Les récits de voyage sur l’île de Rügen autour de 1800

  • Travelogues on Rügen around 1800

p. 51-66

Abstract

At the turn of the 19th century, the island of Rügen in Swedish Pomerania, which had long remained at the margins of the Holy Roman Empire, suddenly becomes an object of interest and a travel destination for the cultured elite. Between 1797 and 1805, four travelogues on Rügen were published, coinciding with Caspar David Friedrich’s first works including the island’s landscapes as a motive. These travelogues are at the centre of our article, which studies the key role these texts played in establishing the island of Rügen as a place set deeply the German imaginary. Drawing from the many contributions of local authors who worked throughout the 18th century to promote Rügen’s history, geography and landscapes, these travelogues made their content accessible to a wider public and drew attention to specific aspects of the island, following the tastes and interests of the time period: its baths, its picturesque landscapes, its ancient ruins, its sublime cliffs. In this context, tensions arose between the travelogues of the local elite, who wished to keep control of Rügen’s image, and the travelogues written from the perspective of outsiders whom the local elite itself had drawn here with their promotional work. Through these interactions between different perspectives, between texts and images, the island of Rügen gained a spot in the German mental geography—a spot that it has kept to this day.

Outline

Text

« in diesem nordischen Arkadien umherstreifen »1

Située au nord-est de l’Allemagne, dans l’actuel Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, l’île de Rügen revêt une importance particulière dans l’imaginaire allemand. Destination touristique connue pour ses paysages – dont les falaises de craie de sa face nord-est, sur la presqu’île de Jasmund – elle fut notamment immortalisée par le peintre romantique Caspar David Friedrich (1774-1840), qui y effectua de nombreux séjours et en réalisa de nombreux dessins et tableaux à compter de la fin des années 1790. L’engouement qu’il manifeste se répandit et surtout se maintint par la suite, des premiers bains de mer du xixe siècle jusqu’à aujourd’hui, en passant par les périodes national-socialiste et soviétique2.

Or Friedrich n’était ni seul, ni réellement précurseur dans son intérêt. En témoignent la publication à la même période, en moins de dix ans, de quatre récits de voyage en langue allemande sur cette région jusqu’alors négligée : le Reise durch Pommern nach der Insel Rügen de Johann Friedrich Zöllner (1753-1804)3, l’Ausflucht nach der Insel Rügen de Johann Carl Friedrich Rellstab (1759-1813)4, les Wanderungen durch Rügen de Karl Nernst (1775-1815)5 et enfin les Streifzüge durch das Rügenland de Johann Jakob Grümbke (1771-1849)6.

La recherche parle de ce phénomène situé autour de 1800 comme de la « découverte » des paysages de Rügen7. Le terme paraît toutefois inadapté. Il évoque l’idée d’une personne étrangère s’aventurant dans un lieu inexploré et y trouvant presque par hasard quelque chose de remarquable. Ce n’est pas ce qui se passe ici. L’attraction que se met à exercer l’île de Rügen n’a rien d’une coïncidence. Au contraire, elle est le fruit d’efforts déployés depuis le début du xviiie siècle par des lettrés locaux souhaitant valoriser leur province : un travail de longue haleine qui, vers 1800, porte ses fruits et atteint soudainement un public plus large, touchant jusqu’aux élites de Berlin.

Plus que d’une découverte, il s’agit donc d’un processus volontaire de construction d’un lieu, l’île de Rügen, dans l’imaginaire allemand. Notre objectif sera d’en dégager les causes, les modalités, les contenus et les conséquences, en portant une attention particulière au rôle joué par les quatre récits de voyage évoqués. En effet, quand bien même ils sont connus de la recherche, ils n’ont encore été que peu étudiés en détail. Pour cela, il est d’abord nécessaire de les replacer dans leur contexte.

Une œuvre de valorisation par une élite locale

À l’aube du xixe siècle, l’île de Rügen faisait partie de la Poméranie suédoise, un fief du Saint Empire romain germanique sous domination de la Suède depuis la guerre de Trente Ans. Au fil des conflits suivants, et en particulier lors de la grande guerre du Nord (1700-1721), le territoire annexé par la Suède s’était amenuisé au profit de la Prusse. En 1800, il n’englobait plus que les villes de Stralsund, Greifswald (avec son université) et Wolgast, en plus de Rügen. Cette taille réduite, ainsi que sa situation politique et géographique, le plaçaient à la périphérie à la fois de la Suède et de l’Empire. Il constituait l’extrémité sud de la première, dont il était séparé par la mer Baltique, et l’extrémité nord du second, sous contrôle étranger.

Cette position périphérique n’excluait pas une vie intellectuelle active et dont le dynamisme alla croissant au cours du xviiie siècle. Plusieurs cercles de lettrés œuvrèrent à niveau local pour approfondir les connaissances disponibles sur la province et valoriser son histoire, ses ressources, ses activités et ses paysages8. Leur action, qui constitue la base des représentations qui se répandent au tournant du xixe siècle, prit plusieurs formes.

La première était académique et provenait de l’université de Greifswald. Plusieurs personnalités s’y succédèrent qui, en plus d’être majoritairement originaires de la région, partageaient un intérêt pour son histoire et sa géographie : les professeurs Albert Georg Schwartz (1687-1755), Andreas Mayer (1716-1782) et Thomas Heinrich Gadebusch (1736-1804) mais aussi le bibliothécaire Johann Carl Dähnert (1719-1785) et son successeur, Johann Georg Peter Möller (1729-1807). Leur production fut importante, mêlant ouvrages d’histoire, de géographie et de statistique, traductions, publications d’archives et édition de revues. Certaines portaient spécifiquement sur l’île de Rügen, en particulier la carte de l’île réalisée en 1763 par Mayer, référence majeure dans nos récits9.

En effet, si la diffusion de ces travaux resta limitée dans un premier temps, ne dépassant que rarement les frontières de la province10, ils étaient accessibles pour qui s’intéressait à la question et furent sollicités par nos voyageurs. Tous les utilisèrent pour préparer leur voyage et en définir les étapes ; ils s’appuyèrent aussi sur eux pour rédiger leur récit et y inclure des informations précises sur l’économie ou l’histoire de Rügen ; par endroits, ils les corrigèrent même et/ou les actualisèrent.

Les efforts de valorisation de la Poméranie suédoise et de Rügen ne se limitèrent toutefois pas aux milieux académiques et à Greifswald. Plusieurs responsables locaux y prirent également part. Leur contribution prit davantage la forme du mécénat, visant à soutenir et stimuler la vie artistique, littéraire et économique de la province. Trois d’entre eux se démarquent particulièrement.

Le premier est le baron Adolf Friedrich von Olthof (1718-1793). Conseiller d’État de Poméranie suédoise à Stralsund, il était amateur d’art et réunit autour de lui un cercle d’amis et d’artistes, dont le peintre de paysage Jakob Philipp Hackert (1737-1807), qui séjourna chez lui de 1762 à 1765. Chargé de décorer la demeure du baron, Hackert fut frappé par les paysages de Rügen et en réalisa un certain nombre de gravures ainsi que des fresques. Ces premières représentations picturales de l’île furent remarquées en Poméranie, où elles eurent une diffusion importante11 – et elles sont évoquées par nos voyageurs, qui les remarquent dans les collections des personnes auxquelles ils rendent visite12 voire les incluent dans leur récit13.

L’une de ces collections appartenait à Ludwig Gotthard (Theobul) Kosegarten (1758-1818), ancien recteur de l’école de Wolgast devenu pasteur d’Altenkirchen sur Rügen en 179214. En tant que tel, il était au centre de la vie intellectuelle de la région, position encore renforcée par son œuvre poétique, connue et remarquée au-delà de la Poméranie. Rügen en est l’un des sujets15. Déjà avant son arrivée à Altenkirchen, Kosegarten s’y était rendu et en avait admiré les paysages. Il s’intéressait également à son histoire ancienne, dont plusieurs traces subsistent sous forme de vestiges. Sa poésie reflète ces intérêts. Subissant l’influence du rousseauisme16 et de la réception allemande des poèmes d’Ossian17, elle représente l’île, ses paysages et son histoire païenne selon une esthétique pré-romantique baignée de patriotisme18. Cette poésie eut un rôle déterminant pour les représentations de Rügen : nos voyageurs la connaissaient, tout comme Friedrich, qu’elle influença fortement19. Tous rendirent d’ailleurs visite à Kosegarten lors de leur voyage, entre autres pour voir sa collection20.

La troisième personne jouant un rôle déterminant pour la consolidation et la diffusion de ces représentations est Heinrich Christoph von Willich (1759-1827). Pasteur de Sagard sur la presqu’île de Jasmund, il y établit des bains autour d’une source avec l’aide de son demi-frère, le médecin Moritz von Willich (1750-1810). Les aménagements, achevés en 1795, incluaient des infrastructures de bain, d’accueil, mais aussi de loisir, invitant les hôtes à apprécier la nature alentours : des bancs, des promenades et même des chemins pour accéder à plusieurs lieux remarquables, dont les falaises. Dès que ces bains furent opérationnels, Willich publia une annonce qui en détaillait les services et les prix21. La publicité fonctionna : dès sa première année, cette entreprise touristique attira plusieurs centaines de visiteurs22.

C’est dans ce contexte que s’inscrivent nos quatre récits de voyage. Zöllner et Rellstab viennent de Berlin et l’un de leurs objectifs est de se rendre aux bains de Sagard ; Nernst et Grümbke y passent également23. Leurs textes marquent ainsi un tournant dans la diffusion des représentations de l’île de Rügen, combinant un changement d’échelle et un changement de point de vue. En effet, si les récits de Nernst et de Grümbke s’inscrivent dans le processus de valorisation de Rügen par des lettrés locaux et de construction d’une identité régionale24, les voyages de Zöllner et de Rellstab, eux, sont le signe de la propagation des informations concernant Rügen et de l’intérêt pour cette île hors de la Poméranie suédoise. Ils signalent aussi l’irruption d’un regard extérieur, le moment où le discours sur Rügen cesse d’être exclusivement le fait de lettrés locaux.

Ce phénomène provoque une réaction de la part des élites de Poméranie suédoise. Presque aussitôt, on assiste à des tentatives pour reprendre le contrôle du discours. Les récits de Nernst et de Grümbke le montrent. Tous deux sont originaires de Poméranie et placent leur récit en rapport aux précédents, avec l’ambition explicite de les compléter et de les corriger. Grümbke notamment manifeste sont ambivalence dès l’introduction de son récit. D’un côté, il se réjouit du fait que Rügen soit « depuis quelques années devenue l’objet de l’attention et de la curiosité des étrangers » et de voyageurs qui en font ensuite l’éloge25. De l’autre, il exprime ses réserves vis-à-vis de leurs descriptions, lesquelles seraient hautement subjectives, « superficielles » (« oberflächlich ») et partiellement erronées car s’appuyant sur une expérience éphémère (un voyage de quelques jours) et/ou sur les dires de personnes « non instruites » (« Ununterrichtete »)26. Par contraste, Grümbke adopte la position de l’expert en vertu de son lieu de naissance et de résidence (Bergen sur Rügen), allant jusqu’à publier son récit sous le pseudonyme d’« Indigena ».

Son intention n’est toutefois pas d’occulter entièrement les récits précédents. Il les nomme tous les trois dans son introduction, accompagnés d’un commentaire critique, et y renvoie ensuite de manière répétée au fil de son récit, pour les corriger mais aussi pour confirmer leur contenu lorsqu’il le juge correct. Il en résulte des liens étroits d’intertextualité, lesquels ne se limitent pas aux autres récits de voyage mais incluent également les contributions des lettrés locaux évoquées plus haut. Le récit de Grümbke, tout comme celui de ses trois prédécesseurs, continue donc de s’insérer dans une entreprise collective pour la valorisation de Rügen, compilant des éléments multiples et croisant des influences diverses au sein d’un texte qui, par son format aisément transportable et son genre littéraire – le récit de voyage, qui jouissait alors d’un important succès – se prête alors à une large diffusion27. Tous ces facteurs favorisèrent la propagation soudaine des représentations de Rügen autour de 1800. Cependant, leur contenu y contribua également, par son adaptation aux goûts et aux intérêts de la période.

Entre savoir statistique et esthétique de la nature

Nos récits de voyage se situent au croisement d’influences multiples dont ils se font le reflet. Ils se placent également à un tournant dans l’évolution du récit de voyage comme genre, où le récit à visée encyclopédique cède progressivement la place au récit émotionnel abordant le voyage comme une expérience subjective, liée à une approche esthétique de la nature. Ces deux aspects se mêlent dans les textes de notre corpus28. Le regard des voyageurs s’y oriente vers plusieurs aspects de Rügen, dont trois ressortent particulièrement : sa statistique, ses vestiges et ses paysages.

La première s’entend au sens du xviiie siècle, en tant que science à l’orientation pratique dont l’objet était la description des États, incluant tous les aspects historiques, géographiques, économiques et politiques pouvant servir au lettré et surtout au fonctionnaire. Les voyageurs approchent ainsi Rügen comme une région méconnue qu’ils entendent décrire en détail. Ils accumulent les remarques sur son histoire, ses ressources et leur exploitation (agriculture, pêche, élevage, faune et flore), ses secteurs d’activité (artisanat, manufactures) et enfin ses habitants et leur mode de vie (statut, éducation, religion, santé, habitations, habit, dialecte, us et coutumes, loisirs…). Ces informations sont soit présentées dans des descriptions générales de l’île29, soit intégrées dans le fil du récit. On notera que les remarques portant sur les habitants de Rügen dans leur ensemble sont rares30 : les passages à caractère proto-anthropologique se concentrent plutôt sur des parties spécifiques de l’île, où les habitants auraient développé un mode de vie spécifique, comme les pêcheurs de la petite île de Hiddensee à l’ouest de Rügen31, ou auraient conservé des habitudes anciennes, comme sur la péninsule de Mönchgut dans le sud-est de l’île32.

Cet intérêt pour les traditions participe de celui voué à l’histoire, et en particulier à l’histoire ancienne. Il s’agit là du second aspect retenant l’attention des voyageurs – et, avant eux, des lettrés locaux. Nous avons déjà mentionné les travaux des membres de l’université de Greifswald. L’histoire de Rügen y est retracée avec une certaine précision, incluant plusieurs points saillants : ses premiers habitants (un peuple germanique qui aurait pratiqué le culte d’Hertha, la Terre-Mère), l’arrivée des Wendes (un peuple slave également païen), la christianisation suite à la conquête de l’île par le roi danois Waldemar I au xiie siècle, le rattachement au duché de Poméranie au xive siècle et enfin l’annexion par la Suède pendant la guerre de Trente Ans.

Rügen conserve de nombreuses traces de cette histoire, sous forme de ruines et surtout de tumuli – autant de lieux précis où les voyageurs peuvent se rendre. Certains de ces vestiges, qui remontent à la période païenne, reviennent d’un récit à l’autre. L’un d’entre eux se trouve au bord d’un lac de la forêt de Stubnitz, non loin de Sagard, et est alors considéré comme lieu du culte d’Hertha tel que le décrit Tacite dans sa Germania33. Les auteurs vont même jusqu’à affirmer que l’historien latin fait précisément référence à ce lac, le Herthasee, dans son texte34. Un autre lieu est lié au paganisme slave : il s’agit du cap Arkona, à l’extrémité nord de Rügen, où se serait dressé un temple dédié au dieu Svantovit et détruit par Waldemar I lors de sa conquête de l’île35. À cela s’ajoutent de nombreux tumuli, dont celui de Quoltitz, encore une fois près de Sagard36.

Ces lieux avaient déjà été évoqués par Kosegarten dans sa poésie, où ils sont investis d’une signification particulière et d’une esthétique spécifique. Nos voyageurs suivent son exemple. Il en résulte des descriptions très semblables d’un passage ou d’un récit à l’autre, quels que soient les lieux et vestiges concernés. Elles évoquent un silence (« feierliche Stille », « Totenstille », « das tiefe Schweigen ») et une solitude (« Einsamkeit », « Einöde ») qui se reflètent dans l’environnement naturel : un sous-bois (« Hain »)37, un marais (« Torfmoor »)38 ou une lande (« Heide »)39 à la végétation chétive et éparse (« mager », « dürr »), où règne une obscurité (« dunkel », « düster ») parfois renforcée par de la brume (« Nebel »). Ce paysage, combiné aux vestiges qui s’y trouvent, stimule l’imagination et éveille la pensée des temps anciens et des ancêtres, de leurs sacrifices humains40, de leur grandeur41 et de leur disparition. Plusieurs émotions en découlent : le respect (« Ehrerbietung »), la crainte (« Furcht », « Grausen », « Schrecken ») provoquant des frissons (« Schauer »), la mélancolie (« Melancholie ») voire la tristesse (« Wehmut », « traurig »).

À plusieurs reprises, ces descriptions se terminent par une référence aux poèmes d’Ossian, comme lorsque Zöllner conclut sa description de Quoltitz :

Ich hätte gern bis um die Mitternacht hier verweilet. Vielleicht hätte das Brausen eines Sturms und das Rauschen des fernen Meeres meine Phantasie noch mehr beflügelt, um mich einige Augenblicke ganz in Ossians Welt zu Fingals Geistern hinüber zu träumen!42

L’évocation du lieu est ici supplantée par la référence littéraire et le mouvement de l’imagination qu’elle génère, au point que Zöllner en vient à regretter l’absence de certains éléments (une tempête, une mer agitée) qui auraient complété la scène. Or cette référence rend explicite une tendance d’ensemble de ces descriptions, à savoir leur ressemblance avec celles de l’Écosse telle qu’elle apparaît dans les poèmes d’Ossian43 puis dans les récits de voyage qui en mobilisent l’imaginaire pour représenter les Hautes Terres44. Les mêmes termes y sont employés, évoquant des paysages sombres, mélancoliques, nappés de brume, faits de marais ou de landes, entrecoupés de torrents et parsemés de ruines. Les mêmes thèmes y apparaissent : les temps anciens, la grandeur des ancêtres, leurs fantômes, la perte, le souvenir, la plainte. L’imagination y joue un rôle central. Dans les récits de voyage en particulier, elle fait appel à la référence ossianique pour charger émotionnellement l’expérience du paysage, voire pour la préformer45.

La même chose se produit dans les pages de nos récits consacrées aux vestiges de Rügen, qui s’appuient donc sur la réception des poèmes d’Ossian tel qu’elle fut relayée dans l’espace germanophone par certains auteurs (dont Klopstock, Goethe et Kosegarten)46 puis par les récits de voyage sur l’Écosse. Elles ne décrivent pas l’apparence exacte de ces vestiges mais plaquent plutôt sur eux une série d’images préétablies et de significations qu’ils n’ont pas en soi. Elles les mettent en scène en les intégrant dans un paysage à l’esthétique spécifique, où l’imagination joue un rôle prépondérant.

Ce procédé presque artificiel ressort lorsque l’on compare ces passages à ceux qui les suivent immédiatement. Ainsi, dès que Zöllner quitte les vestiges de Quoltitz après y avoir évoqué Ossian, le paysage redevient charmant, varié, estival et plein de vie47. Cela produit un effet de contraste et de surprise, semblable à celui recherché par le promeneur allant d’un point de vue à l’autre dans un jardin paysager48. Dès lors, il apparaît que ce ne sont pas seulement les vestiges mais plutôt l’ensemble des paysages de l’île de Rügen qui font l’objet d’une mise en scène.

Ces paysages sont le troisième aspect retenant l’attention des voyageurs. La plupart d’entre eux sont décrits en des termes très positifs. Riches en végétation et en eau, vallonnés, cultivés, ils sont célébrés pour leur fertilité, leur diversité et leur charme49. Ils sont des exemples de locus amœnus, comparés au Paradis et à l’Arcadie50. Ce faisant, ils contrastent fortement avec les quelques paysages mélancoliques où s’applique l’esthétique ossianique – mais aussi avec un troisième type de paysage qui, lui, éveille encore davantage l’intérêt des voyageurs : celui qu’ils qualifient de sublime.

C’est le cas du cap Arkona. Ancien emplacement du temple de Svantovit, il est également « l’extrémité la plus septentrionale de l’Allemagne »51 et se prête ainsi, par sa hauteur et son ouverture sur la mer, aux représentations évoquant la nature sauvage, l’immensité de la mer et du ciel, l’ouverture du regard porté vers l’infini52. Dans les récits, il cède toutefois le pas aux falaises de craie de Jasmund, dont la section la plus élevée porte le nom de Stubbenkammer.

Ces falaises ont très tôt été remarquées, avant même l’émergence du concept de sublime. Elles sont déjà mentionnées, quoique de manière elliptique, dans les ouvrages généraux de géographie du début du xviiie siècle53. Elles sont un thème central de la poésie de Kosegarten et le motif le plus exploité par Friedrich54. Elles concentrent également sur elles un certain nombre de légendes, reprises par nos voyageurs, qui les lient à l’histoire, à la mer et à l’idée d’aventure. La première est qu’elles auraient servi de refuge aux pirates Klaus Störtebeker et Gödeke Michels avant qu’ils ne fussent capturés par la flotte de Hambourg à la fin du xive siècle. Ils y auraient peut-être même laissé un trésor55. La seconde est que, durant la grande guerre du Nord, le roi suédois Charles XII aurait observé une bataille navale depuis le Königsstuhl, rocher saillant au niveau du Stubbenkammer56. À cela s’ajoute le motif de l’escalade des falaises par les voyageurs. Effectuée par Zöllner57 et, avant lui, par Kosegarten58, elle apparaît dans les textes comme un tour de force, présentant le narrateur comme aventurier et surtout comme conquérant qui affronte et surmonte les dangers de la nature sauvage.

Les trois autres voyageurs ne tentent pas l’exercice mais tous ont vu le Stubbenkammer et tous tâchent de le décrire. Ainsi chez Grümbke :

Ein schmaler Pfad führt über einen ziemlich steilen Kreiderücken weg, und gleich darauf befindet man sich auf einem kleinen freien Rasenplatze an der Ufergränze […]. Auf dieser Scheitel fühlt man sich im ersten Augenblick von einer stummen Bestürzung ergriffen, eine gewisse Furcht beengt die Brust und der Blick, unvermögend, das Ganze zu fassen, schweift unstet auf dem erweiterten Gesichtskreis umher, bald von den Prospekten der großen Schlucht und der kleinen Stubbenkammer angezogen, bald die kanellirten Wände zur Linken anstarrend, bald furchtsam zur Tiefe des Strandes niedertauchend, bald über des blauen Meeres unendlichen Halbkreis hinfliegend, und umsonst nach einer dämmernden Küste des gegenüberliegenden Schwedens spähend entdeckt er zuletzt Arkona zur Linken, das sich vor dieser Größe demüthig erniedrigt.59

Plusieurs éléments ressortent ici, que l’on retrouve chez les autres auteurs : l’idée de grandeur voire de démesure qui, combinée au relief fortement accidenté et à ses formes inhabituelles, fait que le regard ne sait où se porter. Une certaine beauté en ressort toutefois, accompagnée du bruit assourdissant de la mer. Le tout suscite des émotions : le délice et l’étonnement, si fort qu’il ébranle et réduit au silence, mais aussi et surtout la peur.

La similitude entre les descriptions est aussi frappante que dans celles des vestiges évoquées plus haut. On retrouve le même mécanisme de plaquage d’une esthétique préétablie sur un paysage décrit dans un registre émotionnel. Cependant, dans le cas présent, l’attitude des voyageurs face au spectacle des falaises varie. Nernst nous donne l’image de l’homme prostré, écrasé par la conscience de son insignifiance face à la Création60. Zöllner en revanche insiste davantage sur le plaisir ressenti que sur la crainte, ce qui lui permet de se plonger dans une contemplation tranquille61. Quant à Grümbke, il affirme que, si le voyageur est en effet frappé dans un premier temps par l’apparence du lieu, ce sentiment s’estompe au fur et à mesure que le regard s’y habitue, permettant une observation plus calme et rationnelle62 : à la conquête des falaises par le corps qui en fait l’ascension correspond ici celle de l’esprit, la raison l’emportant à terme sur la nature sauvage.

Deux choses perturbent toutefois l’expérience du sublime telle qu’elle est relatée dans le texte. La première a trait à la communication de cette expérience. Si le lieu peut être maîtrisé par le corps et la raison de l’homme, il reste difficile à restituer en paroles – d’où l’importance renouvelée de la référence picturale. Elle marque la description (le regard y parcourant le paysage comme un tableau), la complète, voire s’y substitue. Ainsi, trois des quatre récits de voyage incluent une gravure du Stubbenkammer. Or, là aussi, il est difficile d’obtenir un rendu correspondant à la réalité. Les multiples études que Friedrich fit de l’endroit en témoignent. Grümbke aborde également la question : il critique les illustrations employées par ses prédécesseurs, affirmant qu’aucune d’entre elles n’est correcte63 – avant de signaler la gravure incluse dans son récit, réalisée par ses soins et qui serait, elle, « entièrement fidèle » (« durchaus treu »)64. On voit ainsi ressurgir sa volonté de corriger les représentations de Rügen, laquelle concède dans le même temps les limites des mots et des images et invite implicitement le lecteur à venir voir l’endroit de ses propres yeux.

Cependant, cette invitation au voyage inclut un second risque pour l’expérience du sublime. Celle-ci se veut en effet une expérience solitaire, où le voyageur se confronte à la nature sauvage. Or il s’agit là d’une construction de l’esprit qui, une fois de plus, est en décalage avec la réalité. Proche de Sagard, les abords du Stubbenkammer avaient été aménagés pour l’agrément des visiteurs des bains : un chemin permettait d’y accéder, une table de s’y restaurer, un sentier de descendre sans risque vers le rivage… Ces équipements – et leur impact – sont notés par les voyageurs. Ainsi, Nernst, revenant vers les falaises après être allé voir le Herthasee et espérant pouvoir les contempler de nouveau, a la déconvenue d’y trouver un groupe de visiteurs venus boire le thé, dont il tire un portrait agacé et haut en couleur65. Grümbke n’a pas la même expérience mais fait part également de son ambivalence vis-à-vis des aménagements, en particulier la table : à ses yeux, le lieu se prête à la contemplation solennelle et non à la restauration66. Outre les représentations de Rügen, c’est donc aussi la façon dont les visiteurs abordent les lieux qui la rendent attrayante qu’il souhaiterait contrôler – une ambition condamnée à rester un vœu pieux.

Conclusion

Nous avons donc bien ici affaire à un travail de construction d’un lieu dans l’imaginaire. Œuvre collective s’étendant sur plusieurs décennies, elle est avant tout portée par le patriotisme de lettrés locaux dont le but premier est de valoriser leur province. Leurs contributions sont de nature diverse : académique, artistique, littéraire, mais aussi matérielle avec les bains de Sagard. Elles se focalisent sur certains lieux, tels les emplacements de vestiges anciens, notamment aux abords du Herthasee et du cap Arkona, mais aussi et surtout les falaises du Stubbenkammer sur la presqu’île de Jasmund. Tous ces endroits se voient ainsi investis de significations nouvelles, processus fortement influencé par la poésie de Kosegarten, chargée de références aux poèmes d’Ossian, à l’histoire locale et au paganisme (surtout germanique), à l’esthétique du sublime et de la mer.

C’est cette diversité de lieux, de paysages, de références et de supports qui fit le succès des représentations de Rügen lorsqu’elles atteignirent un public plus large. L’ouverture des bains de Sagard en 1795 est ici l’événement déclencheur. Par leur réclame, ils attirèrent soudainement de nombreux voyageurs. Par leurs aménagements, ils les invitèrent à jouir de la région alentours. Les lieux les plus remarqués (Stubbenkammer, Herthasee, Quoltitz) sont ainsi tous situés à proximité, sur Jasmund. Plusieurs récits de voyage parurent alors, dont le contenu reprend les représentations établies localement pour les développer et les diffuser à une échelle bien plus large. Cependant, ils incluent aussi un regard extérieur, un discours étranger sur Rügen, auxquels les lettrés locaux réagissent avec ambivalence, soucieux de préserver l’image de leur province qu’ils ont eux-mêmes définie.

Cette volonté de contrôle a d’autant moins de chances de s’imposer que l’entreprise de valorisation est couronnée de succès. Au début du xixe siècle, les représentations de Rügen sont établies au-delà de la Poméranie, et ce de manière durable. La suite de l’histoire le prouve. Certes, les bains de Sagard déclinèrent rapidement, d’abord en raison des guerres napoléoniennes puis de la disparition de Willich en 1827 – mais ils furent remplacés par les bains de mer. Friedrich continua son œuvre. D’autres voyageurs vinrent et firent part de leurs impressions dans des récits. Les représentations de Rügen restèrent vivantes, évoluant sans cesse. Certains aspects s’estompèrent, d’autres apparurent et les enrichirent… Mais la majorité de ceux qui firent le premier succès de l’île – les vestiges, les paysages variés – se maintinrent à travers les siècles. Un coup d’œil jeté aux guides touristiques actuels suffit pour s’en convaincre.

Notes

1 « déambuler dans cette Arcadie nordique » Nernst, Karl, Wanderungen durch Rügen. Herausgegeben von Ludewig Theoboul Kosegarten, Düsseldorf, Dänze, 1800, p. 2.

2 L’illustration la plus marquante en est la station balnéaire monumentale érigée sur Prora (la bande de terre sableuse reliant Jasmund au reste de Rügen) par l’organisation de loisirs du régime national-socialiste à partir de 1936.

3 Zöllner, Johann Friedrich, Reise durch Pommern nach der Insel Rügen und einem Theile des Herzogthums Mecklenburg, im Jahre 1795. In Briefen, Berlin, Maurer, 1797.

4 [Rellstab, Johann Carl Friedrich,] Ausflucht nach der Insel Rügen durch Meklenburg und Pommern. Nebst einem Kupfer und einem Blatt Musik, Berlin, Nauk, 1797.

5 Nernst, op. cit.

6 [Grümbke, Johann Jakob,] Streifzüge durch das Rügenland. In Briefen von Indigena, Altona, Hammerich, 1805.

7 « Die Entdeckung der Insellandschaft » Petrick, Fritz (éd.), Rügens Geschichte von den Anfängen bis zur Gegenwart in fünf Teilen, vol. 3, Putbus, Rügendruck, 2009, p. 95.

8 Voir à ce sujet : Hartmann, Regina, Literarisches Leben in Schwedisch-Pommern im 18. Jahrhundert, Aachen, Shaker, 1997 et Önnerfors, Andreas, Svenska Pommern. Kulturmöten och identifikation 1720-1815, Lund, Lunds Universitet, 2003.

9 Mayer, Andreas, Pomeraniæ Anterioris Svedicæ ac Principatus Rugiæ Tabula Nova, Augsburg, Lotter, 1763.

10 Tout au plus servirent-ils de source au géographe Anton Friedrich Büsching (1724-1793) pour la rédaction de sa Neue Erdbeschreibung (1754 sq.), qui s’imposa ensuite comme référence en matière de géographie. Sa description de Rügen est plus détaillée que celle de ses prédécesseurs.

11 Haese, Klaus, « Jakob Philipp Hackert – Von Prenzlau über Berlin und Stralsund nach Europa » dans Kühlmann, Wilhelm et Langer, Horst (éds), Pommern in der Frühen Neuzeit. Literatur und Kultur in Stadt und Region, Tübingen, Niemeyer, 1994, p. 671-685, ici p. 677-678.

12 Zöllner, op. cit., p. 189 et p. 321-322 ; Nernst, op. cit., p. 121 ; Grümbke, op. cit., p. 65.

13 Zöllner joint ainsi à son ouvrage une gravure des falaises de craie de Jasmund qui est une reproduction d’un tableau de Hackert. Haese, op. cit., p. 679.

14 Sur la biographie de Kosegarten et son rôle dans la vie intellectuelle de Rügen, voir notamment : Alvermann, Dirk, « Arndt und Kosegarten – zwei rügische Dichter zwischen Gott, Napoleon und Nation » dans Erhart, Walter et Koch, Arne (éds), Ernst Moritz Arndt (1760-1860). Deutscher Nationalismus – Europa – Transatlantische Perspektiven, Tübingen, Niemeyer, 2007, p. 77-95.

15 Voir à ce sujet : Alvermann, Dirk, « Kosegarten, Rügen und die Liebe » dans Garbe, Imfried et Jörn, Nils (éds), Insel im pommrischen Meer. Beiträge zur Geschichte Rügens, Greifswald, Sarfellus Verlagsgesellschaft, 2011, p. 187-216 et Zimmermann, Christian von, Ästhetische Meerfahrt. Erkundungen zur Beziehung von Literatur und Natur in der Neuzeit, Hildesheim et al., Georg Olms Verlag, 2015, p. 144-152.

16 Alvermann, op. cit. (2007), p. 84 sq.

17 Kosegarten fut ainsi frappé par sa lecture des extraits des poèmes d’Ossian traduits par Johann Wolfgang Goethe (1749-1832) dans ses Leiden des jungen Werthers (1774). Il est également influencé par Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803), figure centrale de la réception de cette œuvre dans le Saint-Empire. Schmidt, Wolf Gerhard, ‘Homer des Nordens’ und ‘Mutter der Romantik’. James Macphersons Ossian und seine Rezeption in der deutschsprachigen Literatur, vol. 1, Berlin et New York, De Gruyter, 2003, p. 490 et p. 524 ; Petrick, op. cit., p. 73 sq.

18 Vogel, Gerd-Helge, « Die Bedeutung Ludwig Gotthard Kosegartens für die Herausbildung des frühromantischen Weltbildes bei Caspar David Friedrich » dans Kühlmann, Wilhem et Langer, Horst (éds), Pommern in der Frühen Neuzeit. Literatur und Kultur in Stadt und Region, Tübingen, Niemeyer, 1994, p. 549-562, ici p. 549-550.

19 Johann Gottfried Quistrop (1755-1835), ami et gendre de Kosegarten, fut son professeur de dessin à Greifswald. Ibid., p. 551.

20 Zöllner, op. cit., p. 311 sq. ; Rellstab, op. cit., p. 91 sq. ; Grümbke, op. cit., p. 94 sq. Nernst avait été l’élève de Kosegarten à Wolgast et fut le précepteur de ses enfants de 1796 à 1798. C’est dans ce contexte qu’il effectua ses Wanderungen. Quant à Friedrich, il rendit visite à Kosegarten lors de son séjour à Rügen en 1801. Vogel, op. cit., p. 553.

21 Willich, Heinrich Christoph von, Vorläufer einer künftigen ausführlichen Beschreibung des Gesundbrunnens zu Sagard, auf der Insel Rügen, nebst Anzeige von dessen Bestandtheilen, und den bey und um denselben gemachten Anlagen, Stralsund, Struck, 1795.

22 Petrick, op. cit., p. 72 sq.

23 Zöllner, op. cit., p. 226 sq. ; Rellstab, op. cit., p. 150 sq. ; Nernst, op. cit., p. 114 sq. ; Grümbke, op. cit., p. 180 sq.

24 Hartmann, op. cit., p. 233 et p. 236.

25 « Seit einigen Jahren ist auch die Insel Rügen ein Gegenstand der Aufmerksamkeit und Neugier der Fremden geworden, und Reisende aus nahen und entfernten Gegenden haben sie […] nicht nur eines Besuches würdig geachtet, sondern auch mit der Erklärung verlassen, daß das Land ihre Erwartungen übertroffen habe […]. » Grümbke, op. cit., p. III.

26 Ibid., p. IV.

27 Le récit de Zöllner eut un succès particulier en raison du statut de son auteur : membre du consistoire et de la Mittwochsgesellschaft, il était une figure éminente de l’élite de Berlin et avait donc l’attention d’un large public.

28 Hartmann, op. cit., p. 222.

29 Rellstab, op. cit., p. 144-155 ; Nernst, op. cit., p. 216-294 ; Grümbke, op. cit., p. 1-48.

30 Seul Grümbke en inclut dans sa présentation générale. Les traits qu’il évoque restent toutefois généraux (robustesse, zèle, manque d’éducation) et sont imputés au climat de l’île et à son mode de vie rude. Grümbke, op. cit., p. 32-42.

31 Zöllner, op. cit., p. 336-348 ; Nernst, op. cit., p. 208-215 ; Grümbke, op. cit., p. 81-88.

32 Nernst, op. cit., p. 71-89 ; Grümbke, op. cit., p. 222-234.

33 Zöllner, op. cit., p. 246 sq. ; Rellstab, op. cit., p. 81 sq. ; Nernst, op. cit., p. 136 sq. ; Grümbke, op. cit., p. 166 sq.

34 Au paragraphe XL, Tacite évoque un lac situé au milieu d’une forêt sainte sur une île de l’Océan. La théorie selon laquelle l’Océan serait la Baltique, l’île Rügen, la forêt la Stubnitz et le lac le Herthasee remonte au xviie siècle mais est également mentionnée par Zöllner et par Grümbke (qui la remet en doute). Zöllner, op. cit., p. 247 sq. ; Grümbke, op. cit., p. 167.

35 L’épisode, qui fut relaté par l’historien danois Saxo Grammaticus (xiie siècle) dans sa Gesta Danorum, est évoqué par les voyageurs de manière plus ou moins détaillée. Zöllner, op. cit., p. 301-309 ; Rellstab, op. cit., p. 92-94 ; Nernst, op. cit., p. 249-281 ; Grümbke, op. cit., p. 93.

36 Zöllner, op. cit., p. 283 sq. ; Nernst, op. cit., p. 131 sq. ; Grümbke, op. cit., p. 177.

37 Nernst, op. cit., p. 53.

38 Grümbke, op. cit., p. 116.

39 Ibid. ; Nernst, op. cit., p. 48.

40 Rellstab, op. cit., p. 81 ; Nernst, op. cit., p. 132 ; Grümbke, op. cit., p. 178.

41 Zöllner parle d’une « autre race d’hommes » (« eine andere Menschenart ») « dont les mœurs et les idées, comme leur physique, avait quelque chose d’herculéen » (« deren Sitten und Ideen, wie ihr Muskelbau, etwas Herkulisches hatten »). Zöllner, op. cit., p. 286. On retrouve cette idée dans le terme de Hünengrab, littéralement « tombe de géant », que les auteurs utilisent pour désigner les tumuli.

42 « Je me serais volontiers attardé ici jusqu’à minuit. Peut-être le mugissement d’une tempête ou le grondement de la mer lointaine auraient-ils déployé encore davantage les ailes de mon imagination pour me transporter tout entier, comme en rêve et pour quelques instants, dans le monde d’Ossian, auprès des fantômes de Fingal ! » Ibid., p. 287. Les « fantômes d’Ossian » (« Ossians Geister ») apparaissent de même chez Nernst et Grümbke : Nernst, op. cit., p. 49 ; Grümbke, op. cit., p. 116.

43 Gaskill, Howard, « Introduction: ‘Genuine poetry… like gold’ » dans Id. (éd.), The Reception of Ossian in Europe, Londres, Thoemmes Continuum, 2004, p. 1-20, ici p. 3-5.

44 Schaff, Barbara, « ‘A scene so rude, so wild as this, yet so sublime in barrenness’: Ein neuer Blick auf Schottland in der Reiseliteratur der Romantik » dans Noll, Thomas, Stobbe, Urte et Scholl, Christian (éds), Landschaft um 1800. Aspekte der Wahrnehmung in Kunst, Literatur, Musik und Naturwissenschaft, Hanovre, Wallstein Verlag, 2012, p. 207-225.

45 Ibid., p. 214 et p. 221.

46 Voir à ce sujet : Schmidt, op. cit., p. 502-526 ; Gaskill, op. cit., p. 143-155 et p. 156-175.

47 Zöllner, op. cit., p. 288 sq.

48 Vernex, Jean-Claude, « Du voyage de l’œil à l’appréciation du paysage : le pittoresque comme une des origines culturelles du paysage » dans Le Globe. Revue genevoise de géographie, no 144, 2004, p. 57-66, ici p. 59.

49 Cet éloge culmine lorsque les voyageurs décrivent le point de vue qu’ils ont depuis le Rugard, colline située à côté de Bergen. Zöllner, op. cit., p. 207 sq. ; Nernst, op. cit., p. 14-16 ; Grümbke, op. cit., p. 118-124 et p. 191.

50 Zöllner, op. cit., p. 350 ; Nernst, op. cit., p. 2 et p. 131 ; Grümbke, op. cit., p. 61 et p. 183.

51 « [die] äußerste nördliche Spitze von Deutschland » Zöllner, op. cit., p. 299.

52 Nernst, op. cit., p. 177-178.

53 Hübner, Johann, Vollständige Geographie, 3e éd., vol. 3, Hambourg, König et Richter, 1736, p. 821.

54 Vogel, op. cit., p. 554.

55 Zöllner, op. cit., p. 270-271 ; Rellstab, op. cit., p. 73 sq. ; Nernst, op. cit., p. 125 ; Grümbke, op. cit., p. 146.

56 Rellstab, op. cit., p. 75.

57 Zöllner, op. cit., p. 273-276.

58 Il composa une ode à ce sujet, incluse dans le récit de Rellstab. Rellstab, op. cit., p. 84-90.

59 « Un sentier étroit conduit le long d’une côte crayeuse assez escarpée et, juste après, on se retrouve sur un petit espace dégagé et herbeux au bord de la falaise […] Sur cette bande, on se sent sur le moment envahi par un bouleversement muet, une certaine crainte opprime la poitrine, et le regard, incapable de saisir l’ensemble, glisse de manière inconstante sur l’horizon élargi, tantôt attiré par la vue du vaste précipice et du petit Stubbenkammer, tantôt se fixant sur les parois cannelées à sa gauche, tantôt plongeant avec effroi vers les profondeurs du rivage, tantôt s’envolant par-delà le demi-cercle infini de la mer bleue et, cherchant en vain la côte crépusculaire de la Suède opposée, il découvre enfin Arkona à sa gauche, qui s’incline humblement devant tant de grandeur. » Grümbke, op. cit., p. 157-158.

60 Nernst, op. cit., p. 123-124.

61 Zöllner, op. cit., p. 266-267.

62 Grümbke, op. cit., p. 161.

63 Ibid., p. 165.

64 Ibid.

65 Nernst, op. cit., p. 139-143.

66 Grümbke, op. cit., p. 164.

References

Bibliographical reference

Margot Damiens, « Les récits de voyage sur l’île de Rügen autour de 1800 », Deshima, 14 | 2020, 51-66.

Electronic reference

Margot Damiens, « Les récits de voyage sur l’île de Rügen autour de 1800 », Deshima [Online], 14 | 2020, Online since 04 décembre 2025, connection on 05 décembre 2025. URL : https://www.ouvroir.fr/deshima/index.php?id=666

Author

Margot Damiens

Doctorante et ATER. Sorbonne Université (REIGENN) / Universität Greifswald (IFZO). Université de Bretagne Sud.

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