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Le constat avait été posé par Georges Bischoff : « les Vosges restent un objet historique mal identifié1. » De fait, depuis l’œuvre fondatrice de Pierre Boyé2, les productions historiques consacrées au massif vosgien ne manquent pas. Les historiens et érudits se sont d’abord et essentiellement engagés dans une mise en récit des vallées, parfois des versants, le plus souvent dans leur prolongement des entités régionales : la Lorraine à l’ouest, l’Alsace à l’est3. Au mieux le massif et sa crête sont-ils devenus, au prisme de la « frontière », un espace de « rencontre », parfois de « conquête »4. Jamais ou presque, jusqu’à la fin du xxe siècle, la moyenne montagne et son environnement n’ont été observés comme un espace à part entière, un objet d’étude en soi, du moins sous la plume « classique » de la discipline historique. Le renouvellement est venu d’un nouvel essor du dialogue pluridisciplinaire : depuis le champ de l’histoire des forêts proposé dans les années 19905, jusqu’aux approches géohistoriques engagées à l’initiative des géographes6. Le colloque « Vivre dans la montagne vosgienne au Moyen Âge », organisé à Gérardmer et à Munster en septembre 2012, posait un premier jalon, en réunissant les représentants de diverses disciplines7.

Grâce à l’élan acquis de ce premier rapprochement, une nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses en sciences humaines et sociales est aujourd’hui amenée à questionner cet espace de montagne, à se positionner autour d’un champ commun de recherche. En faisant du massif un objet d’histoire environnementale, en l’insérant dans une perspective environnementaliste, il devient possible d’engager les Vosges dans les paradigmes portés non seulement par l’histoire, mais plus généralement par les humanités environnementales8. Les différentes disciplines qui s’insèrent dans l’histoire et les humanités environnementales se sont, depuis plus de deux décennies, engagées dans un questionnement profond des épistémologies, en prenant l’environnement pour objet. Au-delà du seul aspect pluridisciplinaire, la montagne devient un objet interdisciplinaire, voire transdisciplinaire. Le partage et l’intégration des données issues de leurs différentes méthodologies, ainsi que le dépassement des fractures entre sciences de la « nature » et sciences « humaines », engagent l’histoire, la géographie, l’archéologie dans un questionnement inédit du rapport disciplinaire à la source. L’histoire des Vosges, si elle repose toujours sur une étude rigoureuse des archives, gagne plus que jamais à prendre en considération la matérialité de l’objet « montagne » et l’ensemble des données qui l’éclairent et mettent en évidence la densité de ses acteurs. De fait, les humanités environnementales ne se contentent pas d’un simple réaménagement des objets et thèmes de recherche. Elles proposent un véritable changement de paradigme, au cœur duquel se situe l’étude des rapports sociaux qui entourent les espaces. Alors que la gestion d’une vaste partie du massif dépend respectivement depuis 1975 et 1989 des parcs naturels régionaux des Vosges du Nord et des Ballons des Vosges, il convient de rappeler la place fondamentale qu’ont occupée les études des parcs états-uniens dans la constitution initiale de l’approche environnementaliste9.

En tant qu’objet historique désormais identifié, le massif vosgien entre pleinement en résonance avec les études consacrées à d’autres massifs de haute comme de moyenne montagne. Si les Alpes10 ou les Pyrénées11 ont pu constituer une forme de matrice, les massifs de moyenne montagne s’imposent comme des terrains d’étude particulièrement prolifiques, à l’image des Appalaches de John Edward Davis12, et de divers massifs européens13. Le présent dossier propose d’inscrire les différentes contributions dans un examen du temps long, propre à questionner les différents régimes de temporalités des acteurs et des réseaux dans lesquels ils évoluent. Les problématiques soulevées dans les territoires de montagne relèvent tantôt d’enjeux locaux, tantôt d’un contexte intégrant des espaces plus vastes. L’étude d’un massif de montagne s’impose ainsi autour d’une question d’échelle. Le cadre retenu peut être celui de la microhistoire, qui a longtemps dialogué avec l’échelon de l’histoire régionale, mais l’approche environnementale incite à dépasser les cadres humains et administratifs pour mieux les questionner, en s’inscrivant dans le renouvellement d’une approche capable de dépasser la frontière des « Cultures », face à la « Nature »14. Pour reprendre les mots d’Edmund Burke :

[…] comme la perspective de l’histoire du genre, l’approche environnementale ne se coule pas facilement dans les sous-disciplines de l’histoire. […] [L]a perspective environnementale ouvre, non seulement de nouveaux territoires de recherche, mais elle modifie notre compréhension de l’émergence du monde moderne. L’histoire environnementale a développé son propre vocabulaire et ses méthodes15.

Ces perspectives ont inspiré un nouvel élan à la recherche interdisciplinaire sur l’histoire des environnements de montagne, élan dans lequel s’inscrit ce numéro de la revue Source(s).

C’est précisément pour donner forme et initier le dialogue autour de ces différents enjeux que s’était tenue, le 11 juin 2022, la journée d’étude « Les Vosges à l’heure des humanités environnementales. Espaces de montagne, perspectives et enjeux16 ». L’idée de produire un dossier pour la revue Source(s) est née lors de cette manifestation scientifique, organisée dans le cadre de la première édition du « Printemps de l’histoire environnementale » engagé par le Réseau interuniversitaire de chercheurs en histoire environnementale (RUCHE). En proposant de donner la parole aux jeunes chercheurs et jeunes chercheuses issus de différentes disciplines, la rencontre proposait de mettre en lumière le renouvellement scientifique et épistémologique à l’œuvre autour de l’objet « Vosges ». Ce renouvellement a notamment pris forme avec la résolution d’organiser cette journée loin des campus, dans un lieu proche des sites d’étude : le col de la Schlucht, depuis lequel a notamment pu se tenir une conférence marchée17.

Trois thématiques structurent ce dossier composé de sept contributions. Il s’ouvre sur l’appropriation du massif comme lieu de vie et lieu de passage. Pierre-Yves Ancelin et Charles Kraemer présentent le projet AGER qui étudie l’occupation du massif du Fossard entre les viie et xviie siècles, grâce notamment à la cartographie LiDAR. La présence de terrassements agricoles, d’aménagements hydrauliques et de fronts de taille est révélée par leur travail qui, dans un dialogue mené avec des archives, atteste de l’occupation ancienne du plateau de Saint-Arnould. Georges Bischoff s’intéresse pour sa part aux mobilités des populations locales dans le massif au tournant des périodes médiévale et moderne. Son étude permet de remettre en question l’image donnée par les autorités et les voyageurs. Il révèle que le paysage vosgien est non seulement ouvert et densément peuplé, mais également marqué par des circulations importantes des habitants des vallées. Lucie Wissenberg, quant à elle, se penche sur les modalités d’occupation des sommets pastoraux à la période moderne, à travers l’étude archéologique de deux marcairies (fermes d’estive) de la chaume du Rossberg. L’architecture des bâtiments met en lumière une transition dans les pratiques au tournant des xviie et xviiie siècles.

La mise en regard de ces approches, entre fouilles archéologiques, études cartographiques et sources historiques, permet de mettre en évidence les modalités d’occupation du massif. Lieu de vie, lieu de travail, lieu de production et de circulation : l’aménagement du massif et les usages des populations qui l’occupent rendent compte des dynamiques propres à une montagne habitée.

Le deuxième axe regroupe deux contributions issues d’une « conférence marchée ». Le format atypique avait pour objectif de rapprocher le propos de l’expérience corporelle et sensorielle de la marche, et de confronter les représentations cartographiques au terrain18. La tradition de la conférence marchée est surtout développée outre-Rhin. Chez nos voisins allemands, elle a même donné naissance à une discipline : la Spaziergangswissenschaft (« promenadologie »), qui place les perceptions corporelles et esthétiques au centre de la méthode de travail19. Cependant, force est de constater que ce courant, s’il a intéressé quelques urbanistes et géographes français20, n’a pas trouvé beaucoup de résonance au sein des humanités environnementales, en particulier en histoire. Les contributions issues de cette conférence marchée s’attachent à historiciser pour l’espace vosgien la catégorie de « montagne », catégorie exogène à cet espace et aux populations locales.

Jean-Baptiste Ortlieb se penche ainsi sur la cartographie du xvie au xviiisiècle, qui traduit non seulement des rapports de pouvoir entre différents acteurs sur les territoires, mais révèle également un système cohérent de perception du monde. L’environnement est dès lors approprié, réifié, ce qui modifie profondément les imaginaires qui lui sont rattachés. Claire Milon étudie la naissance et l’implantation du Club Vosgien entre 1872 (année de fondation) et 1914. À travers la pratique d’un loisir, des randonneurs issus des élites urbaines modèlent l’environnement du massif et déploient des logiques d’appropriation, tant matérielles que symboliques.

Le troisième temps de notre réflexion s’attache à questionner l’idée d’un patrimoine « naturel ». L’article de Jean-Pierre Husson propose une approche sensible de la géohistoire du massif, comme un « spectacle des contraires » entre ce que l’on a souvent désigné comme une « montagne à vaches » et les précipices des Hautes-Vosges. Alexandre Lauverjat, enfin, revient sur l’épisode du dépérissement des forêts attribué aux pluies acides qui frappa le massif forestier vosgien au cours des années 1980. Il expose ce phénomène à la croisée des enjeux politiques, environnementaux, techniques, sociaux et culturels.

Ces deux contributions permettent de percevoir l’importance des émotions dans la perception du massif par ses acteurs et ses actrices. Les relations affectives définissent elles aussi l’espace tel qu’il est perçu et vécu au quotidien.

 

Dans la rubrique « Autour d’une source », Georges Bischoff se penche sur l’enquête de 1521 qui a porté sur la « frontière » des Hautes-Vosges. Il questionne par ce biais les enjeux des temporalités et de la mémoire dans le rapport des habitants et habitantes du massif avec leur environnement. En inscrivant le massif dans une matérialité et une réalité quotidienne, et en particulier à l’intérieur de relations de voisinage, l’auteur montre la familiarité des montagnes pour la population vosgienne, malgré l’obstacle des langues.

 

Les deux contributions à la rubrique « Varia » sont, elles aussi, directement liées à la thématique du dossier. Sébastien Stumpp présente un aspect essentiel du massif au xxe siècle : le développement du ski. Son travail met à l’honneur les sources imprimées permettant de comprendre les enjeux de diffusion de cette pratique en Alsace avant la Première Guerre mondiale. Gaël Bohnert propose quant à lui une réflexion sur la méthode comparative qu’il emploie, dans le cadre d’une thèse en géographie, pour analyser les mesures d’adaptation mises en œuvre face au changement climatique dans les vignobles alsacien, badois et palatin, situés de part et d’autre de la frontière franco-allemande. En mettant en évidence des freins à l’adaptation, il souligne tout l’intérêt d’une comparaison transnationale.

1 Georges Bischoff, « Les Vosges médiévales au regard de l’histoire », dans Jacky Koch et Charles Kraemer (dir.), Vivre dans la montagne vosgienne au

2 Pierre Boyé, Les Hautes-Chaumes des Vosges. Étude de Géographie et d’Économie historiques, Nancy, Berger-Levrault, 1903.

3 À ces deux principaux versants s’ajoute, au sud, la Franche-Comté, dont l’historiographie est de même marquée par une importante dimension régionale

4 Emmanuel Garnier, Terre de conquêtes. La forêt vosgienne sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 2004.

5 Philippe Jéhin, Les hommes contre la forêt : l’exploitation des forêts dans le Val d’Orbey au xviiie siècle, Strasbourg, Nuée Bleue, 1993 ; E. 

6 Dominique Schwartz et alii, « First Dating of Protohistorical Forest Clearings on the Vosges Grasslands (Rossberg, Haut-Rhin, France). A

7 Ch. Kraemer et J. Koch, Vivre dans la montagne vosgienne…., op. cit.

8 Pour introduire le champ de l’histoire environnementale, voir : Jean-Baptiste Fressoz et alii, Introduction à l’histoire environnementale, Paris, La

9 Karl Jacoby, Crimes contre la nature : voleurs, squatters et braconniers. L’histoire cachée de la conservation de la nature aux États-Unis, trad.

10 Jon Mathieu, The Third Dimension : A Comparative History of Mountains in the Modern Era, Milton Keynes, White Horse Press, 2011 ; Jon Mathieu, The

11 Alain Cazenave-Piarrot et Gilbert Peyrot, Le Montaigu : montagne pastorale de Bigorre, géohistoire d’un espace d’altitude, Villemur-sur-Tarn

12 Donald Edward Davis, Where There Are Mountains : An Environmental History of the Southern Appalachians, Athens, University of Georgia Press, 2005.

13 Les études des massifs européens de moyenne montagne, tout particulièrement, permettent de mettre en lumière des approches ancrées dans l’

14 Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005. Les apports de l’anthropologie sont essentiels, et on ne perdra pas de vue

15 Edmund Burke et Kenneth Pomeranz (dir.), The environment and world history, Berkeley, University of California Press, 2009.

16 La journée d’étude était organisée dans le cadre du séminaire interdoctoral en sciences de l’Homme – Alsace (SIDSHA). Le comité d’organisation de

17 Nous tenons particulièrement à remercier les entités universitaires qui ont permis la tenue et le financement de cette journée (UR 3400 ARCHE, UMR 

18 La tradition qui préconise l’association de la marche et de la pensée est ancienne. Rousseau affirme ainsi : « La marche a quelque chose qui anime

19 Le courant a été fondé dans les années 1970 par Lucius Burckhardt. Une traduction de ses travaux est désormais disponible en français : Lucius

20 Il s’agit même en géographie d’une longue tradition. Voir Jean-Yves Puyo, « L’excursion, des forestiers aux géographes : entre intérêt pédagogique

Bibliographie

Guillaume Blanc, Élise Demeulenaere et Wolf Feuerhahn. Humanités environnementales : enquêtes et contre-enquêtes, Paris, Publications de la Sorbonne (« Homme et société »), 2017.

Pierre Boyé, Les Hautes-Chaumes des Vosges. Étude de Géographie et d’Économie historiques, Nancy, Berger-Levrault, 1903.

Alain Cazenave-Piarrot et Gilbert Peyrot, Le Montaigu : montagne pastorale de Bigorre, géohistoire d’un espace d’altitude, Villemur-sur-Tarn, Loubatières, 2021.

Valentin Chevassu, Vincent Bichet, Benjamin Diètre, Emilie Gauthier, Olivier Girardclos, et Hervé Richard, « La forêt de la montagne jurassienne : usages et nature », dans Sylvie Bépoix et Hervé Richard (dir.), La forêt au Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 2019, p. 314-330, en ligne : <https://hal.science/hal-02541698>.

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Donald Edward Davis, Where There Are Mountains: An Environmental History of the Southern Appalachians, Athens, University of Georgia Press, 2005.

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Florie Giacona, Géohistoire du risque d’avalanche dans le Massif vosgien : Réalité spatio-temporelle, cultures et représentations d’un risque méconnu, thèse de doctorat en géographie, université de Haute-Alsace, 2014.

Stéphanie Goepp, Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien. Déterminismes environnementaux et actions de l’Homme, thèse de doctorat en géographie, université de Strasbourg, 2007.

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Odile Kammerer, « Les Vosges sont-elles une montagne au Moyen Âge ? », dans Montagnes médiévales. Actes des Congrès de la Société des médiévistes de l’enseignement supérieur public (Chambéry, 23-25 mai 2003), Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 23-39.

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Jon Mathieu, The Alps: an environmental history, Medford, Polity Press, 2019.

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Émilie-Anne Pépy, Le territoire de la Grande Chartreuse, xvie-xviiie siècle : montagne sacrée, montagne profane, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble (« La pierre et l’écrit »), 2011.

Xavier Rochel, Gestion forestière et paysages dans les Vosges d’après les registres de martelages du xviiie siècle. Essai de biogéographie historique, thèse de doctorat en géographie, université de Nancy, 2004.

Clothilde Rohmer, La gestion du domaine forestier de la famille de Turckheim-Truttenhausen : Enjeux politiques, économiques et environnementaux de la forêt française au xixe siècle (1805-1870), Paris, L’Harmattan (« Prix Scientifique »), 2022.

Dominique Schwartz, Vincent Robin, Pierre Adam, Philippe Schaeffer, Anne Gebhardt, Pierre-Alexis Herrault, Benjamin Keller et alii, « Les géosciences au service de l’archéologie agraire. Une étude de cas sur les rideaux de culture de Goldbach (68) », dans Archimède. Archéologie et histoire ancienne, no 7, 2020, p. 205-216.

Stefan Tzortzis et Xavier Delestre, Archéologie de la montagne européenne. Actes de la table ronde internationale de Gap, 29 septembre-1er octobre 2008, Paris, Errance (« Bibliothèque d’archéologie Méditerranéenne et Africaine »), 2010.

Benoît Vaillot, L’invention d’une frontière : entre France et Allemagne, 1871-1914, Paris, CNRS éditions, 2023.

Notes

1 Georges Bischoff, « Les Vosges médiévales au regard de l’histoire », dans Jacky Koch et Charles Kraemer (dir.), Vivre dans la montagne vosgienne au Moyen Âge : conquête des espaces et culture matérielle. Actes du colloque de Gérardmer/Munster, 30, 31 août et 1er septembre 2012, Nancy, Éditions universitaires de Lorraine, 2017, p. 107-118.

2 Pierre Boyé, Les Hautes-Chaumes des Vosges. Étude de Géographie et d’Économie historiques, Nancy, Berger-Levrault, 1903.

3 À ces deux principaux versants s’ajoute, au sud, la Franche-Comté, dont l’historiographie est de même marquée par une importante dimension régionale.

4 Emmanuel Garnier, Terre de conquêtes. La forêt vosgienne sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 2004.

5 Philippe Jéhin, Les hommes contre la forêt : l’exploitation des forêts dans le Val d’Orbey au xviiie siècle, Strasbourg, Nuée Bleue, 1993 ; E. Garnier, Terre de conquêtes…, op. cit.

6 Dominique Schwartz et alii, « First Dating of Protohistorical Forest Clearings on the Vosges Grasslands (Rossberg, Haut-Rhin, France). A Pedoanthracological Study », dans Comptes Rendus Géoscience, vol. CCCXXXVII, no 14, 2005, p. 1250-1256 ; Stéphanie Goepp, Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien. Déterminismes environnementaux et actions de l’Homme, thèse de doctorat en géographie, université de Strasbourg, 2007 ; Xavier Rochel, Gestion forestière et paysages dans les Vosges d’après les registres de martelages du xviiie siècle. Essai de biogéographie historique, thèse de doctorat en géographie, université de Nancy, 2004.

7 Ch. Kraemer et J. Koch, Vivre dans la montagne vosgienne…., op. cit.

8 Pour introduire le champ de l’histoire environnementale, voir : Jean-Baptiste Fressoz et alii, Introduction à l’histoire environnementale, Paris, La Découverte, 2014 ; Fabien Locher (dir.), La nature en communs : ressources, environnement et communautés (France et Empire français xviie-xxie siècle), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2020 ; Grégory Quenet, Qu’est-ce que l’histoire environnementale ?, Seyssel, Champ Vallon, 2014. Pour les humanités environnementales : Guillaume Blanc, Élise Demeulenaere et Wolf Feuerhahn, Humanités environnementales : enquêtes et contre-enquêtes, Paris, Publications de la Sorbonne (« Homme et société »), 2017 ; Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman, Guide des Humanités environnementales, Villeneuve d’Ascq, France, Presses universitaires du Septentrion (« Environnement et société »), 2016.

9 Karl Jacoby, Crimes contre la nature : voleurs, squatters et braconniers. L’histoire cachée de la conservation de la nature aux États-Unis, trad. par Frédéric Cotton, Toulouse, Anacharsis, 2021 (1ère éd. 2001).

10 Jon Mathieu, The Third Dimension : A Comparative History of Mountains in the Modern Era, Milton Keynes, White Horse Press, 2011 ; Jon Mathieu, The Alps : an environmental history, Medford, polity, 2019 ; Stéphane Gal, Histoires verticales : les usages politiques et culturels de la montagne (xive-xviiisiècles), Ceyzérieu, Champ Vallon, 2018. Sur le massif de la Chartreuse en particulier : Émilie-Anne Pépy, Le territoire de la Grande Chartreuse, xvie-xviiie siècle : montagne sacrée, montagne profane, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2011.

11 Alain Cazenave-Piarrot et Gilbert Peyrot, Le Montaigu : montagne pastorale de Bigorre, géohistoire d’un espace d’altitude, Villemur-sur-Tarn, éditions Loubatières, 2021 ; Steve Hagimont, Pyrénées : une histoire environnementale du tourisme France-Espagne, xviiie-xxie siècle, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2022 ; Christine Rendu, La montagne d’Enveig : une estive pyrénéenne dans la longue durée, Canet, Trabucaire, 2003.

12 Donald Edward Davis, Where There Are Mountains : An Environmental History of the Southern Appalachians, Athens, University of Georgia Press, 2005.

13 Les études des massifs européens de moyenne montagne, tout particulièrement, permettent de mettre en lumière des approches ancrées dans l’interdisciplinarité. Pour les massifs voisins du Jura et de la Forêt Noire : Valentin Chevassu et alii, « La forêt de la montagne jurassienne : usages et nature », dans Sylvie Bépoix et Hervé Richard (dir.), La forêt au Moyen Âge, 2019, p. 314-330 ; Christian Reynier, « Lire le Grand-Cachot-de-Vent. Du haut de ces poteaux, cinq siècles », Revue historique neuchâteloise, no 144, 2007, p. 245-274 ; Rainer Schreg, « Uncultivated Landscapes or Wilderness? Early Medieval Land Use in Low Mountain Ranges and Flood Plains of Southern Germany », European Journal of Post-Classical Archaeologies, vol. IV, 2014, p. 69-98. Pour le Massif central, et les massifs d’Europe méridionale : Nicolas Violaine et alii, « L’évolution des paysages et des architectures sur la planèze sud du Plomb du Cantal du xie au xixe siècle : apport des données archéologiques, paléoenvironnementales et archivistiques », dans Le Paysage rural au Moyen Âge, Paris, Éditions du CTHS, 2012, p. 79-105 ; Marie-Claude Bal et alii, « Pedoanthracology Sheds Light the Ancientness of the Pastoral Highlands of Three Mediterranean Mountain : Sierra de Gredos (Spain), Southeast Massif Central (France), and Northern Apennines (Italy) », CATENA, vol. CCXXIII, 2023.

14 Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005. Les apports de l’anthropologie sont essentiels, et on ne perdra pas de vue non plus les publications de Bruno Latour, notamment : Bruno Latour, Face à Gaïa : huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015.

15 Edmund Burke et Kenneth Pomeranz (dir.), The environment and world history, Berkeley, University of California Press, 2009.

16 La journée d’étude était organisée dans le cadre du séminaire interdoctoral en sciences de l’Homme – Alsace (SIDSHA). Le comité d’organisation de cette manifestation scientifique était composé de Gaël Bohnert, Claire Milon, Jean-Baptiste Ortlieb et Benoit Vaillot. Nous remercions le comité scientifique et pluridisciplinaire, composé de Sylvie Dallet, Stephan Fichtl, Stéphane Gal, Xavier Rochel, Dominique Schwartz et Josiane Stoessel-Ritz.

17 Nous tenons particulièrement à remercier les entités universitaires qui ont permis la tenue et le financement de cette journée (UR 3400 ARCHE, UMR 7363 SAGE, UR 3436 CRESAT et ED 519 SHS-PE). Un remerciement particulier revient à l’équipe du Parc naturel régional des Ballons des Vosges, qui a facilité l’organisation de la journée, et à la commune du Valtin et au département des Vosges, pour la mise à disposition du site de la Chapelle Notre-Dame des Chaumes. Nous ne manquons pas enfin de remercier les contributeurs qui ont accepté de renforcer par leurs articles complémentaires la portée de ce dossier.

18 La tradition qui préconise l’association de la marche et de la pensée est ancienne. Rousseau affirme ainsi : « La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. La vue de la campagne, le grand air, la bonne santé que je gagne en marchant, la liberté des mouvements, l’éloignement de tout ce qui me fait sentir ma dépendance, de tout ce qui rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser. » Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, livre quatrième, Gallimard, 1998 (1ère éd. 1782), p. 215.

19 Le courant a été fondé dans les années 1970 par Lucius Burckhardt. Une traduction de ses travaux est désormais disponible en français : Lucius Burckhardt, Promenadologie – Se promener pour mieux voir, trad. par Catherine Aubard, Paris, Flammarion, 2022.

20 Il s’agit même en géographie d’une longue tradition. Voir Jean-Yves Puyo, « L’excursion, des forestiers aux géographes : entre intérêt pédagogique et rite initiatique », Sociétés & Représentations, vol. XXI, no 1, 2006, p. 175-189.

Citer cet article

Référence papier

Gaël Bohnert, Claire Milon et Jean-Baptiste Ortlieb, « Présentation », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe, 21 | 2023, 11-18.

Référence électronique

Gaël Bohnert, Claire Milon et Jean-Baptiste Ortlieb, « Présentation », Source(s) – Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe [En ligne], 21 | 2023, mis en ligne le 15 février 2024, consulté le 28 avril 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/sources/index.php?id=849

Auteurs

Gaël Bohnert

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