Depuis sa création, en 2018-2019, la Revue du Rhin supérieur a constamment prêté une attention toute particulière à l’espace transfrontalier du Rhin supérieur entre France, Suisse et Allemagne. Le dossier thématique 2024 s’inscrit parfaitement dans ce sillage en étudiant l’histoire des juifs dans les cités rhénanes entre le xie et le xvie siècle. Ce dossier se fonde, d’une part, sur une journée d’étude organisée par Aude-Marie Certin, chercheure au CRÉSAT et maîtresse de conférence en histoire médiévale à l’université de Haute-Alsace (UHA). Cette manifestation s’est déroulée à Mulhouse et à Strasbourg, les 4 et 5 juillet 2023, avec le soutien financier de l’UHA et du CRÉSAT, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la Fondation Rothschild et de la Société pour l’étude du judaïsme en Alsace-Lorraine. D’autre part, la revue a lancé, comme d’habitude, un appel à communications à l’international sur la même thématique. Les articles reçus et retenus par le comité éditorial et le comité de lecture viennent donc enrichir les contributions issues de la journée d’étude qui, elles aussi, ont fait l’objet d’une évaluation en double aveugle par des experts français et internationaux.
En ma qualité de directeur du laboratoire et de directeur éditorial de la revue, je souhaiterais exprimer ma profonde gratitude à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, à la Fondation Rothschild et à la Société pour l’étude du judaïsme en Alsace-Lorraine qui ont subventionné, non seulement la journée d’étude à l’été 2023 mais aussi (pour les deux premières d’entre elles) ce numéro de notre revue qui, dans l’histoire de la RRS, est ainsi le premier à disposer d’un financement tiers.
Comme le montre le dossier, la question des sources est un problème fondamental dans l’histoire des communautés juives du Rhin supérieur, du Moyen Âge au début de l’époque moderne. Il paraissait donc intéressant d’inclure dans ce dossier, en l’occurrence à la fin de l’article signé par Olivier Richard, une annexe reproduisant des sources peu connues. Cette annexe remplace ainsi, dans ce numéro, la rubrique Retour aux sources. Vu le dossier thématique particulièrement étoffé et la richesse des trois leçons d’ouverture des nouveaux membres titulaires du CRÉSAT recrutés ces deux dernières années – textes qui sont traditionnellement publiés dans le Bulletin du laboratoire –, nous avons dû renoncer à publier des articles Varia dans ce numéro. Alors que le Bulletin présente toujours le bilan des activités scientifiques de l’année écoulée, nous avons décidé d’inclure dans le présent numéro la position de thèse de David Bourgeois, doctorant puis chercheur associé au CRÉSAT, soutenu le 10 janvier 2024 à l’UHA, afin de ne pas attendre fin 2025 pour voir publier les principaux résultats de ce travail sur la mine et le capitalisme médiéval dans le Rhin supérieur à la fin du Moyen Âge. Avec la thèse de David Bourgeois et celle de François Magar intitulée La réduction du fer, de la réduction directe à l’innovation de la réduction indirecte dans les zones de production de l’Alsace du Nord et de la haute vallée de la Bruche, également soutenue en 2024 et dont nous espérons pouvoir publier les principales conclusions dans notre numéro de 2025, s’achève toute une série de thèses préparées au CRÉSAT en histoire et archéologie industrielle et dirigées par Pierre Fluck, professeur émérite qui, à l’âge de soixante-seize ans, compte toujours parmi les membres les plus actifs de notre laboratoire.
En 2023-2024, le CRÉSAT a fait preuve d’une activité de recherche, d’expertise et de valorisation dense et conforme à ses missions, inscrite dans la durée et illustrée par les événements scientifiques organisés, les nombreuses publications, les missions d’expertises de ses membres au niveau local, régional, national et international et les récompenses qui leur ont été décernées. Le 26 mai 2023, le laboratoire a présenté devant la Commission Recherche de l’université de Haute-Alsace, son nouveau projet quinquennal bâti sur la consolidation et le développement des acquis de la période précédente, en suivant les recommandations de l’évaluation par le Hcéres émises en janvier 2023. La phase opérationnelle de ce projet a été rapidement mise en œuvre, à travers l’organisation de manifestations scientifiques d’envergure, de publications, de programmes de recherche.
Le laboratoire s’est ainsi engagé à faire développer ses points forts, en phase avec la stratégie de l’établissement, notamment en matière de sciences ouvertes, d’internationalisation, de soutien apporté à la jeune recherche (séminaire de recherches doctorales reconduit en 2023 et 2024) et autour des thématiques des risques, du développement durable, des défis sociétaux globaux, des transitions, notamment énergétiques, des circulations et des transformations, autant de thèmes où l’expertise du CRÉSAT – au niveau national, voire international – est reconnu par le Hcéres. Ils constituent ainsi les thématiques structurantes trans-axes impliquant l’ensemble des chercheurs au sein du laboratoire et qui s’intègrent dans des partenariats et des projets collectifs trans-labos, locaux, régionaux, nationaux ou bien transfrontaliers et internationaux. Ces forces du laboratoire, relevées par le Hcéres, ont été plus récemment reconnues par l’attribution d’une chaire de professeur junior (CPJ) et d’un ERC respectivement en avril et en juillet 2024.
Le premier projet, la CPJ Métabolisme des matériaux des transitions socio-économiques, conçu par Brice Martin, se propose d’étudier le métabolisme territorial des socio-systèmes via ses acteurs, ses lieux, ses flux en s’appuyant sur le cas d’étude d’une exploitation émergente du lithium dans le fossé rhénan, afin de comprendre les enjeux et les implications du développement de la filière de matériaux liés à la transition à toutes les échelles. Le deuxième projet, l’ERC Starting Grant GeoNuFE, porté par Teva Meyer, étudie les politiques d’approvisionnement en combustibles nucléaires de quatre pays européens (France, Finlande, Royaume-Uni et Hongrie) dans l’objectif de fournir des connaissances essentielles sur les dimensions géopolitiques des transitions énergétiques afin de mieux informer les politiques énergétiques de l’UE. Ces projets seront présentés d’une manière détaillée dans le prochain numéro de notre revue.
Le laboratoire continue ainsi de se montrer actif sur ses principales thématiques de recherche, en élargissant les champs d’étude et en tissant de nouveaux partenariats, notamment des partenariats académiques et institutionnels sur les questions de transition. En même temps, le laboratoire s’est engagé dans la diversification de ses interactions avec le monde socio-économique sur les questions du patrimoine. Trois Projets Intégration Recherche (PIR) ont été obtenus en octobre 2023 par les nouveaux membres titulaires recrutés en 2022 et 2023, Muriel Béasse, Sabine Bosler et Luciano Piffanelli ; ces projets s’inscrivent dans des démarches interdisciplinaires, avec un ancrage en info-com pour deux d’entre eux et en histoire moderne pour le troisième. Les trois projets, présentés dans le Bulletin de ce numéro de notre revue, répondent à des défis sociétaux majeurs autour des transitions, de la durabilité, du numérique et de la paix, reprenant ainsi et développant des champs de compétences reconnus du CRÉSAT.
Parmi les réalisations majeures en 2023, des publications significatives, signées par des chercheurs du laboratoire, sont à mentionner : l’ouvrage de Teva Meyer, Géopolitique du nucléaire. Pouvoir et puissance d’une industrie duale, paru aux Éditions du Cavalier Bleu ; ainsi que celui de Renaud Meltz, La France des années 1930. Les épreuves de la République, paru dans la collection « Points Histoire » au Seuil. On citera également l’ouvrage collectif codirigé par Renaud Meltz, auquel a contribué Régis Boulat, Mensonges d’État. Une autre histoire de la Ve République, Paris, Nouveau Monde, 2023. Parmi les ouvrages individuels de référence, on évoquera ceux d’Aziza Gril-Mariotte, couronnant ses réalisations au CRÉSAT avant son élection à Aix-Marseille, Des étoffes pour le vêtement et la décoration. Vivre en indienne – France (xviiie-xixe siècle) paru aux Presses universitaires de Rennes et celui codirigé par elle et Rossella Froissart, Art et industrie, l’Europe des musées au xixe siècle – instruire, collecter, exposer, paru chez Brepols.
Parmi ses publications collectives, l’équipe du CRÉSAT accorde traditionnellement une importance majeure à sa revue, censée fédérer les recherches menées en France comme à l’étranger autour des thématiques du laboratoire. Malgré la publication en ligne de la Revue du Rhin supérieur, sur le site de PARÉO, pour la deuxième fois consécutive, une réimpression de la version imprimée du no 5 (2023) a dû être commandée au printemps 2024 afin de répondre à la demande accrue.
Ce succès de la revue est sans aucun doute dû à l’engagement extraordinaire du comité de lecture, au sein duquel Sandrine Kott (professeure d’histoire contemporaine à l’université de Genève), experte du dossier thématique du no 5 en 2023, a remplacé cette année, en tant que membre externe ordinaire, Stéphane Haffemeyer (université de Rouen) qui avait siégé au comité depuis la création de la revue, en 2018-2019 et auquel nous exprimons notre profonde gratitude. En qualité d’expert externe pour le dossier thématique 2024, nous avons été heureux d’accueillir Dominique Iogna-Prat, directeur d’études à l’EHESS. En outre, comme les années précédentes, la revue a pu compter sur l’engagement de Régis Boulat (histoire), de Brice Martin (géographie) et de Catherine Roth (sciences de l’information et de la communication), siégeant pour le compte du CRÉSAT au sein de son conseil d’experts. Indravati Félicité (professeure d’histoire moderne à l’université d’Erlangen-Nuremberg), Carine Heitz (géographe, UMR GESTE, INRAE-ENGEES) et Pascal Raggi (maître de conférences habilité à diriger des recherches en histoire contemporaine à l’université de Lorraine) siègent toujours en tant que membres externes. Tout comme les collègues extérieurs régulièrement contactés par la direction de la revue pour des expertises ponctuelles, les membres du comité de lecture assurent la relecture de tous les articles par les pairs en double aveugle ; leur engagement exemplaire est un gage de la qualité de la revue.
Après avoir subi plusieurs changements en 2023, le comité éditorial – composé du directeur éditorial, de la directrice adjointe et du secrétaire de rédaction – s’est consolidé en 2024, Aude-Marie Certin assurant la charge de directrice éditoriale adjointe, outre la coordination du dossier thématique de cette année. Comme cela avait été prévu depuis 2023, Luciano Piffanelli, maître de conférence en histoire moderne et archivistique à l’université de Haute-Alsace, a pris, à partir de l’été 2024, le relais d’Aude-Marie Certin en sa qualité de secrétaire de rédaction. Le financement de base modeste de la revue fait que la correction formelle de toutes les parties de la revue est toujours entre les mains du directeur éditorial alors que la directrice adjointe rassemble les informations pour la plupart des rubriques du Bulletin – coordonnant en outre, cette année, le dossier thématique – et qu’une première relecture est effectuée par Luciano Piffanelli.
Même si la dotation du laboratoire par sa tutelle est modeste, elle permet néanmoins la publication de notre revue et s’avère indispensable à sa survie et à son développement. Nous tenons donc à remercier l’université de Haute-Alsace pour son soutien.
Comme pour les numéros précédents, nous remercions aussi, du fond de notre cœur, Salomé Risler pour la conception graphique de la revue ainsi que l’équipe strasbourgeoise de PARÉO pour la préparation technique de la version en ligne (https://www.ouvroir.fr/rrs/).
