Au moment du procès des révoltés de Besançon en septembre 14511, l’un des accusés nommé Didier le Verrier évoque un serment de fidélité des habitants aux nouveaux maîtres de la ville, lesquels :
[…] parloient au peuple a haulte voix en leur disant que c’estoit la meilleure journee qui oncques fut chue audit Besançon pour eulx contre ces maistres gouverneurs qui ainsi les avoient tenuz subgectz ou temps passé2.
Cet extrait présente assez bien l’enjeu de l’étude des pratiques normatives, entendons par là un ensemble organisé d’actions et de discours socialement formés et qualifiés épistémiquement, au travers desquels les agents participent à la construction, la révision, la défense, l’articulation d’un ordre normatif donné (ce dernier est ici considéré dans sa capacité à orienter et à organiser l’action humaine au niveau individuel et collectif) (Frega, 2015), en temps de révolte : utilisation de pratiques normatives héritées (comme les serments) et perspective de création de nouvelles normes (sociales ou politiques) par le conflit en cours, conséquence de luttes sociales. Les révoltés s’inscrivent ici dans le temps et souhaitent instaurer une nouvelle manière de faire fonctionner toute la communauté.
Pourquoi Besançon connaît-il ce qui va être la plus grande révolte de son passé médiéval ? Les tensions entre le pouvoir municipal, gouvernant une ville libre impériale dotée de franchises depuis 1290, et l’archevêque, ancien seigneur temporel de la cité, sont fortes depuis le début du 15e siècle (Fohlen, 1964) avec l’apparition dans le jeu politique du duc de Bourgogne, devenu gardien de la cité en 1386. La menace extérieure des Écorcheurs3, (qui n’attaqueront pourtant pas la ville) a été le prétexte d’une décision prise par les gouverneurs de détruire le château4 sis sur l’une des collines de la cité, en l’occurrence Bregille, afin qu’il n’offre pas un repaire stratégique à ces ennemis. Mais Bregille appartient en totalité à l’archevêque, qui finit par exiger un dédommagement auprès de la commune sous peine de sanctions (interdit ou excommunication). Après une longue bataille juridique opposant les deux parties, un accord finit par être trouvé : les gouverneurs s’engagent à remettre les lieux en état et à dédommager l’archevêque de son manque à gagner suite aux destructions (le montant s’élève à près de quatre mille francs, dont la moitié est payable immédiatement)5. Faute d’argent, la ville emprunte et surtout, décide de lever un impôt très mal vu par la population parce qu’il apparaît trop élevé, injuste (les gouverneurs en sont exemptés alors qu’ils sont à l’origine de la destruction) et sans contrepartie (la ville n’obtient rien de l’archevêque). Cette colère évolue rapidement en « murmures », provoquant des rassemblements très importants d’habitants (jusqu’à 7 000 personnes selon les sources) et une structuration progressive du mouvement aboutissant à la prise de l’hôtel de ville en février 1451 et à l’expulsion des anciens gouverneurs, fait inédit dans le passé médiéval de la cité. Pendant sept mois, les nouveaux maîtres de la ville vont tenter d’imposer leur vision politique et normative.
Reste à s’entendre sur la notion de norme. Ce terme est large et renvoie à des réalités multiples, des prescriptions codifiées à des règles de conformité non-écrites, mais prégnantes et porteuses de contraintes réelles, et dont le non-respect fait ou non l’objet de sanctions (Beaulande-Barraud, Marmursztejn, 2016). Après un « divorce » entre historiens et juristes pendant de nombreuses décennies, les recherches les plus récentes montrent que la norme ne saurait être limitée au champ juridique, et des historiens se sont attachés à mettre en lumière des pratiques normatives (Beaulande, Philippe, 2014) notamment pour la période médiévale, pour laquelle « l’étude des normes et de leur rapport avec l’histoire du Moyen Âge est actuellement en France l’objet d’un profond renouvellement » (Gauvard, Boureau, et Jacob, 2003). La norme, cet « énoncé prescriptif général sur un type de comportement à adopter dans un champ social donné » (Marmursztejn, 2012), est bien une entité qui se construit, s’accommode, dont l’élaboration et l’achèvement peuvent aussi être source de conflit, d’autant plus que la porosité des « champs sociaux » notamment à l’époque médiévale induit et renforce la confrontation de normes (Beaulande, Philippe, 2014). La révolte de Besançon est à ce titre intéressante, car elle couvre la quasi-totalité des « champs sociaux » d’une ville au bas Moyen Âge (sont concernés l’ensemble du peuple, les artisans, les femmes, des étrangers, mais aussi le contact de grands seigneurs comme l’archevêque, le duc de Bourgogne ou l’empereur Frédéric III ; on note, en outre, la participation aux côtés des révoltés d’ecclésiastiques). Les normes peuvent aussi être plurielles à Besançon, et instaurer des tensions entre les individus, notamment entre les gouvernants et les gouvernés.
Le paradoxe de la révolte : le maintien des pratiques normatives ?
Les médiévistes ont montré que certains moments conflictuels favorisent l’extension de la participation politique et une dilatation de la sphère du politique, qui suscite des engagements (Bourquin, Hamon, 2010). La révolte permet une politisation de l’ensemble de la société urbaine, qui trouve un cadre pour donner une opinion, participer au mouvement ou éventuellement le freiner. Dans les archives disponibles, nous sommes frappés du contraste entre la véhémence des paroles rapportées dans le procès, signe fort d’une libération de la parole et d’une participation politique du plus grand nombre (comme les 300 hommes du quartier urbain de Saint-Quentin « bien effrayez de paroles6 ») ou d’individus ayant eu un rôle central dans la sédition (« paroles sentens rebellions7 », « paroles sedicieuses disoient lesdiz Boisot et Parrandier8 »), et la réalité des pratiques du pouvoir : derrière ces élocutions nombreuses, fortes, et autres « belles paroles » laissant supposer la possibilité d’un modèle ou d’un idéal politique, la réalité semble bien différente.
Sur le mode de gouvernance par exemple, la cité de Besançon élisait annuellement 14 gouverneurs9 le jour de la Saint-Jean (le 24 juin) pour la diriger. Lors de son interrogatoire, Jean Boisot, principal leader de la révolte, donne une liste de 14 individus qu’il nomme gouverneurs10, mais que la ville surnommera par la suite « antigouverneurs11 ». Il s’agit d’un groupe homogène, appartenant aux classes moyennes supérieures (on y trouve notamment un orfèvre, un boucher, un vendeur de peau, ou un notaire), plutôt âgé (en 1451, l’âge moyen des 16 individus jugés à Gray atteint 45,1 ans12, le plus âgé revendiquant 60 ans), avec une expérience politique solide puisque 13 d’entre eux sur 14 sont mentionnés comme notables de la cité (dont 4 comme délégués de leurs quartiers13), et la même proportion (13 sur 14) est connue pour payer un cens à la ville et (ou) payer une contribution relativement élevée14. Par ailleurs, des unions matrimoniales pouvaient renforcer les liens entre ces nouveaux gouverneurs : c’est le cas pour Perrenot l’Orfevre, marié avec Moniate, la fille de Thibault d’Orchamps, dotée à hauteur de 300 livres d’or du Rhin (Robert, 1900). Âge, aisance financière, solide réseaux et forme de notabilité doublé d’une expérience politique dédoublée d’une maîtrise de ses « codes15 » : les révoltés remplissent les conditions habituelles des normes sociales des dirigeants de la majorité des villes du bas Moyen Âge. (Rivaud, 2012)
Dans le détail, les pratiques normatives héritées ont elles aussi été conservées dans le cadre d’une continuation administrative, même lorsque les anciens acteurs sont ouvertement critiqués. C’est le cas du trésorier de la ville, Nicolas de Villote, en poste avant la révolte, dont Boisot demandait à vérifier les comptes des vingt dernières années pour pouvoir contrôler son travail16 ; l’image de ce trésorier est même assez négative car il est chargé de percevoir une partie du fameux impôt, source directe du mécontentement ; or, un document en date du 19 avril 145117 mentionne en première ligne « Nicolas de Velote, nostre tresorier », signé par le secrétaire de la commune, Jean Rouhier, ce dernier étant en poste depuis le 17 décembre 1445 ! Deux mois après leur prise de pouvoir, les révoltés ont donc maintenu deux hommes, pourtant proches des anciens gouverneurs, dans leurs fonctions18, alors que le peuple de la cité n’avait entendu que du mal à leur sujet. Autre permanence : l’Hôtel de ville qui malgré sa construction récente19 est devenu le symbole du pouvoir urbain. Les rebelles y prennent leurs principales mesures, prêtant des serments et donnant leurs missions aux messagers et aux ambassadeurs : le bâtiment remplit donc les mêmes fonctions que lors des années précédentes.
Cette reconduite de pratiques normatives a pu amener des conflits ou des concurrences entre normes. Deux épisodes intéressants à observer suggèrent une telle conséquence. Le premier a trait à la destitution, pendant quelque temps, de Jean Boisot du gouvernement dont il se disait le chef (avant d’y reprendre toute sa place)20. Même si les conditions précises de cette éviction nous échappent, une partie de sa politique et de ses projets de nouvelles normes21 ne rencontrent pourtant pas l’adhésion : la politisation atteint donc un niveau important et les débats politiques sont sans doute particulièrement intenses. Le second épisode vient de l’attitude passive et découragée de la population (en dépit des nombreux serments de fidélité et d’entraide jusqu’à la mort prononcés) qui ouvre les portes et ne combat pas les troupes du duc de Bourgogne venues mettre un terme à la révolte le 3 septembre 1451 (Fohlen, 1964). On peut imaginer que le soutien populaire, sans doute marqué au début du mouvement, s’étiole peu à peu et que la rupture devient irréparable.
Dernière remarque sur ces pratiques normatives : les révoltés ont eux aussi une haute estime pour l’écrit ; ils l’ont abondamment pratiqué au cours de leur expérience politique : envoi de lettres aux autorités politiques (duc de Bourgogne, archevêque de Besançon, empereur Frédéric III), mais aussi fabrication et utilisation de registres : lors de la vente des biens confisqués aux anciens gouverneurs et à quelques notables, Boisot explique ainsi que l’argent obtenu a servi à différents besoins, « le tout par bel inventoire22 ». Un conseiller des révoltés, Guillaume Tarevelet, curé de la bannière de Saint-Pierre, avait quant à lui toujours à la main « un briefvet ou une memoire de la matiere23 ». Il est tout à fait remarquable de voir qu’à aucun moment, les séditieux ne sont signalés en train de brûler, de détruire ou de faire disparaître un écrit de quelque nature qu’il soit. Tout au plus un document contemporain défavorable à leur action24 mentionne-t-il que les révoltés ont
[…] ronpuz ung coffre de la cité que fermoit a pluseurs serrures, et les privileges de la cité estans oudit coffre dont plusieurs estoient scellez en or et les aultres en paste, et estoient moult anciens, ilz ont priz et extrait dudit coffre, et par nuyt les ont pourtez, monstrer ou bon leur a semblez hors de l’ostel de la cité, et ont baillier la copie de plusieurs et les ont dissipez et en ont disposer a leur plaisir en les mectant es mains de pluseurs particuliers hayneux de la dite cité […]25.
Ce comportement nullement destructeur n’est pas sans rappeler celui des élites traditionnelles, très soucieuses d’obtenir une confirmation de leurs droits, franchises ou privilèges : les révoltés s’inscrivent pleinement dans cette dynamique, avec la volonté ici de faire connaître au plus grand nombre des textes qui étaient normalement lus et appréhendés par une petite minorité. C’est pourquoi nous réfutons l’idée que les manques dans la documentation municipale contemporaine à la grande révolte de 145126 sont imputables aux séditieux. Nous pensons que la majorité des documents produits par les séditieux (et il y en a eu) ont pu être détruits à partir de septembre 1451, au moment où l’autorité ancienne retrouvée et appuyée par les troupes du duc de Bourgogne fixe une norme mémorielle à l’encontre des séditieux, qui constitue peut-être davantage une forme d’autoreprésentation, celle de la bonne autorité (Bulst, 2003), que la manifestation d’un désir de vengeance, même si ce dernier a pu exister. Les têtes des quatre séditieux condamnés à mort sont ramenées dans un sac à Besançon et exposées au public (Fohlen, 1964) en souvenir de leurs méfaits ; le 10 juillet 1452 une femme est expulsée pour toujours de la ville pour avoir adoré la tête de Boisot27 et quelques jours plus tard, le simple fait d’évoquer la sédition ou le nom des meneurs est passible d’une amende arbitraire28. C’est peut-être aussi parce que la révolte a produit de nouvelles normes que la cité retrouvée est obligée de réagir, quitte à conserver certaines nouvelles pratiques normatives par peur d’une nouvelle révolte.
La révolte bisontine, une expérience politique productrice de normes ?
Que la révolte soit un échec politique, la chose est entendue : c’est le sort de toutes celles qui se déroulent au Moyen Âge. L’échec est même triple, car, on l’a vu, outre les conflits de normes entre les révoltés, les nouvelles normes imposées et la répression utilisée lors de la « restauration » des anciens gouverneurs ont tendance à aggraver encore davantage la situation finale par rapport à la situation antérieure. Aucune des mesures décidées pendant la révolte n’a été conservée par la suite : la saisie et la vente des biens des anciens gouverneurs et des notables de la ville a été suivie d’un dédommagement29, et l’abolition de toutes les gabelles obtenues en février 1451 ne résistera pas au retour des anciens gouverneurs qui, peu à peu, réintroduiront les anciennes pratiques fiscales.
Pendant les 7 mois de leur expérience politique cependant, les révoltés ont accordé une attention toute particulière à la communauté : dans le procès souvent cité, le terme « commune » est utilisé à 110 reprises, le mot « commun » apparaît 37 fois et « communaulté » à 17 reprises. Jean Boisot évoque même un « parti du commun » qui soutenait l’action des révoltés30 et peut être aussi son programme en trois points :
[…] premierement, que ceulx qui avoient demoli Beurgilles oultre la deliberacion qui en avoit esté faicte, c’est assavoir de le desemparer tant seulement en feisent reparacion ; secundement, que Nicolas de Villote, lors tresorier de ladite cité, rendeist compte et reliqua des deniers de ladite cité par luy receuz depuis vingt ans an arriers ; tiercement, que les heritaigess de la dite cité qu’estoient alienez et mis en aultruy main feussient renduz et restituez a la dite communaulté31.
Passons sur le premier aspect accompli, par la force, de son vivant, et sur le dernier qui se fera au 16e siècle et dans un autre contexte32, bien que le souvenir de la sédition continue à être entretenue. Le deuxième point du programme est intéressant, car il inclut une inflexion importante d’un mécanisme de contrôle financier. L’audition des comptes existait certes avant la révolte, comme lors du 9 janvier 145033 ; mais les auditeurs sont des gouverneurs commis à cette tâche. Cette requête sur le fait que le trésorier doive rendre des comptes apparaît en plein cœur de la crise, le 21 décembre 145034 ; la demande aboutit rapidement après la révolte, le 26 janvier 145235, avec la promesse de voir une personne élue par bannière intégrer la commission d’audition des comptes municipaux ; mais lors de la première tenue de cette commission, le 26 février 1452, six membres sur sept dont les noms sont connus par les listes des délibérations municipales sont des notables36. Ainsi, la révolte a réussi à renforcer une norme politique (ces types d’audition deviendront réguliers dans les délibérations municipales) mais sans une représentation plus conforme à ses aspirations populaires ; au contraire, elle fut conduite comme nous l’avons vu par une minorité bien intégrée et plutôt aisée. Sur ce point, nous pouvons nous demander si, dans la mesure où les troubles urbains ne changent pas grand-chose à la société existante, ils ne font pas partie d’une mode « normal » d’exercice du pouvoir citadin, chargé de réactualiser et de restaurer les normes inchangées du gouvernement urbain : paix, entente et bien commun (Monnet, 2004).
C’est peut-être dans le domaine du renforcement de l’exécutif que la révolte a pu agir comme producteur et catalyseur de norme nouvelle. En effet, elle va tenter de mettre en place une forme de gouvernement reposant sur un soutien populaire (par le recours à de grandes assemblées urbaines, prestation de serments collectifs), tout en renforçant de manière significative son pouvoir exécutif avec la mise en place d’un conseil restreint37, autour de la figure de Boisot (présenté, en effet, dans les textes, comme le principal meneur de la révolte : « il se fait aussi appelé capitaine général », lequel « gouvernoit et conduisoit tout ledit peuple, et quant il lui plaisoit, le commovoit et le tournoit de la partie ou contre qui bon lui sembloit »38. Or, en souvenir peut-être de l’efficacité éprouvée de l’ancien système, les gouverneurs rétablis dans leurs pouvoirs après la révolte affirment eux-aussi leur pouvoir : ainsi, dans une ordonnance du 1er mai 1452, ils décident d’instaurer un président de séance par semaine, qui sera assis au milieu des autres, mènera les débats, demandera aux autres gouverneurs leur avis et pourra donner le sien en dernier39. Une formule retient particulièrement l’attention : le 12 février 1452, un groupe de citoyens de Besançon vient se soumettre à l’autorité des gouverneurs (le procédé est assez classique) ; la formule choisie est significative, car ces hommes promettent « d’estre lealz, fealz et obeissance a mesdis seigneurs et leurs successeurs40 ». Une formule plutôt princière que municipale, qui n’apparaît jamais sous cette forme complète dans les années précédant la révolte, et qui souligne davantage encore la volonté de main mise personnelle sur un pouvoir exécutif renforcé dans les actes et dans les gestes.
Par le rejet suscité, aussi bien dans les sources contemporaines que dans les chroniques et travaux historiques postérieurs, comme par les grands désordres occasionnés, la révolte de Besançon aurait dû isoler davantage encore une ville déjà enclavée au cœur du comté de Bourgogne et liée à un souverain étranger, l’empereur Frédéric III. Pourtant, bien que violente, la sortie de crise ordonnée par le duc de Bourgogne va donner à la cité impériale une occasion unique de sortir de son isolement.
Dans ce contexte, le duc Philippe le Bon, aidé de ses conseillers et de ses proches – dont le maréchal de Bourgogne Thibault de Neufchâtel qui a mis fin à la révolte–, va réussir à imposer (alors que la ville demeure une ville libre impériale !) ses propres normes politiques princières face à ce type de situation41 : une forte répression42, dont fait partie l’épisode de l’exposition des têtes des condamnés à mort - dont celle de Boisot « faictes a la memoire (…) pour y estre et demeurer tant que estre et demeurer y pourra43 », un lourd traité infligé à la population44, une amende honorable pour 314 habitants de la ville de Besançon45.
Cette vague de répression, classique en cas de révolte, s’est cependant accompagnée pour la ville de Besançon d’un changement majeur : l’intégration progressive de la cité, pourtant toujours ville impériale, aux réseaux bourguignons, dont témoignent de nouvelles normes sociales, comme les cadeaux ou les dons à des personnalités bourguignonnes46, la réception des princes47 ou la célébration de leurs obsèques : en 1467, par exemple, pour la première fois, un duc défunt (ici Philippe le Bon) fait l’objet d’une cérémonie funéraire dans la cité de Besançon, alors qu’aucun de ses prédécesseurs n’en avaient bénéficié48.
Paradoxalement, la révolte de 1451 a donc permis, beaucoup plus qu’un simple retour au statut antérieur, la transition vers ces nouvelles normes politiques bourguignonnes, qui constitueront pendant plus d’un quart de siècle le nouveau système de référence des habitants et des gouverneurs de la cité de Besançon.