Faut-il considérer les exploitations agricoles des piémonts comme des exploitations de moyenne montagne ?

DOI : 10.57086/rrs.585

p. 201-226

Résumés

Définir la moyenne montagne est une tâche ardue. Cet article propose de contribuer aux réflexions sur le sujet en partant notamment du critère des contraintes pesant sur l’activité agricole. Il s’appuie pour cela sur deux enquêtes menées en 2019 et 2021 sur les pratiques agricoles dans et autour de deux plaines : la plaine du Lembron, située au cœur du Massif central ; et le Fossé rhénan, encadré par les Vosges et la Forêt Noire. Quels que soient les critères utilisés, il s’avère difficile de délimiter plaine, bordure et montagne, car ces trois ensembles présentent certes des différences, mais aussi des caractéristiques communes. Nous concluons donc que plaine et montagne sont des espaces reliés par des zones de transition aux limites floues, où se manifestent des échanges et tensions.

Defining medium altitude mountain is a difficult task. This article suggests to contribute to the thoughts on the subject, especially starting from the criterion of the constraints on farming activity. To this end, it bases on two inquiries conducted in 2019 and 2021 on farming practices in and around two plains: the Lembron plain, located in the heart of the Massif central; and the Rhine valley, surrounded by Vosges and the Black Forest. Whatever the criteria used, it proves difficult to delimit the plain, the edge and the mountain, for these three ensembles certainly have differences, but also common features. We thus conclude that the plain and the mountain are spaces related by transition zones with blurred boundaries, where exchanges and tensions manifest.

Plan

Texte

La difficulté à définir la moyenne montagne est largement soulignée1. En effet, définir la moyenne montagne implique de trouver des critères qui rassemblent ces espaces et les distinguent d’autres types de milieux. Or, une telle discrimination est rarement nette, notamment entre montagne et piémont2, tandis que la catégorie de moyenne montagne recoupe en son sein une grande diversité de situations3. De multiples paramètres sont alors avancés pour délimiter la moyenne montagne, principalement en opposition à la haute montagne et à la plaine4. Beaucoup d’auteurs se réfèrent évidemment à l’altitude, avec une limite haute d’une part, régulièrement placée aux alentours de 1 800-2 000 m5. D’autre part, des limites basses sont aussi proposées, et sont retenues par des politiques d’aides à la montagne, telles que 500 m en Allemagne et 600 m en France6. Néanmoins, ces altitudes limites sont très variables selon les auteurs, qui, sans nécessairement prendre le temps de définir ce qu’ils entendent par moyenne montagne, l’emploient pour caractériser des espaces situés « entre 350 et 500 m d’altitude »7, « compris entre 650 et 850 mètres d’altitude »8, « entre 400 à 900 m d’altitude »9, à « des altitudes comprises entre 400 et 900 mètres, ainsi qu’une partie de la haute chaîne, où le relief plissé varie de 800 à 1 400 mètres d’altitude »10, « à 1 400 m d’altitude moyenne »11.

Si les critères d’altitude varient tant, c’est parce qu’ils ne peuvent suffire à définir la moyenne montagne12, du moins pas en termes absolus. En effet, les altitudes choisies correspondent à des valeurs bio-climatiques visibles notamment par la permanence de la neige, la présence de la forêt ou encore la possibilité de cultiver des céréales13. Or, ces valeurs dépendent de la latitude et du caractère océanique ou continental du climat, ce qui explique que « la moyenne montagne s’annonce dès 250-300 m dans les Îles Britanniques, vers 600-700 m sur les hautes terres françaises, entre 1 100 et 1 300 m dans le domaine méditerranéen »14. De plus, le passage d’un type de climat à un autre est progressif et de fortes analogies sont présentes entre climat montagnard et semi-continental, présent notamment en Alsace15. Il faut aussi ajouter qu’avec le changement climatique, ces types de climat évoluent, avec une disparition du type montagnard16. Ainsi, les délimitations basées sur des critères bioclimatiques évoluent, voire perdront en pertinence. Mais surtout, ces approches surestiment les contraintes naturelles et négligent les facteurs historiques, sociaux et économiques17. Ainsi, alors que la limite supérieure d’implantation de la vigne est parfois utilisée pour définir le début de la moyenne montagne18, celle-ci est bien davantage culturelle que naturelle, les vignobles du Haut Valais et du Val d’Aoste revendiquant des altitudes de 1 300 m19.

Le plus pertinent pour définir la moyenne montagne, ce sont peut-être les contraintes engendrées pour les activités humaines. C’est ainsi que certaines définitions, plutôt que sur l’altitude et la pente, se basent sur l’aménagement, le peuplement et les activités humaines qu’on y trouve20. La caractéristique de la moyenne montagne serait alors l’importance majeure qu’y joue l’agriculture, en tant qu’activité économique dominante profitant de potentialités absentes de la haute montagne tout en composant avec des contraintes trop fortes pour d’autres secteurs21. L’impact considérable de l’agriculture sur le milieu serait par conséquent un autre critère permettant d’identifier la moyenne montagne. « L’importance de l’érosion agricole » est ainsi qualifiée de « phénomène caractéristique de la moyenne montagne »22.

Cependant, une définition de la moyenne montagne à partir des contraintes pour l’activité agricole rencontre le même type d’obstacle qu’à partir de l’altitude : quelles limites fixer aux contraintes caractéristiques de la moyenne montagne, de la haute montagne et de régions défavorisées de plaine ? Si les politiques agricoles s’y essaient par la détermination des communes concernées par l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN)23, différenciant zones défavorisées de montagne et zones défavorisées simples, cette typologie est jugée peu pertinente24. En effet, la montagne présente aussi des atouts, par exemple pour la vigne25 ou des systèmes agricoles valorisant un patrimoine, des savoir-faire et des paysages spécifiques26.

Cet article propose de prolonger ces réflexions en cherchant des « problématiques communes qui relient ces territoires » de moyenne montagne, suivant la recommandation de Bettinger et Ormaux27. Il s’appuiera pour cela sur deux enquêtes présentées dans la partie suivante, menées en 2019 et 2021 dans deux espaces morphologiquement similaires de fossé d’effondrement, comprenant une plaine encadrée de piémonts et massifs montagneux dépassant les 1 000 m d’altitude : la plaine du Lembron et le Fossé rhénan. La réflexion portera notamment sur les collines de piémonts. À partir d’une comparaison de ces deux espaces similaires, basée sur une méthodologie commune, il s’agira de se demander si les contraintes rencontrées par les activités agricoles sur les piémonts permettent de les assimiler à de la moyenne montagne. Cette comparaison révèle des points de convergence entre plaine du Lembron et Fossé rhénan, qui différencient l’agriculture des piémonts et de plaine. Notamment, les contraintes topographiques et hydrologiques, ainsi que les pratiques d’adaptation face au changement climatique, diffèrent. La diversité des situations au sein d’un même ensemble topographique montre cependant que, plutôt qu’une rupture nette, un gradient s’esquisse entre plaine et moyenne montagne, qui dépend essentiellement des caractéristiques du milieu naturel, et qui érige le piémont en zone de transition à géométrie variable entre ces deux ensembles, en fonction des configurations locales.

Enquêtes sur les pratiques agricoles menées en 2019 et 2021 autour de la plaine du Lembron et dans le Fossé rhénan

Deux fossés d’effondrement aux caractéristiques similaires

Pour réfléchir aux problématiques qui assimilent ou distinguent les territoires de piémonts à ceux de la moyenne montagne et de la plaine, deux cas d’études sont mobilisés : la plaine du Lembron (figure 1) et le Fossé rhénan (figure 2).

Figure 1 : La petite région agricole de la plaine du Lembron, au sud de la plaine de la Limagne, au cœur du Massif central

Figure 1 : La petite région agricole de la plaine du Lembron, au sud de la plaine de la Limagne, au cœur du Massif central

Gaël Bohnert. Sources : IGN (2021), BDALTIr_2-0 traitement du 2021-10-01 (Les pas de 75 m et 250 m sont téléchargeables et utilisables gratuitement sous licence Etalab) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use) ; Pierre Nansot, pra-shapefiles (MIT License).

Figure 2 : Le Fossé rhénan, à la frontière entre France, Allemagne et Suisse, entre Vosges et Forêt Noire

Figure 2 : Le Fossé rhénan, à la frontière entre France, Allemagne et Suisse, entre Vosges et Forêt Noire

Gaël Bohnert. Sources : GeoRhena, Relief – Modèle numérique de terrain (MNT) du Rhin supérieur (Licence CC BY – © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA)), Hydrogéologie : Aquifères du Rhin Supérieur (Licence CC BY), Rhin (© OSM contributors – Ajoutez logo GeoRhena en cas de réutilisation) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

La plaine du Lembron est le nom donné à la petite région agricole (PRA)28 située dans la partie sud de la plaine de la Limagne, autour de la ville d’Issoire et environ 25 km au sud de Clermont-Ferrand. La plaine de la Limagne prend une forme allongée nord-sud (90 km nord-sud pour une largeur de 15 à 40 km est-ouest) et se trouve au cœur du Massif central. Elle est ainsi bien délimitée par des reliefs à l’ouest et à l’est. Le Fossé rhénan a une forme similaire, bien que plus étendue, longue de plus de 300 km nord-sud et large de 30-40 km ouest-est, entre les Vosges (France) et la Forêt Noire (Allemagne). Ces deux zones se caractérisent donc par un relief relativement similaire : une plaine plus ou moins étroite encadrée de massifs culminant vers 1 200-1 300 m d’altitude.

De nature géologique proche (il s’agit de deux fossés d’effondrement), et avec un climat assez semblable (pluviométrie équivalente), elles offrent des potentialités agronomiques similaires. On retrouve par conséquent les mêmes types de productions agricoles, malgré quelques différences notables. Les plaines sont dominées par les grandes cultures, en grande partie irriguées, tandis que les parcelles d’altitude sont davantage dédiées aux prairies, à la production fourragère et à l’élevage (figures 3 et 4).

 

La plaine rhénane se distingue toutefois par l’importance du maïs grain bien supérieure, tandis que le maïs semence y est absent contrairement à la plaine de la Limagne. Les coteaux rhénans accueillent aussi largement la vigne et l’arboriculture, dans une transition entre céréales et prairies qui n’est pas présente en bordure de Limagne. Cela pourrait s’expliquer par une altitude plus modérée sur les coteaux rhénans, et une topographie moins contraignante comme en témoigne l’absence de communes concernées par l’ICHN, contrairement à la plaine du Lembron29. D’ailleurs, la plaine elle-même présente une altitude plus élevée et des pentes plus fortes autour d’Issoire, par rapport à la plaine rhénane, bien plus plane.

Figure 3 : Occupation du sol dans la plaine du Lembron et ses bordures, et localisations des exploitations enquêtées

Figure 3 : Occupation du sol dans la plaine du Lembron et ses bordures, et localisations des exploitations enquêtées

Gaël Bohnert. Sources : Union européenne – SOeS, CORINE Land Cover, 2012 (Sous réserve du respect des droits de propriété intellectuelle qui leur sont attachés, les informations mises à disposition peuvent être utilisées par toute personne qui le souhaite à d’autres fins que celles de la mission de service public pour les besoins de laquelle elles ont été élaborées ou sont détenues, y compris pour un usage commercial) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use) ; Pierre Nansot, pra-shapefiles (MIT License).

Figure 4 : Occupation du sol dans le Fossé rhénan et localisation des entretiens menés

Figure 4 : Occupation du sol dans le Fossé rhénan et localisation des entretiens menés

Gaël Bohnert. Sources : GeoRhena (2018), Corine Land Cover : Occupation du sol dans la région du Rhin supérieur (Accès libre et gratuit à cette donnée © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA)) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

Les deux zones étudiées présentent donc de nombreuses similitudes, mais la plaine du Lembron et ses bordures immédiates paraissent un peu plus contraignantes, offrant des surfaces planes moins étendues, ce qui se traduit par un meilleur maintien de la polyculture-élevage (tableau 1). Cette comparaison pourra donc être utile pour réfléchir au niveau de contraintes suffisant pour assimiler ces agricultures de piémont à de la moyenne montagne. En particulier, entre les piémonts rhénans et la plaine vallonée du Lembron, existe-t-il assez de différences pour assimiler l’agriculture de piémont à la moyenne montagne ?

Tableau 1 : Principales caractéristiques des deux zones d’études

  Plaine du Lembron Fossé rhénan
Superficie et forme Environ 300 km2, 20 km sur 20 km, au sud de la plaine de la Limagne (3 800 km2, 90 km nord-sud, de 15 à 40 km est-ouest) Plus de 300 km nord-sud, entre 30 et 40 km est-ouest
Relief Plaine vallonnée à environ 400 m d’altitude ; montée rapide en altitude en périphérie, jusqu’à environ 1 200 m Plaine très plane à environ 150 m d’altitude ; étroite bande de piémont à pente relativement douce jusqu’à environ 400 m d’altitude, avant une montée rapide en altitude jusqu’à environ 1 200 m
Pédologie et climat Qualité agronomique des sols hétérogène (teneurs en sables et limons variables) ; pluviométrie relativement faible (environ 600 mm/an), mais plus élevée sur les hauteurs (jusqu’à 1 700 mm/an) ; partiellement classée en zone défavorisée pour l’ICHN Qualité agronomique des sols hétérogène (teneurs en sables et limons variables) ; pluviométrie relativement faible (environ 600 mm/an), mais plus élevée sur les hauteurs (jusqu’à près de 2 000 mm/an) ; pas concerné par l’ICHN
Occupation du sol et principales activités agricoles Deux tiers de surfaces cultivées dans la plaine, mais maintien de prairies et de polyculture-élevage ; majoritairement des prairies sur les terrains plus élevées (élevage bovin et ovin) ; vignes confidentielles Quasi-monoculture de maïs grain et quasi-absence de l’élevage en plaine ; vignoble et arboriculture sur les piémonts ; pâtures et forêts plus en altitude

Entretiens pour comprendre les pratiques agricoles

Les données mobilisées ont été récoltées lors de deux études distinctes et ne portant pas sur le même sujet. L’enquête en plaine du Lembron a été menée en 2019 et visait à caractériser les différentes formes de coopérations mises en œuvre par des agriculteurs entre plaine et bordure, ainsi que leurs intérêts et difficultés. L’enquête dans le Fossé rhénan a été réalisée en 2021, et cherchait à comprendre les freins et leviers à l’adoption de pratiques d’adaptation au changement climatique. Si ce ne sont pas les mêmes pratiques qui étaient interrogées, les deux enquêtes se sont concentrées sur leurs motivations, freins et leviers. Il s’agit alors d’analyser parmi ces éléments ce qui peut rassembler les exploitations de bordure, et les différencier ou rapprocher de celles de la plaine ou de la montagne.

La méthodologie d’enquête était similaire dans les deux cas : elle reposait sur des entretiens semi-directifs enregistrés et retranscrits auprès d’agriculteurs sélectionnés pour leur engagement sur les pratiques qu’il s’agissait d’étudier. 16 exploitations ont été enquêtées autour de la plaine du Lembron (12 dans la PRA et 4 en périphérie ; figure 3), et 35 dans le Fossé rhénan (figure 4). Dans les deux cas, elles sont assez peu à être situées au milieu de la plaine, et plus nombreuses sur ses bordures. Deux exploitations sont même plus haut dans le Massif central et une en Forêt Noire.

Conséquence de cette localisation majoritairement en bordure, la polyculture-élevage est une orientation courante, bien plus que la grande culture pure (tableaux 2 et 3). En revanche, de nombreux viticulteurs ont été rencontrés dans le Fossé rhénan, ce qui n’est pas le cas dans la plaine du Lembron, qui n’en compte presque aucun, et aucun des éleveurs rencontrés dans le Fossé rhénan ne cultive que pour nourrir son élevage, tandis que cinq éleveurs auvergnats ne commercialisent aucune culture.

Tableau 2 : Caractéristiques des exploitations enquêtées dans la plaine du Lembron

Code Orientation productive Surfaces Main-d’œuvre Labels Autres activités Troupeau
EA1 lait 270 ha dont 120-140 ha de prairies permanentes 3 associés, 1 salarié, travail à temps complet du père retraité 115 vaches laitières
EA2 lait 190 ha dont 160 ha en herbe 2 associés, aide du grand-père AOP Fourme d’Ambert et Bleu d’Auvergne 80 vaches laitières et 35 vaches allaitantes
EA3 lait ; grandes cultures 86 ha dont 29 ha de prairies permanentes seul ; 1 ouvrier 1 j/semaine, aide occasionnelle du neveu gestion d’un centre d’allotement de veaux 30 vaches allaitantes
EA4 lait ; poulets chaire 60 ha dont 60 ha en herbe seul ; aide des parents label rouge ; Volailles fermières d’Auvergne 30 vaches laitières
EA5 grandes cultures 122 ha seul
EA6 lait 235 ha dont 140 ha de prairies associé avec ses parents, frère salarié, aide de l’oncle vente directe de viande 140 vaches laitières et 50 allaitantes
EA7 grandes cultures 107 ha seul, ouvriers occasionnels et aide du père occasionnelle
EA8 lait 136 ha dont 90 ha de prairies permanentes associé avec ses parents vente directe de lait et d’œufs 100 UGB laitiers
EA9 grandes cultures 120 ha dont 2 ha de prairies permanentes et 2,5 ha de vignes seul,
ouvrier à 25 %
EA10 lait ; grandes cultures 110 ha dont 56 ha en prairie permanente couple,
aide du fils
50 vaches laitières
EA11 grandes cultures 100 ha dont 50 ha de prairies permanentes seul pension de génisses
EA12 lait 150 ha, uniquement en prairies permanentes 5 associés familiaux et 1 salarié AOP Saint-Nectaire transformation et vente directe de fromage 170 vaches laitières
EA13 grandes cultures ; œufs 95 ha 2 associés, saisonniers 20 000 poulettes, 1 poulailler
EA14 grandes cultures 105 ha dont 15 ha de prairies 2 associés, saisonniers 1 poulailler
EA15 lait 80 ha de prairies permanentes 2 associés, aide de la femme et occasionnellement du père AOP Saint-Nectaire transformation et vente directe de fromage 45 vaches laitières
EA16 viande ; animaux de sélection ; lavande ; grandes cultures 190 ha dont 78 ha de prairies permanentes 3 associés, saisonniers agriculture biologique (lavande) 500 brebis

Tableau 3 : Caractéristiques des exploitations enquêtées dans le Fossé rhénan

Code Orientation productive Surface cultivée Main-d’œuvre permanente Labels Autres activités Pays
ACH viticulture et arboriculture 20 ha de vignoble et 6 ha de verger 3 actifs familiaux et 7 employés biodynamie transformation à la ferme et vente directe (vin) France
BAN viticulture 12 ha 4 actifs familiaux biodynamie transformation à la ferme et vente directe (vin) France
BAR viticulture et arboriculture 3.9 ha seul conversion transformation à la ferme et vente directe (vin) France
BAU grandes cultures 200 ha 2 actifs familiaux conventionnel Allemagne
BAUE viticulture 30 ha 1 actif familial et 4 employés conven­tionnel transformation à la ferme et vente directe (vin) Allemagne
BOT viticulture 15 ha 2 actifs familiaux et 3 employés agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (vin) ; gîte France
BUO viticulture 15 ha 3 actifs familiaux conventionnel France
DEG grandes cultures 145 ha seul conventionnel pension équestre France
DEN grandes cultures et élevage allaitant 68 ha 3 actifs familiaux biodynamie vente directe de légumes Allemagne
DUR viticulture 10 ha 3 actifs familiaux agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (vin) ; production d’énergie France
ECO grandes cultures et élevage allaitant 48 ha 3 actifs familiaux et 2 employés agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (viande, farine, légumes) ; entreprise de paysage Suisse
ENG viticulture 65 ha 5 actifs familiaux et nombre d’employés inconnu agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (vin) ; production d’énergie France
FRI grandes cultures 137 ha 1 actif familial et 4 employés conversion vente directe (pommes de terre) ; entreprise de travaux agricoles France
HAG grandes cultures et élevage allaitant 50 ha 3 actifs familiaux et 3 employés conventionnel vente collective (légumes) ; hôtel et restaurant Suisse
HAS grandes cultures et élevage allaitant 410 ha 4 actifs familiaux et 2 employés agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (viande, céréales) ; production d’énergie Allemagne
HASE élevage allaitant, arboriculture et grandes cultures 25 ha 2 actifs familiaux agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (jus de fruit, viande) ; production d’énergie, foresterie Suisse
HUB viticulture 32 ha 2 actifs familiaux et 6 employés conventionnel transformation à la ferme et vente directe (vin) France
HUS grandes cultures et élevage allaitant 60 ha 3 actifs familiaux conventionnel transformation à la ferme et vente directe (viande, œufs, pain) Allemagne
KAS viticulture 12 ha 3 actifs familiaux agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (vin) ; restaurant Allemagne
KLI viticulture 45 ha 16 employés conversion transformation à la ferme et vente directe (vin) France
KLO élevage laitier et grandes cultures 32 ha 2 actifs familiaux et 1 employé agriculture biologique vente directe (œufs) ; accueil de groupes ; pension équestre Suisse
KOP viticulture 35 ha 2 actifs familiaux et 7 employés conversion transformation à la ferme et vente directe (vin) Allemagne
KRA viticulture inconnu délégation totale agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (vin) Allemagne
MUH grandes cultures 300 ha 3 actifs familiaux conventionnel entreprise de travaux agricoles France
MUN élevage laitier et grandes cultures 250 ha 4 actifs familiaux et 2 employés conventionnel transformation à la ferme et vente directe (pain) ; production d’énergie France
ORE grandes cultures 128 ha seul conventionnel vente directe (œufs) ; entreprise de travaux agricoles France
OST viticulture 16 ha 2 actifs familiaux et 5 employés biodynamie transformation à la ferme et vente directe (vin) France
RAP viticulture et grandes cultures 10 ha de vignoble et 30 ha de grandes cultures 2 actifs familiaux et 2 employés partiellement agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (vin) France
RIC grandes cultures et élevage laitier 97 ha 2 actifs familiaux conventionnel emploi extra-agricole France
RUE viticulture, grandes cultures et arboriculture 7,5 ha de vignoble ; surface en grandes cultures estimée aux alentours de 50 ha ; 1,5 ha de verger 2 actifs familiaux biodynamie transformation à la ferme et vente directe (vin, jus de fruit, liqueurs) Allemagne
SCH viticulture 17 ha 3 actifs familiaux et 4 employés conversion transformation à la ferme et vente directe (vin) France
SIR élevage laitier et grandes cultures 63 ha seul biodynamie transformation à la ferme et vente directe (farine, choucroute) France
WET grandes cultures 70 ha 3 actifs familiaux conventionnel vente directe (œufs, poulets, légumes) France
ZAE viticulture 12 ha 4 actifs familiaux agriculture biologique transformation à la ferme et vente directe (vin) France
ZAH viticulture 55 ha 3 actifs familiaux et 20 employés biodynamie transformation à la ferme et vente directe (vin) Allemagne

Selon le principe des entretiens semi-directifs30, les agriculteurs interrogés pouvaient dans la mesure du possible dérouler librement leur discours. Un guide d’entretien était utilisé afin de s’assurer d’aborder les points essentiels, notamment grâce à des relances. Il permettait aussi de créer un cadre structuré à la discussion, même si les agriculteurs étaient libres de ne pas le suivre. Dans les deux études, la structuration était similaire. L’entretien commençait par une présentation de la personne interrogée et de son exploitation, afin de bien comprendre le « point de vue »31 depuis lequel la personne interrogée parle, c’est-à-dire ses caractéristiques sociales, techniques, économiques, ainsi que le contexte dans lequel elle se situe et qui peut éclairer ses objectifs, perceptions et choix. Dans un second temps, les agriculteurs étaient invités à présenter leurs pratiques sur le sujet de l’étude : coopérations avec d’autres agriculteurs dans le cas de la plaine du Lembron, et adaptation au changement climatique dans le Fossé rhénan. Enfin, pour chaque pratique citée, étaient interrogés les objectifs, motivations et éléments déclencheurs, difficultés rencontrées et facteurs facilitants.

Caractéristiques des bordures partagées avec l’agriculture de montagne et opposition à la plaine

Des systèmes agricoles différents…

Bien que d’altitude peu élevée, les bordures et l’agriculture qui s’y trouve présentent des caractéristiques parfois très éloignées de celles de la plaine et qui permettent de les assimiler aux montagnes. La première de ces caractéristiques réside dans le type d’agriculture qui y est pratiquée, ce qui est visible premièrement dans l’occupation des sols (figures 3 et 4)32. En effet, une différence franche apparaît entre grandes cultures de plaine et, dans le cas de la Limagne, les prairies de bordure, qui deviennent prédominantes à partir de 500-600 m d’altitude environ. L’usage des sols de ces bordures est ainsi bien plus proche de celui des sommets. Des sites tels que le Puy de Paillaret (1 700 m d’altitude), ou dans le Parc Naturel Régional (PNR) des Volcans d’Auvergne (1 100-1 200 m d’altitude), présentent ainsi sur le RPG le même type de prairies que l’Ouest de Madriat (500-600 m d’altitude), voire quelques parcelles de triticale, de blé et de maïs. Dans le Fossé rhénan, la distinction est encore beaucoup plus nette, mais ne s’opère pas avec les prairies, bien moins nombreuses, mais avec le vignoble (et les vergers côté allemand), à environ 200 m d’altitude. L’autre extrémité du vignoble est également très bien délimitée, cette fois par l’absence de toute forme d’agriculture, puisque la forêt domine largement, contrairement à la Limagne où elle est bien plus rare (à l’exception du sud-est de la plaine du Lembron, dans le PNR du Livradois-Forez). Les prairies ne sont présentes qu’au cœur des massifs des Vosges et de la Forêt Noire (même si elles sont plus nombreuses en Forêt Noire). Les régions de moyenne montagne sont souvent considérées comme indissociables de l’élevage herbager et de la forêt33. Leur importance croissante en bordure de plaine, depuis des altitudes encore relativement basses, peut constituer un argument pour associer ces zones à la moyenne montagne, même si des cultures peuvent encore avoir une présence notable. La question se pose alors aussi pour le vignoble. Le piémont viticole ne correspond certes pas aux usages du sol caractéristiques de la moyenne montagne, mais sa délimitation franche avec les cultures de plaine invite à clairement le différencier de celle-ci. Il existe de plus des vignobles de montagne34, et les caractéristiques du vignoble d’Alsace, avec ses petites parcelles et ses exploitations anciennement vouées à la polyculture35, correspondent à ce que décrit Paul Minvielle à leur propos36.

Ces différentes occupations des sols traduisent des systèmes agricoles bien distincts, qui opposent fortement l’agriculture des piémonts et des montagnes à la plaine. La première différence parmi les exploitations rencontrées concerne l’importance des grandes cultures. Les exploitations qui cultivent uniquement des grandes cultures, éventuellement avec un élevage de volaille37, se situent en effet majoritairement en plaine (figures 3 et 4). Sur les piémonts, soit les systèmes changent de spécialisation (vignoble dans le Fossé rhénan), soit se diversifient en associant l’élevage aux cultures et en introduisant des fourrages dans les rotations. L’élevage prend même parfois une place très importante (cas de HASE, HAS, HUS, KLO, ECO dans le Fossé rhénan ; EA1, EA2, EA6 et EA8 dans la plaine du Lembron), avec les prairies qui représente la majeure partie de la SAU38. En cela, ces exploitations de piémont s’approchent de celles rencontrées en zone de montagne, dans l’AOP Saint-Nectaire, même si celles-ci n’ont aucune culture.

Si les cultures rencontrées diffèrent, les modes de conduite également, par exemple l’irrigation (figures 5 et 6). En effet, c’est au milieu des deux plaines que les superficies irriguées sont les plus importantes, tandis qu’elles diminuent fortement lorsqu’on s’en éloigne. Cela est en partie lié aux espèces cultivées.

Figure 5 : Part de la superficie agricole communale irriguée dans la plaine du Lembron

Figure 5 : Part de la superficie agricole communale irriguée dans la plaine du Lembron

Gaël Bohnert. Sources : Agreste, Part de la superficie irriguée dans la superficie agricole utilisée (SAU) en 2010, Recensement agricole 2010 (Les données mises à disposition sur Agreste et sur datagouv sont libres de droit, à condition de mentionner clairement la source « Agreste » suivie du nom exact de la source/de l’enquête) ; IGN (2021), BDALTIr_2-0 traitement du 2021-10-01. (Les pas de 75 m et 250 m sont téléchargeables et utilisables gratuitement sous licence Etalab) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use) ; Pierre Nansot, pra-shapefiles (MIT License).

Figure 6 : Part de la superficie agricole communale irriguée en Alsace

Figure 6 : Part de la superficie agricole communale irriguée en Alsace

Gaël Bohnert. Sources : Agreste, Part de la superficie irriguée dans la superficie agricole utilisée (SAU) en 2010 (%), Recensement agricole 2010 (Les données mises à disposition sur Agreste et sur datagouv sont libres de droit, à condition de mentionner clairement la source « Agreste » suivie du nom exact de la source/de l’enquête) ; GeoRhena, Relief – Modèle numérique de terrain (MNT) du Rhin supérieur (Licence CC BY – © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA), Rhin (© OSM contributors – Ajoutez logo GeoRhena en cas de réutilisation) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

De fait, ce sont souvent des cultures telles que la pomme de terre, la betterave, le maïs, particulièrement grain ou semence, qui sont irriguées, et celles-ci sont davantage présentes en plaine et au sein d’exploitations spécialisées en grandes cultures. L’irrigation est en effet parfois jugée indispensable pour ces cultures, selon les propriétés des sols concernés : « Les pommes de terre, si tu n’irrigues pas, tu n’arrives pas à faire des rendements. Donc il faut de l’eau pour cette culture » (MUH, grandes cultures pures dans la plaine d’Alsace). Les agriculteurs rencontrés dans la plaine du Lembron illustrent aussi très bien cette association entre cultures à forts besoins et irrigation, puisque les surfaces irrigables sont toujours dédiées en priorité à des cultures à forte valeur ajoutée telles que le maïs semence ou la betterave, ou au maïs ensilage lorsqu’il s’agit de sécuriser les stocks fourragers pour l’élevage :

La plupart du temps, on privilégie les cultures à marge sur les parcelles irrigables. On met principalement du maïs semence sur les parcelles irrigables, puisqu’en plus pour avoir du maïs semence, il faut avoir de l’irrigation. On ne peut pas faire de maïs sans irrigation. C’était comme les betteraves, on ne peut pas faire de betterave sans irrigation (EA16, polyculture-élevage au milieu de la plaine du Lembron).

…en raison de contraintes qui correspondent aux définitions de la moyenne montagne

Si les cultures et leur conduite diffèrent entre plaine et bordure, c’est principalement en raison de contraintes qui peuvent correspondre à certaines définitions de l’agriculture de montagne. Premièrement, l’irrigation et les cultures qu’elle favorise sont davantage présentes en plaine car l’eau y est plus accessible, en particulier dans le Fossé rhénan où se trouve « plus grande ressource en eau souterraine européenne », facilement accessible du fait de sa faible profondeur39, et soumise à quasiment aucune restriction40. De plus, les pentes compliquent aussi fortement l’irrigation : « [Même si j’avais accès à de l’eau] je ne sais pas si je pourrais arroser mes prairies, parce que c’est tout en côte » (EA3, polyculture-élevage sur une colline de la bordure nord de la plaine du Lembron). La topographie induit bien ici « un appauvrissement des possibilités culturales », critère que Laurent Rieutort utilise pour définir la moyenne montagne, même si cela ne vient pas de la « péjoration climatique » par laquelle « la moyenne montagne se définit d’abord »41, mais bien de la pente ou de la profondeur de la nappe phréatique.

Les contraintes topographiques sont aussi utilisées par d’autres auteurs pour définir la moyenne montagne, comme par exemple Bozon et al., qui considèrent d’ailleurs qu’elles sont partagées avec la montagne élevée42. Parmi les difficultés avancées, « la motorisation de l’agriculture difficile », les « sols souvent minces, en tout cas très divers » sont largement vécus par les agriculteurs de piémont rencontrés, par exemple EA2, en bordure nord-est de la plaine du Lembron à environ 500 m d’altitude, qui explique son élevage de vaches allaitantes Salers « pour valoriser le pâturage » sur des parcelles non mécanisables à cause de la pente. Il rencontre aussi la problématique de sols peu profonds en pente, où « dès qu’il y a un coup de chaud ça grille ».

Ces mêmes contraintes deviennent des atouts pour le vignoble, correspondant à ce que Paul Minvielle considère des atouts de la viticulture montagnarde : « sécheresse de l’air », « ensoleillement important », « position d’abri », « phénomènes d’inversion de températures », « conditions agropédologiques favorables au drainage et au réchauffement des sols »43, autant de caractéristiques possédées par le vignoble rhénan et contribuant à sa renommée dans les vins natures et biodynamiques44. SCH, viticulteur sur le piémont alsacien, entre 400 et 500 m d’altitude, dit d’ailleurs « on est quand même en montagne », ce à quoi il associe « un sol très pauvre », « exposé plein Sud sur des sols entre 40 et 60 % de pente, donc c’est des terroirs très solaires […] sauf la nuit […] on a des amplitudes thermiques plus fortes qu’en plaine. Mais en journée il peut vraiment faire très chaud et très sec ». Ces fortes pentes contraignent fortement le travail de la vigne, forçant par exemple KOP, sur les coteaux badois, à conduire certaines parcelles entièrement manuellement. Mais en retour, cela contribue aussi à la renommée de ces vignobles, valorisant le savoir-faire nécessité par la viticulture dans ces conditions difficiles, et par les paysages créés (figure 7)45. Paul Minvielle affirme bien que « les progrès de la vitiviniculture se sont d’abord réalisés dans les régions où la nature est peu favorable à la vigne »46, et la renommée des vignobles rhénans, sans qu’ils soient très élevés, semble bien s’appuyer sur des conditions difficiles que l’on retrouve également en montagne.

Figure 7 : Les pentes raides du vignoble du Rangen, vignoble de Thann à la renommée internationale

Figure 7 : Les pentes raides du vignoble du Rangen, vignoble de Thann à la renommée internationale

Gaël Bohnert.

L’agriculture de montagne et de bordure, un laboratoire pour les transitions agricoles

Le besoin de composer avec les contraintes présentées précédemment peut faire des agriculteurs de montagne et de bordure des pionniers des transitions agricoles. L’absence fréquente d’irrigation et les sols minces les rendent souvent plus vulnérables aux sécheresses, les incitant à s’adapter par des systèmes de production bien plus complexes, et à expérimenter sans cesse de nouvelles pratiques. Leur conscience du changement climatique est souvent bien plus prononcée, comme le suggèrent les nombreux refus d’entretiens sur le sujet dans la plaine rhénane (figure 8).

Figure 8 : Localisation des entretiens acceptés et refusés dans le Fossé rhénan

Figure 8 : Localisation des entretiens acceptés et refusés dans le Fossé rhénan

Gaël Bohnert. Sources : GeoRhena, Relief – Modèle numérique de terrain (MNT) du Rhin Supérieur (Licence CC BY – © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA)), Rhin (© OSM contributors – Ajoutez logo GeoRhena en cas de réutilisation) ; Agreste, Part de le superficie irriguée dans la superficie agricole utilisée (SAU) en 2010 (%), Recensement agricole 2010 (Les données mises à disposition sur Agreste et sur datagouv sont libres de droit, à condition de mentionner clairement la source « Agreste » suivie du nom exact de la source/de l’enquête) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

Les discours sur les sécheresses de plus en plus récurrentes avec le changement climatique sont aussi plus marqués en l’absence d’irrigation dans la plaine du Lembron, même s’ils sont fréquents dans toute la zone d’étude. Les contraintes hydriques et topographiques, en restreignant les possibilités de cultiver des cultures à hauts rendements et rémunératrices telles que le maïs, la betterave, les pommes de terre, incitent à complexifier les rotations, notamment par des légumineuses fourragères, et à maintenir d’importantes surfaces de prairies, cruciales pour la fertilisation azotée et la préservation de la biodiversité47. Ces aspects permettent de se passer d’intrants de synthèse et sont donc cruciaux au fonctionnement des exploitations biologiques, qui sont de fait plus nombreuses en montagne et sur les bordures qu’en plaine48. De plus, l’agriculture biologique est aussi un moyen de compenser par une meilleure valorisation des productions moins rentables du fait de ces contraintes, tout comme certaines appellations d’origine protégées (AOP) viticoles ou fromagères, qui valorisent le patrimoine et le savoir-faire de ces régions difficiles49.

Dans le Fossé rhénan, des pratiques d’adaptation telles que les rotations, la réduction du travail du sol, les amendements organiques, l’agroforesterie, les bandes enherbées et les cultures associées sont davantage mises en œuvre sur les collines, notamment afin de mieux retenir l’eau dans les sols et de pouvoir se passer d’irrigation50. En effet, les pratiques d’adaptation sont souvent réactives51. Les conditions difficiles des bordures peuvent donc être des déclencheurs des changements de pratiques.

Difficile distinction entre plaine, bordure et montagne

Distinction variable selon les territoires étudiés

Les bordures présentent donc de nombreuses caractéristiques qui incitent à les assimiler à la moyenne montagne, en particulier par opposition à la plaine. Néanmoins, la distinction avec cette dernière n’est pas toujours évidente. La première difficulté vient du fait que la plaine n’est pas toujours indemne de contraintes, ce que met bien en évidence la comparaison entre le Fossé rhénan et la plaine du Lembron. En effet, si la rupture entre plaine et piémont est assez nette dans le Fossé rhénan, marquée notamment par le vignoble, elle est beaucoup plus diffuse dans la plaine du Lembron, qui présente déjà une altitude beaucoup plus élevée et des collines en son sein sur lesquelles on trouve aussi des prairies. Même au cœur de la plaine, certaines contraintes des piémonts peuvent ainsi exister. Par exemple, EA7 et EA9, en plein dans la plaine du Lembron, doivent déjà composer avec des contraintes hydriques et de mécanisation relativement importantes. Même dans la plaine rhénane où les surfaces planes sont bien plus étendues, les sols très hétérogènes génèrent par endroits les mêmes types de difficultés. Les « sols souvent minces, en tout cas très divers » ne seraient donc finalement pas spécifiques de la montagne et des bordures, contrairement à ce que disent Bozon et al.52. Si la vocation herbagère est souvent utilisée pour définir la moyenne montagne53, il faut reconnaître que l’usage des sols dépend d’autres facteurs que l’altitude et la topographie, notamment la pédologie et l’hydrologie, mais aussi de choix productifs. DEN par exemple, au Nord du pays de Bade et au cœur de la plaine, possède un système fortement orienté sur l’élevage herbager, expliqué notamment par la biodynamie et sa conviction du rôle crucial des animaux et des prairies pour un fonctionnement holistique de son exploitation.

Zone de transition et de rencontre entre des espaces mêlés

Selon les contextes, il est donc plus ou moins aisé d’opérer une distinction entre plaine, bordure et montagne. Plutôt que de chercher à tout prix un critère de délimitation, il est peut-être plus pertinent d’accepter plaine et montagne comme deux ensembles aux limites floues séparées par une zone de transition de largeur variable et mêlant des caractéristiques de l’un et de l’autre.

De plus, cette zone de transition peut aussi être une zone de rencontre. En effet, les atouts et contraintes de la plaine et de la montagne sont complémentaires, ce qui rend des échanges entre elles particulièrement intéressants. Les agriculteurs de la plaine du Lembron manquent de fumier, jugé par plusieurs indispensable agronomiquement, tandis que ceux situés en montagne ou bordure manquent de paille. Les échanges de paille contre fumier sont par conséquent fréquents entre la plaine et sa périphérie (figure 9). De même, les cultivateurs de plaine souhaitent souvent introduire des fourrages dans leurs rotations pour les améliorer, et les vendent alors à des éleveurs davantage en montagne.

Figure 9 : Schéma des échanges de matières des agriculteurs rencontrés dans la plaine du Lembron

Figure 9 : Schéma des échanges de matières des agriculteurs rencontrés dans la plaine du Lembron

Gaël Bohnert.

La quasi-absence d’élevage dans la plaine rhénane restreint de même l’approvisionnement en fumier, comme l’explique par exemple FRI, au milieu de la plaine : « Ici dans notre village, il n’y a plus d’animaux ». Il s’approvisionne par conséquent auprès de centres équestres dans la plaine, mais aussi d’un élevage situé un peu plus loin sur les piémonts. Nous rejoignons ainsi Laurent Rieutort qui affirme que « la moyenne montagne n’a jamais vécu totalement repliée sur elle-même »54.

Mais ces échanges ne doivent pas occulter qu’il existe des tensions entre agriculteurs de plaine et de bordure, les derniers exprimant parfois de profondes frustrations en raison de conditions de travail très inégales. MUN, sur les collines du Sundgau alsacien, reproche ainsi aux agriculteurs de plaine de « faire la pluie et le beau temps », tandis qu’elle souffre de sécheresses récurrentes sans possibilités d’irriguer. EA2, éleveur dans le Livradois à l’est de la plaine du Lembron, regrette comme d’autres que les céréaliers de plaine ne comprennent pas les contraintes des éleveurs, et leur imposent souvent des conditions jugées défavorables dans les échanges paille-fumier. Par exemple, c’est l’éleveur qui ramasse la paille, et les céréaliers « veulent que la paille soit vite enlevée car ils veulent déchaumer et partir en vacances ! » Ils sont de plus accusés de « se faire de l’argent sur le dos des éleveurs ». Inversement, des céréaliers tels qu’EA5 ou EA9 reprochent à leurs partenaires éleveurs de ne pas faire attention à l’humidité des sols lorsqu’ils prennent la paille, ce qui les tasse : « il faut les secouer aussi pour qu’ils viennent faire la paille, parce que je fais très attention à la structure des terrains… je ne veux pas de compaction ». Conséquences de ces contraintes contradictoires et de ces incompréhensions, l’animosité est jugée très visible : « quand on circule dans la plaine ils ne répondent pas quand on les salue en tracteur […] rien que dans les réunions, on ne s’assoit pas au même endroit » (EA2).

Les bordures sont donc des zones de rencontre entre agriculteurs de plaine et de montagne, mais ces rencontres ne sont pas toujours très cordiales.

Conclusion

Si l’altitude est souvent utilisée pour délimiter la moyenne montagne, de nombreux autres critères le sont également. La réflexion proposée dans cet article montre que, dans le domaine de l’agriculture, beaucoup d’entre eux s’appliquent à des zones de bordure d’altitude parfois très basse, en particulier concernant les contraintes pesant sur les activités agricoles. Aucun de ces critères ne semble toutefois satisfaisant pour déterminer des limites qui s’avèrent en réalité très mouvantes. Dans les deux zones étudiées, une très nette distinction apparaît entre plaine et bordure, mais leur comparaison montre que les caractéristiques d’une plaine et d’un piémont peuvent être très variables. Identifier des critères généralisables pour définir des ensembles de plaine, piémont et moyenne montagne est donc très difficile, et il serait peut-être plus pertinent de se baser sur les liens qu’ils entretiennent, et cela dans leur contexte spécifique. Plaine et montagne seraient alors des espaces reliés par une zone de transition plus ou moins aisément définissable, et partageant des différences, mais aussi des contraintes communes et des complémentarités. Ces différences et complémentarités expliquent les échanges, mais aussi les tensions, qui peuvent exister entre plaine et montagne.

Notes

1 Lucie Bettinger et Serge Ormaux, « La moyenne montagne européenne, approche d’un concept-problème à partir de l’exemple français », Insaniyat. Revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales, 53 (2011), p. 1739 [En ligne : doi : 10.4000/insaniyat.12942]. Je tiens à remercier Brice Martin et Teva Meyer, ainsi qu’Hélène Rapey, Pascale Moity-Maïzy, Claire Ruault, Marie Houdart, Nathalie Hostiou et Marc Moraire pour l’encadrement de la thèse et du stage sur lesquels cet article s’appuie. Retour au texte

2 Pierre Bozon, Max Derruau, Annie Reffay et Bernard Valadas, « La moyenne montagne. Essai de définition, milieux physiques, typologie (Middle moutain, as a whole) », Bulletin de l’association de géographes français, 57-468 (1980), p. 158 [En ligne : https://doi.org/10.3406/bagf.1980.5174]. Retour au texte

3 L. Bettinger et S. Ormaux, « La moyenne montagne européenne… », art. cit., § 5. Retour au texte

4 Laurent Rieutort, « Les moyennes montagnes d’Europe occidentale : affaiblissement ou réadaptation des campagnes ? », Norois, 173-1 (1997), p. 62 [En ligne : https://doi.org/10.3406/noroi.1997.6773] ; Valentin Chevassu, Émilie Gauthier, Pierre Nouvel, Hervé Richard, Vincent Bichet et Isabelle Jouffroy-Bapicot, « Peuplements et paysages anciens dans les massifs du Morvan et du Jura : confrontation de données paléo-environnementales, historiques et archéologiques », in M. Deschamps, S. Costamagno, P.-Y. Milcent, J.-M. Pétillon, C. Renard et N. Valdeyron, La conquête de la montagne : des premières occupations humaines à l’anthropisation du milieu [Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques], Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2019 [En ligne : https://doi.org/10.4000/books.cths.7182], § 5. Retour au texte

5 L. Bettinger et S. Ormaux, « La moyenne montagne européenne… », art. cit., § 5. Retour au texte

6 P. Bozon et al., art. cit., p. 158. Retour au texte

7 Françoise Ardillier-Carras, « La maîtrise de l’eau pour l’agriculture en Limousin. Un exemple de gestion de la ressource en moyenne montagne océanique », Norois. Environnement, aménagement, société, 210 (2009) [En ligne : https://doi.org/10.4000/norois.2746], § 12. Retour au texte

8 Sascha Vue et Nadège Garambois, « Politique énergétique allemande et agriculture au Jura souabe : denrées agricoles ou méthane ? », Économie rurale. Agricultures, alimentations, territoires, 362 (2017) [En ligne : https://doi.org/10.4000/economierurale.5363], § 51. Retour au texte

9 Mourad Arabi et Éric Roose, « Effets de la GCES sur la production agricole en moyenne montagne méditerranéenne algérienne », in H. Duchaufour et G. De Non, Lutte antiérosive : Réhabilitation des sols tropicaux et protection contre les pluies exceptionnelles, Colloques et séminaires, Marseille : IRD Éditions, 2012 [En ligne : https://doi.org/10.4000/books.irdeditions.12737]. Retour au texte

10 V. Chevassu et al., art. cit., § 3. Retour au texte

11 Aude Nuscia Taïbi, Mustapha El Hannani, Yahia El Khalki et Aziz Ballouche, « Les parcs agroforestiers d’Azilal (Maroc) : une construction paysagère pluri-séculaire et toujours vivante », Journal of Alpine Research / Revue de géographie alpine, 107-3 (2019) [En ligne : https://doi.org/10.4000/rga.6524], § 15. Retour au texte

12 Lutoff Céline, Arina Susa, Stéphane La Branche, Chloé Maréchal et Aurélie Chamaret, « Freins et leviers de l’adaptation au changement climatique : représentations des acteurs de moyenne montagne », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement, 22-2 (2022) [En ligne : https://doi.org/10.4000/vertigo.36477], § 24. Retour au texte

13 P. Bozon et al., art. cit., p. 160. Retour au texte

14 L. Rieutort, « Les moyennes montagnes d’Europe occidentale… », art. cit., p. 63. Retour au texte

15 Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergeo (2010), § 31, 50 [En ligne : https://journals.openedition.org/cybergeo/23155]. Retour au texte

16 Vincent Dubreuil, « Le changement climatique en France illustré par la classification de Köppen », La Météorologie, 116 (2022), p. 37-47. Retour au texte

17 L. Rieutort, « Les moyennes montagnes d’Europe occidentale… », art. cit., p. 65. Retour au texte

18 Ibid., p. 64. Retour au texte

19 Paul Minvielle, « La viticulture dans les Alpes du Sud entre nature et culture », Méditerranée. Revue géographique des pays méditerranéens / Journal of Mediterranean geography, 107 (2006) [En ligne : https://doi.org/10.4000/mediterranee.467], § 7, 9. Retour au texte

20 L. Bettinger et S. Ormaux, « La moyenne montagne européenne… », art. cit., § 5. Retour au texte

21 L. Rieutort, « Les moyennes montagnes d’Europe occidentale… », art. cit., p. 65. Retour au texte

22 P. Bozon et al., art. cit., p. 167. Retour au texte

23 Cette indemnité est une subvention versée pour favoriser le maintien de l’activité agricole dans les zones défavorisées par l’altitude, la pente, des conditions sèches, ou autres handicaps physiques du territoire. Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Indemnité compensatoire de handicaps naturels – ICHN, s. d. [En ligne : https://agriculture.gouv.fr/telecharger/135108]. Retour au texte

24 P. Minvielle, « La viticulture dans les Alpes du Sud… », art. cit., § 5. Retour au texte

25 Ibid., § 4. Retour au texte

26 L. Bettinger et S. Ormaux, « La moyenne montagne européenne… », art. cit., § 17. Retour au texte

27 Ibid., p. 17. Retour au texte

28 Une petite région agricole (PRA) est délimitée par le croisement d’un département et d’une région agricole. Une région agricole regroupe un ensemble de communes dont les caractéristiques agricoles sont homogènes. Le territoire métropolitain est ainsi découpé en 432 régions agricoles et 713 petites régions agricoles. Agreste (2017) [En ligne : https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/methodon/Z.1/!searchurl/listeTypeMethodon/]. Retour au texte

29 Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Indemnité compensatoire de handicaps naturels… doc. cit.  Retour au texte

30 Laurent Matthey, « Éthique, politique et esthétique du terrain : cinq figures de l’entretien compréhensif », Cybergeo : European Journal of Geography (2005) [En ligne : 10.4000/cybergeo.3426]. Retour au texte

31 Jean-Pierre Darré, Roger Le Guen et Bruno Lemery, « Changement technique et structure professionnelle locale en agriculture », Économie rurale, 192-1 (1989), p. 116 [En ligne : 10.3406/ecoru.1989.4004]. Retour au texte

32 Se référer également au registre parcellaire graphique (RPG), visible sur le service Géoportail de l’IGN, qui permet de naviguer sur une carte différenciant les différentes cultures sur chaque parcelle d’une année donnée et de les superposer à une carte topographique : https://www.geoportail.gouv.fr/carte. Retour au texte

33 F. Ardillier-Carras, « La maîtrise de l’eau… », art. cit., § 6 ; L. Bettinger et S. Ormaux, « La moyenne montagne européenne… », art. cit., § 14. Retour au texte

34 P. Minvielle, « La viticulture dans les Alpes du Sud… », art. cit. Retour au texte

35 « Notre famille avait plusieurs activités au départ. De la vigne, mais comme beaucoup à l’époque, ce n’était pas que ça. Il y avait de l’élevage, il y avait des champs » (SCH, viticulteur alsacien). Retour au texte

36 P. Minvielle, « La viticulture dans les Alpes du Sud… », art. cit., § 4. Retour au texte

37 Un élevage de volaille nécessite très peu de place et pas de fourrages, contrairement à un élevage de ruminants. Il s’ajoute donc très bien à un système de grandes cultures pures. Retour au texte

38 Surface Agricole Utile, autrement dit la surface cultivable de l’exploitation. Jean-Benoît Bouron, « Superficie (ou surface) agricole utile (ou utilisée), (SAU) », Géoconfluences (2024) [En ligne : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/superficie-ou-surface-agricole-utile-ou-utilisee-sau]. Retour au texte

39 Élodie Giuglaris, Appui à la GEStion quantitative des Eaux souterraines du grand Ried (GES’Eau’R). Rapport final, BRGM, septembre 2020 [En ligne : http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-69729-FR.pdf], p. 14. Retour au texte

40 Entretien avec un conseiller en grandes cultures alsacien. Retour au texte

41 L. Rieutort, « Les moyennes montagnes d’Europe occidentale… », art. cit., p. 64. Retour au texte

42 P. Bozon et al., art. cit., p. 161. Retour au texte

43 P. Minvielle, « La viticulture dans les Alpes du Sud… », art. cit., § 4. Retour au texte

44 Attestée par la localisation de siège du Mouvement de l’Agriculture Biodynamique (MABD) à Colmar. Paul Minvielle souligne d’ailleurs l’intérêt de ces conditions pour produire « des vins naturels, sans pesticides ni additifs ». Retour au texte

45 Le Rangen, à Thann, connu pour ses pentes raides, bénéficie par exemple d’une renommée internationale. Stéphane Cardia, « Le Rangen, à Thann, classé parmi les 12 plus grands vignobles au monde », Dernières Nouvelles d’Alsace, 21 janvier 2023 [En ligne : https://www.dna.fr/culture-loisirs/2023/01/21/le-rangen-a-thann-classe-parmi-les-12-plus-grands-vignobles-au-monde]. Retour au texte

46 P. Minvielle, « La viticulture dans les Alpes du Sud… », art. cit., § 10. Retour au texte

47 Marie-Benoit Magrini et Bernadette Julier, « Quelle place pour les légumineuses dans une Europe agroécologique ? », Économie rurale. Agricultures, alimentations, territoires, 370 (2019) [En ligne : https://journals.openedition.org/economierurale/7110], § 7. Retour au texte

48 Voir la cartographie des parcelles en agriculture biologique et conventionnelle de l’Agence bio : https://www.agencebio.org/cartobio/. Retour au texte

49 L. Bettinger et S. Ormaux, « La moyenne montagne européenne… », art. cit., § 17. Retour au texte

50 D’autres études ont également observé une mise en œuvre plus importante de pratiques relevant de l’agriculture de conservation des sols (ACS) sur les parcelles en pente. Milkessa Asfew, Fayera Bakala et Yeshi Fite, « Adoption of Soil and Water Conservation Measures and Smallholder Farmers’ Perception in the Bench-Sheko Zone of Southwest Ethiopia », Journal of Agriculture and Food Research, 11 (2023) [En ligne : https://doi.org/10.1016/j.jafr.2023.100512]. Retour au texte

51 Gaël Bohnert et Brice Martin, « Farmers’ adaptation and mitigation practices in the Upper Rhine Valley : Drivers, synergies and trade-offs », The Geographical Journal (2023) [En ligne : 10.1111/geoj.12551]. Dans la plaine du Lembron, on peut citer l’exemple d’EA7, qui s’oriente vers l’agriculture de conservation des sols en réponse à des conditions hydriques et pédologiques difficiles. Retour au texte

52 P. Bozon et al., art. cit., p. 161. Retour au texte

53 F. Ardillier-Carras, « La maîtrise de l’eau… », art. cit., § 6 ; L. Bettinger et S. Ormaux, « La moyenne montagne européenne… », art. cit., § 14. Retour au texte

54 L. Rieutort, « Les moyennes montagnes d’Europe occidentale… », art. cit., p. 65. Retour au texte

Illustrations

  • Figure 1 : La petite région agricole de la plaine du Lembron, au sud de la plaine de la Limagne, au cœur du Massif central

    Figure 1 : La petite région agricole de la plaine du Lembron, au sud de la plaine de la Limagne, au cœur du Massif central

    Gaël Bohnert. Sources : IGN (2021), BDALTIr_2-0 traitement du 2021-10-01 (Les pas de 75 m et 250 m sont téléchargeables et utilisables gratuitement sous licence Etalab) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use) ; Pierre Nansot, pra-shapefiles (MIT License).

  • Figure 2 : Le Fossé rhénan, à la frontière entre France, Allemagne et Suisse, entre Vosges et Forêt Noire

    Figure 2 : Le Fossé rhénan, à la frontière entre France, Allemagne et Suisse, entre Vosges et Forêt Noire

    Gaël Bohnert. Sources : GeoRhena, Relief – Modèle numérique de terrain (MNT) du Rhin supérieur (Licence CC BY – © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA)), Hydrogéologie : Aquifères du Rhin Supérieur (Licence CC BY), Rhin (© OSM contributors – Ajoutez logo GeoRhena en cas de réutilisation) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

  • Figure 3 : Occupation du sol dans la plaine du Lembron et ses bordures, et localisations des exploitations enquêtées

    Figure 3 : Occupation du sol dans la plaine du Lembron et ses bordures, et localisations des exploitations enquêtées

    Gaël Bohnert. Sources : Union européenne – SOeS, CORINE Land Cover, 2012 (Sous réserve du respect des droits de propriété intellectuelle qui leur sont attachés, les informations mises à disposition peuvent être utilisées par toute personne qui le souhaite à d’autres fins que celles de la mission de service public pour les besoins de laquelle elles ont été élaborées ou sont détenues, y compris pour un usage commercial) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use) ; Pierre Nansot, pra-shapefiles (MIT License).

  • Figure 4 : Occupation du sol dans le Fossé rhénan et localisation des entretiens menés

    Figure 4 : Occupation du sol dans le Fossé rhénan et localisation des entretiens menés

    Gaël Bohnert. Sources : GeoRhena (2018), Corine Land Cover : Occupation du sol dans la région du Rhin supérieur (Accès libre et gratuit à cette donnée © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA)) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

  • Figure 5 : Part de la superficie agricole communale irriguée dans la plaine du Lembron

    Figure 5 : Part de la superficie agricole communale irriguée dans la plaine du Lembron

    Gaël Bohnert. Sources : Agreste, Part de la superficie irriguée dans la superficie agricole utilisée (SAU) en 2010, Recensement agricole 2010 (Les données mises à disposition sur Agreste et sur datagouv sont libres de droit, à condition de mentionner clairement la source « Agreste » suivie du nom exact de la source/de l’enquête) ; IGN (2021), BDALTIr_2-0 traitement du 2021-10-01. (Les pas de 75 m et 250 m sont téléchargeables et utilisables gratuitement sous licence Etalab) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use) ; Pierre Nansot, pra-shapefiles (MIT License).

  • Figure 6 : Part de la superficie agricole communale irriguée en Alsace

    Figure 6 : Part de la superficie agricole communale irriguée en Alsace

    Gaël Bohnert. Sources : Agreste, Part de la superficie irriguée dans la superficie agricole utilisée (SAU) en 2010 (%), Recensement agricole 2010 (Les données mises à disposition sur Agreste et sur datagouv sont libres de droit, à condition de mentionner clairement la source « Agreste » suivie du nom exact de la source/de l’enquête) ; GeoRhena, Relief – Modèle numérique de terrain (MNT) du Rhin supérieur (Licence CC BY – © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA), Rhin (© OSM contributors – Ajoutez logo GeoRhena en cas de réutilisation) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

  • Figure 7 : Les pentes raides du vignoble du Rangen, vignoble de Thann à la renommée internationale

    Figure 7 : Les pentes raides du vignoble du Rangen, vignoble de Thann à la renommée internationale

    Gaël Bohnert.

  • Figure 8 : Localisation des entretiens acceptés et refusés dans le Fossé rhénan

    Figure 8 : Localisation des entretiens acceptés et refusés dans le Fossé rhénan

    Gaël Bohnert. Sources : GeoRhena, Relief – Modèle numérique de terrain (MNT) du Rhin Supérieur (Licence CC BY – © European Union, Copernicus Land Monitoring Service 2018, European Environment Agency (EEA)), Rhin (© OSM contributors – Ajoutez logo GeoRhena en cas de réutilisation) ; Agreste, Part de le superficie irriguée dans la superficie agricole utilisée (SAU) en 2010 (%), Recensement agricole 2010 (Les données mises à disposition sur Agreste et sur datagouv sont libres de droit, à condition de mentionner clairement la source « Agreste » suivie du nom exact de la source/de l’enquête) ; GADM (The data are freely available for academic use and other non-commercial use).

  • Figure 9 : Schéma des échanges de matières des agriculteurs rencontrés dans la plaine du Lembron

    Figure 9 : Schéma des échanges de matières des agriculteurs rencontrés dans la plaine du Lembron

    Gaël Bohnert.

Citer cet article

Référence papier

Gaël Bohnert, « Faut-il considérer les exploitations agricoles des piémonts comme des exploitations de moyenne montagne ? », Revue du Rhin supérieur, 7 | 2025, 201-226.

Référence électronique

Gaël Bohnert, « Faut-il considérer les exploitations agricoles des piémonts comme des exploitations de moyenne montagne ? », Revue du Rhin supérieur [En ligne], 7 | 2025, mis en ligne le 15 décembre 2025, consulté le 16 décembre 2025. URL : https://www.ouvroir.fr/rrs/index.php?id=585

Auteur

Gaël Bohnert

Gaël Bohnert est post-doctorant à AgroParisTech, où il travaille au sein de la chaire Transitions agricoles et alimentaires portée par AgroParisTech et Junia et financée par le Crédit Agricole Nord de France. Il est aussi doctorant au CRÉSAT, auteur d’une thèse sur les trajectoires d’adaptation des agriculteurs au changement climatique dans le Rhin supérieur. Enfin, il a finalisé la formation ingénieur systèmes agricoles et alimentaires durables au sud de Montpellier SupAgro, clôturée par un stage de fin d’étude réalisé à l’UMR Territoires (UMR 1273).

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