Dépourvu de matière et de présence, le vide se présente comme un espace où tout reste à faire, demandant à être exploré, exploité voire, dans certains cas, habité. Prendre possession du vide, s’insérer dans un milieu consciemment ou inconsciemment délaissé par certains groupes devient l’occasion pour les artistes et spectateur·ices de développer un langage et des pratiques qui leur sont propres. A contrario, il peut aussi s’agir d’une opportunité de déconstruire, reproduire et/ou se réapproprier un ensemble de gestes et coutumes dont ils ou elles ont pu être privé·es, après une exclusion des espaces d’expression, comme un produit des phénomènes de hiérarchisation des sociétés.
Valentin Laurent étudie la manière dont les femmes s’immiscent dans le milieu du hardcore, après une longue période d’invisibilisation et même d’exclusion. L’attitude des spectatrices aux concerts devient de plus en plus active, notamment au sein des mosh pits, tandis que le nombre de groupes comptant des membres féminins n’a jamais été aussi grand, ce qui a pour conséquence de bousculer les habitudes virilistes et sexistes de la scène. Antoine Hoffmann s’intéresse à la manière dont le black bloc habite la rue et la transforme en un objet de lutte sociale. Quant à Lucile Pabois, elle explore la cartographie sensible en tant qu’outil d’habitation du territoire marginal urbain en s’intéressant à la démarche de Mathias Poisson. Elle démontre ainsi, dans une perspective d’obtention d’un droit à la ville, la manière dont la carte sensible transforme notre rapport envers ce que le groupe Stalker nomme les « Territoires actuels ».