Le projet « Milieux de communication franco-allemands / Deutsch-Französische Kommunikationsmilieus » est financé par l’université Franco-Allemande et coordonné par Fabien Bonnet et Carsten Wilhelm pour l’université de Haute-Alsace, Stéphanie Averbeck-Lietz pour l’université de Brême et Sarah Cordonnier pour l’université Lumière Lyon 2. Il vise à comprendre et favoriser un « milieu » franco-allemand durable dans le champ d’une analyse de la communication sociale et culturelle. Ancrée dans une perspective transnationale et transculturelle franco-allemande, cette analyse est marquée par différents effets de contexte, dont ceux liés au renforcement des usages numériques.
L’analyse est développée principalement en lien avec trois milieux franco-allemands connexes et selon une perspective comparative :
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Les milieux scientifiques : les sciences consacrées à la communication peuvent être envisagées comme une sorte de méta-milieu scientifique pour penser la situation dans les deux pays en intégrant l’histoire de ces sciences ou de certains champs de recherche dans les deux pays1 (Atelier 1, Lyon).
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Des environnements inter- et/ou dé-connectés du numérique et du design et leur pertinence pour comprendre les usages spécifiques des médias dans une région transfrontalière (Atelier 2, Mulhouse).
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Le journalisme face au populisme. Quelles analyses des relations entre les journalistes et les « intermédiaires »2 comme Twitter ou Facebook (Atelier 3, Brême).
Une question centrale guide la réflexion : dans quelle mesure ces domaines sont-ils déjà franco-allemands, associés à des milieux transnationaux ou ayant déjà des caractéristiques transnationales ? En effet, les recherches franco-allemandes menées au sein des sciences consacrées à la communication sont riches mais menées en ordre dispersé. C’est en ce sens que nous avons pu évoquer une forme de « milieu invisible »3. L’objectif est d’articuler et de contextualiser ces recherches en prêtant attention à leurs médiations savantes4, académiques5, mémorielles et médiatiques6. La notion emblématique de « milieu » ouvre à des formes d’enquête inter- et/ou trans-frontalières et inter- et/ou trans-disciplinaires7 nourries des travaux existants et structurées par les apports des Sciences de l’information et de la communication, considérées comme une inter-discipline8.
Le terme de milieu est un terme « à tout faire », avec « sa logique floue et son caractère d’objet intermédiaire, permettant le dialogue entre sciences humaines, servant en fait de révélateur des dits et des non-dits des choix disciplinaires »9. Les milieux franco-allemands sont une forme de « localisation »10, un espace social et des pratiques de penser, d’écrire, de « faire » la science dans une perspective critique11. Ainsi entendus, les milieux franco-allemands connectent les corpus d’idées (théories et concepts sur la communication, le journalisme, le numérique, les méthodologies), les corpus sociaux et professionnels12. Les travaux portant sur la transculturalité et la circulation internationale des savoirs en explorent principalement les modalités institutionnalisées et/ou organisées, en négligeant souvent les fondements pratiques d’une activité professionnalisée13.
Partant du constat de ces manques et de la formulation de ces ambitions, les trois ateliers souhaitent développer des bases théoriques et méthodologiques afin d’épaissir le concept de « milieu » et de l’élargir au-delà des trois champs thématiques envisagés en termes de contextualisation. Dans ces trois domaines, on se trouve face à des champs de recherche marginaux. Certaines thématiques sont étudiées en France et en Allemagne, mais très souvent sans aucune référence transnationale ou comparative à la communauté scientifique voisine. Le but de chaque atelier est de favoriser la création d’un espace de recherche et d’enseignement transfrontalier et transnational franco-allemand. Les doctorants de l’université Lumière Lyon 2, de l’université de Haute-Alsace et de l’université de Brême sont fortement impliqués dans le projet. Chaque atelier s’adresse également aux étudiants de Master disposant des capacités linguistiques nécessaires : Master franco-allemand « Études interculturelles » et Master « Médiations Urbaines : Savoirs et Expertise » (université Lumière Lyon 2), MA Medienkultur und Globalisierung et MA Digital Media and Society (université de Brême), Master Information-communication (université de Haute-Alsace).