Le quartier juif médiéval de Strasbourg : bilan et perspectives

DOI : 10.57086/rrs.473

p. 83-101

Résumés

Cet article propose un état des lieux des connaissances sur le ou les quartiers juifs médiévaux de Strasbourg par la relecture critique des données publiées sur le sujet. Deux communautés juives se sont établies à Strasbourg au Moyen Âge : une première jusqu’en 1349 et une seconde dans les dernières décennies du xive siècle. Cela pose plusieurs questions : les juiveries des deux communautés strasbourgeoises étaient-elles implantées sur le même espace ? Étaient-elles organisées différemment ? Comportaient-elles le même nombre d’équipements, et ces derniers étaient-ils de même nature ? Nous verrons que la confusion est grande en ce qui concerne ces différents aspects, notamment à propos de la localisation précise de la ou des synagogues. Après un bref rappel historique, l’article tentera dans un premier temps de préciser la localisation et l’évolution chronologique des différents ensembles communautaires juifs probables. Il s’intéressera ensuite à l’organisation interne de l’un de ces ensembles à partir de la reprise de données textuelles et archéologiques.

This article provides an overview of current knowledge on the medieval Jewish quarter(s) of Strasbourg based on a critical review of published data on the subject. Two Jewish communities were established in Strasbourg in the Middle Ages, the first until 1349 and the second in the last decades of the 14th century. This situation raises several issues: were the Jewish settlements of these two communities located in the same area? Were they organised differently? Did they have the same number of facilities, and were these facilities of the same kind? There is a considerable amount of confusion regarding these various aspects, especially concerning the precise location of the synagogue(s). After a brief historical review, the article will first attempt to clarify the location and chronological development of the different probable Jewish community complexes. It will then examine the internal organisation of one of these complexes using textual and archaeological data.

Plan

Texte

Un quartier juif, ou une juiverie, correspond à un groupement de foyers juif associé à un ou plusieurs édifices de culte, tels que la synagogue ou le bain rituel (mikveh)1. D’autres équipements communautaires peuvent faire partie de cet ensemble : on peut y trouver notamment une école, une boucherie et/ou une boulangerie, une maison de la danse et du mariage (Tanzhaus), un hôpital, un ou plusieurs puits. Le cimetière est aussi l’un des principaux équipements de la communauté juive, mais il est toujours situé en dehors de la ville. Cet ensemble forme donc un pôle communautaire dont le nombre d’équipements et leur nature varient en fonction de plusieurs critères : la taille de la communauté, son rayonnement en dehors de la ville, le statut de cette dernière, les privilèges accordés à la communauté juive ou les sanctions élevées en sa défaveur. Il convient toutefois de rappeler que l’habitat juif urbain ne se limitait pas aux quartiers juifs eux-mêmes, et que ces derniers n’étaient pas des entités à part et encloses, puisque des chrétiens y résidaient également2.

Si les travaux relatifs à l’histoire des juifs d’Alsace sont assez anciens3, ceux qui sont consacrés aux implantations juives alsaciennes au Moyen Âge sont relativement récents. Les études de Gerd Mentgen, de Simon Schwarzfuchs et de Jean-Luc Fray s’intéressent à la fois à la présence juive alsacienne dans son ensemble et à la forme que prenaient les installations communautaires juives dans les localités analysées4. Sur ce dernier point, la part faite à Strasbourg est assez importante, car elle a abrité au Moyen Âge l’une des plus importantes communautés juives d’Alsace. Celle-ci a donc fait l’objet d’une attention particulière dès le xixe siècle, avec notamment l’ouvrage d’Alfred Glaser dont la première édition fournit de nombreuses indications chronologiques5. Ce travail fut approfondi par l’auteur dans une seconde édition, ainsi que par Moïse Ginsburger et Max Ephraïm, puis par des publications de Robert Weyl et Marie-Dominique Waton portant sur des découvertes fortuites réalisées à Strasbourg6. De surcroît, les chroniqueurs et historiens de la ville de Strasbourg évoquent à plusieurs reprises la présence de juifs dans la cité au Moyen Âge, fournissant quelques renseignements topographiques sur le sujet7.

Malgré les nombreuses informations issues de ces différentes recherches, les études consacrées aux implantations juives médiévales strasbourgeoises font état d’une certaine confusion concernant la localisation précise des équipements rituels et communautaires hébraïques médiévaux. Cela s’explique par le petit nombre de sources mentionnant les juifs de Strasbourg au Moyen Âge, particulièrement avant le xiie siècle. La première occurrence est celle du prêche du moine Radulphe à Strasbourg en 1146 en faveur de la deuxième croisade et de la persécution des juifs8, ce qui n’implique toutefois pas forcément leur présence dans la cité. Puis dans la seconde moitié du xiie siècle, un juif strasbourgeois est mentionné dans un procès l’opposant à un coreligionnaire de Spire9. Pour cette même période, plusieurs sources épigraphiques renseignent sur la présence de juifs à Strasbourg, notamment la stèle de Rabbi Guerschom, fils de Rabbi Samuel l’Ancien10. Il est donc certain qu’une communauté juive habitait Strasbourg dans la seconde moitié du xiie siècle au plus tard, mais il n’est pour l’heure pas possible de préciser la période à laquelle elle s’est constituée. Il convient de rappeler que cette pauvreté des sources archivistiques et archéologiques concerne également la ville de Strasbourg, dont le détail de la trame urbaine est assez mal connu du ve siècle jusqu’au xie siècle11. Ce n’est qu’à partir du xiiie siècle que des mentions textuelles livrent des indications topographiques plus précises, avec notamment celles d’un vicus Judaeorum, d’une synagoga judeorum et d’un cimetière12. En dehors de ces édifices publics, certaines familles possédaient des oratoires privés, dont la tenue est prohibée dans le code municipal élaboré dans les années 1320 ou au début de la décennie 1330. Les juifs se voient également interdire l’achat de terrains à Strasbourg, une proscription qui fut étendue à la location à partir de 134513. Ce durcissement de leur condition de vie culmina dans le massacre des juifs de Strasbourg le 14 février 1349. Rendus coupables de la propagation de la peste, les juifs furent arrêtés et leur quartier encerclé ; ils furent alors forcés à la conversion, et ceux qui refusèrent furent condamnés au bûcher14.

Après le pogrom de 1349, les juifs furent chassés de Strasbourg jusqu’en 1369. Six familles juives furent alors admises dans la ville pour une durée de cinq ans15. Un terrain pour leur servir de cimetière fut mis à leur disposition et d’autres équipements sont mentionnés, notamment une synagogue et un mikveh. Néanmoins, on ne sait pas s’il s’agit de fondations nouvelles ou de la réutilisation d’anciens édifices16. Douze autres foyers s’installèrent à Strasbourg en 1375, et le droit de résidence des juifs fut prolongé d’abord de dix ans, ensuite de six ans supplémentaires en 1384, alors que neuf nouvelles familles avaient été accueillies l’année précédente. Une vingtaine de foyers juifs vivaient donc à Strasbourg au milieu des années 1380, mais ils furent définitivement expulsés en 1390. La ville confisqua alors leurs biens, notamment la synagogue où plusieurs Pentateuques, ainsi que des objets liturgiques, avaient été laissés. Après cette date, seuls des juifs de passage ne purent séjourner dans la ville que brièvement17.

Deux communautés juives ont donc vécu à Strasbourg au Moyen Âge, une première du xiie siècle au moins jusqu’en 1349, et une seconde de 1365 à 1390. Ainsi, on peut se demander si cette discontinuité temporelle en a engendré une autre, topographique. Les juiveries des deux communautés strasbourgeoises étaient-elles implantées sur le même espace ? Étaient-elles organisées différemment ? Comportaient-elles le même nombre d’équipements, et ces derniers étaient-ils de même nature ? Nous nous proposons ici de réaliser un état des lieux des connaissances sur le ou les quartiers juifs connus à Strasbourg au Moyen Âge à partir des données textuelles, épigraphiques et archéologiques connues. Nous poserons tout particulièrement la question de la localisation du pôle cultuel de ces deux communautés, généralement centré autour de la synagogue, dont la localisation précise est sujette à débat. La comparaison de la situation strasbourgeoise avec d’autres juiveries mieux connues en France et en Allemagne nous permettra d’affiner les hypothèses proposées concernant la localisation, l’organisation et l’évolution du ou des quartiers juifs médiévaux de Strasbourg.

Localisation et chronologie de la ou des synagogue(s)

La plus ancienne mention topographique associée aux juifs de Strasbourg est celle d’un vicus judaeorum dans un document de 1233. Jean-Jacques Schwien s’est interrogé sur la nature de ce vicus, qui pouvait aussi bien désigner une voie qu’un quartier18. Selon Adolphe Seyboth, il correspondrait à l’actuelle rue des Juifs qui reliait la cathédrale avec la porte orientale du castrum19. La partie occidentale de cette rue reprend le tracé de l’antique voie prétorienne (decumanus maximus), tandis que sa portion orientale a été légèrement déviée vers le nord-est au cours du Moyen Âge. Néanmoins, le croisement de la rue des Juifs avec le cardo maximus (rue du Dôme) existe encore au nord de la cathédrale20 (fig. 1).

Fig. 1 : le quartier juif médiéval de Strasbourg et son contexte

Fig. 1 : le quartier juif médiéval de Strasbourg et son contexte

DAO : Jean-Jacques Schwien. Carte : Manon Banoun.

C’est dans cette rue qu’est traditionnellement situé l’ensemble communautaire juif, constitué d’au moins une synagogue, un bain rituel et une boucherie. Toutefois, la localisation précise de ces équipements, et particulièrement de la synagogue, est mal connue. Deux traditions historiographiques prévalent concernant l’emplacement de cette dernière. Une première la situe au 30-32 rue des Juifs, et une seconde sur l’autre rive de cette voie, au no 15 (fig. 2). Il convient toutefois de rappeler que le secteur du 15 rue des Juifs est bien mieux connu que celui du 30-32 rue des Juifs, sur un plan tant archivistique qu’archéologique. En effet, on constate un déséquilibre des investigations archéologiques sur le secteur de la rue des Juifs, sa portion occidentale ayant fait l’objet de plus de prescriptions que sa partie orientale. Par ailleurs, le site du 15 rue des Juifs est bien connu grâce à la réalisation de plusieurs opérations de sauvetage sur le site d’Istra dirigées par Marie-Dominique Waton en 1985-1986 et 1987. À l’inverse, le site du 30-32 rue des Juifs n’a fait l’objet d’aucune intervention archéologique à notre connaissance. Il est donc nécessaire de recourir aux données textuelles afin de proposer des hypothèses concernant la localisation de la ou des synagogues médiévales le long de la rue des Juifs.

Fig. 2 : les bâtiments potentiellement associés au quartier juif médiéval de Strasbourg

Fig. 2 : les bâtiments potentiellement associés au quartier juif médiéval de Strasbourg

DAO : Jean-Jacques Schwien. Carte : Manon Banoun.

La tradition situant une synagogue au 30-32 rue des Juifs a été évoquée pour la première fois par Johan Andreas Silbermann. Sur plusieurs cartes de Strasbourg qui illustrent sa Local-Geschichte der Stadt Straßburg, il situe dès le début du xiiie siècle une synagogue entre les rues du Faisan et des Pucelles qui aurait été convertie en chapelle Saint-Valentin vers la fin du xive siècle21. Adolphe Seyboth précise la localisation de cette synagogue au 30-32 rue des Juifs, d’abord mentionnée comme synagoga judeorum à l’occasion de la vente à Walter von Müllenheim d’une cour attenante à celle-là en 1292, puis comme schola judeorum en 1335. Il relève également les mentions en 1411 d’une « Curia S. Valentini », d’une « Kapelle zum hl. Valentin » et d’un « Spital für Lahme »22. La chapelle Saint-Valentin, et l’hôpital pour paralytiques qui lui est associé, sont évoqués dans le toponyme « S. Veltins Hof », mentionné en 1466 et une ultime fois en 1587. Pour Adolphe Seyboth, c’est après l’expulsion des juifs que la synagogue aurait été convertie en chapelle23. Renvoie-t-il au massacre de 1349 ou à l’expulsion de 1390 ? Le vocable de la chapelle a peut-être orienté le choix de plusieurs historiens en faveur du pogrom de 1349, car ce dernier s’est déroulé le 14 février, soit le jour de la Saint-Valentin. C’est sans doute le cas de Moïse Ginsburger, qui précise que la synagogue aurait été confisquée par le conseil de la ville en 1349 pour être transformée en hôpital pour paralytiques. La chapelle aurait quant à elle été bâtie à côté de l’ancienne synagogue. Néanmoins, l’auteur affirme que cette dernière était située « dans l’enclos ou s’est trouvée en dernier lieu l’Imprimerie Strasbourgeoise », autrement dit au 15 rue des Juifs24. Il semble donc mélanger les deux traditions historiographiques concernant la localisation de la synagogue. En outre, la première occurrence de la chapelle et de l’hospice n’apparaît qu’à partir de 1411. Leur fondation pourrait donc être postérieure à l’expulsion de 1390.

La synagogue au 15 rue des Juifs est également évoquée par Adolphe Seyboth. Selon lui, un immeuble sis entre la maison de Bertolt Manssen et la ruelle des Charpentiers a été confondu avec une synagogue. Il était pourtant adjacent à une boucherie et au mikveh, qu’il situe respectivement au 17 et 19 rue des Juifs. Le bain rituel a même donné son nom à l’édifice du 15 rue des Juifs, nommé « Zu dem Judenbad » en 1466 et « Bain des Juifs » en 177225. Il semble donc qu’un ensemble communautaire se soit développé dans ce secteur, et le bâtiment du 15 rue des Juifs serait « l’un des sièges principaux »26 de la communauté juive jusqu’en 1349 selon Adolphe Seyboth. Il devait s’agir manifestement d’un édifice assez important si, après le massacre, la ville se l’appropria pour le louer en 1357 aux frères Richart, Heinzmann et Sifrid von Masemünster, avant de le vendre au drapier Jean Gœbelin en 1392. Selon Moïse Ginsburger, ce bâtiment est mentionné comme étant la Judenschule dans les actes correspondants (fig. 2). Le terme Judenschule, dont l’équivalent latin est scola iudeorum, renvoie généralement à une synagogue, lieu de culte polyvalent où l’on trouvait des « espaces d’étude, de dialogue, d’enseignement, d’échanges et d’écoute »27. On peut donc considérer que cette mention renvoie à une synagogue et non à une école rabbinique.

Nous ne savons pas ce qui mène Adolphe Seyboth à réfuter la tradition associant le 15 rue des Juifs à une ancienne synagogue. Ce pourrait être la proximité avec le 30-32 rue des Juifs, mais cela pose la question de la temporalité de ces deux potentielles synagogues. Ont-elles existé en même temps ou s’agit-il de deux synagogues successives ? Dans le cas d’une coexistence, peut-on considérer que les deux bâtiments avaient des fonctions différentes ? Quelques éléments peuvent être avancés pour mieux comprendre la situation de cette ou ces synagogues aux xiiie-xive siècles. Relevons tout d’abord l’indécision d’Adolphe Seyboth quand il évoque les bâtiments du 15 et du 30-32 rue des Juifs dans les deux ouvrages qui les mentionnent, à savoir Das alte Strassburg vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870. Geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, publié en 1890, et Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu’en 1870, édité en 1894. L’auteur n’y cite malheureusement pas ses sources ; tout au plus peut-on considérer, tout comme Jean-Jacques Schwien, que ces informations sont issues de « contrats de rente, de vente ou de donation »28. Dans Das alte Strassburg, l’historien associe les actes de 1357 et de 1392 au no 30 rue des Juifs pour le premier, et aux nos 30-32 pour le second29. À l’inverse, dans Strasbourg historique et pittoresque, il les assimile au bâtiment du 15 rue des Juifs, en précisant que ce dernier était alors composé de trois maisons sises entre le 13 rue des Juifs et la rue des Charpentiers, la plus grande ayant été acquise par Conrad Joham en 151530. L’ancien hôtel des Joham de Mundolsheim est bien connu, car il est toujours en élévation au 15 rue des Juifs. Daté de la fin du xiiie siècle grâce à une analyse dendrochronologique, il présente un ensemble exceptionnel de peintures murales (xve siècle) et de plafonds peints (v. 1300)31. Il semble donc que les actes de 1357 et 1392 se rapportent plutôt à une synagogue située à l’angle des rues des Juifs et des Charpentiers. Par ailleurs, plusieurs découvertes réalisées dans le secteur attestent de la présence d’un lieu de culte juif. Parmi elles, on peut notamment citer une inscription hébraïque mise au jour lors des travaux effectués en 1868 par Oscar Berger-Levrault pour la construction d’une imprimerie, qui deviendra Istra (Imprimerie Strasbourgeoise) au début du xxe siècle. Cette inscription garde le souvenir d’un don pour la construction d’une synagogue réalisé par Rahel, épouse de Rabbi Menah’em, fils de Samuel. Elle daterait de la seconde moitié du xiie siècle, ou de la fin de ce même siècle et du début du xiiie siècle32.

Trois hypothèses peuvent donc être proposées concernant la chronologie de ces deux synagogues. La première semble être a priori la plus simple, à savoir que la synagogue du 15 rue des Juifs fut en activité jusqu’en 1349, avant d’être remplacée par celle du 30-32 rue des Juifs à partir de 1365. La seconde synagogue aurait donc été convertie en chapelle ou en hospice à partir de 1390. Une deuxième hypothèse, déjà avancée par Freddy Raphaël et Robert Weyl, place une synagogue primitive à l’angle de la rue des Juifs et de la rue des Charpentiers. Elle fut remplacée dans la première moitié du xive siècle par la synagogue du 30-32 rue des Juifs après l’arrivée des juifs français expulsés en 130633. La synagogue mentionnée en 1357 au 15 rue des Juifs aurait donc perdu sa fonction cultuelle avant le pogrom de 1349, et celle du 30-32 rue des Juifs aurait eu une existence très courte, car elle aurait été convertie après le massacre. Quant à la synagogue de la seconde communauté, Simon Schwarzfuchs propose l’hypothèse d’une restitution aux nouveaux arrivants à partir d’une clause du règlement édicté par la ville pour les juifs de Strasbourg en 1375. En effet, selon ce document, la cité se réservait la moitié des biens que les juifs pourraient trouver dans leurs maisons, la synagogue ou le cimetière, étant donné que le conseil soupçonnait sans doute l’existence de trésors cachés pendant les évènements de 1349. Pour l’auteur, les membres de la deuxième communauté avaient donc pu récupérer des maisons précédemment habitées par des juifs, ainsi que d’anciens équipements communautaires34. La synagogue du 15 rue des Juifs était louée par la ville aux frères von Masemünster depuis 1357 ; le conseil avait-il restitué cet édifice aux juifs en 1365 avant de le vendre en 1392 ? Ou bien la synagogue dont il est question dans le règlement de 1375 est-elle celle du 30-32 rue des Juifs ? Si c’est bien le cas, cette dernière n’aurait donc été transformée en hospice qu’à partir de 1390. Enfin, une troisième hypothèse peut être proposée : les deux synagogues auraient pu exister concomitamment avant le massacre de 1349, et l’une d’elles aurait été récupérée à partir de 1365. Cette coexistence de plusieurs « écoles aux juifs » ou synagogues au Moyen Âge semble surprenante, mais elle est attestée dans d’autres villes, notamment à Orléans où l’on trouvait jusqu’au début du xive siècle une petite et une grande école aux juifs dans la même rue35. Dans ce dernier cas, les deux édifices auraient pu avoir des fonctions distinctes. Il semble peu probable que l’un d’eux ait été dédié uniquement aux femmes, car les synagogues des femmes sont généralement constituées d’une pièce accolée à la salle principale où se déroule le culte. L’une de ces « écoles aux juifs » pouvait être une école rabbinique (yeshivah), mais nous savons peu de choses sur ces institutions qui pouvaient tout aussi bien être installées dans les locaux de la synagogue que dans la maison du sage36.

L’organisation de l’ensemble communautaire du 15 rue des Juifs

Sur les deux synagogues étudiées, seule celle du 15 rue des Juifs peut donc être rattachée de manière certaine à un ensemble cultuel, composé a minima d’un bain rituel et d’une boucherie. Ce secteur est bien connu grâce aux fouilles d’Istra qui renseignent sur l’aménagement de cette parcelle et son évolution au cours du Moyen Âge. En outre, des découvertes anciennes avaient déjà permis d’y attester une occupation juive médiévale. En 1868, fut mis au jour pour la première fois « un petit caveau de 4 mètres sur 6, dont la voûte était percée d’une ouverture quadrangulaire » qu’Adolphe Seyboth avait associé au mikveh dont la toponymie avait longtemps gardé la trace dans le secteur37. Le bassin fut repéré une seconde fois lors des fouilles d’Istra et a fait l’objet d’une étude de bâti sommaire38. Six phases d’occupation entre le début du xiiie siècle jusqu’au début du xxe siècle ont été observées. Pour l’archéologue, seule la première phase relève d’une utilisation de la structure en tant que bain rituel. Ce dernier est constitué d’une petite salle voûtée encavée presque carrée (environ 3 × 3 m). Deux marches d’un escalier adossé subsistent dans l’angle sud-est. La voûte en berceau qui couvre la salle est percée d’un orifice circulaire de 90 cm de diamètre. L’auteure propose de le rattacher à la phase du mikveh, même si aucun lien stratigraphique entre cet aménagement et la construction du bain ne peut être établi. La présence d’ouvertures zénithales dans d’autres bains rituels médiévaux, tels que ceux de Spire ou de Montpellier, peut toutefois être un indice permettant de rattacher l’aménagement de l’orifice à la première phase, car elles permettent à la fois d’éclairer le bassin et de l’alimenter en eau de pluie. L’accès à ce dernier n’a cependant pas pu être localisé. Les traces de tailles, le mobilier exhumé dans une tranchée de fondation de la structure, ainsi que la similitude de ce mikveh avec celui de Friedberg conduisent l’archéologue à proposer une datation de la première phase au xiiie siècle39. Après l’abandon du bain, l’escalier fut démoli et un plancher aménagé sans doute au niveau des corbeaux situés à une dizaine de centimètres de la voûte. Puis le mikveh fut transformé en puits dans la seconde moitié du xviiie siècle, avant d’être comblé au milieu du xixsiècle pour être converti en cave40.

On peut se demander s’il s’agissait d’un bain rituel communautaire ou privé. D’un point de vue morphologique, le mikveh de Strasbourg est assez proche des bains monumentaux de Spire, Worms, Cologne ou encore Montpellier. En effet, il s’agit de constructions profondes pour capter les eaux souterraines et éclairées par une ouverture zénithale. L’accès au bassin s’y fait par un escalier adossé courant le long des murs de la structure en puits. La conservation du mikveh de Strasbourg ne permet toutefois pas de savoir s’il était associé à une antichambre pouvant servir de déshabilloir, comme c’est le cas à Spire, Worms et Montpellier. Il semble donc appartenir au registre des bains monumentaux communautaires, et non à celui des mikva’ot privés qui sont généralement constitués d’un bassin plus petit et moins profond auquel on accède par quelques marches41.

Le bain rituel était situé au nord de la parcelle, au 20 rue des Charpentiers, alors qu’on le localisait traditionnellement plus au sud, au 19 rue des Juifs. Selon Marie-Dominique Waton, il était peut-être rattaché à un grand bâtiment en brique parallèle à la rue des Charpentiers qui apparaît au xiie siècle. On peut également ajouter la boucherie à cet ensemble, située à proximité du bain rituel42. À l’arrière de ces édifices, plusieurs fosses témoignent de l’utilisation de cet espace en tant que jardins ou cours. Puis l’habitat se développe au sud de la parcelle, le long de la rue des Juifs, avec notamment la construction du bâtiment du 15 rue des Juifs à la fin du xiiisiècle. La datation dendrochronologique effectuée sur les plafonds serait à corréler avec l’étude de bâti de l’édifice afin de l’affiner43. Ce bâtiment a été associé à une habitation juive qui passa dans les mains de familles patriciennes à partir du milieu du xive siècle44. Selon Marie-Dominique Waton, aucune trace de la synagogue n’a été reconnue au cours des fouilles. Malgré l’ensemble de bâtiments découvert le long des rues des Juifs et des Charpentiers, il convient de souligner que la construction de l’imprimerie au xixe siècle a fortement oblitéré les vestiges de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne45. Il est donc possible que ceux de la synagogue aient été détruits à cette occasion. Par ailleurs, les vestiges des synagogues sont difficiles à identifier car ces dernières ne présentent que peu de caractéristiques architecturales permettant de les associer clairement à une fonction cultuelle. Plusieurs éléments sont généralement associés aux synagogues médiévales, notamment une arche sainte renfermant les rouleaux de la Torah à l’est, une bimah (chaire de lecture) au centre, et des bancs périmétraux46. Ces éléments, notamment l’arche sainte et les bancs, peuvent être en bois ou aménagés dans l’épaisseur des murs. La bimah peut être fondée dans le sol de la synagogue, comme à Cologne par exemple, sans que cela soit systématique47. Ainsi, les équipements rituels qui caractérisent une synagogue ne laissent pas toujours de traces. Il est donc possible que parmi les vestiges exhumés lors des fouilles d’Istra, ceux de la synagogue n’ont pas pu être reconnus faute d’éléments probants ou en raison de leur arasement.

Ainsi, deux hypothèses peuvent être avancées concernant la localisation précise de la synagogue. Premièrement, celle-ci aurait pu se trouver au niveau de l’ensemble de bâtiments en brique du xiie siècle découvert le long de la rue des Charpentiers et qui a été mis en relation avec le mikveh. La proximité avec un bain rituel communautaire va notamment dans ce sens. En effet, dans les quartiers juifs médiévaux bien connus outre-Rhin, on observe généralement une proximité entre le mikveh et la synagogue, qui se situent dans le même îlot urbain. C’est notamment le cas à Cologne, Spire ou encore à Ratisbonne48. Deuxièmement, rappelons que les bâtiments de l’ancienne Judenschule qui furent loués puis vendus par la ville dans la seconde moitié du xive siècle étaient situés au 15 rue des Juifs, et que le plus grand d’entre eux fut acquis par Conrad Joham au début du xvie siècle. Il est donc possible que la synagogue se soit trouvée à l’emplacement de l’ancien hôtel des Joham de Mundolsheim. Celui-là aurait alors repris la structure de l’ancienne synagogue qui aurait dès lors été construite à la fin du xiiie siècle au plus tard. Il s’agit d’un édifice orienté est-ouest mesurant environ 24 m de long sur 13 m de large divisé en trois étages et orné de pignons crénelés gothiques49. Le mur gouttereau sud donne directement sur la rue des Juifs. Rien dans la structure globale du bâtiment ne permettrait de le rattacher à une synagogue médiévale ; tout au plus, il serait possible d’en souligner la proximité formelle avec d’autres synagogues, comme celle d’Orléans, située au 218-220 rue de Bourgogne et convertie en église en 118350. Par ailleurs, il a subi de multiples remaniements après son acquisition par Conrad Joham en 1515, par Sébastien Mueg de Boofzheim en 1610, puis par Chrétien de Birckenfeld en 1650. On sait que Conrad Joham a fait réaliser d’importants travaux d’agrandissement, sans doute avec la construction d’une nouvelle aile51. Il en va de même pour Sébastien Mueg, qui aurait fait ériger un portail monumental à l’entrée. De plus, Philippe Mieg évoque l’existence d’une « tour à trois étages voûtés » dans la cour de l’immeuble, accolée au bâtiment principal mais aujourd’hui détruite. Des peintures murales représentant des saints en ornaient l’étage médian, ce qui a mené l’historien à penser qu’il aurait pu être utilisé comme chapelle52. Les informations fournies par l’auteur ne permettent cependant pas de dater la construction de cette tour. Enfin, le bâtiment a sans doute subi d’autres remaniements après son rachat par Oscar Berger-Levrault, avec notamment la modification des ouvertures53. On peut toutefois proposer une autre hypothèse concernant la fonction du 15 rue des Juifs avant 1349. Il pourrait avoir été une maison communautaire. Trèves offre un exemple de ce genre de structure, constitué d’un bâtiment localisé à proximité de la synagogue, le long de la Judengasse, et mentionné comme une domus comunitatis judeorum54. Simon Paulus associe ce type d’édifice à une institution polyvalente pour les communautés juives de petite taille, assurant à la fois le service religieux et l’enseignement, et servant d’hospice, d’auberge et de lieu de célébration. Toutefois, ces maisons communautaires avaient une fonction plus spécifique dans les communautés importantes, telles que celle de Strasbourg, et servaient sans doute de Tanzhaus. Il s’agissait d’une grande salle de célébration, généralement dédiée aux mariages, de forme communément oblongue55. La forme architecturale du 15 rue des Juifs est en effet plutôt similaire à celles des Tanzhäuser médiévales découvertes à Cologne ou encore à Ratisbonne56. Il s’agit en effet de vastes bâtiments rectangulaires dont l’un des longs murs gouttereaux peut donner sur une rue. Par ailleurs, l’une des salles du 15 rue des Juifs est décorée de peintures murales évoquant des scènes courtoises, mais il convient de rappeler qu’elles sont assez tardives, datées de la seconde moitié du xve siècle57.

Bilan de l’organisation et de l’évolution topographique du quartier juif médiéval de Strasbourg

Il est certain qu’un premier ensemble communautaire juif a été localisé à l’angle de la rue des Juifs et de celle des Charpentiers. Les données de fouilles du site d’Istra semblent montrer que l’occupation de cet espace ne commence véritablement qu’au xiie siècle et qu’elle se densifie progressivement jusqu’à l’époque moderne. Cela concorde avec les données archivistiques qui ne documentent la présence d’une communauté juive à Strasbourg qu’à partir de ce même siècle. C’est donc au cours du xiie siècle que la communauté juive strasbourgeoise se structura autour de ce premier ensemble du 15 rue des Juifs. Quant à la synagogue mentionnée sur l’autre versant de la rue, au 30-32, la situation est moins claire. Elle aurait pu remplacer la première après l’expulsion des juifs français en 1306, comme le suggéraient Freddy Raphaël et Robert Weyl, qui évoquent notamment le problème de la taille de la synagogue, peut-être devenue trop petite58. Pourtant, le terrain sur lequel elle était alors implantée permettait un développement de cette dernière vers l’intérieur de l’îlot, bâti progressivement aux xive-xve siècles. On sait toutefois que l’agrandissement des synagogues est fortement réglementé au Moyen Âge, parfois même interdit59. Aucune réglementation de la sorte n’est connue à Strasbourg à ce jour, mais il n’est pas exclu qu’elle ait pu être émise, surtout au cours d’un siècle où la vie des juifs strasbourgeois se détériore de manière importante. Nous proposons une autre hypothèse, à savoir que la synagogue du 30-32 rue des Juifs devait être celle de la deuxième communauté strasbourgeoise, qui a pu acquérir une partie des biens anciennement occupés par des juifs, donc potentiellement situés dans la rue des Juifs. Les juifs auraient donc repris, pour une partie d’entre eux au moins, leur ancien lieu de résidence. Ce cas de figure a déjà été observé ailleurs, notamment à Orléans, où les juifs expulsés en 1182 réinvestissent le même espace à leur retour dans la ville au début du xiiie siècle. Cela semble d’autant plus plausible qu’à la fin du Moyen Âge, ce secteur de la ville n’était pas concerné par une urbanisation particulièrement intense. En effet, les données de la fouille d’Istra montrent que le secteur du 15 rue des Juifs avait un aspect plutôt rural avant de se densifier progressivement à partir du xiie siècle. De plus, Jean-Jacques Schwien a démontré que la zone située au nord-est de la cathédrale, plus spécifiquement entre la rue des Veaux et la rue Brûlée, était essentiellement habitée par des patriciens et des chanoines au xve siècle60. Il semble que ce type d’occupation trouve des racines plus anciennes, étant donné que le document de 1292, mentionnant pour la première fois une synagogue, rend compte de la vente d’un terrain à Walter von Müllenheim dans la rue des Juifs61. La famille patricienne des Müllenheim était particulièrement influente à Strasbourg et sa présence dans ce secteur fut pérenne. En effet, Jean Boecklin, le propriétaire présumé de l’immeuble du 15 rue des Juifs dans la seconde moitié du xve siècle, était apparenté par sa femme et sa belle-fille à Suzanne de Müllenheim, l’épouse de Conrad Joham de Mundolsheim.

Se pose enfin la question du choix de l’emplacement du quartier juif, situé dans la partie est de la vieille ville (le castrum du Bas-Empire), le long de l’antique voie prétorienne, donc dans une position assez centrale d’un point de vue géographique. La proximité avec la cathédrale est un facteur déterminant, car l’évêque était le seigneur de Strasbourg depuis la fin du xe siècle, et ce malgré la montée en puissance du conseil à partir du xiiie siècle. Il semble donc logique que les juifs se soient établis à proximité de la cathédrale, puisqu’ils relevaient de l’autorité de l’évêque et étaient placés sous sa protection. Des situations semblables ont été observées dans d’autres cités épiscopales, comme à Cologne ou Würzburg62. Cela implique donc une proximité de fait avec le quartier canonial, les chanoines se logeant dans des maisons particulières autour de la cathédrale à partir de 106063. Adolphe Seyboth cite justement plusieurs maisons sises dans la rue des Juifs appartenant à des chanoines dès le xiiie siècle64. Il semble donc que les juifs aient eu la possibilité de s’installer à proximité de leur seigneur dans un espace relativement peu urbanisé, à proximité du marché aux chevaux, qu’Adolphe Seyboth localise au niveau de l’actuelle place Broglie, ainsi que du marché aux vins, situé sur la place de la cathédrale jusqu’au début du xive siècle65. Toutefois, cette position en apparence centrale est concurrencée à partir de la seconde moitié du xiiie siècle par la ville neuve et la moitié ouest du castrum. Effectivement, en même temps que le pouvoir de l’évêque est entamé par celui du conseil, cette partie de la ville devient « le poumon politique et économique » de la cité66. Cela pourrait expliquer l’urbanisation moins dense du secteur de la rue des Juifs, même s’il faut également prendre en compte la faiblesse des informations archéologiques sur cette zone.

La relecture critique des données publiées a ainsi permis d’affiner notre connaissance des quartiers juifs médiévaux strasbourgeois, qui semblent s’être développés dans deux secteurs différents, quoique très proches, de la rue des Juifs. Si le centre de gravité de la juiverie médiévale s’est sans doute déplacé d’une rive à l’autre de cette voie, les institutions juives sont restées dans le même secteur. Toutefois, pour connaître de manière plus précise l’organisation interne de ces ensembles communautaires et leur évolution chronologique, il serait nécessaire d’opérer un retour aux données archivistiques et de reprendre la documentation des fouilles d’Istra, des projets qui sont en cours d’élaboration.

Notes

1 Sylvie-Anne Goldberg, « Individus, communautés et quartiers juifs dans l’Europe septentrionale du Moyen Âge », in N. Hatot, J. Olszowy-Schlanger, Savants et croyants. Les juifs d’Europe du Nord au Moyen Âge, catalogue d’exposition, Rouen, musée des Antiquités de Rouen (25 mai-16 septembre 2018), Heule, Snoeck, 2018, p. 156-159. Retour au texte

2 Gilbert Dahan, « Quartiers juifs et rues des Juifs », in B. Blumenkranz, Art et archéologie des Juifs en France médiévale, Toulouse, Privat, 1980, p. 15-35 ; Claude Denjean, Les juifs et les pouvoirs. Des minorités médiévales dans l’Occident méditerranéen (xie-xve siècle), Paris, Éditions du Cerf, 2020, p. 301. Retour au texte

3 Élie Scheid, Histoire des Juifs d’Alsace [1887], Cressé, Éditions des régionalismes, 2017 ; Moïse Ginsburger, « La première communauté israélite de Strasbourg (des environs de 1150 à 1349) », Mélange 1945. Études Alsatiques, Paris, Les Belles Lettres, 1946, p. 65-92 ; Freddy Raphaël, Robert Weyl, Juifs en Alsace. Culture, société, histoire, Toulouse, Privat, 1977. Retour au texte

4 Gerd Mentgen, Studien zur Geschichte der Juden im mittelalterlichen Elsass, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, 1995 ; Simon Schwarzfuchs, Jean-Luc Fray, Présence juive en Alsace et Lorraine médiévales : dictionnaire de géographie historique, Paris, Éditions du Cerf, 2015. Retour au texte

5 Alfred Glaser, Geschichte der Juden in Strassburg. Von der Zeit Karls d. Gr. bis auf die Gegenwart, Strasbourg, Buchdruckerei Gebrüder Riedel, 1894. Retour au texte

6 Alfred Glaser, Geschichte der Juden in Strassburg, Strasbourg, Imprimerie Française, 1924, t. 1 ; Max Éphraïm, « Histoire des Juifs d’Alsace et particulièrement de Strasbourg depuis le milieu du xiiie jusqu’à la fin du xivsiècle », Revue des études juives, 77/154 (octobre-décembre 1923), p. 127-165 ; Max Éphraïm, « Histoire des Juifs d’Alsace et particulièrement de Strasbourg depuis le milieu du xiiie jusqu’à la fin du xivsiècle (suite et fin) », Revue des études juives, 78/155-156 (janvier-juin 1924), p. 35-84 ; Robert Weyl, « Les inscriptions hébraïques des musées de Strasbourg », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 17 (1973), p. 85-92 ; Robert Weyl, « Les inscriptions hébraïques des musées de Strasbourg », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 18 (1974), p. 123-141 ; Robert Weyl, Marie-Dominique Waton, « Découverte de deux inscriptions hébraïques rue des Juifs à Strasbourg », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 30 (1987), p. 145-148 ; Marie Dominique Waton, « Des bains juifs à Strasbourg », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, t. 29 (1986), p. 53-59. Retour au texte

7 Jakob Twinger von Königshofen, Das älteste teutsche so wol allgemeine als insonderheit elsässische und strassburgische Chronicke, éd. Johann Sattler, Strasbourg, 1698 ; Karl von Hegel, Die Chroniken der oberrehinischen Städte. Straßburg, Leipzig, S. Hirzel, 1870, t. 1 ; Daniel Schoepflin, Alsatia Illustrata Germanica Gallica, Colmar, Ex typographia regia, 1761 ; Johann Andreas Silbermann, Local-Geschichte der Stadt Straßburg, Strasbourg, Jonas Lorenz, 1775 ; Adolph Seyboth, Das alte Strassburg vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870. Geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, Heitz & Mündel, 1890 ; Adolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu’en 1870, Strasbourg, Imprimerie alsacienne, 1894. Retour au texte

8 M. Éphraïm, « Histoire des Juifs d’Alsace… », art. cit., p. 131. Retour au texte

9 Simon Schwarzfuchs, « Alsace médiévale », in Id. et J.-L. Fray, Présence juive en Alsace et Lorraine médiévales…, op. cit., p. 13-185, ici p. 155. Retour au texte

10 M. Éphraïm, « Histoire des Juifs d’Alsace… », art. cit., p. 132 ; Carl Theodor Weiss, Geschichte und rechtliche Stellung der Juden im Fürstbistum Strassburg, besonders in dem jetzt badischen Teile, nach Akten dargestellt, Bonn, Hanstein’s Verlag, 1894, p. 2. Retour au texte

11 Jean-Jacques Schwien, Strasbourg. Document d’évaluation du patrimoine archéologique urbain, Paris, Tours, ministère de la Culture, Centre national d’archéologie urbaine, 1992, p. 234. Retour au texte

12 A. Seyboth, Das alte Strassburg…, op. cit., p. 26, 29 ; G. Mentgen, Studien zur Geschichte der Juden…, op. cit., p. 135 ; M. Éphraïm, « Histoire des Juifs d’Alsace… », art. cit., p. 132. Retour au texte

13 G. Mentgen, Studien zur Geschichte der Juden…, op. cit., p. 129 ; S. Schwarzfuchs, « Alsace médiévale », art. cit., p. 161. Retour au texte

14 Ibid., p. 161-163 ; A. Glaser, Geschichte der Juden in Strassburg…, op. cit., p. 16 ; Philippe Dollinger, « La ville libre à la fin du Moyen Âge (1350-1482) », in Georges Livet, Francis Rapp, Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, Strasbourg, Éditions des Dernières Nouvelles d’Alsace, 1980, t. 2, p. 90. Retour au texte

15 E. Scheid, Histoire des Juifs…, op. cit., p. 34. Retour au texte

16 S. Schwarzfuchs, « Alsace médiévale », art. cit., p. 165. Retour au texte

17 G. Mentgen, Studien zur Geschichte der Juden…, op. cit., p. 142-144, 153-154, 169-174 ; M. Éphraim, « Histoire des Juifs d’Alsace… », art. cit., p. 165. Retour au texte

18 J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 89-90. Retour au texte

19 A. Seyboth, Das alte Strassburg…, op. cit., p. 26. Retour au texte

20 J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 90 ; Philippe Dollinger, « Origines et essor de la ville épiscopale (ve-xiie siècle) », in G. Livet, F. Rapp, Histoire de Strasbourg…, op. cit., t. 2, p. 8. Retour au texte

21 J. A. Silbermann, Local-Geschichte der Stadt…, op. cit., p. 56, 62, 69. Retour au texte

22 « Cour de Saint-Valentin », « Chapelle Saint-Valentin », « hôpital pour paralytiques ». Retour au texte

23 A. Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque…, op. cit., p. 669 ; Id., Das alte Strassburg…, op. cit., p. 29.  Retour au texte

24 M. Ginsburger, « La première communauté israélite de Strasbourg… », art. cit., p. 81. Retour au texte

25 A. Seyboth, Das alte Strassburg…, op. cit., p. 27 ; Id., Strasbourg historique et pittoresque…, op. cit., p. 206. Retour au texte

26 Ibid. Retour au texte

27 Claude de Mecquenem, « Les synagogues médiévales européennes : une enveloppe architecturale dédiée à la lecture du sacré », in N. Hatot, J. Olszowy-Schlanger, Savants et croyants…, op. cit., p. 212-215. Retour au texte

28 J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 112. Retour au texte

29 A. Seyboth, Das alte Strassburg…, op. cit., p. 29. Retour au texte

30 A. Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque…, op. cit., p. 206. Retour au texte

31 Brigitte Parent, Marie-Dominique Waton, « Strasbourg : découverte de peintures gothiques », Archéologia, 229 (1987), p. 16-21. Selon des données orales fournies par Jean-Jacques Schwien des études récentes montrent que ces plafonds représentant des roses sont fréquents dans le quartier autour de la cathédrale et tous datés par dendrochronologie autour de 1300. Retour au texte

32 R. Weyl, « Les inscriptions hébraïques… », art. cit., p. 89 ; Simon Paulus, Die Architektur der Synagoge im Mittelalter : Überlieferung und Bestand, Petersberg, Michael Imhof Verlag, 2007, p. 482. Retour au texte

33 F. Raphaël, R. Weyl, Juifs en Alsace…, op. cit., p. 77. Retour au texte

34 S. Schwarzfuchs, « Alsace médiévale », art. cit., p. 168. Retour au texte

35 Manon Banoun, Les quartiers juifs et leurs équipements dans l’Occident médiéval chrétien. L’exemple d’Orléans, mémoire de master 2, archéologie médiévale, université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, 2020, p. 62-63. Retour au texte

36 Judith Kogel, « La scola judeorum, maison d’étude ou maison de prière ? », Revue de l’histoire des religions, 241/1 (2024), p. 43-59. Retour au texte

37 A. Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque…, op. cit., p. 210. Retour au texte

38 M. D. Waton, « Des bains juifs à Strasbourg », art. cit. Retour au texte

39 Ibid., p. 53, 55. Retour au texte

40 Ibid., p. 54-55. Retour au texte

41 Neta Bodner, « Jewish Ritual Baths. Immersion and Spiritual Renewal in the Medieval City », in Elisheva Baumgarten, Ido Noy, In and Out, Between and Beyond. Jüdisches Alltagsleben im mittelalterlichen Europa, catalogue d’exposition, Erfurt, Museum Alte Synagogue Erfurt (8 novembre 2022-4 juin 2023), Jérusalem, Beyond the Elite, The Hebrew University of Jerusalem, 2022, p. 45-50 ; Ian Blair, Joe Hillaby et al., « Two medieval Jewish ritual baths – mikva’ot – found at Gresham Street and Milk Street in London », Transactions of the London and Middlesex Archaeological Society, 52 (2001), p. 127-138. Retour au texte

42 Philippe Mieg, Histoire généalogique de la famille Mieg, 1395-1934, Mulhouse, Imprimerie J. Brinkman, 1934, p. XXXVI ; G. Mentgen, Studien zur Geschichte der Juden…, op. cit., p. 136. Retour au texte

43 Marie-Dominique Waton, « Strasbourg : Istra », Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, 3/806 (1987), p. 79-82 ; J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 79, 99. Retour au texte

44 Ibid., p. 113. Retour au texte

45 M.-D. Waton, « Strasbourg : Istra », art. cit. Retour au texte

46 C. de Mecquenem, « Les synagogues médiévales européennes… », art. cit., p. 212 ; C. Denjean, Les juifs et les pouvoirs…, op. cit., p. 212-215. Retour au texte

47 Marianne Gechter, Sven Schütte, Köln : archäologische Zone jüdisches Museum. Von der Ausgrabung zum Museum – Kölner Archäologie zwischen Rathaus und Praetorium. Ergebnisse und Materialien 2006-2012, Cologne, Die deutsche Bibliothek, 2012, p. 137-142. Retour au texte

48 Ibid., p. 163-165 ; S. Paulus, Die Architektur der Synagoge im Mittelalter…, op. cit., p. 88 ; Silvia Codreanu-Windaeur, « Archéologie du quartier juif médiéval de Ratisbonne », in Paul Salmona, Laurence Sigal, L’archéologie du judaïsme en France et Europe, Paris, La Découverte, 2011, p. 141-151. Retour au texte

49 J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 113 ; B. Parent, M.-D. Waton, « Strasbourg : découverte de peintures gothiques », art. cit. Retour au texte

50 M. Banoun, Les quartiers juifs …, op. cit., p. 60-61. Retour au texte

51 M.-D. Waton, « Strasbourg : Istra », art. cit. ; Ph. Mieg, Histoire généalogique de la famille Mieg…, op. cit., p. XXXVI. Retour au texte

52 Ibid., p. XXXVI. Retour au texte

53 J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 113. Retour au texte

54 Marzena Kessler, « Das Unsichtbare begehen : Ein historischer Pfad durch das ehemalige jüdische Viertel in Trier », in Maria Stürzebecher, Simon Paulus, Inter Judeos – Topographie und Infrastruktrur jüdischer Quartiere im Mittelalter, Iéna, Bussert & Stadeler, 2019, p. 102-109. Retour au texte

55 Simon Paulus, « In domo iudaeorum – Das “Judenhaus” in Schwäbisch Gmünd und die Frage nach jüdischen Gemeinschaftshäusern im zentraleuropäischen Raum », in M. Stürzebecher, S. Paulus, Inter Judeos, op. cit., p. 112-132. Retour au texte

56 M. Gechter, S. Schütte, Köln…, op. cit., p. 179 ; S. Codreanu-Windaeur, « Archéologie du quartier juif médiéval de Ratisbonne », art. cit. Retour au texte

57 B. Parent, M.-D. Waton, « Strasbourg : découverte de peintures gothiques », art. cit. Retour au texte

58 F. Raphaël, R. Weyl, Juifs en Alsace…, op. cit., p. 77 ; R. Weyl, « Les inscriptions hébraïques… », art. cit., p. 88. Retour au texte

59 Bernhard Blumenkranz, « Les Synagogues », in Id., Art et archéologie des Juifs en France médiévale, Toulouse, Privat, 1980, p. 34, 45. Retour au texte

60 J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 137. Retour au texte

61 S. Paulus, Die Architektur der Synagoge im Mittelalter…, op. cit., p. 482. Retour au texte

62 Katja Kliemann, Michael Wiehen, « Topographie und Infrastruktur des mittelalterlichen jüdischen Viertels in Köln », in M. Stürzebecher, S. Paulus, Inter Judeos, op. cit., p. 64-79 ; Bernd Päffgen, « Mittelalterliche Judengemeinden und ihre Quartiere in Bayern », ibid., p. 12-38. Retour au texte

63 Ph. Dollinger, « Origines et essor de la ville épiscopale (ve-xiie siècle) », art. cit., p. 24. Retour au texte

64 A. Seyboth, Das alte Strassburg…, op. cit., p. 28 ; Id., Strasbourg historique et pittoresque…, op. cit., p. 212, 667. Retour au texte

65 J.-J. Schwien, Strasbourg…, op. cit., p. 84, 120. Retour au texte

66 Ibid., p. 103. Retour au texte

Illustrations

  • Fig. 1 : le quartier juif médiéval de Strasbourg et son contexte

    Fig. 1 : le quartier juif médiéval de Strasbourg et son contexte

    DAO : Jean-Jacques Schwien. Carte : Manon Banoun.

  • Fig. 2 : les bâtiments potentiellement associés au quartier juif médiéval de Strasbourg

    Fig. 2 : les bâtiments potentiellement associés au quartier juif médiéval de Strasbourg

    DAO : Jean-Jacques Schwien. Carte : Manon Banoun.

Citer cet article

Référence papier

Manon Banoun, « Le quartier juif médiéval de Strasbourg : bilan et perspectives », Revue du Rhin supérieur, 6 | 2024, 83-101.

Référence électronique

Manon Banoun, « Le quartier juif médiéval de Strasbourg : bilan et perspectives », Revue du Rhin supérieur [En ligne], 6 | 2024, mis en ligne le 16 décembre 2024, consulté le 03 décembre 2025. URL : https://www.ouvroir.fr/rrs/index.php?id=473

Auteur

Manon Banoun

Prépare une thèse en archéologie médiévale à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, depuis 2020, intitulée : « Les juifs dans la ville. Une analyse archéologique et topographique des quartiers juifs médiévaux de France du nord (xiie-xive siècles) : études de cas et approche comparative ». Dans ce cadre, Manon Banoun étudie les juiveries médiévales de Paris, Rouen et Strasbourg, en posant la question de leur place dans la ville, de leur organisation interne et de leur évolution chronologique.

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