Les industries aux colonies, les indigènes en industrie (xviiie-xxe siècles)

p. 253-256

Plan

Texte

  • Fac-similé (PDF – 107k)
  • XML TEI

8-9 novembre 2018 | Colloque
Huitièmes Journées d’Histoire Industrielle
Org. Régis Boulat, Laurent Heyberger

Organisées par l’université de Haute-Alsace (CRÉSAT) et l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (FEMTO-ST/ RECITS), les Huitièmes Journées d’Histoire Industrielle avaient pour thématique « Les industries aux colonies, les indigènes dans l’industrie (xviiie-xxe siècles) ». Les rapports entre le fait colonial et le fait industriel ont été, parmi les économistes et les historiens, l’objet de débats majeurs qui ne sont pas encore tous tranchés : rôle des colonies pour l’industrialisation des métropoles, rôle des technologies facilitant la colonisation, poids économique des colonies durant les décolonisations. Au-delà de ces débats encore d’actualité, la question de l’industrialisation des colonies en elles-mêmes a peu retenu l’attention. Il était entendu, que, dans le cadre des échanges inégaux, l’économie des colonies se caractérisait par une forte spécialisation dans le secteur primaire et par une hypertrophie du secteur tertiaire, mais d’industrie point, sauf exceptions, suivant des considérations extra-économiques : préparation à la guerre, guerre ou gestion de l’après-guerre. « Les industries aux colonies » apparaissent en temps de paix comme un oxymore aux yeux des acteurs historiques, mais l’oxymore est aussi historien, car « industrialisation » constitue le mot le plus « out » des articles publiés sur le phénomène colonial, à l’opposé des mots « in » comme « identité ». L’objectif de ces Huitièmes Journées d’Histoire Industrielle était donc d’explorer davantage la présence des industries dans les colonies françaises ou étrangères, qu’elles soient d’origines locales ou européennes, précoloniales ou coloniales, la chronologie de leur apparition et disparition, et les causes de ces phénomènes à l’échelle locale, sans s’interdire d’analyser à l’échelle plus globale l’attitude fluctuante des différents acteurs face à la question de l’industrialisation des colonies. Dans une perspective impériale, il s’agissait également d’aborder la présence indigène dans l’industrie métropolitaine (« les indigènes dans l’industrie »). Depuis quelques années, la contribution de la main-d’œuvre indigène à l’économie des métropoles a fait l’objet d’un regain d’intérêt de la part d’une jeune génération de chercheurs, mais ce champ de recherche ouvert depuis peu mérite encore d’être exploré. Conditions de vie et de travail, gestion coloniale de la main-d’œuvre, trajectoires personnelles et cycles de vie, percée des premiers cadres indigènes ont été évoqués.

Le colloque a été marqué par la présentation et le vernissage à la Bibliothèque universitaire de la Fonderie de l’exposition « De l’immigré au Chibani » conçue par Yves Frey et Marie-Claire Vitoux (CRÉSAT) et avec le soutien du Service universitaire de l’action culturelle et du département Histoire/Patrimoines de l’université de Haute-Alsace.

Programme

Session 1. Entrepreneurs et colonies : entre dynamisme et oreiller de paresse

  • Irina Gouzévitch (université Paris-8) et Dimitri Gouzévitch (EHESS), « Une machine à vapeur compound pour l’industrie sucrière cubaine (fin xviiie siècle). Entre science européenne et transfert transocéanique, ou le sort d’une invention d’avant l’heure ».

  • Mohamed Salah Boukechour (université de Chlef), « L’industrie et les industriels musulmans dans l’Algérie coloniale (1830-1962) ».

  • Xavier Daumalin (Aix-Marseille Université), « Le fait colonial dans les dynamiques industrielles des entrepreneurs marseillais (1850-1950) ».

  • Cécile Coursiéras-Jaff (Sorbonne Université), « Les cimentiers français en Afrique du Nord au cours du xxe siècle, entre flux et reflux ».

  • Marie-Christine Touchelay (lycée Gerville Réache, Basse-Terre), « L’emprise de l’industrie sucrière sur la Guadeloupe, 1930-1960 ».

Session 2. De la mise en valeur des colonies au développement des Outre-Mer

  • Benjamin Furst (université de Haute-Alsace), « “Ne point permettre que l’on abandonne cette entreprise” : les forges du Saint-Maurice sous le Canada français (1730-1763) ».

  • Alain Beltran (CNRS), « L’exploitation des phosphates marocains à l’époque du protectorat français : richesse nationale, ambiguïtés coloniales ».

  • Daouda Diop (université Cheikh-Anta-Diop, Dakar), « L’ICOTAF ou l’apport alsacien au démarrage de l’industrie textile au Sénégal dans les années cinquante ».

  • Lucie Zouya Mimbang (université de Strasbourg), « L’usine d’aluminium d’Edéa : quand l’économie rencontre la politique ».

Session 3. Accueillir et loger les travailleurs en métropole

  • Stéphane Kronenberg (Aix-Marseille Université), « Les ouvriers des Suds dans l’industrie comtoise (1945-1990) ».

  • Régis Boulat (université de Haute-Alsace), « L’accueil et le logement de la main-d’œuvre immigrée à Mulhouse pendant les Trente glorieuses, le rôle du Comité Haut-Rhinois d’action sociale en faveur des travailleurs migrants ».

  • Muriel Cohen (Lycée Utrillo, Stains), « Les travailleurs algériens dans l’ouest de la région parisienne des années 1950 au milieu des années 1970 : des sous-prolétaires ? ».

Session 4. Question de la main-d’œuvre et aspects sociaux de l’industrialisation coloniale

  • Mathilde Cocoual (université Nice Sophia-Antipolis), « L’industrie des parfums aux colonies : entre paternalisme et exploitation de la main-d’œuvre “indigène” (milieu xixe – milieu xxe siècle) ».

  • Hugo Mermeren (université de Reims Champagne-Ardenne), « Les travailleurs italiens dans l’industrie bônoise du milieu du xixe siècle à la Première Guerre mondiale : rapports sociaux, conflits professionnels et mobilisations syndicales dans une ville d’Algérie pendant la période coloniale ».

  • Koffi Innocent Diezou (université Paris-1-Panthéon-Sorbonne / université Félix-Houphouët-Boigny, Cocody), « Agro-industrie coloniale en Côte d’Ivoire de 1910 à 1960 : opposition d’un complexe technique traditionnel à un complexe technique dit européen ».

  • Laurent Heyberger (université de technologie Belfort-Montbéliard), « Industrialisation et niveau de vie des colons algériens : approche par la nouvelle histoire anthropométrique (1900-1962) ».

  • Béatrice Touchelay (université de Lille), « L’industrie coloniale ou les silences de la statistique ? ».

  • Radouan Andrea Mounecif (Sorbonne Université), « La gestion de main-d’œuvre indigène et le développement de l’industrie française du pétrole en Algérie (1953-1965) ».

Citer cet article

Référence papier

« Les industries aux colonies, les indigènes en industrie (xviiie-xxe siècles) », Revue du Rhin supérieur, 1 | 2019, 253-256.

Référence électronique

« Les industries aux colonies, les indigènes en industrie (xviiie-xxe siècles) », Revue du Rhin supérieur [En ligne], 1 | 2019, mis en ligne le 01 novembre 2019, consulté le 25 avril 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/rrs/index.php?id=109

Droits d'auteur

Licence Creative Commons – Attribution – Partage dans les même conditions 4.0 International (CC BY-SA 4.0)