Colloque junior co-organisé par Mathilde Haentzler (doctorante au CRÉSAT) et Solène Scherer (CÉGIL) à l’université de Lorraine, avec le soutien de l’université de Haute-Alsace, Metz, 30-31 mai 2024.
Ce colloque avait pour objectif d’examiner les formes de contacts, d’échanges et de confrontations entre les différents acteurs et actrices du patrimoine, à la fois dans un cadre interétatique et sur une échelle véritablement internationale. Si l’histoire de la conservation et de la restauration du patrimoine a déjà fait l’objet d’études spécifiques, notamment sur le développement des politiques patrimoniales, les interactions transnationales, qu’elles soient coopératives ou conflictuelles, entre historien·nes, historien·nes de l’art, architectes, urbanistes, critiques, législateur·ices, universitaires ou professionnel·les du patrimoine, restent encore largement à explorer.
Or, comme l’ont montré les travaux de Michael S. Falser, Michaela Passini ou encore Sylvie Arlaud, les discours et les politiques patrimoniales ne se sont pas développés de manière isolée, mais en dialogue ou en réaction aux modèles et pratiques mis en œuvre dans d’autres pays. Ce colloque souhaitait donc mettre en lumière ces dynamiques de circulation des idées, des méthodes, des personnes et des objets, en adoptant une approche interdisciplinaire et comparative.
Les échanges entre professionnels du patrimoine ont pris des formes diverses : correspondances, collaborations ponctuelles, réseaux d’entraide entre conservateur·ices, restaurateur·ices et archéologues, ou encore participation à des instances internationales. Ces interactions ont eu des conséquences concrètes, non seulement sur l’évolution des savoirs, mais aussi sur la définition et la mise en œuvre des politiques de conservation et de restauration.
Parallèlement, les conflits d’intérêts, les tensions entre États, ou les désaccords scientifiques ou idéologiques constituent un autre versant de ces relations. Ils peuvent eux aussi laisser des traces tangibles dans les politiques culturelles, les discours muséaux ou les conceptions nationales du patrimoine.
Le colloque s’est également intéressé aux lieux de rencontre et de débat patrimonial, tels que les musées, académies, sociétés savantes, congrès, expositions universelles ou encore organisations internationales, qui ont joué un rôle structurant dans la diffusion des savoirs et des pratiques patrimoniales à l’échelle européenne et mondiale.
Les publications spécialisées, ainsi que leurs traductions, circulations et réceptions, constituent un autre axe de réflexion essentiel pour interroger la manière dont les idées patrimoniales circulent au-delà des frontières linguistiques et politiques.
Si une attention particulière a été portée aux espaces francophones et germanophones, cette rencontre souhaitait également ouvrir la perspective à d’autres contextes européens. En effet, l’histoire politique et territoriale complexe du continent, marquée par des modifications de frontières, des déplacements de populations et la circulation des biens patrimoniaux, invite à penser les échanges patrimoniaux dans une logique de mobilité, d’hybridation et de recomposition.
Enfin, cette manifestation visait à réunir jeunes chercheur·euses et chercheur·euses confirmé·es, en français et en allemand, afin de favoriser un dialogue méthodologique et historiographique. Elle offrait également un espace de réflexion collective sur les sources et les méthodes permettant d’analyser et de mesurer l’impact de ces contacts sur les pratiques de conservation et de restauration du patrimoine.