Chapitre 3 – Le contact comme arme de subversion des regards

  • Chapter 3 – Contact as a weapon for subverting gazes

DOI : 10.57086/radar.695

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Dans cette dernière section, nous nous attarderons sur les mécanismes d’action du contact visuel qui opère entre regardeur·euses et objets regardés. Le regard est une construction genrée : il est l’expression visuelle de la domination masculine et de son influence. Ici, nous étudierons les moyens par lesquels les femmes artistes subvertissent les instances du regard, en déconstruisant les représentations usuelles des corps féminins. Il n’est plus question de regarder ces corps dans un but de jouissance, mais de renverser les rapports de force.

Marine Le Nagard s’intéressera aux modalités par lesquelles quelques femmes artistes ont, dans les années 1990, détourné l’imagerie érotique afin de se réapproprier les représentations de leur corps. Cindy Sherman, en démembrant et ré-assemblant des poupées, crée des hybrides sexués qu’elle photographie afin de troubler le regard et les pulsions de désir des spectateur·rices. De son côté, Ghada Amer brode à répétition des silhouettes de femmes nues, comme une revendication du désir féminin, et se réapproprie l’usage de la broderie en tant qu’art féministe.

Marion Zinssner s’interrogera sur le pouvoir du contact visuel – envisagé du point de vue du regard féminin – dans les performances effectuées par des artistes femmes. Dans les années 1970, les performances réalisées par VALIE EXPORT et ORLAN étaient créées en réaction au male gaze, le regard dominant masculin. Le contact visuel établi avec les spectateur·rices pouvait alors être considéré comme provocateur, émancipateur ou libérateur. En confrontant les démarches performatives des années 1970 aux performances actuelles, elle s’intéressera à l’évolution des modes d’interpellation (humour, provocation) et des stratégies de confrontation du regard utilisées par les femmes artistes pour déconstruire des normes bien ancrées dans la société.

Enfin, cette section s’achèvera par une discussion avec Sarah Ménard, artiste-autrice qui s’attèle à découper et dessiner des figures féminines fortes pour en interroger les représentations. Au sein du premier numéro de son initiative de revue Comme des Garces, l’artiste réunit une multitude de témoignages – et donc, de regards – autour de la question du corps. Ainsi, cet entretien nous permettra d’envisager les corps, mais aussi le langage, depuis un angle féministe et donc, de créer un contact visuel autre, qui s’éloigne du regard dominant masculin.

References

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« Chapitre 3 – Le contact comme arme de subversion des regards », RadaЯ [Online], 9 | 2024, Online since 26 juillet 2024, connection on 04 décembre 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/radar/index.php?id=695

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