Frédérick Genevée, Guillaume Hoibian, Histoire de l’UNEF. Du « renouveau » à la « réunification » (1971-2001), Paris, Syllepse-Arcane 17, 2024, 345 p.

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Frédérick Genevée, Guillaume Hoibian, Histoire de l’UNEF. Du « renouveau » à la « réunification » (1971-2001), Paris, Syllepse-Arcane 17, 2024, 345 p.

Texte

L’ouvrage que nous proposent les deux auteurs a le grand mérite d’apporter une première synthèse sur l’histoire de la « deuxième » UNEF (celle issue de la scission de 1971) qui, faute d’archives conservées après la réunification de 2001 avec l’UNEF-ID, demeurait jusqu’à aujourd’hui largement méconnue. La seconde vertu de cette publication provient justement du travail archivistique que les deux auteurs ont mené en se lançant dans une quête des sources avec le collectif « Pour l’histoire de l’UNEF ! » et dont le résultat, même incomplet, est impressionnant. De plus, numérisées, ces archives sont désormais mises à disposition sur le site <https://histoire-unef.fr/les-archives-scannees-de-lunef-la-fruf-et-luge/>.

Articulée autour de sept chapitres, l’étude propose une approche thématique sur les trente années d’existence de ce syndicat étudiant, abordant son programme et sa conception de l’Université, son militantisme/ses militants, son réseau, ses services, son action dans les coordinations étudiantes ou encore sa dimension internationale.

Car si l’UNEF est demeurée minoritaire dès les années 1980 face à sa rivale UNEF-ID, elle n’en demeure pas moins une organisation, certes fragile, mais qui a vu passer plusieurs milliers d’étudiants dans ses rangs et qui a participé aux débats et mouvements qui ont agité le monde universitaire en pleine mutation de cette fin de 20e siècle. Nous ne proposons pas d’en faire le résumé ici, mais plutôt d’insister sur les chapitres à nos yeux les plus intéressants (et les plus volumineux), qui traitent du militantisme et du réseau de l’UNEF.

Les auteurs démontrent avec brio toutes les difficultés du militantisme particulier qu’est celui du milieu étudiant (turn-over important, conciliation avec les études…), mais aussi l’engagement multiforme de ses militants illustré par des pratiques très variées : chaînes d’inscriptions, tractages, élections, services, mouvements/manifestations), et sans jamais compter de « permanents ». Ils proposent également une véritable « démographie militante » délivrant pour la première fois les effectifs – réduits – de l’UNEF durant ces trois décennies d’existence, abordant la difficile articulation Paris/province et proposant une approche par le genre et par les courants politiques.

Et c’est là le second point fort de l’ouvrage. Si différents courants ont pu coexister au sein de l’UNEF (avec plus ou moins de tensions), elle demeure une organisation de la « nébuleuse communiste », pour reprendre le terme des deux historiens. Pourtant, il ne faudrait pas en conclure que le Parti communiste l’ait dirigée, et l’étude montre bien les liens pour le moins distendus qui ont pu exister entre le syndicat et le parti. C’est plutôt par le biais de l’UEC (Union des étudiants communistes) et, plus surprenant, par la CGT, que l’UNEF s’inscrit pleinement dans le réseau communisant de la gauche française. En somme, cette histoire fait la preuve d’une expérience syndicale originale marquée par les référents d’une culture communiste mais qui se dégagea du modèle traditionnel.

L’ouvrage fournit également une quarantaine de pages d’annexes et de photos qui appuient, illustrent les réussites et les faiblesses de l’expérience UNEF et closent cette première synthèse passionnante. Peut-être pourrait-on regretter que le regard porté soit essentiellement parisien et que les focus locaux soient limités, mais il est aussi le reflet d’un corpus archivistique encore à agrémenter et auquel le chroniqueur, à l’instar des auteurs anciens membres de l’organisation, pourrait participer en recherchant dans ses cartons…

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Morgan Poggioli, « Frédérick Genevée, Guillaume Hoibian, Histoire de l’UNEF. Du « renouveau » à la « réunification » (1971-2001), Paris, Syllepse-Arcane 17, 2024, 345 p. », Revue d’histoire sociale [En ligne], 1 | 2025, mis en ligne le 30 mai 2025, consulté le 03 décembre 2025. URL : https://www.ouvroir.fr/rhs/index.php?id=149

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Morgan Poggioli

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