René Hugueteau […] apprenty mercier & marchant arboriste, amené prisonnier des prisons du petit Ch[ate]llet […] co[mm]e app[ell]ant […] de la mort po[ur] magie & sortilege a la req[ues]te du procureur du roy […] condamné a f[air]e amende honn[or]able nud en chemise ayant la corde au col, tenant en ses mains une torche de cire ardente du poidz de deux livres devant le grand portail de l’eglise de Paris, ce fait, estre pendu & estranglé en la place de grève de ceste ville de Paris, son corps mort & reduit en cendres1.
Les recherches que je mène depuis plusieurs années sur la sorcellerie à Paris sont loin d’aboutir à un état des lieux exhaustif des cas connus, mais elles permettent d’esquisser un tableau de la répression du crime de sorcellerie dans un contexte urbain vraiment particulier. Paris occupe une place unique dans le royaume de France et importante en Europe du fait de son nombre considérable d’habitants et de sa position de ville capitale. Paradoxalement, le nombre de cas de sorcellerie n’est pas proportionnel et les rares affaires de sorcellerie se cachent dans l’océan des archives. Une stratégie de recherche est donc indispensable pour ne pas manquer les traces laissées par ces affaires. Il faut également ne pas s’égarer dans les méandres des juridictions et des catégories de documents pour pouvoir esquisser le profil des accusés de sorcellerie et dégager les spécificités de la sorcellerie parisienne.
Méthodologie de recherche
Pour établir la liste la plus exhaustive de ces cas parisiens, il faut se pencher bien sûr directement sur les nombreuses archives, mais aussi sur les sources bibliographiques parfois très anciennes qui font état de cas parfois mal ou très vaguement documentés par ailleurs. Par exemple, les cas cités dans les traités de démonologie ne sont pas toujours identifiables dans les archives.
Ainsi, la Série U des Archives nationales rassemble des recueils et collections particulières d’extraits, de copies et de documents, composés par les greffiers et commis du greffe et magistrats du Parlement à partir des Archives nationales et d’autres documents issus d’autres fonds. La collection Le Nain peut être utile pour cette étude car elle est un moyen d’entrer dans la densité des archives du Parlement avec une clé pour conduire directement à certains documents identifiés. Ce conseiller au Parlement de Paris, devenu maître des requêtes (1613-1698), a permis d’établir des tables, méthodique et alphabétique, de sa collection2 où des cas de sorcellerie sont signalés. La Table alphabétique fait apparaître des cas de « Sorciers et Sortilèges3 » parmi les vingt-deux références qui concernent les années se situant entre 1259 et 1609, sans préciser l’origine géographique des accusés.
Mais pour mener une recherche qui se veut la plus exhaustive possible de l’ensemble des cas de sorcellerie, magie, ou vénéfice ayant impliqué des justiciables de Paris, il faut se plonger dans les milliers de liasses et registres conservés aux Archives nationales et ailleurs. L’examen des archives des justices seigneuriales de première instance pour la ville de Paris est difficile car les documents sont lacunaires. Cependant, les condamnations pour sorcellerie impliquaient des peines afflictives, et les accusés pouvaient faire appel au Parlement de Paris, ce qui permet de retrouver leurs traces dans cette juridiction.
Et parmi toutes les archives qui peuvent contenir des informations sur les cas de sorcellerie, les registres d’écrous de la prison de la Conciergerie du Palais sont un excellent point de départ pour une recherche systématique car, étant la seule prison de l’île de la Cité, tout prisonnier y était enregistré, qu’il dépende du ressort de la prévôté de Paris ou qu’il fasse appel de sa région d’origine devant la cour du Parlement. Les registres d’écrous ont donc été scrutés pour y relever les prisonniers qui dépendaient de Paris en première instance et qui ont été incarcérés pour crime de sorcellerie. Les registres sont conservés aux Archives de la Préfecture de police de Paris, transférées du site de l’hôtel de police du 5e arrondissement de Paris au nouveau site au Pré-Saint-Gervais depuis 2014. Mais des copies sous forme de microfilms de qualité parfois médiocres sont disponibles au Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales sous les cotes 728Mi/1 à 128.
L’étude de ces registres4 s’est faite pour l’ensemble de la période de criminalisation de la sorcellerie, c’est-à-dire du premier registre conservé aux Archives de la Préfecture de police de Paris (1564) jusqu’à ceux dépassant la date de l’ordonnance de 1682. Cela représente une cinquantaine de registres conservés dans la série Ab qui ont permis d’identifier les personnes arrivant dans les prisons de la conciergerie accusées du crime de « sortilège », selon le terme générique en vigueur, ou d’autres crimes tels que « vénéfice » et « devinement ». Les cas indiqués dans ces registres renvoient à l’arrêt du Parlement qui stipule la sentence finale. La date de l’arrêt mentionnée permet de retrouver dans les registres des arrêts du Parlement conservés dans la série X/2a l’arrêt concernant cette affaire qui est souvent plus détaillée que les simples mentions factuelles données dans le registre d’écrous. Les indications de dates d’arrêts données dans les écrous ne sont pas toujours exactes, et les lacunes dans les registres des arrêts ne permettent pas toujours de retrouver les cas de sorcellerie.
Le Parlement de Paris, en tant que juridiction suprême du royaume de France, avait sous son autorité le Châtelet de Paris et la moitié du royaume, et à ce titre, il aurait traité environ 1 300 cas de sorcellerie en appel5. Entre 1540 et 1670, Alfred Soman a compté entre 1 254 et 1 288 prévenus de sorcellerie, en plus de 97 cas de magie, 49 appelants décédés à la Conciergerie et 69 cas marginaux où la sorcellerie ou la magie sont ajoutés à d’autres charges. Il y ajoute « 593 autres poursuites dans l’énorme ressort parisien » et 521 procès de sorcellerie non portés au Parlement. Au total, selon A. Soman, il y aurait donc 2 583 cas de sorcellerie ou magie.
La grande difficulté est de reconstituer ces affaires judiciaires à travers les différents actes qui y interviennent (arrêts, interrogatoires, audiences, écrous, procès-verbaux), principalement issus des quelques 11 659 registres ou 15 000 cartons conservés aux Archives nationales6 et classés dans la série X7. Le premier obstacle reste le manque d’archives : les sacs de procès en première instance n’ont pas été conservés8, les registres des écrous et des arrêts du Parlement sont parfois lacunaires ou détériorés, et les plumitifs conservés sont d’une extrême difficulté à lire à cause d’un système d’abréviation des plus complexes. Il faut donc chercher dans les archives des greffes de la cour criminelle. Ainsi, suivant la séparation entre civil et criminel, l’activité de la Chambre de Tournelle est conservée dans la sous-série X/2 qui regroupe le fonds des arrêts criminels subdivisé en deux sous-séries X/2a pour les registres (transcriptions reliées en livres) et X/2b pour les minutes (originaux sur feuilles volantes mais qui ne concernent malheureusement que très peu notre période d’étude et principalement les dernières années de l’Ancien Régime). Les registres d’écrous de la Conciergerie du Palais forment la série Ab dans les archives de la Préfecture de police de Paris. D’autres documents, comme les consignations dans la sous-série ZZ3 et les saisies réelles dans la sous-série ZZ2, peuvent compléter les recherches.
Les entrelacs de la justice à Paris
La justice à Paris se décline en une multitude de justices qui se partagent le territoire de la ville, prévôté et comté de Paris. La justice royale du Châtelet est la plus connue, mais les justices seigneuriales occupent leur place au même titre que celle du roi. Parmi les centaines de justices existant entre le haut Moyen-Âge et la fin du xviie siècle, les principales sont celles des abbayes de Saint-Germain-des-Prés, Sainte-Geneviève, Saint-Victor, Saint-Magloire, du Temple et du prieuré de Saint-Éloi. Les hautes justices en charge de condamner à des peines corporelles sont au nombre de 18, celles précédemment citées et les suivantes : la justice de l’évêque de Paris, des abbayes de Montmartre et de Tiron, de la commanderie de Saint Jean-de-Latran, des prieurés de Saint-Lazare, Saint-Denis-de-la-Chartre et Saint-Martin-des-Champs, des chapitres de Notre-Dame, Saint-Marcel, Saint-Benoît et Saint Merri, et de l’abbaye de Saint-Denis pour sa seigneurie à Aubervilliers9.
Ces justices seigneuriales étaient détenues par le clergé, régulier ou séculier, mais agissaient de la même façon que les justices laïques car elles n’avaient rien en commun avec les justices ecclésiastiques proprement dites. L’évêque, les ordres monastiques et les églises de Paris agissaient en tant que seigneurs temporels sur leur domaine féodal. Le seigneur ecclésiastique réunissait la juridiction spirituelle à cause de son titre de dignitaire, et la juridiction temporelle à cause de son domaine. Ces juridictions ne partageaient ni leur composition, ni leur compétence, ni leur procédure, ni leurs peines. Elles pouvaient même revendiquer leurs justiciables les unes vis-à-vis des autres.
Ces justices seigneuriales possèdent des registres antérieurs au premier registre connu du Châtelet qui date des années 1389-1392, par exemple pour l’abbaye Saint-Martin-des-Champs. Les justices de l’abbaye de Sainte-Geneviève10 ou de Saint-Germain-des-Prés11 ont été plus étudiées que d’autres12.
Une multitude de documents
Les archives du Parlement de Paris permettent de retrouver les documents afférents aux cas de sorcellerie, même si, malheureusement pour les historiens, les sacs des procès n’ont jamais été conservés. Les registres de transcriptions des arrêts de règlement du Parlement rendus par la Chambre de la Tournelle sont les principaux documents de référence. Ils existent depuis 1312 et jusqu’en 1784 dans la série X/2a, sous les cotes X/2a/1 pour l’année 1312 jusqu’à X/2a/415 pour décembre 1683, date finale prise en compte pour cette étude – tandis que la série s’étend jusqu’à la cote X/2a/900. Les quelques registres d’audiences peuvent parfois suppléer les lacunes.
Les minutes des arrêts et des plaidoiries sont lacunaires : la série X/2b regroupe les feuilles volantes conservées depuis 1528 pour la plus ancienne (l’incendie de 1618 a détruit les liasses antérieures) et de façon incomplète, jusqu’en 1566. Il n’y a pas de répertoires chronologiques ou de tables alphabétiques des accusés jugés en appel avant le xviie siècle.
Les plumitifs d’interrogatoires du conseil de la Tournelle regroupent les feuilles et cahiers d’audience ou les listes de délibérés et de procès remis sans charge, notamment l’ultime interrogatoire, confrontation ou déclaration avant le jugement définitif qui mentionne la peine prononcée, avec une distinction entre affaire ordinaire et importante (les registres sont écrits dans les deux sens). Les feuilles d’audience conservées (sous les cotes X/2b/1094 et suivantes) peuvent être des brouillons ou des mises au net. Les actes et pièces d’instruction (information, interrogatoire, récolement, confrontation et réquisitions du procureur général) pour les affaires instruites en première instance ou en appel n’ont été conservés que pour la période postérieure à 1561 et sont regroupés sous les cotes X/2b/1174 et suivantes.
Les requêtes présentées au Roi et qui réclament justice sont soumises à l’examen des maîtres des requêtes du Palais. Cette juridiction réglée par édit en 1364 dispose d’un greffier particulier et d’une Chambre à part par la suite, puis de deux Chambres en 1580. Elle délivre les lettres de justice nécessaires aux plaideurs pour les citations et les appels, statue sur les oppositions et juge en première instance les causes personnelles et/ou possessoires des membres de la famille royale et des officiers du roi. D’autres documents issus du greffe peuvent encore compléter certains cas.
Le rôle capital du Parlement de Paris
Le Parlement est la première cour du royaume de France au-dessus des autres juridictions, et même la plus grande cour de justice d’Europe en plus d’être exceptionnelle en durée (de Saint Louis à la Révolution) et en ressort. Ses fonctions judiciaires et politiques auprès du roi retracent les évènements de l’histoire nationale13. Ses archives sont d’une richesse qui attire la curiosité et l’intérêt des chercheurs mais elles se révèlent bien difficiles d’accès et encore trop peu exploitées par les chercheurs. Les innombrables registres et cartons d’archives sont parfois en mauvais état à cause des problèmes de conservation.
Le Parlement tire son nom des parlamenta, les séances judiciaires de la Curia regis qui se structure dès le début du xive siècle avec l’ordonnance de 1345. Le roi est source de toute justice et le Parlement en est sa délégation permanente. Seul jusqu’au milieu du xve siècle où des parlements provinciaux sont créés, il reste souverain jusqu’au dernier ressort pour les appels nombreux, mais exerce aussi en premier ressort les cas royaux. Jusqu’au xviie siècle, le ressort du Parlement de Paris couvre plus d’un tiers du royaume. L’étendue de son action est à l’image de la définition de l’exercice de la justice : il s’agit de juger des procès mais aussi d’assurer l’ordre, la sécurité et la paix. Ainsi le Parlement a des attributions administratives dites de police pour l’intérêt public. Il rend des arrêts de règlement qui sont des actes judiciaires à valeur législative pour compléter les ordonnances royales dans l’administration. Il ne sera remplacé par le lieutenant général de police qu’en 1667 par l’édit du 15 mars.
Le Parlement est composé de 6 chambres. La première et la plus ancienne est la Grand Chambre qui a autorité sur tout le Parlement. Cette cour juge en première instance les affaires importantes du royaume, et elle est la cour d’appel des affaires jugées à Paris par le Châtelet en première instance avec ses baillis et sénéchaux, et par les autres juridictions de son ressort. Les arrêts sont rendus après plaidoiries ou délibération et prononcés par le président (jusqu’en 1667 où cette formalité est abolie). La Chambre des enquêtes examine en appel les procès déjà instruits par écrit en première instance et mène les enquêtes demandées par la Grand Chambre. Elle peut rendre des arrêts au petit criminel quand il n’y a pas de peine afflictive ou infamante. La Chambre criminelle ou Chambre de la Tournelle, composée de laïcs, s’occupe des causes de sang impliquant des peines afflictives et devient autonome de la Grand Chambre en 1515.
Il ne faut pas oublier le personnel parlementaire. Sous le premier président, une foule de présidents, conseillers, avocats, procureurs et substituts, greffiers et huissiers forment le Parquet. On compte une centaine de conseillers au xve siècle14. Ces conseillers émettent des rapports qui avec l’examen des pièces écrites permettent au Parlement de rendre un arrêt après délibération en conseil. Une autre voie permet de rendre un arrêt à l’issue d’une audience où les avocats ont fait les plaidoiries. Le Parlement émet lui-même ses règles de procédure dès le début du xive siècle. Par exemple un appel doit être relevé dans les trois mois d’après l’arrêt de règlement du 9 mai 1332. C’est à la fin de notre période d’étude que Louis XIV réforme la justice avec l’ordonnance civile d’avril 1667 et l’ordonnance criminelle d’octobre 1670. Le Parlement cesse son activité avec la révolution.
Les sources retenues dans cette édition sont la mémoire de l’exercice pratique de la justice et permettent d’appréhender une part de la société qui a envoyé à la mort certains de ses membres sous l’accusation de sorcellerie. Ces documents judiciaires sont biaisés par le prisme d’une justice codifiée qui laisse peu d’espace à l’expression personnelle, mais dévoile néanmoins certaines attitudes et certaines idées exprimées par des justiciables qui laissent très peu de traces écrites par ailleurs. Ces documents ont été conservés comme la mémoire interne de la cour, destinée à rendre accessible des documents pour le bon fonctionnement d’une institution qui veut rester confidentielle et opaque aux profanes : la justice se rend dans le secret des délibérations et sans motivations pour ces arrêts15. Et c’est pourquoi ne sont conservées systématiquement que les décisions qui font juridiquement foi.
Les jugements rendus par le Parlement de Paris sont définitifs et ne peuvent être remis en cause. La toute dernière chance d’échapper à la sentence est de demander une lettre de rémission au roi16. Cet acte de la Chancellerie où le roi octroie son pardon à la suite d’un crime ou d’un délit, arrête la procédure judiciaire avec une lettre patente. La rémission est un acte de pardon, de grâce ou d’indulgence, accordé par le roi et conservé dans les registres de la Chancellerie. Ainsi y apparaissent les accusés de sorcellerie, mais aussi ceux qui sont coupables du meurtre d’un accusé de sorcellerie. La série JJ du Trésor des Chartes contient donc des cas de sorcellerie, mais tous les cas ne sont pas encore identifiés car aucune recherche systématique n’a été menée jusqu’à présent17. Cependant, des cas ont été trouvés lors de recherches ponctuelles. Ainsi, la lettre de rémission de Guillemette la Tubée est connue depuis le xixe siècle18. Elle révèle que cette femme suspectée de sorcellerie en 1382 a utilisé des conjurations pour attiser l’amour de son mari et pour avoir une vie meilleure. Elle semble être une familière de Paris puisqu’elle va voler au cimetière des Innocents des ossements humains pour effectuer un rituel magique qui s’avère inefficace19.
Le profil des accusés
L’examen minutieux de ces sources a révélé, dans l’état actuel des recherches, l’existence d’une trentaine de cas de sortilège ou de magie impliquant une quarantaine de personnes, dont une bonne moitié de femmes, pour la prévôté de Paris et sur l’ensemble de la période concernée. Ce décompte comprend les accusés de vénéfice : les « empoisonnement, sortilège » et les « philtres amoureux » qui font que « les sorciers sont plutôt punis pour leurs vénéfices que pour aucun commerce qu’ils ayent avec le Diable »20. Les empoisonnements magiques sont mentionnés pour 17 accusés, dont 10 le sont explicitement pour « vénéfice », terme qui remplace celui de « sortilège » habituellement employé. Le nombre total d’individus poursuivis pour un crime impliquant la sorcellerie dans le sens large de pratiques magiques interdites se monte précisément à 44, mais d’autres cas peuvent encore s’ajouter. Le premier cas connu à ce jour date de 133721 et le dernier de 167422. En comparaison, une petite vallée vosgienne située à la frontière de deux grandes régions de répression de ce crime, la Lorraine et l’Alsace, compte presque le double de personnes accusées de sorcellerie pour une population estimée à 5 000 habitants et pour une période allant de 1570 à 1620, soit à peine un demi-siècle23.
Cette liste de cas pourra être complétée au fur et à mesure des recherches avec les cas mentionnés dans diverses références bibliographiques (parfois anciennes) et répétés dans les ouvrages contemporains et qui s’avèreront documentés. Le recoupement peut se faire notamment avec des mentions du crime devenues illisibles (détérioration du registre) ou dans le cas où le crime n’est pas précisé dans le registre des écrous par oubli ou imprécision.
Le tableau récapitulatif chronologique (tab. 1) indique la liste des personnes impliquées dans ces affaires de sorcellerie, classée selon la date de la procédure judiciaire entamée. Les termes retenus pour qualifier le crime principal sont mentionnés dans la même colonne. L’identité des accusés se composent de leur nom, surnom et statut marital. La juridiction dont ils dépendent est également indiquée. Les liens qui unissent les accusés avec Paris sont explicités, et il s’avère que très peu d’entre eux sont des natifs de la ville. En examinant le lieu de résidence des accusés, on s’aperçoit que certains d’entre eux ne fréquentent pas très souvent les rues de Paris, mais la ville joue cependant un grand rôle dans leur vie. En étudiant les sentences émises par la justice de première instance « par devant les juges naturels du domicile24 », puis celles émises par appel aux cours souveraines, on retrouve la clémence générale étudiée plus haut.
Une affaire emblématique de la spécificité parisienne
La grande affaire mettant en cause Toussaint le Juge, Mazette le Bas et Barbe Dodin à partir de 1631 se révèle particulièrement vaste. Elle implique plus de 25 personnes dans des procédures qui durent des années. Les sources sont encore lacunaires en l’état actuel des recherches, mais montrent déjà l’énorme machine financière qu’est la cour du Parlement de Paris, et les aspects économiques et financiers dans son fonctionnement et dans les stratégies de son personnel.25
Récapitulatif chronologique
Pièces judiciaires relatives à ce cas et identifiées à ce jour :
- 13 décembre 1631 : sentence de Saint-Germain et du Châtelet en première instance.
- 23 décembre 1631 : écrou de la Conciergerie du Palais.
- 21 janvier 1632 : arrêt pour Mazette le Bas et Didier Aubertin contre calomnie par Crestien, fils de Mazette, et Jean Dumesnil.
- 21 février 1632 : arrêt pour Didier Aubertin et Jeanne Trebuchet.
- 23 mars 32 : arrêt pour Barbe Dodin libérée contre son témoignage contre Barbe Dubois.
- 8 mai 1632 : décision rendue entre Guillaume Vallée, Toussaint le Juge, Mazette le Bas et Nicolas Chalumeau.
- 17 mai 1632 : requête de Guillaume Vallée.
- 22, 23 et 30 juin 1632 : plumitifs du conseil.
- 25 juin 1632 : arrêt pour Toussaint le Juge et son exécution.
- 26 juin 1632 : requête de Nicolas Chalumeau.
- 1632 : requête de Mazette le Bas (date précise encore inconnue).
- 28 mai 1632 : arrêt pour les mêmes.
- 5 janvier 1633 : requête de Louis Tacher de Boisgoutier.
- 20 avril 1633 : arrêt à contredire pour Didier Aubertin, Mazette le Bas, Jeanne Trebuchet contre Nicolas Chalumeau.
- 30 juin 1633 : arrêt pour Mazette le Bas.
- 7 juillet 1633 : arrêt pour Mazette le Bas et son mari Didier Aubertin.
- 12 juillet 1633 : autre arrêt pour Mazette le Bas.
- 20 novembre 1633 : arrêt concernant la condamnation à mort de François du Bois.
Résumé de l’affaire
En 1631, Anthoine Crestien, avec l’aide de complices, complote pour faire emprisonner sa mère, Mazette le Bas, par la justice de Saint Germain, dont les deux dépendent, en l’accusant d’être « sorcière » et d’avoir fabriqué des requêtes aux esprits malins qu’on aurait retrouvées chez elle. Il manœuvre pour faire également emprisonner le mari de sa mère, Didier Aubertin, pour qu’il ne puisse pas justifier de l’innocence de celle-ci. Le 13 décembre 1631, la justice de Saint-Germain condamne Mazette le Bas avec deux complices également accusés de sorcellerie, Toussaint le Juge et Barbe Dodin. Mazette le Bas est condamnée au bannissement, Toussaint le Juge aux galères perpétuelles avec amende honorable et Barbe Dodin doit comparaître en justice pour être interrogée.
Le 23 décembre, les trois accusés sont transférés à la Conciergerie dans le cadre de leur appel à la justice du Parlement. Par ailleurs, Didier Aubertin dépose une requête car il a été emprisonné 32 jours dans le cachot noir des prisons du Châtelet. Ce dernier demande aussi que les scellés sur sa maison soient levés et que la garnison qui y habite vide les lieux. Il demande également que ses clés, l’argent et les armes (épée et baudrier) qu’il avait sur lui lors de son arrestation lui soient rendus. Il obtient gain de cause par le Parlement.
En 1632, Barbe Daudin fait une requête auprès du Parlement car elle dit avoir été emprisonnée sans charge ni informations à l’occasion du procès criminel fait à une autre Barbe, celle-ci appelée Barbe du Bois. La sentence de ce procès prononcée par le procureur général du roi stipulait qu’elle devait être libérée, ce qui est effectif le 23 mars 1632 sous caution.
Didier Aubertin a également fait appel devant le Parlement le 20 avril 1632 avec une prisonnière nommée Jehanne Trebuchet. Ils demandent tous deux à être libérés et que les saisies soient levées. En même temps, ils demandent que les pièces du dossier les opposant à Nicolas Chalumeau leur soient communiquées pour y contredire.
Guillaume Vallée, passementier de Paris, avait déposé une requête pour que lui soient restituées les 8 858 livres extorquées par Toussaint le Juge et Mazette le Bas. Le Parlement entend les différentes parties avec un appointement le 8 mai 1632, mais Guillaume Vallée est finalement débouté car estimé indigne.
Toussaint le Juge est condamné et exécuté le 25 juin 1632 à être pendu et étranglé après avoir fait amende honorable devant Notre-Dame. Un tiers de ses biens est octroyé au dénonciateur Nicolas Chalumeau. Le plumitif de juin 1632 fait état de grands trésors et d’extorsion de grosses sommes d’argent.
Le 30 juin 1633, le Parlement prononce son jugement final par arrêt : Louis Tacher, sieur de Boisgoutier et écuyer de la maison du Roi est partie intervenante dans le procès en contradiction, et au bout du compte, Guillaume Vallée se voit restituer les 8 858 livres ; Toussaint le Juge et Mazette le Bas sont confirmés dans leur culpabilité. Le fils naturel de Mazette, Anthoine Crestien (appelé également Cristophle), sa femme Madeleine Larcher et les autres Dumesnil, Desmarest, Sergent et Petit-Fusseur doivent rendre tous les biens saisis à Didier Aubertin. Mazette le Bas est condamnée au bannissement pour neuf ans avec la menace d’être pendue si elle ne respecte pas son ban, et à 1 600 livres d’amende, dont une partie pour le dénonciateur. Guillaume Vallée et Boisgoutier sont mis hors de cour et de procès. Cependant ces deux derniers doivent comparaître pour être interrogés par la cour sur cette affaire, ainsi que 18 autres personnes impliquées dont une mère et sa fille, une « dame », deux écuyers et deux prêtres. Cette affaire est loin d’être close.
Une grande affaire d’extorsion par une bande d’escrocs
Les éléments de sorcellerie sont en fin de compte peu nombreux dans cette vaste affaire. On ne sait presque rien de la façon d’invoquer les esprits malins ou des moyens d’utiliser la magie pour soutirer une énorme somme d’argent aux victimes de ce qui se révèle être une escroquerie organisée. En revanche, cette affaire montre toutes les ramifications d’une procédure judiciaire qui s’étale sur plusieurs années et qui sollicite l’ensemble des recours et des acteurs de la justice. Elle montre aussi les dissensions dans une famille recomposée, les liens entre les complices de l’escroquerie, et surtout l’habileté des justiciables à jouer avec les rouages de la justice pour essayer d’obtenir gain de cause. Toussaint le Juge ne parvient pourtant pas à sauver sa vie. Mazette le Bas échappe à la peine de mort et son mari rentre même partiellement dans son bon droit. Barbe Dodin est disculpée mais doit rester à la disposition de la justice. Les sentences définitives soulignent l’importance des réseaux d’influence et de soutien, que ce soit pour tromper un passementier naïf finalement jugé indigne de récupérer l’argent extorqué ou au contraire pour innocenter un accusé croupissant au fond du fameux cachot noir qui veut faire valoir ses droits et récuperer par justice ses biens confisqués.
Cette affaire constitue un cas précurseur de la tendance, à Paris, à dériver de la sorcellerie vers l’escroquerie, un demi-siècle avant la décriminalisation officielle de la sorcellerie et la mutation vers un crime où la tromperie remplace la magie. La dimension sexuelle semble absente de cette affaire. Les motivations à invoquer les esprits malins qui sont inconnues pour l’instant pourraient se révéler en lien avec les sentiments des victimes.
Conclusions
La traque des cas de sorcellerie à Paris dans l’immensité des Archives nationales et des autres sources n’est pas encore arrivée à son terme. De plus, la grande disparité des documents tout au long des trois siècles et demi de criminalisation de la sorcellerie ne permet pas de conclure de façon définitive sur un phénomène majeur de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne.
L’évolution de la criminalisation de la sorcellerie (tab. 1) montre une plus grande concentration des cas dans le premier tiers du xviie siècle, ce qui ne correspond pas à la distribution des cas pour les campagnes et les villes de l’ensemble du resssort du Parlement de Paris. Les cas parisiens semblent plus tardifs et moins intenses. Les spécificités de ces cas urbains soulignent les liens avec la cour, l’importance de l’amour physique et sentimental et l’omniprésence des questions d’argent au détriment des accusations en vigueur dans les campagnes ou les petites villes. La sorcellerie parisienne est donc différente de celle du reste du royaume en matière d’intensité et de nature.
Date, juridiction et accusation | Nom | Activité et lien avec Paris | Sentence initiale | Sentence définitive |
1337 Saint-Martin « Sorceries » et poisons |
Alips, femme de Jehan Nantoys | Demeurant à Paris et travaille à la cour | Emprisonnement | Amende et délivrée |
1382 Châtelet Conjuration et philtres magiques |
Guillemette la Tubée | Demeurant à Paris et vole au cimetière des innocents | Emprisonnement | Libérée par lettre de rémission royale |
1390 Châtelet Ensorcellement et poison |
Margot de la Barre dite du Coingnet | Née à Beaune et demeurant à Paris, en lien avec la prostitution | Mort par feu | Pilori et mort par feu sur la place du marché aux Pourceaux |
Idem | Marion la Droiturière, dite l’Estallée | Née à Paris et y demeurant, en lien avec la prostitution | Soumise à la Question et seulement bannie (?) | Idem |
1390 Châtelet Devineresse |
Jehanne de Brigue, dite la Cordière | Née à Joinchery-sur-Meuse, demeurant à Besmes, avec contacts et renommée à la cour de Paris | Mort par feu ou seulement condamné au pilori et à 6 mois de prison (?) | Idem |
Ensorcellement | Mazette, femme de Hennequin de Rully | Demeurant à Guérard et ancienne prostituée parisienne | Mort par feu | Idem |
1568 Châtelet « Sorcellaige » et ensorcellement |
Michelle Audelle, femme de Pierre Feret | Née et demeurant à Aubervilliers, femme de laboureur | 1er écrou : soumise à la Question 2ème écrou : bannissement du royaume |
1e sentence : Question confirmée sans amende 2ème sentence : gardée à la maison car malade et doit se représenter |
1571 Prévôté de l’Hôtel de la Maison du roi Sorcellerie et « actes impossibles » |
« Trois-Echelles » ou « Des-eschelles » | Fréquente la Cour de Paris | Condamnation à mort | Gracié mais finalement exécuté (?) |
1587 Châtelet Sortilège et « invoceur » d’esprit |
Jacques Le Grand | Maître tapissier né et demeurant à Paris, rue du Bourg-l’Abbé | Soumis à la Question | Banni de Paris pour 3 ans |
1598 Châtelet Sortilège |
Remy Philippes | Berger né à Sermoise, près Soissons, et demeurant à Montlhéry | mort | Amende honorable, fustigé et banni pour 9 ans |
Idem | Eustache Texier | Berger né à Chappes, près Château-Porcien, et demeurant à Montlhéry | Idem | Idem |
1601 Châtelet Sortilège |
Anthoinette Bourgeois, veuve de Pierre Potard | Née dans la Vallée de Montmorency, et demeurant à Paris, rue des Filles-Dieu ou rue du Figuier | Amende honorable, verges et bannissement | Sentence infirmée sans amende |
1607 Le Temple Sortilège, larcins et sacrilège |
Jehan Sommier, | Manouvrier né à Luthon, et demeurant à Paris | Amende honorable et mort par pendaison | Galères à perpétuité |
Sortilège | Jehan de Vienne | Maître fondeur demeurant à Paris | Soumis à la question | Banni de Paris pour un an et amende 32 £ + 10 £ |
1609 Sainte-Geneviève Sortilège, divination, chiromancie et bonne aventure |
Françoise Houart | Bannissement pour 6 ans | Libérée pour « bien vivre », et expulsée de sa maison | |
1610 Châtelet Vénéfice |
Anthoine Andemy | Praticien à Paris | Mort | Mort confirmée « bien jugé » |
Idem | Anne Landier sa femme | Mort | Doit assister à l’exécution de son mari, verges et bannissement à perpétuité | |
1610 Châtelet Vénéfice |
Jacques Caillet | Soumis à la Question | libéré | |
1614 Châtelet Vénéfice, adultère et assassinats |
Helene Rollin, femme de Pierre de la Borde | Femme de l’huissier sergent à cheval au Châtelet | Amende honorable, verges, bannissement et réclusion à perpétuité | Recluse au monastère des filles pénitentes de Nogent |
Idem et prostitution de sa fille | Antoinette Gollard, sa mère | Bannissement | Verges avec écriteau et bannissement pour 3 ans | |
1617 Le Temple Sortilège et vol ajouté ; Blasphèmes, larcins et effronteries |
Edmée Goriard, femme de Robert Hennequin | Femme de maçon et demeurant à Paris | Verges et bannissement pour 5 ans ; amendes et restitution pour dommages et intérêts | Verges et bannissement pour 5 ans ; amendes alourdies |
1618 Petit Châtelet Sortilège et magie |
Damoiselle Marie Du Pré, veuve de Jehan Desbrosset | Née à Nancy, demeurant à Paris et fréquentant Meudon | Verges à Paris puis à Meudon, et bannie à perpétuité du royaume de France | Verges sous la custode et bannissement de Paris à perpétuité |
1619 Saint-Germain-des-Près Sortilège |
Jeanne de Guyerne, veuve de Mathurin Pouet | Assister à l’exécution et bannissement | Sentence confirmée | |
Idem | Jeanne Coguette, femme de Michel Tonnelier | Idem | Sentence confirmée | |
Idem | Claire Martin, femme de Jean Franquet | Verges, flétrissure de fleur de lys et bannissement | Sentence infirmée avec flétrissure seule | |
1622 Saint-Martin Petit Châtelet Vénéfice |
Guillemette Hery, femme de Jean Langlois | Soumise à la question | Question confirmée | |
1623 Temple Sortilège, magie, divination |
Gilles Hebert | Joueur d’instruments à Paris | Amende honorable, banni à perpétuité et amende | Verges, bannissement pour 5 ans de Paris et amende |
Idem | Claude de la Place, sa femme | Idem | Idem | |
1623 Petit Châtelet Magie et sortilège |
René Hugueteau | apprenti mercier et marchand né à Coulonges, près de Fontenay en Poitou | Mort | Amende honorable, mort par pendaison et corps réduit en cendres |
1624 Le Temple Vénéfice et adultère |
Helaine Berteau, femme de Simon Chenepis | Femme d’un maître brodeur à Paris | Assister à l’exécution | Bannie pour 3 ans et amendes, libérée contre aumône |
Idem | Fleurant Desbruières | Maître chirurgien à Paris | Amende honorable et galère pour 3 ans | Banni du ressort du Parlement pour 1 an avec amende, et libéré contre forte aumône |
Idem | Lucienne Thomas | Verges et bannissement | Verges sous la custode et libérée | |
Idem | Eustache Perreault | Prêtre à Paris | Décédé en prison | Disculpé |
1628 Le Temple Magie, vol et recel |
Henriette Fleuridor, dite la Bieche | Verges et bannissement | Restitution et sentence au résidu | |
1631 Châtelet Sortilège, extorsion et tromperies |
Toussaintz le Juge | Amende honorable et galères à perpétuité | Amende honorable, mort par pendaison et étranglement en place de Grève | |
Saint-Germain puis Châtelet Idem |
Mazette le Bas, femme de Didier Aubertin | Née hors de Paris et femme d’un bourgeois de Paris | Bannissement pour 9 ans | Bannie 9 ans de Paris et amende de 1 600 £. Provision de sa personne |
Sortilège | Barbe Dodin, veuve de Jacques Roias | Disculpée | Libérée mais provision pour se présenter à nouveau | |
1633 Grand Châtelet Sortilège |
Edmé Lecour | Sergent à cheval au Châtelet de Paris | Soumis à la Question ordinaire et extraordinaire | Banni pour 9 ans de Paris et amende de 24 £ |
1635 Sainte-Geneviève Sortilège |
Pierre Marcel dit La Fleur-Gaignedenier | Bannissement pour 3 ans, restitution de 4 pistoles et amende de 8 £ | Blâme, restitution et amende | |
1658 Châtelet Homicide et sortilège |
Hugues de Sossy | Soumis à la Question ordinaire et extraordinaire | Banni 9 ans de Paris et amende de 4 £ | |
Idem | Marie Loisel | Idem | Idem | |
1661 Grand Châtelet Billets d’empoison-nement |
Julien Lepaige, dit la Noué | Amende honorable et mort par pendaison. Papiers et billets d’empoison-nement lacérés par l’exécuteur | Galères pour 9 ans | |
Idem | Jacques Lespine | Idem | Idem | |
1674 Châtelet Devin et bonne aventure avec récidive |
Guillaume Thuret | Bourgeois de Paris | Bannissement à perpétuité de Paris et amende de 20 £ | Blâme et amende de 10 £ |
Tab. 1 : Liste des cas de sorcellerie de la prévôté de Paris.
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