18 février 2021 | Journée d’études
Org. Renaud Meltz, Alexis Vrignon
Cette journée d’études avait pour objectif d’ouvrir le programme inter-MSH « Du régional au transnational. Comprendre les militantismes antinucléaires par les réseaux. Comparaisons et circulations entre la Polynésie et l’Alsace ». Porté par Alexis Vrignon, aux côtés de deux doctorants du CRÉSAT, Valéry Bordois1 et Clémence Maillochon2, ce programme est lauréat de l’appel du Réseau national des Maisons des Sciences de l’Homme. Il réunit la MSH du Pacifique (USR-2003) et la MISHA (USR-3227) dont l’université de Haute-Alsace est co-tutelle et a pour objectif d’améliorer la compréhension de l’histoire et de la sociologie des militantismes antinucléaires en les abordant par le prisme des réseaux et des circulations (des militants, des idées comme des pratiques). C’est dans cette perspective que les chercheurs impliqués entendent décloisonner les approches en prenant en compte conjointement les mobilisations contre le nucléaire militaire et civil et en s’intéressant à deux espaces jusqu’alors analysés à part l’un de l’autre. In fine, ce programme inter-MSH entend élaborer des comparaisons entre les réseaux tout en étant attentif aux phénomènes de circulations transnationales entre le Pacifique et l’Alsace.
Initialement prévue au mois de novembre 2020, cette journée d’études a pu se tenir sur un format hybride. Son objectif était de permettre une réflexion collective autour de trois notions clefs au cœur du programme que sont le militantisme, les réseaux et les circulations. La matinée a commencé par l’intervention de deux historiens dont les recherches interrogent et renouvellent ces enjeux. Pierre Verschueren (université de Franche-Comté) s’est penché sur la question des circulations internationales chez les physiciens en France (des lendemains de la Seconde Guerre mondiale aux années 1960) pour montrer combien celles-ci étaient fondamentales dans la construction de leur carrière universitaire tout en soulignant leurs évolutions notables (dans leurs modalités concrètes comme leur place dans le déroulement de la carrière) en l’espace de vingt ans. Alexandre Dupont (université de Strasbourg) a ensuite proposé une réflexion sur les enjeux d’une étude des solidarités politiques transnationales au xixe siècle (enjeux, terrains, méthodes) démontrant l’importance d’une telle approche pour le renouvellement de l’histoire du politique et de l’État.
Valéry Bordois (université de Haute-Alsace) et Clémence Maillochon (université de Haute-Alsace) ont quant à eux composé une communication à deux voix intitulée « Documenter les militantismes en Alsace et en Polynésie française : quelles méthodes pour une analyse des réseaux en histoire » qui leur a permis de présenter leurs premiers résultats à la fois empiriques et théoriques. Enfin, Teva Meyer (université de Haute-Alsace) a offert une réflexion sur les débats qui agitent l’antinucléarisme sur l’opportunité de s’organiser en réseau en comparant les situations en France, en Suède et en Allemagne.
Conformément au programme de la journée, un débat autour de la notion de réseau a suivi. Il a permis une réflexion collective sur son potentiel heuristique mais aussi sur les impensés qu’elle peut susciter ainsi que sur les difficultés méthodologiques que posent la constitution de bases de données et la représentation sous une forme graphique. Brice Martin (université de Haute-Alsace) a conclu la journée en faisant le lien entre les communications et en formulant une série de propositions autour de la spatialisation des réseaux.