Les circulations dans le champ de l’histoire de l’éducation

Bibliographical reference

D’Enfert, Renaud, Mole, Frédéric et Vergnon, Marie (dir.) (2023). Circulations en éducation. Acteurs, modèles, institutions (xixe-xxe siècle). PUG.

Alix, Sébastien-Akira et Kahn, Pierre (dir.) (2023). Circulations nationales et internationales des acteurs, savoirs et modèles en éducation (xixe-xxe siècles). Recherches en éducation, 50, DOI : 10.4000/ree.11436.

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Précisions sur une double recension

Ce compte-rendu porte sur deux publications récentes : l’ouvrage collectif Circulations en éducation (d’Enfert, Mole, Vergnon, 2023) et le dossier thématique de revue intitulé « Circulations nationales et internationales des acteurs, savoirs et modèles en éducation (xixe-xxe siècles) » (Alix et Kahn, 2023).

La première publication est parue aux Presses universitaires de Grenoble dans la collection « Enseignement et réformes »1. Cet espace éditorial est bien connu par les collègues historiens de l’éducation car on y trouve de nombreux titres ayant reçu des échos positifs au sein de cette communauté scientifique de référence. Le deuxième projet éditorial a été publié dans une revue scientifique généraliste de sciences de l’éducation et de la formation, Recherches en éducation. Ces deux productions ont un point commun : elles sont issues d’un colloque international d’histoire de l’éducation, « Passages, transferts, trajectoires en éducation », co-organisé en 2019 à Genève par l’Association transdisciplinaire pour les recherches historiques sur l’éducation (ATRHE) et l’Équipe de recherche en histoire sociale de l’éducation de l’université de Genève (ERHISE). Il ne s’agit pas d’actes de colloque, puisqu’un travail important de coordination et d’édition a été mené pour que chacune de ses publications collectives ait son autonomie et sa légitimité. Il nous semble important de préciser cette origine commune pour deux raisons. Tout d’abord, c’est l’occasion de rappeler que l’ATRHE poursuit, à sa manière, le travail mené en son temps pour le Service d’histoire de l’éducation2, en contribuant, avec des moyens sensiblement différents, à faire vivre le champ de l’histoire de l’éducation en France aujourd’hui dans un contexte de recherche difficile. Ensuite, cela permet également de « rendre à César ce qui est à César » en mentionnant le travail spécifique mené par ERHISE à Genève et par plusieurs chercheurs suisses autour de la question plurielle de l’internationalisme, du transnational, des processus circulatoires et des phénomènes de globalisation en éducation3.

Revenons maintenant sur la structure de chacun de ces projets collectifs.

Structure de l’ouvrage Circulations en éducation

L’ouvrage coordonné par Renaud d’Enfert, Frédéric Mole et Marie Vergnon est composé de trois parties.

La première, intitulée « Passeurs, passeuses et intermédiaires : des acteurs en circulation » regroupe cinq chapitres qui, bien qu’abordant des contextes et des périodes extrêmement différents, ont en commun de travailler à partir des acteurs et de leurs trajectoires. Anne Ruolt s’intéresse tout d’abord au couple Guizot (Pauline de Meulan-Guizot et François Guizot). C’est l’occasion de revenir sur un acteur majeur du champ éducatif de la France du xixe siècle tout en portant attention à Pauline de Meulan, et en essayant de travailler sur l’idée de « couple d’éducateurs »4. C’est aussi l’occasion de se pencher sur les Annales de l’éducation, mensuel dans lequel le couple évoque différentes références nationales et européennes. Changement de décor avec la contribution de Jean-Charles Buttier, puisque celle-ci est centrée sur la figure de James Guillaume, exilé politique suisse réfugié en France qui collabora avec Ferdinand Buisson, acteur incontournable de l’École de la IIIe République en France. Buttier y aborde notamment la question des relations entre Guillaume et Buisson pour monter comment le lien entre pédagogie et politique a pu être discuté et envisagé dans ce contexte particulier. À travers le cas d’Elsie Wright et d’Emile Masson, un couple intellectuel de sensibilité libertaire partageant une passion commune pour le philosophe John Ruskin, Mélanie Fabre revient sur certains enjeux éducatifs à partir de ces dialogues virtuels franco-britanniques en marge du conflit scolaire entre école catholique et école laïque dans la France du début du xxe siècle. La contribution de Marie Vergnon sur Carleton W. Washburne permet d’observer comment l’histoire de la pédagogie constitue un champ primordial pour saisir ces processus circulatoires. Hommes et femmes frontières5 par excellence, les pédagogues sont au cœur de ces processus : par leur propre itinéraire personnel (notamment pour celles et ceux né à la fin du xixe siècle ou dans la première partie du xxe siècle), mais également par leurs lectures, leurs relations épistolaires ou leurs voyages et autres visites d’établissements, et enfin par la diffusion de leur pédagogie spécifique (ici, la pédagogie de Winnetka à l’international). Le chapitre d’Elisabete Zardo Bürigo et de Nicolas Giovani Da Rosa est différent des précédents car il est davantage recentré sur une discipline (les mathématiques) et plus particulièrement sur la diffusion du mouvement des « mathématiques modernes » à l’international. Cette contribution revient en effet sur les acteurs et les moyens de cette diffusion au Brésil, en se concentrant sur la chercheuse française Nicole Pirard, figure importante de la réforme française de l’enseignement des mathématiques dans l’école élémentaire qui contribua à la diffusion des « maths modernes » au sud du Brésil.

La deuxième partie de l’ouvrage traite de la circulation des idées et de la diffusion des modèles. La contribution de Mélanie Lafrance s’intéresse à l’enseignement des sciences chez les Ursulines de Québec dans la première partie du xixe siècle. Elle montre notamment comment, dans un contexte global de rivalité entre catholiques et protestants (et dans un contexte local de concurrence avec les écoles anglophones protestantes), ces religieuses qui ne furent pas initialement formées aux sciences ont dû s’adapter pour déployer cet enseignement. C’est donc par la question des processus circulatoires que l’on peut comprendre le développement de cet enseignement chez les Ursulines à cette époque. Le trio Giorgina Masoni, Sylviane Tinembart et Barbara Caluori se concentre, pour sa part, sur la forme « mutuelle » de l’enseignement et sur son implantation en Suisse, en insistant en particulier sur « la trajectoire transnationale du mutualisme ». L’éducation à la nature est au cœur du chapitre de Pierre Dasi. Se situant dans le prolongement du travail d’Alexandre Fontaine, Dasi s’interroge sur ces liens entre les républicains-pédagogues français qui façonnent l’École de la IIIe République et les conceptions pédagogiques suisses novatrices de cette même époque, et se concentre sur l’éducation à la nature, et plus spécifiquement sur l’intérêt scolaire pour la nature. La contribution de Sébastien Akira Alix porte sur l’École primaire supérieure Sophie-Germain, montrant à cette occasion la richesse pédagogique déployée au sein de cette institution mais également la diffusion de cette expérience en France et à l’étranger. S’intéressant aux dessins d’enfant qui se situent aux croisements de la pédagogie, la psychologie et de l’esthétique, Dominique Ottavi permet aux lecteurs de se familiariser avec différents auteurs, dont notamment Georges-Henri Luquet, philosophe anthropologue qui consacra un ouvrage au dessin enfantin, ou encore Bernard Pérez, un des précurseurs de la psychologie de l’enfant à la fin du xixe siècle. Ce chapitre permet de constater que derrière l’étude du dessin des enfants se superposent de longue date différents travaux qui se caractérisent par un souci de sortir de leur cadre interprétatif originel en multipliant les dialogues avec des productions issues d’autres contextes nationaux. Julien Fuchs boucle cette deuxième partie avec un texte portant sur les colonies de vacances. Il aborde au sein de la période 1945-1960 la question du transfert du modèle scolaire dans un champ initialement investi par les associations.

La troisième et dernière partie du livre, « Acteurs collectifs, réseaux et institutions » est l’occasion d’aborder des acteurs sociaux extrêmement différents. En lien avec ses remarquables travaux sur le scoutisme, Nicolas Palluau évoque le cas des Éclaireurs suisses dans la première partie du xxe siècle. De leur côté, Aurélie de Mestral et Viviane Rouiller se préoccupent des « acteurs du transnational » et s’attardent sur le processus de « diffusion locale de principes formulés à l’internationale ». Le chapitre d’Emeline Brylinski décrit et analyse le processus de fabrication des recommandations internationales qui se jouent dans le cadre des conférences internationales de l’instruction publique mises en place sous l’égide du Bureau International d’éducation. Dans le chapitre suivant, Charles Heimberg traite, pour sa part, de la circulation des idées et des constats éducatifs dans l’espace italo-suisse, en revenant sur quelques documents qui témoignent, pendant les années 1960 et 1970, d’une critique sociale de l’institution scolaire en lien avec le christianisme social : Lettre à une maîtresse d’école et L’école en question du Mouvement populaire des familles. Quant à Anemona Constantin, c’est l’Institut d’investigation des crimes du communisme et la mémoire de l’exil roumain qui est au cœur de son étude. Ce travail rend compte du développement de cette institution, de ces programmes éducatifs, au prisme des processus circulatoires. Youenn Michel signe le chapitre qui termine cette partie. Il aborde le cas du Bureau européen pour les langues les moins répandues en tant que « laboratoire de circulation des discours en faveur des langues régionales ». Ces pages s’inscrivent pleinement dans les enjeux spécifiques de cette troisième partie car elles insistent sur un « acteur collectif », parmi d’autres, qui cherche à « contourner l’échelon national » afin d’exercer une influence (p.277).

Structure du dossier « Circulations nationales et internationales des acteurs, savoirs et modèles en éducation (xixe-xxe siècles) »

Ce dossier se compose de six textes.

Le premier est signé par Marie Vergnon. Alexandre Fontaine évoquait récemment les « origines suisses » de l’École Républicaine6, Vergnon s’attèle ici aux « origines britanniques » des salles d’asile françaises. Cet article prolonge les nombreux travaux portant sur la petite enfance et il permet d’aborder ces références aux expériences éducatives étrangères que l’on peut retrouver dans l’histoire de la préscolarisation française.

Bien qu’il traite d’une autre zone géographique et d’une autre période, c’est un souci équivalent qui guide Michel Christian dans sa contribution au sujet des crèches est-allemandes. En se penchant sur la spécificité de cette expérience, il insiste sur le fait que le développement de ces crèches ne s’est pas réalisé de manière isolée par rapport aux autres contextes nationaux. Christian en profite pour revenir avec détails sur la figure d’Eva Schmidt-Kolmer, actrice éducative dont le rôle fut décisif, et sur la dimension transnationale en jeu dans l’émergence et le développement de ces structures dédiées à la petite enfance.

La contribution de Norberto Dallabrida est centrée sur la pédagogie personnalisée et communautaire dans le contexte brésilien des années 1950 et 1960. À cette occasion, Dallabrida s’attarde sur Pierre Faure, père jésuite évoluant à proximité des réseaux de l’Éducation nouvelle, la proposition pédagogique qui fit de lui une grande figure pédagogique des lendemains de la Seconde Guerre mondiale, et la diffusion de cette pédagogie au Brésil. Ce travail permet à son auteur de compléter la cartographie de ces circulations et réappropriations pédagogiques entre France et Brésil qu’il a déjà commencée par ailleurs : après s’être penché sur la réception des classes nouvelles dans les institutions publiques brésiliennes, Dallabrida peut ici s’intéresser à la réception de formes pédagogiques françaises dans les institutions privées brésiliennes.

Avec le chapitre de Mari Carmen Rodriguez, les lecteurs pourront découvrir un épisode peu documenté dans la trajectoire d’Henri Wallon, figure importante de la psychologie de l’enfant mais également de l’Éducation nouvelle. Ce texte revient plus particulièrement sur les voyages menés par le psychologue en Espagne républicaine de 1936 à 1938 et a le mérite de donner des indications fort intéressantes sur ce qu’il a visité, observé, durant ces séjours, notamment en lien avec l’éducation et les initiatives pédagogiques locales.

Angélique Blanc-Serra, pour sa part, déploie une démarche différente puisqu’elle s’intéresse au processus de réception d’un cadre législatif scolaire au niveau des instances locales en se concentrant plus particulièrement sur le cas des écoles primaires supérieures entre 1833 et 1850. L’intérêt de cette étude est de travailler sur le processus de réception d’une loi ou d’un texte réglementaire lié à l’École dans un cadre national (la France) relativement centralisé et sous-entendant une application relativement uniforme alors même que les territoires composant ce cadre national sont d’une grande diversité. À la lecture de ce texte, on peut estimer que même si la décentralisation et les politiques éducatives territoriales sont relativement récentes dans l’histoire française, des accommodements et des applications spécifiques ont pu être envisagés dès le xixe siècle.

Le dossier se termine sur une note de synthèse fort stimulante de Sébastien Alix Akira et Pierre Kahn au sujet des travaux portant sur les circulations transnationales en matière d’éducation (xixe-xxe). Ce texte se compose de deux approfondissements correspondant à des tendances méthodologiques et à des choix spécifiques d’objets et de phénomènes à étudier : le premier traite des voyages, des missions pédagogiques et des expositions internationales ; le second se concentre sur les acteurs transnationaux et le déploiement d’une gouvernance inter et transnationale de l’éducation. Si certains aspects sont bien connus de la communauté historienne, ils permettent d’insister sur un fait, « la difficulté […] à penser les réalités éducatives à l’aune du seul cadre national-étatique », tout en anticipant ce qui pourrait constituer une dérive et une erreur, « nier les spécificités nationales en matière d’éducation »7.

Processus en jeu

Ces deux projets éditoriaux de qualité, qui s’inscrivent dans une même dynamique associative et épistémologique (en lien avec l’ATRHE), témoigne d’une même tendance à l’œuvre dans le champ de l’histoire de l’éducation francophone aujourd’hui : concevoir l’histoire de l’éducation dans un espace national sans se restreindre à une cadre de recherche « nationalo-centré ». Cette tendance n’est évidemment pas nouvelle8, mais elle se déploie dorénavant à partir de postulats parfaitement identifiables : prendre en compte que les idées et les personnes circulent, ce qui signifie qu’une généalogie des projets, des réflexions, des expérimentations et des décisions doit prendre en compte ce qui se fait en dehors de nos frontières ; s’attarder sur les différentes étapes des processus circulatoires (notamment la diffusion, la réception et la resémantisation) ; identifier des types d’acteurs positionnés à l’international et évaluer leurs actions (ce qui sous-entend de mieux connaître ces réseaux internationalistes et ces institutions internationales qui cherchent à œuvrer dans le champ éducatif)  ; resituer les actions et réflexions déployées dans un espace national au sein d’une contextualisation plus globale.

Outre cette tendance à l’œuvre dans cet ouvrage collectif et ce dossier de revue scientifique, on peut également faire remarquer un autre aspect. Pendant plusieurs années, dans le contexte français, on a parfois reproché aux recherches historiques en sciences de l’éducation de manquer de rigueur historique. En effet, il faut se rappeler que l’ensemble des travaux estampillés « histoire de l’éducation » en sciences de l’éducation n’ont pas toujours été bien considérés par les historiens dits « de métier ». Une raison particulière pouvait l’expliquer : aux yeux de certains de ces collègues, les travaux en question n’étaient pas toujours exempts de reproches dans leur manière de travailler l’objet et les sources. Depuis quelques années, il faut reconnaître que l’évolution de la structuration du champ de l’histoire de l’éducation en France fait que cet argument, par ailleurs légitime, est peut-être moins d’actualité. Tout d’abord, il est vrai que certains « historiens de métier » ou de formation ont parfois migré sur des postes en 70e section, ce qui rend plus difficile la distinction entre les deux types de recherche (en histoire et en SEF). Ensuite, au-delà de ce phénomène relativement restreint, il n’est pas illégitime d’estimer que la recherche historique en sciences de l’éducation ait pu globalement évoluer, notamment en prenant davantage en compte ces enjeux méthodologiques et épistémologiques de la recherche historique.

Les deux directeurs du numéro thématique insistent sur le fait que « le grand mérite de l’histoire transnationale de l’éducation est qu’elle permet de se déprendre de l’illusion d’un “roman national scolaire” dont témoignent en France les références répétées et incantatoires à l’École Républicaine » (Alix et Kahn). Cette phrase est importante dans le sens où elle énonce ce que peut être l’intérêt et l’utilité d’une connaissance en histoire de l’éducation par rapport aux discours idéologiques contemporains. Il ne faut pas sous-estimer la pertinence de ces remarques dans le contexte actuel où le nationalisme, le patriotisme et le bellicisme sont encore largement présents dans les esprits.

On formulera deux petites remarques en conclusion au sujet de la réception de ces productions et de l’enthousiasme que pourraient susciter ces notions de « circulations », de « transferts » et de « connexions ». De fait, de nombreuses contributions issues des deux productions collectives recensées constituent des études de cas. D’ailleurs, plusieurs auteurs l’assument et le revendiquent. Il serait pertinent de réfléchir sur la nature de ces cas : sont-ils exemplaires, emblématiques, paradigmatiques, ou contraire sont-ils des cas particuliers, des exceptions, par rapport aux individus, réseaux, groupes qui leur sont contemporains ? Comment établit-on que tel cas est représentatif ou, à l’inverse, que tel autre cas échappe à la norme ? Ce serait stimulant que ces travaux donnent lieu à ce genre de réflexions épistémologiques collectives.

Ensuite, si effectivement on ne peut que se réjouir de cet engouement pour les circulations et de cette volonté de ne pas en rester aux grandes représentations nationalo-centrées, il faudra probablement être attentif pour observer si la vieille et classique histoire des idées ne saisit pas l’occasion pour revenir en force, en se renouvelant mais en préservant l’éternelle question de l’auteur et de l’origine. En effet, alors que le succès pour le transnational et les circulations peut apparaître comme le symptôme d’un plus grand respect des normes de la recherche historique, il contribuera peut-être paradoxalement au retour du refoulé. Si la centration de l’histoire des idées pour les auteurs et les origines (Jacquet-Francillon, 2009) a parfois généré des débats dans le passé (parce qu’elle déshistoricisait ce qu’elle prétendait étudier historiquement), il n’est pourtant pas impossible que certaines considérations épistémologiques trouvent encore des héritiers dans l’actualité. En effet, il est tentant de chercher à retrouver l’auteur originel ou l’origine pure qui se cache derrière telle ou telle émergence, tel ou tel progrès. Seulement, l’idée même de retrouver un moment de pureté dans l’Histoire et de (re)chercher un auteur originel qui, au fil des décennies, aurait influencé des protagonistes, eux-mêmes issus d’autres époques et en d’autres circonstances, mais sans prendre en compte les mécanismes complexes des circulations et les contextes, champs et institutions dans lesquelles elles se jouent, est-elle si historique que cela ? C’est sans doute ce type de question qu’il faudra garder à l’esprit lorsque les publications se multiplieront sur ces notions car, dans un monde globalisé, il est indéniable que des mots comme « circulations », « connexions », « itinéraires » aient un potentiel d’attraction et puissent constituer, à terme, une mode qui nécessitera d’être abordée avec lucidité.

Bibliography

Alix, Sébastien-Akira et Kahn, Pierre (dir.) (2023). Circulations nationales et internationales des acteurs, savoirs et modèles en éducation (xixe-xxe siècles). Recherches en éducation, 50, https://doi.org/10.4000/ree.11436.

D’Enfert, Renaud, Mole, Frédéric et Vergnon, Marie (dir.) (2023). Circulations en éducation. Acteurs, modèles, institutions (xixe-xxe siècle). PUG.

Droux, Joëlle et Hofstetter, Rita (Ed.) (2015). Globalisation des mondes de l’éducation. Circulations, connexions, réfractions (19e-20e siècles). PUR.

Fontaine, Alexandre (2015). Aux heures suisses de l’école républicaine. Un siècle de transferts culturels et de déclinaisons pédagogiques dans l’espace franco-romand. Demopolis.

Fontaine, Alexandre et Matasci, Damiano (2015). Centraliser, exposer, diffuser : les musées pédagogiques et la circulation des savoirs scolaires en Europe (1850-1900). Revue germanique internationale, 21, 65-78.

Jacquet-Francillon, François (2009). L’histoire de l’éducation et de l’enseignement dans et hors les sciences de l’éducation. In Alain Vergnioux, (dir.), 40 ans des sciences de l’éducation. L’âge de la maturité ? Questions vives. p. 129-139. PUC

Matasci, Damiano (2015). L’école républicaine et l’étranger. ENS Éditions.

Riondet, Xavier, Hofstetter, Rita et Go, Henri Louis (dir.) (2018). Les acteurs de l’Éducation nouvelle au xxe siècle. PUG.

Riondet, Xavier, Hofstetter, Rita et Go, Henri Louis (2018). L’Éducation nouvelle : itinéraires et regards croisés. In Xavier Riondet, Rita Hofstetter et Henri Louis Go (dir.), Les acteurs de l’Éducation nouvelle au xxe siècle, p. 7-27. PUG.

Notes

1 Cette collection s’intitule désormais « Libre cours / Enseignement et réformes ». Return to text

2 Sur l’histoire du Service d’histoire de l’éducation : Caplat, G. (1978). Le service d’histoire de l’éducation. Historique et missions. Histoire de l’éducation, 1, 3-11. Return to text

3 Cf. les diverses recensions rédigées au sujet de ces publications passionnantes signées par Joëlle Droux, Rita Hofstetter, Frédérique Mole, Alexandre Fontaine et Damiano Matasci. Return to text

4 Nous renvoyons ici les lecteurs au dossier consacré par la revue Les Études sociales à la question des couples, « Couple d’intellectuels : de l’intime au politique (1880-1940) », avec notamment une stimulante introduction signée par Mélanie Fabre. Return to text

5 Nous faisons ici référence à une expression de Serge Gruzinski que nous avons déjà réutilisée dans un article avec Alexandre Fontaine : Fontaine, A. et Riondet, X. (2019). L’École sous le Protectorat tunisien, un terrain d’expérimentation de l’Éducation nouvelle ? Transferts et passages dans la trajectoire de Marie-Anne Carroi. Les Études Sociales, 169, 261-281. https://doi.org/10.3917/etsoc.169.0259. Return to text

6 Fontaine, A. (2015). Aux heures suisses de l’école républicaine. Un siècle de transferts culturels et de déclinaisons pédagogiques dans l’espace franco-romand. Paris : Demopolis. Return to text

7 Cette remarque prolonge les propos d’une recension signée par Pierre Kahn lorsqu’il était revenu sur une publication de Damiano Matasci (L’Ecole républicaine et l’étranger, 2015) : Kahn, P. (2018). Note de lecture de L’école républicaine et l’étranger de Damiano Matasci. Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 51, 3, 125-130. Return to text

8 On peut faire référence ici à la réflexion très stimulante qu’avait initiée Jean Houssaye il y a près d’une vingtaine d’années sur les processus d’import-export en pédagogie sur fond d’internationalisation des questions d’éducation : Houssaye, J. (2006). Pédagogies : import-export. Revue française de pédagogie, 155, 83-93. Return to text

References

Electronic reference

Xavier Riondet, « Les circulations dans le champ de l’histoire de l’éducation », La Pensée d’Ailleurs [Online], 6 | 2024, Online since 28 octobre 2024, connection on 04 décembre 2024. URL : https://www.ouvroir.fr/lpa/index.php?id=974

Author

Xavier Riondet

Professeur des universités, université Rennes 2, CREAD (EA 3875). Chercheur associé au LISEC (UR 2310) et à l’équipe « Normes et valeurs ».

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