que montagneux, où les céréales poussent en abondance ; dans la région autour de Neustädtl, on trouve aussi des vignobles. |
Von Neustädtl nach Hollitsch hatte ich inzwischen das mittlere Karpatische Gebirge zu besteigen. Den 2. Tag meiner Reise über dieses Gebirge verrichtete ich die höchste Anhöhe desselben, ich sah nun mehrere Stunden lang kein Ort und keine Menschen nichts, als die manchmal so eng und krumme Straße, rechts und lings meistens Waldungen, es regnete heftig und ich hatte einen Schutz vor Regen unter einer großen Buche unter welch ich mich ganz sorglos und Troz des Regens und schlimmem Weges unverdrossen hinstellte. Aber mit einem Male hörte ich hinter dieser Buche und den umstehenden diken Gesträuchen ein kleines Geräusch und da ich mich umsah, stand ein ganz zerlumpter Kerl neben, mir welcher mich nach seiner Slowakischen Sprache anredete. Soviel ich verstand, gab er mir den Gruß, ich sagte bloß Niemetsch [?]. Da er nun gewahrte, das ich ein Deutscher sey, redete er Deutsch. | Pour aller de Neustädtl à Holitsch146, il me fallait gravir les Moyennes Carpates. Le second jour de mon voyage à travers ces montagnes, je dus gravir leur plus haut sommet ; pendant des kilomètres, je ne vis aucune agglomération, pas âme qui vive, rien que la route, parfois fort étroite et sinueuse, la plupart du temps bordée de forêts. Il pleuvait à torrents, et, fort insouciant, je m’étais résolument abrité sous un grand hêtre, malgré la pluie et le mauvais chemin. Mais tout à coup, j’entendis un petit bruit derrière ce hêtre et les épais buissons avoisinants ; je me retournai et vis à côté de moi un individu dépenaillé qui s’adressa à moi en slovaque. Pour autant que je compris, il me saluait ; je répondis seulement : « Niemetsch147 ». Ayant compris que j’étais allemand, il me parla en allemand. |
Nachdem wir kaum ein paar Augenblicke beieinander gestanden waren kam noch ein zweiter, und gleich hinter Ihm ein dritter zum Vorschein, letzterer hatte eine kleine Axt unter seinem zerlumpten Mantel. Ich wußte nicht, was diese 3 Kerle seien oder was sie wollten, doch sie kamen mir verdächtig vor und ich war ja ganz Allein. Sie fragten mich nun wo ich herkäme und wo ich hinwolle und ich sagte ihnen gerade die Wahrheit, das ich von Pesth aus Ungarn komme und reise jetzt geraden Wegs nach Hamburg. |
À peine quelques instants s’étaient écoulés que surgit un deuxième, puis derrière lui un troisième homme, qui, lui, avait une hache sous son manteau loqueteux. Je ne savais pas qui étaient ces trois gaillards ni ce qu’ils voulaient, mais ils me parurent suspects, et j’étais tout seul. Ils me demandèrent alors d’où je venais et où je voulais aller, et je leur dis la vérité, que j’arrivais de Pest en Hongrie et me dirigeais tout droit vers Hambourg. |
Aber da gehört Geld dazu, sagte einer von den Dreien. Das ist meine Sorge und die Eurige nicht, erwiederte ich Rasch und mit ernsthaftem Blike. Doch das immerwährende immer genauere ausfragen machte mich verdrossen und auch zum Theil unruhig und indem ich sagte, ich sehe das mit dem Regen kein aufhören zu erwarten ist, Adie ; gieng ich mit raschen Schritten der Straße zu. Sie wollten mich zurückhallten, ich soll warten bis es aufhört, ich lief schneller und da mir einer nachlaufend bath, ich soll mich doch nicht so in Regen hineinmachen, es sei noch weit bis in das nächste Dorf, da stand ich und schrie ihm entgegen, indem ich den Degen aus dem Stoke ziehend ihm zeigte : ich Rathe Dir umzukehren ! gehorchte Er auch und ich gieng meinen Weg weiter und erreichte nach einer halben Stunde ein Dorf, wo ich dann übernachtete, weil ich ganz durchnäßt war und wo ich von dem Wirth auf mein bittendes ansuchen stadt des unterbettes Stroh, und ein Pferdblache als oberdeke erhielt, Schlafgeld 6 Kreuzer w.w. | « Pour cela il faut de l’argent », dit un des trois. « Ça, c’est mon affaire, pas la vôtre », rétorquai-je en les regardant droit dans les yeux. Mais ils continuèrent à me poser des questions, de plus en plus précises, ce qui me rendit irritable et en partie inquiet ; alors, tout en disant que je ne voyais pas quand la pluie allait s’arrêter, je leur dis adieu et me dirigeai d’un pas rapide vers la route. Ils voulurent me retenir, [en me disant] d’attendre la fin de l’averse, [mais] j’avançai encore plus vite ; et comme l’un d’eux me suivait en courant, me disant que je ne devais pas me faire mouiller ainsi et que le prochain village était encore éloigné, je m’arrêtai pour lui crier, tout en sortant ma dague de mon bâton148 et en la brandissant : « Je te conseille de t’en retourner ! » Il obéit, et je continuai mon chemin ; j’atteignis environ deux kilomètres plus loin un village où je passai la nuit, parce que mes vêtements étaient complètement trempés ; l’aubergiste me donna, à ma demande, de la paille comme matelas et une couverture de cheval pour me couvrir – coût de la nuit : 6 kreuzer viennois. |
Am 8. May 1845 gieng ich bei Göding über die Gränze nach Mähren. Die Gränzaufseher durchsuchten mein Wanderbuch, da war alles in Ordnung. Da ich aber noch einen Beutel voll Rauchtoback hatte, nahmen sie mir die Hälfte, weil mann nur 2 Loth über die Gränze tragen darf. Am 9 May kam ich in Brünn an. | Le 8 mai 1845, je traversai la frontière de la Moravie près de Göding149. Les douaniers feuilletèrent mon Wanderbuch, où tout était en règle. Mais comme j’avais encore une blague pleine de tabac pour ma pipe, ils m’en prirent la moitié, car on n’avait droit de passer la frontière qu’avec 2 Loths150. Le 9 mai, j’arrivai à Brünn151. |
Wir haben auf der Reise Gar mancherlei erschaut Und uns verschiedener Weise Geärgert und erbaut. |
Pendant le voyage, nous avons vu différentes choses, et nous nous sommes fâchés et avons été édifiés de diverses manières152. |
Sehenswerth ist in Brünn : Der Spielberg einem Festungswerke gleich, ist ein Staatsgefängniß / Citatelle / die Augustiener Kirche, Jesuitten Kirche, in der Nähe : Die Karthause Königsfeld, die Marmorbrüche, das Schloß mit dem Garten bey Austerlitz. | À Brünn, il faut voir153 : la citadelle du Spielberg, comparable à une forteresse, maintenant prison d’État154 ; la citadelle ; l’église des Augustins155 ; l’église des Jésuites156 ; dans les environs : la Chartreuse de Königsfeld157 ; les carrières de marbre158 ; le château d’Austerlitz et son parc159. |
Brünn ist die Hauptstadt von Mähren am Zusammenfluß der Schwarzawa und Zittawa mit 40.000 Einwohnern. | Brünn est la capitale de la Moravie, au confluent des rivières Zwittawa (Svitava) et Schwarzach (Svratka) ; elle a 40 000 habitants. |
Von Brünn reißte ich nach Prag. Hatte meistenstheils keinen Gefährten. Es ist in diesem Böhmerland für einen Deutschen sehr schwer zu reisen, ich sehnte mich herzlich nach Prag und hoffte, das ich dort in dieser Hauptstadt von der Beschwerlichkeit meiner Reise ein wenig ausruhen zu können, aber, Ach ich fands nicht besser, keine ordentliche Kost konnt ich auf dem Lande nicht bekommen, an kein Bett war gar nicht zu denken, auch mit der Sprache konnte ich öfters nicht begehren, was ich gewünscht hätte. | De Brünn, je continuai en direction de Prague. La plupart du temps, je n’avais aucune compagnie. En Bohême, il est très difficile pour un Allemand de voyager160 ; j’attendais avec impatience d’être à Prague et espérais pouvoir me reposer un peu des côtés éprouvants de mon voyage dans cette capitale. Mais [jusque là], hélas, pas d’amélioration dans cette campagne, pas de nourriture convenable, pas moyen d’avoir un lit ; et comme je ne connaissais pas la langue, je n’avais la plupart du temps aucune possibilité de formuler ce que j’aurais souhaité. |
O Liebes Deutschland, dachte ich oft, wie sehn ich mich nach Dir. | Ô ma chère Allemagne, comme tu me manques, ai-je souvent pensé. |
Am 15. May kam ich nach Prag und am 16., als am Tage Joh. von Nepomuck ist das große Fest in Prag und ganz Böhmens. Ich besah den 15.-16. März die Merkwürdigkeiten in Prag : Die prächtig Brücke über die Moldau 1 790 Fuß lang, 25 Fuß breit mit 28 steinernen Bildsäulen. Das Grabmahl des Heiligen Joh. von Nepomuck in einem silbernen Sarg, auf welchem dieser Heilige in Lebensgröße aus Silber geschnitzt kniet und von 2 Engel in die Höhe gehalten wird. Die Bilder- und Kunstausstellung, in welche ich ein Büschken sah, welche ungefähr eine B : Maatz hällt und 200 Gulden C.M. kostet. Dieses ist samt einem Dekel aus einem Stük Holz ausgeschnitzt. | Le 15 mai, j’arrivai à Prague et le 16, c’est la fête de Jean Népomucène161, un grand événement à Prague et dans toute la Bohême. Les 15 et 16 mars, je visitai les curiosités de Prague : le splendide pont au-dessus de la Moldau, qui mesure 1 790 pieds de longueur et 25 pieds de largeur, et est orné de vingt-huit statues de pierre. Le tombeau en argent de saint Jean Népomucène, sur lequel ce saint est représenté agenouillé grandeur nature et en argent, et élevé vers les cieux par deux anges162. L’exposition de tableaux et d’art, où j’ai vu un [récipient ?] dont le volume équivalait à 1 Metzen bavarois163 et qui coûtait 200 florins C.M.164 Celui-ci et son couvercle ont été sculptés dans un seul morceau de bois. |
Von Prag gieng [ich] der Sächsischen Gränze zu und kam am 20. May nach Pirna, die erste Stadt in Sachsen. Bekam Arbeit in der Werkstädten des Töpfer Meisters Schreger und arbeitete bis zum 30. Juni 1845. | De Prague, je pris la direction de la frontière de la Saxe et arrivai le 20 mai à Pirna, la première ville saxonne. Je trouvai du travail dans l’atelier du maître potier Schreger et y travaillai jusqu’au 30 juin 1845. |
Nebensgesellen [waren :] Herrmann Haberland & Wilhelm Büschel | Les autres compagnons [de cet atelier étaient] Hermann Haberland et Wilhelm Büschel165. |
Pirna, ein sehr angenehmes Städtchen am linken Elbufer an der sächsischen Schweitz, liegt oben im Thale, das Schloß Sommerstein, welches ehemals eine Festung war, wird jetzt als Irrenanstalt benützt, diese feste Stadt wurde von den verherenden Schweden in Ausführung des Generals Banner eingenommen und verwüstet, das Katholische gänzlich zerstört und das Protestantische eingeführt, welches bis heute noch ist. | Pirna est une petite ville très agréable située sur la rive gauche de l’Elbe, en Suisse saxonne ; sur la hauteur, le château Sommerstein était autrefois une forteresse et a été aujourd’hui transformé en asile psychiatrique. Cette ville fortifiée a été prise et dévastée par les féroces armées suédoises sous la direction du général Bannér ; tout ce qui était catholique a été complètement détruit et la religion protestante établie166 ; elle s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui. |
Des Sohnes Abschied von der Mutter | L’adieu du fils à sa mère167 |
Sohn : | Le fils : |
Mutter gib mir Deinen Segen Theure Mutter, segne mich Segne mich auf allen Wegen, Bete für mich, mütterlich. |
Mère, donne-moi ta bénédiction, chère mère, recommande-moi à Dieu, bénis-moi sur tous mes chemins, prie pour moi, comme une mère. |
Mutter : | La mère : |
Weinend will ich Dich noch segnen Dich ermahnen noch einmal Was Dir Leiden auch begegnen Bleibe muthig allzumal. Thue, was ich Dich gelehret Dir gesagt von Jugend an Wenn der Feinde Zahl sich mehret Blick vertrauend himmelan ! Bleibe fromm und bete immer Hüte vor der Sünde Dich Wirst Du böse, lieb ich nimmer Meinen Sohn und kränke mich. Lieb die Arbeit und verschwende keinen Kreuzer in der Noth Immer denke an das Ende, Was Du thust, beginn mit Gott |
C’est en pleurant que je veux te bénir encore une fois, t’adresser mes recommandations encore une fois ; quoi qu’il t’arrive de douloureux, ne perds jamais courage. Fais ce que je t’ai enseigné, ce que je t’ai dit depuis ton jeune âge. Si le nombre de tes ennemis augmente, regarde le Ciel en toute confiance ! Ne perds pas la foi et n’arrête pas de prier, garde-toi du péché ; si tu fais le mal, mon amour pour mon fils disparaîtra et je me sentirai blessée. Aime ton travail et, dans les moments difficiles, ne gaspille aucun kreuzer. Pense toujours à ta fin. Quoi que tu fasses, suis toujours les préceptes divins. |
Sohn : | Le fils : |
Nimmer werd ich Dich vergessen Was Du Mutter mich gelehrt Will mich muthig immer messen Wenn der Feinde Zahl sich mehrt. Wenn ich in Versuchung stehe Denke Mutter ich an Dich Eh’ die Sünde ich begehe Soll Dein Bild noch retten mich. |
Je ne t’oublierai jamais ; ce que tu m’as appris sera l’aune à laquelle je me mesurerai toujours avec courage, quand le nombre de mes ennemis augmentera. Quand je serai confronté à la tentation, je penserai à toi, mère, avant de commettre un péché ; ton image saura me sauver. |
Mutter : | La mère : |
Nun so ziehe hin in Frieden Dein Begleiter sei das Glück Wenn die Sünde Du gemieden Meidet sich das Mißgeschick. Fühlst Du nimmer mich am leben Theures Kind verzage nicht. Hilfe wird der Himmel geben, Wenn Dir Menschenvolk gebricht. |
Alors, va en paix ; que ton compagnon soit la chance/le bonheur. Si tu as évité le péché, tu auras évité le malheur. Si tu apprends ma mort, mon cher enfant, ne te laisse pas abattre. Le Ciel t’apportera son aide si les hommes ne le font pas. |
[Nachtrag der Tochter Maria] : | [Rajouté par Maria, la fille de Neubrand168] |
Es war am 4 April 1872 an einem Donnerstag : | C’était le 4 avril 1872, un jeudi : |
Still und einsam war es um den Sterbenden, kein menschliches Laut, kein Klagen und kein Weinen störte sein letztes Stündlein. Einsam lag er auf seinem Lager. Armer Vater, niemand war bei Dir, der Dir Beistand geleistet hätte. | la chambre du mourant était silencieuse et vide ; sa dernière heure n’était troublée par aucun bruit humain, aucune lamentation, aucun sanglot. Il était allongé sur son lit, tout seul. Pauvre papa, personne n’était près de toi pour te tenir la main. |
Was ich fühlte, was ich dachte, es bleibt in meiner Brust verschlossen aber das eine weis ich, weil ich es dreimal gelobte, des unvergeßlichen Vaters Lehren, welche er mir bei seinem Leben gegeben hat, zu befolgen. | Ce que j’ai ressenti, ce que j’ai pensé, reste enfermé pour toujours dans mon cœur. Mais je suis sûre d’une chose, parce que je l’ai juré trois fois : je suivrai les leçons que m’a données de son vivant ce père que je n’oublierai jamais. |
Gundelfingen den 4 April 1872 | Gundelfingen, le 4 avril 1872 |
Maria Neubrand | Maria Neubrand |