Introduction
Cet article cherche à mettre en lumière les différentes constellations dans lesquelles des variétés d’allemand sont en présence dans le Caucase, et plus précisément en Géorgie, aussi bien dans les campagnes que dans la métropole de Tbilissi. Il se consacre aux différents groupes d’acteurs qui, depuis quelques années, poursuivent l’objectif de préserver et de promouvoir la langue et la culture allemandes en Géorgie, et interroge leurs actions et les effets de celles-ci par le prisme de témoignages recueillis sur place dans le cadre d’un projet de recherche porté par le Leibniz-Institut für Deutsche Sprache (Institut Leibniz pour la langue allemande, désormais IDS), portant sur les minorités de langue allemande dans le Caucase.
La première partie de l’article est consacrée à la description des variétés d’allemand en présence en Géorgie et de leurs locuteurs, d’une part, et des situations de contacts de langues auxquelles l’évolution sociohistorique et politique des pays du Caucase a mené dans la seconde moitié du xxe siècle, d’autre part. Un bref état de l’art précède la présentation de la démarche méthodologique retenue pour le recueil et l’analyse des données dans la deuxième partie. La troisième partie est consacrée à la discussion des actions des quatre groupes d’acteurs qui ont pu être identifiés : en premier lieu, l’État, à travers le gouvernement géorgien et ses agences gouvernementales, qui sont compétentes pour la promotion de la langue allemande en Géorgie ; viennent ensuite les organisations culturelles telles que l’Association des Allemands de Géorgie « Einung » ainsi que des acteurs dont le fonctionnement s’apparente à celui d’une institution culturelle, comme l’Église évangélique luthérienne. La troisième catégorie est constituée d’institutions éducatives telles que l’école internationale allemande de Tbilissi ou les « Tantes allemandes » qui, avec leurs jardins d’enfants allemands à Tbilissi, peuvent être considérées comme des cellules germinales pour la transmission de la langue et de la culture allemandes. Enfin, la quatrième catégorie regroupe des acteurs relevant d’autres organisations, comme des entreprises privées, et notamment des médias. Les perspectives pour la vitalité de la langue allemande en Géorgie qui résultent de ces actions pour les différents groupes de locuteurs de l’allemand dans le Caucase sont discutées en conclusion.
1. Variétés de l’allemand en présence et situations de contact en Géorgie
De l’extérieur, les locutrices et locuteurs de l’allemand en Géorgie donnent l’impression d’une communauté homogène. Pourtant, si l’on veut être précis, deux variétés de l’allemand, se différenciant de façon importante et se rapportant effectivement à deux groupes historiques différents, doivent être distinguées.
Le premier groupe de locuteurs est celui des Allemands qui ont émigré à la fin du xviiie siècle dans le Caucase du Sud (ou Transcaucasie) en tant que professionnels qualifiés, généralement appelés par la Russie (Boden, 2018 : 184) et qui se sont majoritairement installés comme commerçants, pharmaciens et médecins dans la ville commerçante de Tbilissi en Géorgie (Songhulaschwili, 1997 ; Springform, 2004) ou en tant qu’architectes et ingénieurs dans la ville pétrolifère de Bakou en Azerbaïdjan (Auch, 2001), se mélangeant à la population locale. Leurs descendants parlent pour partie encore aujourd’hui un allemand cultivé proche du standard, ce que l’on peut attribuer à l’excellente éducation secondaire ou supérieure à laquelle leurs familles tenaient et tiennent encore1.
Le second est le groupe des Souabes qui ont émigré à l’invitation d’Alexandre Ier au début du xixe siècle, composé d’agriculteurs, d’artisans, de vignerons et d’éleveurs de bétail (Laubhan, 2021 : 173). Ces derniers ont fondé des colonies allemandes « fermées » dans le sud du Caucase, où ils ont vécu environ 125 ans (1817–1941) à l’écart de l’espace germanophone, en conservant la langue et la culture amenées du Wurtemberg2. L’émigration souabe du Wurtemberg concernait la région entre Heilbronn et Tuttlingen jusqu’au Danube au sud, des deux côtés du cours supérieur du Neckar avec Heilbronn au nord, Pforzheim et Freudenstadt à l’ouest et Göppingen à l’est. Les émigrants parlaient un dialecte souabe moyen, avec de faibles variations liées à leur répartition dans l’espace (Berend, 2011 : 103). Après la dissolution des colonies en 1941 et la déportation de leurs habitants vers des régions d’Asie centrale, il n’est pas rare qu’ils soient arrivés dans des installations mixtes casaques/ouzbèks/russo-allemandes, où ils ont vécu, avec obligation mensuelle de pointage, au moins jusqu’à la levée du régime d’exception. C’est en 1956 au plus tard qu’ils eurent l’autorisation de retourner dans leurs colonies d’origine à caractère agricole, contrairement à ceux que l’on appelle les « Germano-Russes3 » (Laubhan, 2021 : 210 et sq.). On doit cependant noter que deux des anciennes colonies souabes, Alexandersdorf (fondée en 1818, aujourd’hui Didube) et Neu-Tiflis (fondée en 1818, aujourd’hui le quartier de Tschugureti) ont été depuis incorporées à la communauté urbaine de la capitale Tbilissi, ce qui fait que quelques descendants de ces colons souabes sont disséminés aujourd’hui dans la capitale géorgienne. Les descendants de la plupart de ces Souabes vivent aujourd’hui majoritairement à nouveau en Allemagne. Seuls ceux et celles qui avaient conclu des mariages inter-ethniques avec des Géorgien·ne·s, des Azerbaïdjanais·es ou des Arménien·ne·s avant 1941 purent échapper aux déportations4 ou revenir dans les colonies d’origine après une période passée en camp de travail5.
Tous ces germanophones du Caucase, quelle que soit leur origine, connurent une phase de répression linguistique (1939–1990) pendant laquelle il n’était pas permis de parler en public une autre langue que le russe sur tout le territoire soviétique.6 L’acquisition de l’allemand en tant que langue maternelle « sauta » ainsi une génération. C’est pour cela que la génération des petits-enfants, qui souhaite aujourd’hui apprendre plus d’allemand, fait face à la difficulté familiale constituée par des parents majoritairement incapables de leur transmettre la langue allemande et des grands-parents, dont l’allemand était encore la première langue, qui ne sont plus en mesure de le faire dans beaucoup de situations. Une partie importante des locutrices et locuteurs qui sont resté·e·s en Géorgie et en Azerbaïdjan font néanmoins des efforts pour conserver leurs langue et culture dans une société globalisée où se renforce la pression extérieure sur la langue.
Comme l’esquisse du contexte historique l’aura laissé comprendre, les deux groupes se trouvent aujourd’hui dans des constellations linguistiques différentes : la première et seconde génération du premier groupe a, dans la plupart des cas, en première langue le russe et/ou la langue que l’autre parent parlait : une variété d’allemand proche du standard ou le géorgien. La L2 est soit le russe (quand la L1 était par exemple l’allemand) ou une variété d’allemand proche du standard, suivant ce que les parents avaient acquis en premier. À titre de L3 s’est ajouté au plus tard dans les années 1990 le géorgien (ou d’autres langues comme l’arménien, l’azéri ou l’ukrainien). En toute logique, aucun·e locuteur·trice d’une variété dialectale souabe n’a pu être enregistré·e parmi les membres de ce groupe.
Chez les membres de la première et de la seconde génération du groupe des Souabes du Caucase qui n’ont pas quitté leur village d’origine ou ont eu le droit d’y retourner, la L1 était dans la plupart des cas soit une variété dialectale souabe et/ou la langue du parent non germanophone (souvent le géorgien) et/ou le russe. La L2 est alors la langue ou variété du parent qui ne parle pas la L1 et/ou le russe. La L3 est généralement dans ce groupe un allemand proche du standard que la plupart des locuteurs·trices nomment « l’allemand littéraire », « l’allemand de la littérature » ou « le haut-allemand », qu’ils et elles ont eu encore, pour partie, l’occasion d’apprendre dans les écoles des colonies allemandes. À partir de 1818, la scolarité obligatoire durait sept ou huit ans en langue allemande dans les écoles des colonies transcaucasiennes et suivait un programme adapté du programme scolaire (à partir de 1832) du Wurtemberg (Laubhan, 2021 : 196), la langue de l’administration y était l’allemand standard, le souabe la langue du quotidien (ibidem : 200).
Dans ces deux groupes, le russe est devenu au plus tard dans les années 1930 la lingua franca omniprésente à l’école et dans la formation professionnelle ainsi que la langue dominante dans l’espace public dans les anciennes républiques soviétiques. En raison de la politique de répression linguistique qui concernait aussi bien les républiques du Caucase que d’Asie centrale, les deux groupes jouissaient généralement d’une maîtrise élevée du russe. C’est seulement après la dissolution de l’Union Soviétique que la langue du pays, le géorgien (comme l’azéri, le kazakhe, l’ouzbèk) a vu son usage se développer, dans un premier temps cependant plutôt dans le cadre familial : en public, les deux générations ont parlé russe jusque dans les années 1990. La fin de la politique de répression linguistique a réintroduit les langues familiales dans l’espace public7. Cependant l’emploi de la langue diffère non seulement suivant le pays et l’appartenance à une communauté, mais aussi suivant l’appartenance générationnelle.
Les contacts se sont massivement réduits pour la troisième génération, et les différentes langues restent isolées dans leur domaine respectif : l’allemand, quelle qu’en soit la variété, n’est plus que très rarement acquis dans la famille, voire pas du tout. La langue de la famille, de l’environnement et de l’école est le géorgien. C’est l’anglais qui est généralement appris comme première langue étrangère à l’école à partir de la première classe. À partir de la cinquième classe, c’est le plus souvent le russe qui est choisi. L’allemand se trouve en troisième position. Comme l’enseignement de la troisième langue étrangère est payant, l’allemand n’est généralement pas concurrentiel face à l’anglais et au russe. Quand les descendants des germanophones du Caucase apprennent de nos jours à nouveau l’allemand dans le Caucase, la raison en est le plus souvent l’espoir d’une retombée professionnelle positive, et non la volonté de préserver sa culture.
2. État de la recherche et méthodologie
Dans le champ de la linguistique, il existe diverses études sur les minorités de langue allemande en Europe centrale et orientale. On peut citer, à côté d’études sur la langue allemande en Ukraine (cf. Hvozdyak, 2008 ; pour la Transcarpathie en particulier, voir Melika, 2002) et en Roumanie (cf. Bottesch, 2008 ; Scheuringer, 2010 ; pour le souabe du Banat, voir Scheuringer, 2016), notamment les travaux de Berend (1998 et 2011), Berend et Jedig (1991), Berend et Riehl (2008), Blankenhorn (2003) et Rosenberg (1994), qui se consacrent principalement aux dialectes germano-russes de Russie ou dans l’ancienne Union soviétique.
La recherche sur la ou les langue(s) en usage chez les germanophones du Caucase – particulièrement dans les colonies actuelles de Transcaucasie – est peu développée8, alors que le souabe par exemple, au contraire d’autres variétés germaniques en Russie (Berend, 2011), s’est très peu ou pas du tout mélangé à d’autres variétés allemandes jusqu’aux années précédant la Deuxième Guerre mondiale, en raison du fait que les colonies des Souabes étaient relativement fermées (ibidem : 103, 105).
Les données sur lesquelles s’appuie cette contribution ont été recueillies dans le cadre des recherches sur la langue et l’identité des Allemands du Caucase au sein du projet « L’allemand dans des constellations de langues en contact » porté par l’IDS, sur la base d’entretiens formalisés et semi-dirigés, menés principalement en allemand, à partir de questionnaires élaborés dans le cadre du projet, d’une part, et de conversations spontanées, d’autre part. Une fois le projet terminé, les données seront versées dans la base consacrée à l’allemand oral (Archiv für Gesprochenes Deutsch, AGD) de l’IDS.
Dans l’optique de combler ces lacunes en linguistique de contacts et linguistique variationnelle, l’auteure a recueilli pour la première fois des données en 2017-2018 portant sur plus de cinquante germanophones du Caucase de la génération qui a encore connu l’époque des colonies ainsi que de deux générations suivantes à Bakou (Azerbaïdjan), à Tbilissi dans les quartiers Didube (autrefois Alexandersdorf ou Village Alexandre) et Tschugureti (autrefois Neu-Tiflis, c’est-à-dire Nouvelle-Tbilissi), à Bolnissi (autrefois : Katharinenfeld, c’est-à-dire Champ-Catherine) ainsi que dans différentes villes d’Allemagne comme Bühl, Landau, Nagold, Neustadt an der Weinstraße, Offenburg, Pforzheim et Schwaikheim (Rems-Murr-Kreis).
Des données biographiques linguistiques ont été collectées et les sujets ont été interrogés sur leurs compétences linguistiques en allemand ou en souabe, en russe, en géorgien et en azéri, sur leurs pratiques linguistiques respectives ainsi que sur leur situation sociale, culturelle et médiatique, afin de pouvoir formuler des hypothèses sur le lien entre la langue et la construction de l’identité, ainsi que sur les effets de la migration et de la répression sur l’acquisition de la langue et le plurilinguisme. En outre, des conversations informelles à table ont été enregistrées avec des Souabes du Caucase ayant ré-émigré en Allemagne, portant principalement sur la vie quotidienne durant leur enfance dans leur ancien village du Caucase.
Tous les informateurs ont en commun des compétences linguistiques dans une variété de l’allemand ainsi qu’un lien historique familial avec les Allemands du Caucase. Le fait que les deux parents des personnes interrogées soient d’origine allemande ne joue aucun rôle, afin de pouvoir représenter la diversité du groupe de la manière la plus fidèle possible.
Figure 1 : Répartition des entretiens avec les informateurs (total)
Génération I 1917-1942 |
Génération II 1943-1973 |
Génération III 1974-1999 |
||||
Femme | Homme | Femme | Homme | Femme | Homme | |
Azerbaïdjan | 2 | |||||
Géorgie | 3 | 1 | 2 | 1 | ||
Allemagne | 9 | 4 | 15 | 6 | 2 | 2 |
Le groupe observé est hétérogène en ce qui concerne le niveau d’éducation, la langue de communication dans la famille, la langue désignée comme « langue native » et surtout en ce qui concerne le contexte social d’usage de la langue, la répression culturelle et linguistique à partir des années 1930 dans l’ancienne Union soviétique ayant laissé une impression massive similaire sur toutes les personnes interrogées issues de la génération l’ayant vécue ainsi que sur la génération suivante, et ce dans tous les pays où ont eu lieu les enquêtes. Ainsi, le corpus d’entretiens a été constitué de manière resserrée en ce qui concerne la taille de l’échantillon observé, et de manière large du point de vue de sa diversité interne, dans le but de pouvoir recueillir des déclarations différenciées sur les compétences linguistiques, sur le contact de langues et ses effets ainsi que sur la perception de soi et des autres, de la langue et de l’identité. Dans la mesure où les constructions identitaires en lien avec l’usage et les représentations de la langue au sein du groupe minoritaire, et en particulier le rapport de tension réciproque entre l’expérience de soi et la perception de l’autre, présentaient un intérêt particulier pour l’analyse, des questions ont été posées sur la perception de soi et sur la perception des personnes de l’entourage. Les réponses à ces questions ont également été situées dans le contexte social, marqué par des rapports de domination, dans lequel elles ont été produites.
3. Les acteurs de la promotion de l’allemand en Géorgie
Depuis le début des années 1990, de nombreuses mesures ont été prises aussi bien dans le cadre de la politique éducative de l’État géorgien que par l’Église, le secteur associatif et des individus en Géorgie et en Allemagne, pour encourager l’apprentissage de la langue allemande et de la culture qui lui est associée en Géorgie à l’aide de diverses stratégies, afin de maintenir ou de faire revivre la vitalité de la langue allemande. Afin de mieux comprendre les activités de ces différents acteurs, nous les avons classés en quatre grands groupes en nous basant sur le modèle de Kaplan et Baldauf (1997 : 5-13) : la première catégorie est l’État, représenté par le gouvernement, et concerne les services gouvernementaux, les ministères et les autorités publiques. La deuxième catégorie regroupe les institutions culturelles et les associations investies indirectement dans le maintien de la langue par le biais de la promotion de la culture allemande. La troisième catégorie comprend les établissements d’enseignement, qui constituent l’un des secteurs les plus importants pour la mise en œuvre de mesures de politique linguistique et/ou éducative. Enfin, la quatrième catégorie regroupe d’autres organisations telles que les entreprises privées. À l’exception de la première catégorie, l’analyse s’appuie sur des entretiens menés auprès des informateurs sur place en 2017 par l’auteure (KD) et, dans la mesure où les germanophones en Géorgie ne forment pas un groupe homogène, tient compte de la perspective de l’informateur et du groupe de locuteurs dont il relève. Les efforts des acteurs sont examinés selon le point de vue des informateurs, et ce sont les jugements de ces derniers sur l’emploi et la conservation de la langue qui sont exposés.
3.1. L’État géorgien
La Charte européenne des langues régionales et minoritaires est un traité du Conseil de l’Europe qui protège les langues minoritaires traditionnellement parlées dans un pays. La Géorgie s’est engagée, lors de son adhésion au Conseil de l’Europe en 1999, à ratifier cette charte. En 2013, un projet de ratification du document a été déposé par des experts du Conseil de l’Europe et par une commission interministérielle géorgienne, projet qui reconnaît l’allemand comme une des treize langues traditionnelles de minorités en Géorgie. Cependant, ce projet ne cite pas la variété souabe des germanophones du Caucase, il y est seulement question de l’« allemand » (sans mention de variétés), qui a une longue tradition d’usage en Géorgie. Jusqu’à aujourd’hui, il n’existe toujours pas de prise de position claire sur ce projet de ratification de la Charte européenne des langues par la Géorgie. Cette ambiguïté, liée à l’absence de distinction entre l’allemand enseigné dans les écoles et les universités géorgiennes et la variante souabe parlée par les descendants de l’un des groupes minoritaires décrits ci-dessus, se retrouve dans la sphère politique, les institutions éducatives, les associations et la société dans son ensemble.
3.2 Les institutions culturelles
Il existe, tout au moins quand on habite dans une grande ville, suffisamment de possibilités aujourd’hui d’apprendre et d’utiliser l’allemand en Géorgie. Cela est dû en grande partie à des organisations qui, dans notre cas, interviennent en premier lieu dans le domaine de la culture. Les objectifs de ces organisations culturelles sont généralement la promotion de la culture allemande et de la langue qui y est associée. De ce fait, les réponses à la question des possibilités d’employer l’allemand se ressemblent beaucoup chez les locutrices et les locuteurs dont les ancêtres ont émigré autrefois des pays germanophones vers les grandes villes de Transcaucasie et qui vivent eux-mêmes (à nouveau) dans des grandes villes :
KD | zu welchen gelegenheiten sprechen sie deutsch in der öffentlichkeit | |
(à quelles occasions parlez-vous allemand en public) | ||
THTb | nu im einunga | |
(bon dans le associationb) | ||
KD | hmhm | |
THTb | im kirche | |
(dans le église) | ||
(1) THTb, F, née en 1941 à Tbilissi, habitant Tbilissi (cf. Figure 1 : Génération I, Femme, Géorgie) | ||
a. Il s’agit de l’Association des Allemands de Géorgie évoquée plus haut. b. NdT : Afin de rendre compte de la maîtrise réelle de l’allemand par les locutrices et locuteurs, la traduction s’efforce de formuler dans un français déviant par rapport au standard, en calquant la déviation en allemand (Odile Schneider-Mizony). |
Sans réfléchir longuement – comme le montre l’exemple de l’informatrice THTb ci-dessus –, les informateurs peuvent systématiquement donner quelques domaines différents dans lesquels ils utilisent une variété d’allemand. THTb est née dans la ville de Tbilissi en tant que fille de médecins et y a passé l’essentiel de son existence. Après la déportation de 1941, la L1 de son enfance a été l’allemand jusqu’à sa neuvième année. L’informatrice parle une variété proche de l’allemand standard, sans interférence dialectale avec quelques phénomènes issus du contact linguistique « typiques » comme l’adoption de modificateurs russes ou parfois la réduction grammaticale, comme le montre l’exemple (1). Après le retour d’exil du Kazakhstan de son père en 1950, ses parents parlaient de préférence géorgien et russe avec elle, dans la mesure où sa famille, à ses dires, a été « persécutée comme allemande » jusqu’en 196511 et ne « pouvait parler allemand en tant que telle ». Après la longue période de répression linguistique en Union soviétique, elle a pu, en dehors de son usage personnel avec ses parents, plus tard avec ses enfants et petits-enfants, parler allemand dans l’association Einung12, une association de personnes de langue allemande à Tbilissi,13 ainsi qu’à l’église (Kirche) où elle parle allemand non seulement tous les dimanches, mais aussi dans la vie paroissiale : chorale, fêtes religieuses, etc.
Cette communauté ecclésiastique prend ses racines dans la communauté protestante luthérienne fondée en 1818 par les colons souabes. Après une phase soviétique d’interdiction de la religion dans les années 1930 et la destruction ou sécularisation de nombreux bâtiments d’églises, cette Église protestante d’obédience luthérienne a été refondée en 1997, prenant son siège à Tbilissi (Tatarashvili et al., 2017 : 39). Depuis se déroulent régulièrement14 des offices tenus pour une grande partie en langue allemande15: tandis que le prêche se fait en allemand dans la majorité des neuf communautés enregistrées en Transcaucasie16, les chants, prières et psaumes sont produits dans les trois langues les unes après les autres, c’est-à-dire en allemand, russe et géorgien (suivant la localisation de la communauté, cette dernière langue peut être remplacée par l’azéri ou l’arménien).
En outre, la vie paroissiale de cette Église est particulièrement active dans des grandes villes comme Tbilissi : à côté de l’office dominical trilingue existe aussi un office pour les tout-petits, une école du dimanche, des cercles d’enfants et de jeunes, un groupe pour les femmes et un pour les hommes, des heures de lecture de la Bible et une chorale. À côté de l’église à Tbilissi se trouve un centre paroissial aux proportions généreuses abritant l’administration et la chancellerie de la paroisse ainsi qu’une petite maison d’accueil pour les personnes âgées, une soupe populaire et un service social. L’offre de services de l’Église acquiert ainsi une grande importance pour beaucoup de personnes issues de la minorité germanophone de Transcaucasie. Ce n’est pas seulement une occasion d’entendre, de lire de l’allemand et de s’entretenir en langue allemande avec d’autres membres de la communauté, mais c’est même pour certains de nos informateur·trice·s un lieu exclusif d’usage de l’allemand, le domaine central et parfois le seul réservé à l’allemand, comme l’illustre l’exemple suivant :
TKBa | wenn ich bitte heiland… jetzt spreche ich so… ich bitte deutsch | |
(quand je prie seigneur… je prie alors comme ça… je prie allemand) | ||
KD | ah ja | |
(ah bon) | ||
TKBa | ja sehr… ich bitte deutsch. mei mutter hat immer bittet deutsch heiland sagen wir | |
(oui, tout à fait … je prie allemand. ma mère a toujours prié allemand… nous disons seigneur) | ||
KD | hmhm | |
TKBa | zu gott wir sagen °h schwabisch heiland ja | |
(à dieu disons nous en souabe „seigneur“, oui) | ||
(2) TKBa, F, née en 1947 à Bolnissi, habitant Bakou (cf. Figure 1 : Génération II, Femme, Azerbaidjan) |
TKBa est une de ces germanophones du Caucase17 dont les aïeuls étaient des colons souabes, qui ne vit aujourd’hui plus à la campagne, mais dans la capitale azerbaïdjanaise où l’Église luthérienne a également une grande paroisse. Son cas est très intéressant parce qu’elle est née en 1947 dans l’ancienne colonie germanophone de Katharinenfeld (aujourd’hui Bolnissi) en Géorgie et n’a émigré en Azerbaïdjan qu’en 1991 sous la contrainte18. Le cadre de l’Église luthérienne lui a cependant permis de continuer à pratiquer la langue et la culture allemandes. Cette Église n’a certes été refondée qu’en 1997, mais l’informatrice pouvait parler allemand dans le cadre familial, par exemple avec son frère et sa mère. Ses parents l’avaient élevée dans les deux langues, allemand et russe, et elle-même a également parlé allemand et russe avec ses enfants. L’allemand est aujourd’hui pour elle et pour nombre d’autres informateurs la « langue de la foi », du dialogue avec Dieu dans la prière et la langue de l’église. Elle n’utilise plus l’allemand en dehors de ce domaine – comme nombre d’autres informateurs. Les langues dominantes de son quotidien sont principalement le russe et l’azéri. Il faut aussi signaler que la vie paroissiale se déroule en grande partie en russe en dehors de l’office lui-même.
3.3. Institutions éducatives
Le secteur de l’éducation est l’un des domaines dans lesquels des mesures de politique linguistique peuvent être mises en œuvre. Du jardin d’enfants à l’école, en passant par l’université et les institutions de formation pour adultes comme l’Institut Goethe, l’acquisition et l’utilisation des langues sont influencées de manière explicite. Ainsi, dans les grandes villes comme Tbilissi, il existe en outre de nombreuses autres possibilités d’acquérir, d’approfondir et de pratiquer l’allemand de manière systématique, mais à différents niveaux et dans différents domaines – du jardin d’enfants aux activités de loisirs, en passant par l’école et les études. Cette offre est logiquement utilisée surtout par les germanophones du Caucase de formation supérieure et à l’aise financièrement, même si d’autres groupes y ont aussi recours, comme le signale l’informatrice THTb :
THTb | meine enkelin spricht sehr perfekt deutsch […] ja weil wir sie im goethe institut hat gehen… | |
äh… unterrichten | ||
(ma petite-fille parle très parfaitement l’allemand […] oui, parce que nous l’avons… euh… | ||
allé… prendre des cours à l’Institut Goethe) | ||
KD | hmhm | |
THTb | ja und sie spricht sehr schön deutsch | |
(oui et elle parle un bel allemand) | ||
KD | aber mit der enkelin sprechen sie kein deutsch | |
(mais vous ne parlez pas allemand avec votre petite-fille) | ||
THTb | ja ja (lacht) mit enkelin mehr als mit äh dem sohn weil meine enkelin… äh studiert in | |
deutsche schule | ||
(si si (elle rit) plus avec petite-fille qu’avec euh le fils parce que ma petite-fille … euh étudie | ||
dans école allemande) | ||
KD | hmhm | |
THTb | hier in tbilisi gibt es äh drei deutsche schulen | |
(ici à Tbilissi il y a euh trois écoles allemandes) | ||
(3) THTb, née en 1941 à Tbilissi, habitant Tbilissi (cf. Figure 1 : Génération I, Femme, Géorgie) |
L’apprentissage systématique de l’allemand en dehors de la sphère familiale a une longue tradition à Tbilissi précisément pour les descendants des Allemands qui ont émigré autrefois grâce à leurs qualifications professionnelles dans les grandes villes de Transcaucasie. Comme l’indique l’informatrice THTb, qui fait justement partie de ce groupe, il existe plusieurs écoles allemandes à Tbilissi, parmi lesquelles il faut signaler particulièrement l’École internationale allemande (Deutsche Internationale Schule). Dans cette école privée fondée en 2010, un programme ciblé sur la langue et la littérature allemandes a été introduit depuis le jardin d’enfants en passant par le cours préparatoire jusqu’à l’école élémentaire (classes 1 à 7) avec l’allemand comme langue d’enseignement (Boden, 2018 : 186). Par ailleurs, on peut suivre des cours d’allemand renforcé depuis la troisième année de scolarisation jusqu’au baccalauréat dans huit établissements scolaires (Solomonischwilli et al., 2016 : 20). 500 autres établissements scolaires dans toute la Géorgie permettent de choisir l’allemand à partir de la cinquième année de scolarisation comme matière enseignée. Enfin, il existe deux établissements d’enseignement supérieur (à Tbilissi et Aisi) ainsi qu’une université à Kutaissi et deux à Tbilissi, où l’on peut apprendre l’allemand, et même faire des études complètes de germanistique à l’une d’entre elles (ibidem : 46). L’Institut Goethe de Tbilissi est particulièrement actif dans l’enseignement de la langue allemande (également pour les enfants et adolescents) tout comme l’association évoquée plus haut « Einung » ainsi que l’Église luthérienne, qui proposent régulièrement des cours d’allemand.
Cette position confortable19 de l’allemand – en tout cas jusqu’à une date récente – dans la capitale géorgienne est étroitement liée à ce qui a été qualifié de « foyer de transmission pour la langue et la culture allemande, qui rayonnait sur toute la ville »20 (Boden, 2018 : 186), c’est-à-dire l’institution des « Tantes allemandes » (cf. Lejava, 2020). Il s’agit de ces femmes qui avaient échappé à la déportation en 1941 grâce à leurs époux d’origine non-germanophone et qui avaient, depuis le début des années 1940 jusqu’en 2004 (Schneider, 2012), géré des jardins d’enfants privés où l’on parlait exclusivement allemand. C’était principalement l’élite universitaire de la ville qui mettait ses enfants dans les jardins d’enfants des « Tantes ». L’influence de ces jardins d’enfants familiaux hors du commun, qui sont un phénomène géorgien unique dans les zones de colonisation germanophone de l’ancienne Union soviétique, est à l’origine de la place significative de l’allemand langue étrangère à Tbilissi (Boden, 2018 : 186). Les jeunes « formés » dans ces jardins d’enfants ont souvent fait des études de germanistique ou sont partis étudier en Allemagne. Ils occupent aujourd’hui des postes de direction dans les domaines de la politique, de l’économie et de la culture géorgienne mais aussi d’enseignantes et enseignants dans les écoles et universités. Depuis la disparition de ces jardins d’enfants des « Tantes », l’importance de la langue allemande a beaucoup diminué à Tbilissi.21 Mais au quotidien, les différentes institutions qui proposent des cours de langue sont confrontées à des défis très différents dans la mise en œuvre de ceux-ci, à savoir la langue de l’élite à l’école (avec l’allemand standard) et la langue du peuple (souvent le dialecte souabe), par exemple à l’église.
En milieu rural, les possibilités d’apprendre et d’utiliser l’allemand étaient et sont toujours relativement réduites, voire inexistantes, comme les exemples suivants l’illustrent à loisir :
KD | haben sie noch gelegenheit hier im ort deutsch zu sprechen; | |
(Avez-vous encore l’occasion de parler l’allemand ici au village) | ||
BMBo | nein… jetzt meine schwester… i und meine schwester | |
hier sint viele famil… die julia dot… | ||
(non … maintenant ma sœur… moi et ma sœur | ||
ici y a beaucoup de familles… la Julie là …) | ||
KD | hm | |
BMBo | sie haben ihre… kinder äh: nicht gelernt | |
(ils ont pas appris … euh leurs enfants) | ||
KD | hm | |
BMBo | jeder i: jetzt bin ich allein…hier in bolnisi […] ich bin der letzte von mohikann | |
(chacun moi: maintenant je suis seul… ici à Bolnissi […] je suis le dernier de mohicans) | ||
(4) BMBo, H, né en 1947 à Bolnissi et y habitant, parle d’autres habitants de Bolnissi ayant des ancêtres allemands (cf. Figure 1 : Génération II, Homme, Géorgie) | ||
FKBo | ich habe niemand | |
(j’ai personne) | ||
(5) FKBo, H, né en 1942 à Bolnissi et y habitant, à propos des possibilités de parler allemand (cf. Figure 1 : Génération I, Homme, Géorgie) |
Pratiquement tous les informateur·trice·s habitant en dehors des métropoles du Sud caucasien et ayant des ancêtres souabes considèrent, comme les exemples (4) et (5) le formulent, qu’il ou elle serait le ou la dernier·e germanophone dans la commune (qui compte ici 9 000 habitants) et qu’il ou elle n’aurait aucune possibilité de parler allemand parce que les interlocuteurs manqueraient, et cela, alors que l’Église luthérienne a pourtant une petite communauté paroissiale à Bolnissi et y propose des cours d’allemand. Dans le corpus, deux sœurs constituaient la seule exception, qui ont l’une et l’autre indiqué leur sœur et elle-même comme germanophones à Bolnissi. On n’utiliserait donc pas/plus la langue allemande en dehors du cadre familial. C’est justement en milieu rural que la politique de répression linguistique de l’ancienne Union soviétique, ainsi que le manque de soutien institutionnel et financier, conduisant à la régression de l’offre en enseignement, a abouti fréquemment à des situations linguistiques monolingues. Les germanophones se sentent isolé·e·s en tant que tel·le·s en milieu rural. La plupart d’entre eux parle géorgien dans la vie quotidienne.
3.4. Autres organisations
La quatrième catégorie regroupe les mesures de promotion de la langue prises par des acteurs tels que des entreprises privées, dont Kaplan et Baldauf (1997) indiquent qu’en tant qu’institutions, elles peuvent être considérées comme des acteurs de politique linguistique, même si c’est implicite. Nous commenterons ici l’exemple du journal Kaukasische Post22 (« La poste caucasienne »), fondé en 1906, seul journal en langue allemande du Caucase jusqu’à son arrêt en 1922, qui reparaît régulièrement depuis 1994 et se trouve depuis 2012 sous la direction de Rainer Kaufmann23. Actuellement la Kaukasische Post parait mensuellement sous forme imprimée et est diffusée dans la capitale Tbilissi. La possibilité d’un abonnement en ligne semble être utilisée aussi en milieu rural24, mais des locuteurs ou locutrices comme FKBo ou BMBo ne profitent pas de cette offre.
Par ailleurs, dans le domaine des médias, il convient de mentionner que des informateurs comme BMBo déclarent n’utiliser actuellement la langue allemande que sous forme de consommation numérique, regardant des vidéos sur YouTube en allemand et lisant les pages de Wikipédia en langue allemande. Il a par ailleurs regretté – comme d’autres Souabes du Caucase –, que la station de radio Deutsche Welle25 (« Ondes allemandes ») ne diffuse plus ses programmes depuis environ cinq ans (opinion exprimée en 2017) qu’en anglais, rendant ainsi la chaîne radiophonique inintéressante pour lui-même et d’autres locutrices et locuteurs de l’allemand.
BMBo, qui appartient encore à la première génération de locuteurs et locutrices du corpus (cf. supra), a été socialisé en souabe, variété transmise par sa grand-mère chez qui il a passé la plus grande partie de son enfance. Il a appris le géorgien avec ses parents, car c’était la langue familiale, et le russe à l’école, comme c’était le cas dans toute l’ancienne Union soviétique. À l’âge de 17 ans, il a débuté une formation de pilote et d’instructeur aérien à l’école militaire de Tbilissi. Tandis que les domaines d’usage étaient encore clairement séparés à Bolnissi, le contact des langues se fit beaucoup plus intense dans la métropole. Le russe était la langue de la formation et de la communication, qu’il parlait avec la plupart de ses camarades de formation, sauf avec les Géorgiens, avec qui il parlait26 géorgien. Pour pouvoir plus tard mieux communiquer en tant qu’instructeur avec ses élèves, il apprit en outre l’arménien, l’azéri et l’ukrainien de ses camarades. Il retourna à la langue allemande par nostalgie seulement à l’âge de la retraite, lorsqu’il revint dans son lieu de naissance, Bolnissi.27
Conclusion
Quand bien même la dénomination de ‘germanophones du Caucase’ le suggérerait, la minorité germanophone en Géorgie n’est pas une communauté homogène. Il existe de profondes différences entre les habitants des villes de Transcaucasie, souvent des descendants de professionnels qualifiés ayant immigré et locuteurs d’une variété proche du standard, et ceux qui vivent à la campagne, qui ont pour ancêtres des artisans, paysans et vignerons souabes qui leur ont transmis leur variété dialectale. Or, il semble que la plupart des offres de promotion de l’allemand en Géorgie se trouve dans les villes et moins dans les campagnes, où vivent pourtant la plupart des locuteurs de la minorité traditionnelle des germanophones du Caucase.
Les descendants du premier groupe, qui vivent encore aujourd’hui, ont généralement acquis leurs connaissances en allemand de manière systématique dans des établissements d’enseignement tandis que les descendants du second ont acquis leurs connaissances en souabe le plus souvent par leurs grands-parents et, pour certains, dès leur plus jeune âge, également dans des établissements d’enseignement. Une grande distorsion d’emploi de ces variétés d’allemand se manifeste lorsqu’on compare les offres d’enseignement-apprentissage et les pratiques de locuteurs dans les villes et à la campagne, y compris lorsqu’il s’agit d’anciens villages germanophones. La vie dans une communauté germanophone n’est guère possible que dans les grandes villes du Caucase du Sud. Les espaces de conservation de la langue et de la culture allemandes y sont volontiers utilisés, mais ils se réduisent également. À la campagne en revanche, les locutrices et locuteurs de l’allemand vivent de façon (supposément) isolée, dans un contexte qui n’offre qu’une fraction des manifestations linguistiques et culturelles des grandes villes.
L’Église luthérienne semble jouer un rôle-clé en proposant en milieu urbain tout comme en milieu rural des espaces de rencontres et d’échanges plurilingues, avec un accent particulier mis sur l’allemand, même si le russe continue à jouer un rôle important dans la vie de la paroisse. Par ailleurs, l’engagement bénévole d’associations comme la Einung ou l’Association pour la conservation du patrimoine culturel allemand, aussi bien que des initiatives privées comme celle de l’éditeur de la « La poste caucasienne » représentent également des acteurs qui s’efforcent de nouer des relations entre ville et campagne sous forme de vie sociale, de cours de langue et d’autres projets dans l’optique de travailler à une « vraie » communauté.
Dans l’ensemble, la langue allemande en Géorgie semble bien se porter en raison des nombreuses initiatives prises par les acteurs les plus divers. Cependant, étant donné que ces mesures sont principalement mises en œuvre dans des métropoles comme Tbilissi et qu’elles concernent en priorité la variété d’allemand proche du standard, il est probable que le nombre de locuteurs de la variété dialectale souabe diminue dans le Caucase du Sud.