Temps convivial autour d’Eirick Prairat
Le mardi 24 juin 2025 restera une date importante pour notre laboratoire1 et notre equipe de recherche2. C’est en effet ce jour-là que s’est tenu le seminaire organisé en l’honneur du départ en retraite du professeur Eirick Prairat3.
Cette journée de séminaire s’est déroulée au campus SHS de Nancy dans un esprit à la fois scientifique et convivial, réunissant des chercheurs émérites, chercheurs associés, enseignants-chercheurs et doctorants autour d’un moment d’échange privilégié.
Elle a été conçue comme un temps de réflexion collective autour des œuvres d’un professeur dont les travaux ont profondément marqué notre champ de recherche. Eirick Prairat a publié plusieurs ouvrages et plus d’une centaine d’articles dans les revus scientifiques au cours de sa carrière.
À cette occasion, plusieurs extraits de ses ouvrages clés ont été présentés et mis en discussion, tels que De la déontologie enseignante (2009), Propos sur l’enseignement (2019), Éduquer avec tact (2017, réédité en 2022) et L’École des Lumières brille toujours (2022).
Ce séminaire a été très enrichissant, puisqu’il nous a permis non seulement de revisiter les concepts fondamentaux de l’auteur, mais aussi les œuvres qu’il a développées tout au long de sa carrière, et, par ailleurs, d’interroger leur actualité ainsi que les grands défis de l’école française.
Il est également revenu sur son parcours académique et les responsabilités qu’il a exercées, notamment en tant que membre fondateur du laboratoire LISEC et fondateur de l’équipe Normes & Valeurs. Par ailleurs, il est membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Il occupe également des fonctions à l’international en tant que membre scientifique et chercheur associé au sein de plusieurs institutions étrangères.
Dans le prolongement de cette journée, plusieurs collègues ayant participé à un livre intitulé Histoire, Philosophie et sens de l’École, Mélanges offerts4 l’ont présenté en séminaire devant Eirick Prairat. Ces mélanges rendent hommage au travail d’Eirick Prairat, figure majeure de la philosophie de l’éducation.
L’après-midi s’est poursuivi par un moment de convivialité, permettant de prolonger les échanges dans un cadre plus informel. Autour d’un verre et dans une ambiance chaleureuse, tout le monde a eu l’occasion de faire connaissance, pour certains qui ne s’étaient encore jamais rencontrés, de partager souvenirs, impressions et réflexions personnelles, et de poursuivre les discussions amorcées lors du séminaire. Ce temps informel a favorisé des échanges riches et spontanés, renforçant les liens entre les différentes générations de chercheurs présents.
Cette journée nous a permis de rendre un bel hommage à un professeur dont les apports scientifiques, continuent de nourrir profondément notre communauté scientifique et académique.
L’équipe tient à lui exprimer sa plus vive reconnaissance pour la richesse de ses travaux, la générosité de ses échanges, l’excellence de son enseignement ainsi que l’exemplarité de son parcours, qui constituent une source d’inspiration.
Propos d’Eirick Prairat
« Un grand merci pour vos propos pertinents, stimulants, parfois même émouvants.
J’ai pris des notes.
Dois-je répondre ? Il faut prendre le temps de relire et de méditer un peu pour qu’une réponse soit une réponse et pas une simple réaction.
En vous écoutant, je me suis dit que j’avais un peu écrit.
L’entrée à l’Institut universitaire de France m’a permis de m’affranchir de beaucoup de charges administratives, me laissant plus de temps pour mettre en mots mes réflexions, mes idées, mes pensées.
J’ai souvent eu à l’esprit cette belle formule du philosophe Alain : « Ce que je fais, cela seul est de moi ». Oui ce que je fais, cela seul est de moi. Et rien d’autre. Mais je sais aussi que, dans 3 ou 4 ans, ce que j’ai pu écrire sera oublié, presque totalement oublié.
J’étais le 6 juin dernier, il y a quelques jours donc, invité par le SNUIPP pour parler de discipline, un mot qui lui aussi sera peut-être bientôt oublié. Et à un moment, j’ai évoqué le nom de Philippe Perrenoud, célèbre sociologue genevois qui s’est retiré de la vie universitaire il y a une quinzaine d’années maintenant. Et j’ai vu dans les yeux des professeurs des écoles qui étaient là, en face de moi, que ce nom ne leur disait rien. On a déjà oublié dans le petit monde de l’école qui était Philippe Perrenoud.
Ainsi va le temps, il passe et efface. Mais ne soyons pas chagrins. Car s’il passe et efface, il est aussi, ne l’oublions pas, invitation à être présent quand on doit l’être.
Il faut faire l’éloge de la présence.
La présence : c’est d’abord un art d’être présent. Présent à soi, présent aux autres, être en résonance avec le groupe avec lequel on échange, on travaille. Disons les choses plus simplement, la présence c’est être attentif.
La présence : ce n’est pas seulement un art d’être présent, c’est aussi un art d’être au présent. Être là, hic et nunc, ici et maintenant, dans l’immédiate actualité de ce qui se déploie. Être disponible en somme.
La présence : c’est enfin un art du présent au sens du cadeau, de ce que l’on donne. Don de son temps, de sa personne, de ses connaissances, de son expérience, de son savoir-faire.
Le temps est invitation à la présence. Merci d’être aujourd’hui présents.
Et puis en vous écoutant, en vous regardant, je me suis aussi dit : il y a des doctorants, des collègues, d’éminents professeurs émérites.
Il y a parfois de beaux moments dans la vie universitaire. Il y a aussi des moments touchants. Je pense à la publication de cet ouvrage. Je remercie très chaleureusement les collègues et amis qui ont participé à ce beau projet et bien sûr je remercie infiniment Henri Louis et Emmanuel de l’avoir porté.
J’ai eu de la chance dans ma modeste petite vie universitaire, reconnaissons-le. Il y a eu l’IUF, la fondation avec quelques collègues du laboratoire LISEC et, bien sûr, la fondation de l’équipe Normes & Valeurs. J’ai aussi eu la chance d’être chercheur associé à une grande université Québécoise et d’aller de manière régulière dans la belle ville de Montréal.
Mais il y a plus important que tout cela : les rencontres. Les rencontres qui marquent une vie intellectuelle. Qui marquent un moment, une bifurcation, une complicité, le début d’un long échange, qui font même naître une amitié.
Et il y a aussi les rencontres qui sont des moments collectifs de communion, de joie, d’échange et de remerciement. Comme aujourd’hui.
Et si le temps passe et efface, par bonheur, ça, il n’arrive pas à l’effacer. Et je vais vous dire. Je pense encore, assez souvent, à des collègues qui se sont retirés, pas seulement de leur travail, mais plus fondamentalement de ce monde. Je les vois, je les entends, je leur parle. Les rencontres qui comptent, qui ont compté, restent toujours vivantes.
Il y a des présences qui ne s’absentent jamais ».
