Journée d’études, organisée par Guido Braun (UHA-CRÉSAT) et Vladislav Rjéoutski (Instituts historiques allemands de Moscou et de Paris), Paris, 14 et 15 décembre 2023
Le colloque partait du constat que l’époque moderne est une période d’activité diplomatique florissante sur le continent européen, caractérisée par la diffusion de la représentation diplomatique permanente et l’apparition des congrès de paix. Les pratiques linguistiques évoluent également de manière spectaculaire, le latin, l’allemand et l’italien étant progressivement éclipsés par le français en tant que moyen de communication diplomatique paneuropéen. Tous ces développements ont eu un impact considérable sur la traduction en diplomatie, affectant son fonctionnement et son rôle de diverses manières : des départements de traduction ont été créés ou étendus et remaniés, et les grandes puissances ont commencé à percevoir la nécessité de former des traducteurs afin d’accroître l’efficacité de leur politique étrangère. C’est ainsi qu’ont été créées des écoles pour les futurs traducteurs et diplomates, et qu’ont été développées diverses pratiques telles que la formation linguistique des giovanni di lingua ou des jeunes de langues. Ces innovations ont permis à la diplomatie des Temps modernes de faire face, du moins dans une certaine mesure, à une augmentation importante des contacts diplomatiques, qui ont entraîné une croissance de plus en plus grande de la correspondance diplomatique. Toutefois, certaines de ces initiatives, telles que la création d’écoles spécialisées, ont été de courte durée et n’ont pas abouti à des résultats durables. Vivant et travaillant dans un environnement multilingue et multiculturel, les traducteurs ont souvent été des intermédiaires culturels avec des identités culturelles hybrides. À partir de ce constat, les organisateurs du colloque ont proposé un point de vue transnational et interdisciplinaire à travers l’étude du sujet sur la base de nouvelles sources primaires dans le contexte général du développement de la traduction et de l’évolution de la diplomatie à l’époque moderne.
Suite à l’introduction de Guido Braun et de Vladislav Rjéoutski, la réflexion sur la thématique s’est déclinée en trois panels. Premièrement, la médiation linguistique en contexte interculturel a été analysée dans les sept contributions de Luciano Piffanelli (UHA-CRÉSAT), Jean-François Lozier (Gatineau, Canada), Florian Ambach (Vienne, Autriche), Ouyang Yunjing (Glasgow), Maxim Shikulo (Moscou) et Vladislav Rjéoutski. Le premier panel et la première journée du colloque ont été clôturés par une conférence grand public donné par Natalie Rothman (Toronto) sur « Dragomans and the Diplomatic Archive between Venice and Istanbul ».
Deuxièmement, la thématique « Interprètes et diplomates : À l’origine des métiers et des identités professionnelles » a été étudiée à travers les trois conférences données par Maxim Boyko (Paris), Alexandr Osipian (Leipzig) et Ahmad Guliev (Erevan, Arménie).
Enfin, troisièmement, les trois conférences d’Aurélien Destain (Bruxelles), de Thomas Weller (Mayence) et de Sophie Holm (Helsinki) ont permis d’aborder le sujet « Traduction et prise de décision politique », avant les remarques conclusives proposées par Guido Braun et Vladislav Rjéoutski.
Abordant le problème de l’identité du traducteur et de l’interprète, la manifestation a profité d’un co-financement du projet Identitates de l’UHA. Il a été soutenu par la DFG (l’ANR allemande) et les Instituts historiques allemands de Moscou et de Paris, co-porteurs de l’événement.
Les actes doivent paraître en partie dans un dossier de revue alors que d’autres contributions nourrissent le volume Translation in Early Modern Diplomacy, à paraître en anglais en 2025 aux éditions Routledge, dans la collection « Multilingualism, Lingua Franca and Translation in the Early Modern Period », ouvrage collectif co-dirigé par Guido Braun, Indravati Félicité, Sophie Holm et Vladislav Rjéoutski.
