Introduction
L’ouvrage L’enfant et les langues. Repères et démarches pour l’enseignant, publié par Malory Leclère et Marie-Odile Hidden en novembre 2024, s’inscrit dans une réflexion didactique sur l’enseignement des langues étrangères aux enfants de 3 à 12 ans. Il s’adresse principalement aux enseignants des langues étrangères en contexte scolaire et extrascolaire et souligne la nécessité d’ajuster les pratiques pédagogiques selon les besoins de chaque élève. Cet ouvrage propose une articulation entre le pratique et le théorique en offrant aux enseignants des langues étrangères des démarches pédagogiques, des supports didactiques et des méthodes de travail favorisant la réussite de leur enseignement, tout en les invitant à adopter une posture réflexive sur leurs pratiques.
1. Contextes institutionnels, motivation des parents et de l’enfant
Le premier chapitre de l’ouvrage L’enfant et les langues, de Malory Leclère et Marie-Odile Hidden, aborde l’historique de l’introduction de l’enseignement des langues étrangères en Europe. Il souligne les obstacles institutionnels et pédagogiques et met en œuvre les dispositifs d’apprentissage des langues étrangères adaptés au public scolaire âgé principalement de 3 à 12 ans, dans une perspective linguistique. En effet, l’apprentissage précoce d’une langue étrangère en Europe représente un enjeu majeur des politiques linguistiques et éducatives. Cet ouvrage met en lumière trois dispositifs pour l’enseignement des langues étrangères aux enfants :
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L’enseignement des langues étrangères est basé sur des programmes scolaires bien structurés dans leurs contenus et leurs méthodes d’apprentissage.
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L’enseignement d’une langue étrangère se fait de manière formelle (en classe) ou informelle (clubs, ateliers…), ce qui est souvent lié à l’initiation parentale.
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L’enseignement-apprentissage d’une langue étrangère se fait grâce aux cours en immersion.
L’implication des enfants dans ces dispositifs institutionnels d’enseignement des langues repose en grande partie sur les choix des adultes, ce qui a une grande influence sur la motivation des enfants. Bien que l’anglais soit la langue étrangère la plus étudiée en Europe, le français est souvent présent dans les contextes extrascolaires. Nombreuses sont les structures qui proposent des cours en FLE hors école, telles que les Alliances françaises, les institutions françaises, les écoles de langues. Ces institutions s’adaptent aux besoins spécifiques des jeunes apprenants dès le plus jeune âge. Depuis 1960, l’édition des manuels de FLE a beaucoup évolué grâce au développement des technologies, ce qui a favorisé la création des supports et des activités d’apprentissage. Malgré cette évolution, l’enseignant du FLE rencontre plusieurs défis. En effet, on trouve une catégorie de manuels destinés simultanément au même public cible. De plus, la tranche d’âge du public n’est pas toujours indiquée dans la présentation des manuels, ce qui complique l’adaptation des enseignants aux différents besoins des enfants.
2. Particularités de l’appropriation d’une langue étrangère chez l’enfant
Le chapitre 2 de l’ouvrage L’enfant et les langues aborde des idées sur l’acquisition du langage chez les enfants. Il met en lumière les processus d’apprentissage des langues chez les enfants en se basant sur des données scientifiques. Des chercheurs comme Chomsky expliquent que l’acquisition du langage repose sur le processus imitatif et les mécanismes behavioristes d’association entre un stimulus et une réponse sous l’effet d’un renforcement. Il repose sur l’idée qu’il existe en chaque être humain un dispositif inné et spécifique d’acquisition du langage (LAD) et que l’enfant aurait des prédispositions naturelles pour apprendre une langue. À l’inverse de Chomsky, Piaget considère que le développement du langage repose sur une construction cognitive, tandis que Vygotsky considère que les interactions sociales de l’enfant avec son environnement sont déterminantes pour son développement langagier. Ainsi, l’apprentissage précoce d’une langue étrangère dépend des conditions d’exposition et du contexte d’appropriation, ce qui remet en question la notion de facilité supposée des enfants dans l’apprentissage d’une langue étrangère. En outre, l’apprentissage d’une langue étrangère est une activité consciente, contrairement à l’acquisition de la langue maternelle. Les auteures affirment qu’il existe des déterminants plus forts que l’âge et que l’apprentissage d’une langue étrangère a un effet sur la langue maternelle et inversement. Ce chapitre vise à donner aux différents acteurs de l’éducation une meilleure compréhension en matière d’apprentissage des langues, en mettant en lumière les enjeux et les objectifs de l’apprentissage d’une langue étrangère chez les enfants.
3. De l’acquisition d’une langue première à l’apprentissage d’une langue étrangère chez l’enfant
Le chapitre 3 de l’ouvrage L’enfant et les langues explore les finalités et les approches de l’enseignement des langues étrangères aux enfants en fonction de plusieurs contextes. Les auteures insistent sur le rôle de l’écrit et de la culture dans le processus d’apprentissage. Ainsi, le travail sur l’écrit diffère selon le profil de chaque élève : chaque apprenant a des compétences différentes à travailler. C’est pour cela qu’il faut adopter des démarches pédagogiques en tenant compte des besoins spécifiques et du contexte de chaque élève, notamment son environnement et ses expériences, pour assurer un apprentissage plus efficace. En outre, ce chapitre valorise la combinaison des approches communicative, actionnelle, interdisciplinaire, interculturelle, différenciée et ludique dans l’enseignement des langues étrangères, en s’appuyant sur des supports variés et des activités concrètes qui suscitent la motivation, accroissent le désir de communication et l’implication de l’enfant dans la tâche. Les auteures affirment aussi que chacun de nous dispose de plusieurs types d’intelligence à des degrés différents. Ces intelligences multiples influencent l’apprentissage de l’enfant et déterminent son style d’apprentissage. Enfin, ce chapitre met également en avant l’importance du développement des compétences communicationnelles et invite les enseignants à maîtriser les stratégies didactiques pour soutenir le développement global de l’enfant dans un cadre bienveillant et adapté.
4. Approches et objectifs pour l’enseignement d’une langue étrangère à des enfants
Ce chapitre aborde l’importance de la délimitation des contenus d’apprentissage selon le stade de développement de chaque enfant et en fonction de son âge, ses capacités, ses pensées, son raisonnement, son environnement culturel, familial et socio-économique. Pour éclairer ces choix pédagogiques, Leclère et Hidden s’appuient sur les grands courants du développement de l’enfant. Elles rappellent que, selon Piaget, les stades de développement de l’intelligence progressent à travers quatre stades avec une stabilité d’âge. Wallon, pour sa part, souligne l’importance de l’affectivité et de l’intelligence pour la construction progressive de la personnalité de l’enfant. Enfin, Vygotsky parle du développement des théories socioculturelles, qui insistent sur la contribution du monde social au développement de l’enfant. En outre, les auteures mettent en évidence le rôle de l’enseignant pour faire les choix pédagogiques, proposer le guidage et les activités d’apprentissage, doser les contenus, les supports, les objectifs et les attentes de restitution selon le profil de chaque élève. Elles donnent également des repères développementaux afin d’assurer un bon apprentissage des langues. Elles proposent aussi les pratiques pédagogiques nécessaires pour articuler l’oral et l’écrit. Cela aide à développer les compétences d’apprentissage des apprenants et favorise leur motivation et leur engagement.
5. Développement d’activités pédagogiques centrés sur l’enfant
Le chapitre 5 de l’ouvrage L’enfant et les langues met l’accent sur la mise en pratique concrète de l’enseignement des langues étrangères. Il fournit aux enseignants des repères pratiques, des activités et leur modalité de réalisation afin d’organiser les contenus et les démarches pédagogiques selon les spécificités et les besoins de chaque apprenant. Les auteures guident l’enseignant des langues étrangères et insistent sur le fait que les supports pédagogiques rendent les significations plus accessibles. En effet, ces supports (chansons, supports visuels, sonores, vidéo, comptines…) jouent un rôle médiateur entre la langue cible et l’apprenant, par l’intermédiaire du guidage de l’enseignant, et assurent une meilleure stimulation et participation en classe. Ainsi, pour créer un cadre d’apprentissage stimulant, il faut varier et ajuster les supports didactiques à l’âge des apprenants. L’adéquation de la démarche d’enseignement à l’âge des enfants repose non seulement sur la délimitation des objectifs et des contenus, mais aussi sur la matérialité des pratiques : le choix, la diversification, l’adéquation et la création des supports d’enseignement constituent des compétences clés de l’enseignement des langues étrangères. En outre, ce chapitre souligne le rôle clé de l’enseignant pour accompagner les apprenants, les aider à surmonter leurs difficultés et soutenir leur progression. En somme, les auteures encouragent les enseignants à adopter une posture réflexive afin d’améliorer leur enseignement et ajuster leur pédagogie selon les retours de leurs élèves.
Conclusions
En tant qu’enseignants des langues étrangères au cycle primaire, l’ouvrage L’enfant et les langues de Malory Leclère et Marie-Odile Hidden nous permet d’adopter une approche spécifique dans l’enseignement des langues étrangères à un public enfantin âgé de 3 à 12 ans. Les auteures insistent sur le fait que l’enseignement des langues étrangères ne se fait pas de manière systématique ; il doit s’appuyer sur certains paramètres contextuels et que l’acquisition d’une langue étrangère s’appuie sur les compétences acquises lors de l’appropriation des différentes langues. Ainsi, le processus d’acquisition d’une langue étrangère diffère du processus d’acquisition de la langue maternelle ou de la langue seconde. C’est pourquoi l’enseignant doit tenir compte des différentes spécificités de chaque processus. L’enseignement des langues étrangères doit être adapté au contexte d’apprentissage et à l’âge du public. De plus, en tant qu’enseignants, nous devons prendre en considération le développement cognitif, affectif, social, sensorimoteur et langagier de chaque enfant. Nous sommes invités à délimiter les contenus d’apprentissage, choisir les supports didactiques adéquats et élaborer des activités selon les capacités de nos élèves afin de les accompagner et stimuler leur curiosité. En outre, cet ouvrage propose des repères théoriques et pratiques pour nous aider à ajuster nos pratiques pédagogiques et nos démarches. Il nous encourage à intégrer les approches ludiques, interactives et différenciées dans l’enseignement des langues étrangères. Ce livre propose ainsi des exemples d’activités conçues pour la classe de FLE, mais qui peuvent être appliquées dans l’enseignement des différentes langues étrangères. Il nous fournit de nombreuses démarches concrètes pour enseigner, motiver, et évaluer nos élèves. Aussi, il met l’accent sur la précocité de l’acquisition des langues étrangères. Enfin, cet ouvrage est une référence très importante pour les enseignants des langues étrangères. Il nous amène à questionner nos pratiques et nous encourage à nous engager et à utiliser une démarche réflexive. Cela nous permet de répondre aux besoins de nos apprenants et d’assurer un enseignement efficace, innovant et durable des langues étrangères.
